2014 – L’année de la construction?

2013 se termine, 2014 s’éveille, mais les illusions persistent. Rien de tel que d’oublier les projets avortés de l’année précédente et de rêver passivement au travers de ces bonnes résolutions que l’on formule sans y croire pour se redonner un peu de baume au cœur. En fêtant la nouvelle année, on se souhaite un renouveau pour les moins chanceux, une continuité pour les plus chanceux. Finalement, la fête du Nouvel An est la fête du disque rayé: on rembobine et on recommence.

2013 aura été l’année de la lassitude, des colères en tout genre, de l’accélération irraisonnée de l’information que l’on consomme avec digestion express, l’année du nombril comme 2012, comme 2011, comme 2010…

« Ce qui s’est déjà produit se reproduira. Encore et encore« , selon cette prophétie tant appréciée de nos amis cylons.

Et si nous nous invitions cette année à casser ce cycle.

Mettons de côté nos chimères et nos espoirs. Mettons au placard notre indifférence, nos colères, nos ressentiments; et sortons des tiroirs nos pinceaux, nos plumes, nos tournevis et nos marteaux.

 2014 sera peut-être l’année où l’on cessera de détruire ou de rénover et où l’on se mettra véritablement à construire.

Construire quoi? Une nouvelle société?

Voilà chose ambitieuse! Comment voulez-vous changer la société si vous ne faites pas l’effort de vous changer vous-mêmes? Et si 2014 n’était pas d’abord l’occasion de retrouver une certaine modestie dans ses actes et dans ses visées, l’occasion de se construire soi, à commencer par « se construire liberté ». Car si nous sommes libres de nous construire, encore faut-il commencer par se construire liberté. La liberté ne se décrète pas, elle n’est pas innée, elle se construit tous les jours.

Encore faut-il changer de disque, casser le train-train quotidien.

Donc, au lieu de prendre de bonnes résolutions traditionnelles pour la nouvelle année, au lieu de prendre ou de renouveler des engagements « encore et encore », faites acte de renoncement et de désengagement. C’est le premier déblayage de terrain, condition indispensable à toute construction, qu’elle soit individuelle ou collective.

Renoncez par exemple à cette promotion que vous convoitiez depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, quête qui vous a mis maintes et maintes fois en situation de stress et dont l’obtention vous accablera sans doute encore plus.

Apprenez à vous désengager des projets et activités qui détruisent bien plus qu’ils ne construisent.

Désengagez-vous des tâches dans lesquelles vous vous êtes enlisé.

Renoncez à agir sous l’impulsion de la colère, de la haine et du mépris, car c’est de loin le disque rayé que l’on entend tourner en boucle depuis bien trop longtemps.

Détournez votre regard des hauteurs, et regardez vers le bas, sans oublier de jeter un coup d’œil à côté de vous.

Laissez filer le chronomètre de la société. Renoncez à l’urgence.

Renoncez définitivement au pessimisme ambiant.

Renoncez aux champs de bataille, préférez les champs de campagne.

Renoncez à la croissance et au règne de l’économisme.

Renoncez à déverser du venin à la moindre contrariété.

Renoncez à ce visage sévère et grave que vous présentez si souvent à la face du monde.

Renoncez à trouvez votre place, car vous l’avez déjà.

Renoncez au fatalisme, à la culpabilité, à l’espérance, à l’ambition, aux rêves et œuvrez, créer, expérimentez. Faites!

Prenez du recul, réappropriez-vous votre temps. Vous constaterez alors la nécessité de construire et d’ouvrir de nouvelles possibilités étrangères à nos chères habitudes.

Le changement ce n’était pas pour 2013, ce ne sera pas pour 2014 non plus, mais la construction c’est maintenant.

En ce qui nous concerne, nous proposons une construction très particulière, celle du hacking social qui est encore à l’état embryonnaire.

Nous pensons qu’il faut proposer de nouvelles alternatives aux luttes sociales, alternatives qui ne sont plus d’ailleurs des luttes ou des combats mais des détournements, des déviations, des expérimentations, des constructions. Nous pensons qu’il faut renoncer au conflictuel et au passionnel, car les divergences ne doivent pas fatalement conduire à se taper sur le pif. Bien au contraire, les divergences sont des terreaux et apportent fertilité à condition de savoir s’y prendre (et d’en faire l’effort).

Il y a trop de militants, de soldats, de prêcheurs et pas assez de docteurs, de constructeurs, d’expérimentateurs, de créateurs. Il y a trop de cris, de bruits, mais pas assez de dialogues, d’écoute et de musiques.

Plus localement, qu’en est-il de la construction et de  l’avenir de ce blog?

L’avenir immédiat est le suivant: des bisounours, des brutalistes, des yes-men, des uniformes, des badges, des chômeurs heureux, de la manipulation, du formatage, et des chaises sur une plage… Cela ne vous éclaire pas?   Alors, restez dans le coin pour en savoir plus.

 Bonne construction 2014 à tous!

            Que cette année soit celle de la fin des disques rayés et le début de nouvelles mélodies

           

           

Chayka Hackso Écrit par :

Gardienne de l'île d'Horizon, grande prêtresse du culte du caillou. Si vous souhaitez nous soutenir c'est par ici : paypal ♥ ou tipeee ou ♣ liberapay ; pour communiquer ou avoir des news du site/de la chaîne, c'est par là :

2 Comments

  1. caligula63
    1 janvier 2014
    Reply

    Bonne construction 2014 à vous.

    Caligula EIFFEL.

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