đŸŽ„ [Horizon] La soumission au costume

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Au programme de cette nouvelle vidéo (ci-dessus), des uniformes, des costards, des cravates, de la soumission, de la domination, des expériences en psychologie (liés au biais de jugement des apparences), des pubs, des pompiers, « Bouche-Man », un Gull qui grogne encore et toujours, des plages, des remarques presque pertinentes du technicien, etc.
Ci-dessous nous vous dĂ©livrons le scĂ©nario, pour ceux qui ont une prĂ©fĂ©rence pour la lecture… (si, si, il en existe encore 😉 ) ; notons au passage que le dernier paragraphe n’a pas Ă©tĂ© inclus dans la vidĂ©o pour des raisons technico-scĂ©naristiques. Ce scĂ©nario comporte des passages supplĂ©mentaires qu’on a du supprimer pour Ă©viter quelques longueurs.

[scénario]
Horizon
La soumission au costume

Gros plan sur les lunettes de Gull oĂč se reflĂšte un individu Ă  quatre pattes en train de fouiller le sol.
Plan large: Gull est en tenue de pompier, deux personnes, Ă  sa gauche et Ă  sa droite, fouillent le sol Ă  la recherche de quelque chose.
Gull donne des indications de la main en montrant des parties du sol.

  • Gull : Par ici s’il vous plaĂźt, oui trĂšs bien… comme ça.
  • Technicien : Gull, heu… Qu’est-ce que… c’est quoi ce plan !?
  • Gull : J’expĂ©rimente !
  • Technicien : hein hein… Tu expĂ©rimentes quoi au juste, parce que lĂ , c’est pas bien clair…
  • Gull : Je prolonge l’expĂ©rience de Bushman.
  • Technicien : De quoi ? Bouche-man ? J’connais pas. J’sais bien qu’ils ont poussĂ© le vice Ă  crĂ©er un « fourmi man », mais bouche-man…

Gull rĂąle et grogne.

  • Gull : Bushman est un chercheur en psychologie et il n’est pas encore super hĂ©ros selon les derniĂšres informations Ă  ce sujet. En 1984, il met en place une expĂ©rience afin de mesurer l’influence de l’uniforme d’autoritĂ© sur les individus lambda. Un premier compĂšre se tient dans une zone de stationnement prĂšs d’un parcmĂštre en faisant semblant de chercher de la monnaie dans ses poches. Un second compĂšre, Ă  proximitĂ© du premier, arrĂȘte les passants en leur disant « cette personne est garĂ©e prĂšs d’un parcmĂštre et elle n’a pas de monnaie. Donnez-lui une piĂšce de 5 cents ».
  • Technicien : GnĂ© ? C’est absurde!
  • Gull : C’est l’idĂ©e! Plusieurs situations sont testĂ©es : dans la premiĂšre, celui qui ordonne au passant est habillĂ© en mendiant.
  • Gull en mendiant : Cette personne est garĂ©e prĂšs d’un parcmĂštre et elle n’a pas de monnaie. Donnez-lui une piĂšce de 5 cents
  • Gull : DeuxiĂšme situation, le second compĂšre est habillĂ© en costard, type cadre.
  • Gull en costard : Cette personne est garĂ©e prĂšs d’un parcmĂštre et elle n’a pas de monnaie. Donnez-lui une piĂšce de 5 cents.
  • Gull : TroisiĂšme situation, le second compĂšre porte l’uniforme d’un pompier.
  • Gull en pompier : Cette personne est garĂ©e prĂšs d’un parcmĂštre et elle n’a pas de monnaie. Donnez-lui une piĂšce de 5 cents.
  • Technicien : En mĂȘme temps, ça fout un peu les jetons les lunettes rouges et tout le tralala, ça fait terroriste hippie, c’est pas franchement commun de voir des pompiers qui…

Gull grogne.

  • Technicien : Mais quoi encore ! [lĂ©ger temps de rĂ©flexion] Ok c’est bon j’ai compris ! Super bouche-man avait pas les lunettes. Et pas la cagoule. Ok ok c’est bon. Continue. C’est quoi les rĂ©sultats ?
  • Gull : 44% des passants apostrophĂ©s se soumettent Ă  la demande quand le second compĂšre est habillĂ© en mendiant. Ils mettent un certain temps avant de donner les piĂšces.
    50% quand le second compÚre est habillé en cadre. Là aussi, le temps de réflexion est assez long avant de donner des piÚces.
    82% quand le second compĂšre est habillĂ© en pompier. Ceux qui donnent l’argent le font rapidement, presque automatiquement, sans s’interroger. Plus les donneurs sont ĂągĂ©s, plus ils sont rapides Ă  obĂ©ir.
  • Technicien : Wahou! 82% ! Mais pourquoi un pompier en fonction irait Ă  la pĂȘche Ă  la monnaie pour payer un parcmĂštre?
  • Gull : C’est lĂ  que l’expĂ©rience est rĂ©vĂ©latrice : face Ă  l’uniforme qui incarne l’autoritĂ©, nous cessons de poser la question de la lĂ©gitimitĂ© des injonctions profĂ©rĂ©es. Nous nous inclinons Ă  l’autoritĂ© sans plus de rĂ©flexions. MĂȘme quand la situation est absurde, que le pompier n’a pas Ă  donner ce genre d’ordre et qu’on n’a pas Ă  lui obĂ©ir.

Retour sur la plage. Les deux badauds fouillent toujours le sol.

  • Gull : (s’adressant aux badauds) Ca ira, je vous remercie pour votre aide. DĂ©tendez-vous maintenant, la tempĂ©rature de l’eau est excellente.

Les badauds, en joie, quittent la scÚne. On entend un bruitage de « plouf ».

  • Technicien : Qu’est que tu leur avais demandĂ© de faire ?
  • Gull : De m’aider Ă  chercher une piĂšce de 5 cents perdue sous les cailloux.
  • Technicien : Tu veux que je t’aide Ă  chercher?
  • Gull : [grognement]…

Générique

SĂ©quence 2

Gull a déposé son déguisement de pompier sur la chaise. Il est en train de mettre sa veste. Tout en parlant, il resserre une cravate.

  • Technicien : Donc, si j’ai bien compris, c’est encore le vĂȘtement qui influence les gens, et pas le… AH [cri de panique]!
  • Gull : Qu’y a-t-il?
  • Technicien : Tu portes une cravate!
  • Gull : Oui, je me disais que ça collait bien avec mes propos.
  • Technicien : Hein? Je pensais qu’on allait parler des pompiers….
  • Gull : [petit rire] Non pas du tout. Ce n’Ă©tait qu’une mise en bouche. Il paraĂźt tout Ă  fait comprĂ©hensible que l’uniforme classique d’un soldat du feu inspire la confiance et le respect….
  • Technicien : Ouais, les pompiers c’est cool quand mĂȘme.
  • Gull : Ce qui nous intĂ©resse prĂ©sentement, ce sont ces uniformes auxquels nous ne pensons pas mais qui nous influencent selon le degrĂ© d’autoritĂ© que nous lui accordons.
  • Technicien : Oui, j’ai retenu la leçon la derniĂšre fois: l’habit fait le moine.
  • Gull : Exact ! Pour reprendre Pierre Bourdieu, « le corps est dans le monde social, mais le monde social est dans le corps ». Ce que nous portons, vĂȘtements et accessoires, suggĂšrent une appartenance sociale, un caractĂšre, une profession, des responsabilitĂ©s allant jusqu’Ă  inspirer de la confiance, ou de la crainte. L’aspect vestimentaire est constitutif de la figure d’autoritĂ©, dans des proportions qu’on mĂ©sestime.
  • Technicien : Je te vois venir! Tu vas nous dire que le port d’un costume cravate suffit Ă  faire le chef.
  • Gull : En effet.
  • Technicien : Ouais mais on s’en fout, ça change pas notre comportement, on est au-dessus de ça!
  • Gull : Ah vraiment? Alors cela mĂ©rite une petite expĂ©rience, celle de…
  • Technicien : [le coupe] de super bouche-man, hĂ©ros de la psychologie des costumes !
  • Gull : [grogne puis reprend] celle de chercheurs en psychologie, GuĂ©guen et Pascual.

[motion design]

  • Gull : Un individu doit acheter un croissant, mais au moment de payer il se rend compte qu’il lui manque 8 centimes.
  • Technicien : ah, c’est con!
  • Gull : Il y a alors deux possibilitĂ©s: soit il demande gentiment et avec un large sourire de la maniĂšre suivante:
  • Gull [en tenue normale] : Je suis confus, mais il manque 8 centimes. Pourriez-vous m’en faire grĂące s’il vous plaĂźt?
  • Gull: Soit l’individu demande la mĂȘme chose, mais sans douceur ni politesse.
  • Gull [en tenue normale] : Oh merde, il me manque 8 centimes. Vous me le filez quand mĂȘme?
  • Technicien : En gros l’expĂ©rience c’est de savoir si ça marche mieux d’ĂȘtre poli ou d’ĂȘtre un connard quand on veut quelque chose…
  • Gull : Pas que. Les rĂ©sultats dans cette condition « tenue normale » sont sans surprises. Les boulangĂšres s’avĂšrent gĂ©nĂ©reuses avec le poli, soit 93% d’acceptation, et quand notre individu se montre rustre, les boulangĂšres ne cĂšdent qu’Ă  40%.
  • Technicien : Ok… Et c’est tout, fallait faire une expĂ©rience pour prouver ça ?
  • Gull : Ne te hĂąte pas technicien. L’expĂ©rience a Ă©tĂ© renouvelĂ©e dans d’autres conditions :
  • Gull [pauvrement vĂȘtu]: Je suis confus, mais il manque 8 centimes. Pourriez-vous m’en faire grĂące s’il vous plaĂźt?
  • Gull [pauvrement vĂȘtu]: Oh merde, il me manque 8 centimes. Vous me le filez quand mĂȘme?
  • Gull : Pas de changement concernant la politesse : la boulangĂšre accepte Ă  93%. Cependant quand le pauvrement vĂȘtu est impoli, la tolĂ©rance est bien moindre : seulement 20% des boulangĂšres rĂ©pondent positivement Ă  l’homme impoli.
  • Technicien : En gros l’impolitesse, ça passe mieux si on est fringuĂ© normalement. Par exemple, le « clodo »a pas le droit…
  • Gull : … »Sans domicile fixe »!
  • Technicien : Ouais, pardon, le « sans domicile fixe »a pas le droit d’ĂȘtre impoli contrairement au mec normal. J’ai pigĂ©?
  • Gull : C’est ça, mais je n’ai pas encore terminĂ©. ExĂ©cutons une derniĂšre fois l’expĂ©rience, mais cette fois notre individu sera d’apparence trĂšs valorisante, en costume, type cadre.
  • Gull [costard]: Je suis confus, mais il manque 8 centimes. Pourriez-vous m’en faire grĂące s’il vous plaĂźt?
  • Gull [costard]: Oh merde, il me manque 8 centimes. Vous me le filez quand mĂȘme?
  • Technicien : Ben lĂ , j’sais pas pourquoi le type impoli en costume me sort par les trous de nez plus que les autres .
  • Gull : (petit rire) Quand l’individu en costume est impoli, les boulangĂšres acceptent cette fois Ă  hauteur de… 75%. Soit deux fois plus que celui d’apparence moyenne, et quatre fois plus que le pauvrement vĂȘtu.
  • Technicien : C’est dĂ©gueu !Le gars c’est celui qui est sensĂ© avoir le plus de fric, donc il a pas Ă  demander de ristournes…et, et, le SDF lĂ , on peut comprendre que c’est difficile pour lui d’avoir ses huit centimes… Merde, c’est l’inverse qu’elle aurait du faire la boulangĂšre !

[Retour en décor naturel]

  • Gull : La politesse est souvent efficace pour casser les clivages sociaux, pour que chacun se respecte, quelle que soit la tenue. Mais l’acceptation de l’impolitesse, de l’irrespect, est rĂ©servĂ©e Ă  des privilĂ©giĂ©s qui n’ont pas plus de lĂ©gitimitĂ© que le simple port d’un costume.
  • Technicien : C’est absurde, pourquoi on se plierait en quatre face Ă  eux?
  • Gull : Si les boulangĂšres se plient aux caprices des hauts statuts, c’est parce que leur tenue fait figure d’autoritĂ©. Ce qui Ă©tait une demande impolie dans la bouche de l’individu d’apparence trĂšs modestes et dans celle de celui Ă  l’apparence moyenne devient un ordre dans la bouche du bien habillĂ©. La situation de l’expĂ©rience est celle de l’achat d’un croissant dans une boulangerie, mais cela fonctionne de la mĂȘme maniĂšre dans tous les autres contextes.
  • Technicien : Attends, tu dis que le costume, type costard-cravate, fait preuve d’autoritĂ©, comme le pompier?
  • Gull : Quand il s’agit de ce type d’injonction, oui.
  • Technicien : Non parce que quand on me parle de costume d’autoritĂ©, je pense Ă  des uniformes, genre ceux des militaires, des policiers….
  • Gull : Mais le costard cravate est un uniforme technicien.
  • Technicien : Un uniforme?

[motion design]

  • Gull : Le complet, le costume, le veston-costume ou plus familiĂšrement le costard, apparaĂźt au XIXe, en pleine rĂ©volution industrielle, en Angleterre. Nous pouvons bien sĂ»r faire remonter ses origines plus loin dans le passĂ©, mais c’est pourtant lĂ  que la plupart des critĂšres, et surtout sa fonction, seront adoptĂ©s. C’est un vĂȘtement masculin, gĂ©nĂ©ralement de couleur noire, le noir Ă©tant une couleur masculine (le blanc et le clair Ă©tant pendant longtemps rĂ©servĂ© aux femmes). La cravate est un hĂ©ritage militaire de l’ancien rĂ©gime, au XVIIesiĂšcle. Un rĂ©giment croate crĂ©Ă©e sous Louis XIII portait un foulard rouge autour du coup, foulard qui fut repris par la cour et qu’on nomma, en dĂ©formation du terme « croate », « cravate ». La cravate incarnera le symbole de la haute bourgeoisie en Europe, au point oĂč elle sera sujette Ă  controverse durant la rĂ©volution française, ce qui n’empĂȘchera pas cet accessoire de se dĂ©mocratiser encore plus.

La musique s’arrĂȘte, retour sur Gull assis sur sa chaise. L’homme et la femme du dĂ©but apparaissent et lui donne quelque chose avant de repartir.

  • Technicien : Qu’est-ce que c’est?
  • Gull : Des piĂšces de 5 centimes….

La musique repart.

  • Gull : PortĂ© par une certaine catĂ©gorie de la population, le complet deviendra un vĂ©ritable uniforme civil. Hormis les grands Ă©vĂšnements, comme les mariages par exemple, porter la cravate aujourd’hui, c’est s’incorporer dans un cadre professionnel. La cravate rappelle au porteur qu’il doit rĂ©pondre et correspondre aux exigences de son entreprise ou de sa fonction. Ce n’est pas pour rien si certains salariĂ©s en arrivent Ă  dĂ©tester cette cravate qui les Ă©trangle symboliquement. Cela en devient parfois un vĂ©ritable poids. Quand on se sent mal au travail, le port du costume est une vĂ©ritable torture, tout autant que les salariĂ©s en uniforme au plus bas de l’Ă©chelle, car comme eux, le costard cravate est un moule. Le costard impose un rĂŽle, tout ce qui le constitue (matiĂšre, accessoire, couleur) indique un rang, et rappelle aux porteurs qu’ils sont sous les ordres. Mal porter l’uniforme dans son entreprise pourra ĂȘtre motif Ă  sanction ou Ă  blĂąme, comme Ă  l’armĂ©e.

Bien qu’on laisse une certaine libertĂ© dans le choix du costume, tu remarqueras qu’il y a un vĂ©ritable dress code du costume dans le monde du travail qui doit correspondre Ă  des critĂšres particuliers et qui coĂŻncident gĂ©nĂ©ralement avec l’inconscient collectif.

[Plage]

  • Technicien: Inconscient collectif? expliques.
  • Gull: Prenons par exemple la couleur de la veste du costume.

[Motion design]

  • Gull: Plus cette veste sera sombre, plus elle connotera l’idĂ©e d’importance ou de pouvoir. Sauf quelques exceptions, tu verras toujours les chefs d’État vĂȘtu d’une veste noire ou bleue marine, voir gris foncĂ©e. On retrouve cette couleur dans les postes Ă  responsabilitĂ© des entreprises, mais tu remarqueras que dans le monde des affaires c’est le gris qui est privilĂ©giĂ© avec parfois quelques fantaisies comme les rayures qui sont tolĂ©rĂ©es. Quant Ă  la chemise, la couleur blanche correspond au pouvoir; dans le monde des affaires et de la finance, ce sera souvent la chemise bleue claire, hormis les grands patrons qui se rĂ©approprieront le blanc.
  • Technicien: Ça marche pas ton truc! J’en connais qui utilisent pas du tout ces codes.
  • Gull: Bien sĂ»r. Mais quand tu veux correspondre Ă  une certaine image, ces codes fonctionnent parfaitement, influençant notre regard.
  • Technicien:J’suis pas convaincu…
  • Gull: Alors laisse-moi te le prouver.

S’affiche plusieurs costumes: un marron, un gris, un noir avec une chemise bleu clair, un noir avec une chemise blanche.

  • Gull: Sans rĂ©flĂ©chir, et en me rĂ©pondant de bonne foi, si je te disais que l’un de ses costumes est portĂ© par un banquier, tu me dirais lequel?
  • Technicien: …. (Soupir) Le costume gris, ou celui avec la chemise bleu clair.
  • Gull: Et si je disais que l’un d’eux est le supĂ©rieur des trois autres, ce serait lequel Ă  ton avis?
  • Technicien: OK, je reconnais, on est tentĂ© de choisir le noir-bleu-marine avec la chemise blanche. Mais le marron alors, ce serait qui?
  • Gull: Qui porte ce genre de tenue aujourd’hui? Tu connais la rĂ©ponse… laisse parler ton imaginaire.
  • Technicien: j’imagine un universitaire, ou un intellectuel, un docteur peut-ĂȘtre aussi… C’est ça ?
  • Gull: Bien vu! [technicien dit « yes! »] Le marron est la couleur rĂ©tro par excellence, fortement apprĂ©ciĂ© par les intellectuels. Couleur foncĂ©e pour la veste, chemise blanche et cravate sobre. VoilĂ  notre costume du pouvoir.
  • Technicien: Et si on faisait l’inverse, si nos dirigeants ne s’habillaient que de couleurs claires ?
  • Gull: Ce fut le cas dans le passĂ© technicien. Cela a mĂȘme constituĂ© notre vocabulaire du pouvoir. Dans l’antiquitĂ© par exemple, Ă  AthĂšnes ou Ă  Rome, l’exercice du pouvoir se pratiquait vĂȘtu de blanc. Le blanc Ă©tant la couleur de la puretĂ©, de l’incorruptibilitĂ©. Devenir candidat au pouvoir, c’est faire pattes blanches, se montrait sans vice. Le blanc en latin se disant candidus d’oĂč le mot candidat en français.
  • Technicien : Candidat veut dire blanc?
  • Gull : Oui, ĂȘtre candidat aux prĂ©sidentielles par exemple, c’est prouver sa puretĂ©. Le blanc est trĂšs liĂ© au pouvoir.
  • Gull en toge : Et pour cela que je suis candidat ! Car je suis pure !!!!!!
  • Technicien : Mouais, enfin je vois mal les hommes politiques vĂȘtus de blanc aujourd’hui…

Musique de mariage, apparaĂźt Valls tout de blanc vĂȘtu.

  • Technicien : Ah ouais quand mĂȘme !
  • Gull : Au XXe siĂšcle, de nouvelles expressions se sont formĂ©es autour du port du vĂȘtement, confirmant Ă  nouveau le blanc comme symbole du pouvoir: col blanc, en rĂ©fĂ©rence Ă  la chemise que porte les hommes dans le monde des affaires. À l’inverse, en rĂ©fĂ©rence au bleu de travail, les classes ouvriĂšres furent nommĂ©es col bleu. Et tous ces accidents normatifs qui s’Ă©tablissent au grĂšs de l’histoire forment des stĂ©rĂ©otypes qui dĂ©terminent notre regard prĂ©sent.
  • Technicien : Mais je comprends pas, comment on peut ĂȘtre influencĂ© par tout ça ? D’oĂč ça vient? Je veux dire, pourquoi quand tu me montres des photos j’ai tendance Ă  dire sans savoir pourquoi: tiens lui c’est un banquier, lui c’est un dirigeant, lui c’est un universitaire… Faut bien qu’on soit influencĂ© de quelque part, non? Si on partage tous les mĂȘmes prĂ©jugĂ©s, d’oĂč viennent-ils?
  • Gull : Plus on voit quelqu’un d’apprĂȘtĂ© d’une certaine façon, plus notre cerveau en conclura que ce costume est la norme pour tel type de personne. Nous construisons ces stĂ©rĂ©otypes par habitude, par induction. La culture populaire accroĂźt ces normes en diffusant des codes Ă  Ă©chelle massive. La culture se nourrit de ces codes sociaux et nourrit Ă  son tour les stĂ©rĂ©otypes qui nous conditionnent.

Des extraits de films, de sĂ©ries et de jeux vidĂ©o dĂ©filent Ă  l’Ă©cran. Gull est sur un canapĂ© en train de zapper avec une tĂ©lĂ©commande.

  • Gull : Si on se base essentiellement sur les derniĂšres dĂ©cennies, on remarquera que le costume occupe une place trĂšs importante. DĂšs qu’il est question de pouvoir, il y a costume. Le costume noir en particulier est redondant (Reservoir Dog, Blues Brothers). Le costume enveloppe des mystĂšres, des secrets, il se nourrit d’une aura issue de notre imaginaire collectif. Le business man n’est plus un simple employĂ©, il incarne le guide, celui qui sait, celui qui est dans confidence (Men In Black, half life, Matrix). Il n’y a qu’un pas pour qu’il incarne parfois la peur viscĂ©rale (Sliderman). Si je te demandais par exemple de m’imaginer des hommes mystĂ©rieux qui dirigeraient secrĂštement le monde comme dans tes folles thĂ©ories du complot, je suis persuadĂ© que tu te les reprĂ©senterais tous en costard noir. Pas marron, ni gris, ni blanc. Non! Noir!
  • Technicien : Gull, tu n’es pas Ă  jour. Les comploteurs illuminati sont des extraterrestres reptiliens, ils ne portent pas de costumes! Tout le monde sait ça!
  • Gull : Grrrr… Le costume devient paradoxalement le vĂȘtement d’action par excellence (extrait de James Bond), le chevalier intrĂ©pide a troquĂ© son armure contre un costard.
  • Technicien : Ouais, alors attention hein! Ca c’est un Tuxedo monsieur je sais tout, faut ĂȘtre prĂ©cis quand mĂȘme!
  • Gull : Mille excuses. Ajoutons Ă  tout cela un ingrĂ©dient essentiel. Le costume noir est symbole de pouvoir, mais d’un pouvoir anonyme. Le costard Ă©tant l’uniforme civil par excellence, il est un passe-partout. Ce n’est pas un hasard si des hacktivistes comme Anonymous ont choisi le costume noir comme l’un de leurs symboles, incarnant ainsi le pouvoir anonyme du peuple en rĂ©ponse au pouvoir anonyme des cravatĂ©s. Et n’omettons pas l’indicateur socioculturel par excellence: la publicitĂ©, contributeur principal des stĂ©rĂ©otypes en tout genre. Le costard devient le costume type de l’homme moderne.

Publicité: Escape.

  • Technicien : What the Fuck! Le type a tout plaquĂ©, dĂ©sirant une vie simple, libre de toute pression… Il voit une bagnole et hop, retour au taff!
  • Gull : Retour dans le moule, oui. Et cela se traduit par le port du costume, bien rasĂ© comme il faut, les cheveux correctement coiffĂ©s…. Les paroles en disent long: il a choisi sa vie, il Ă©tait libĂ©rĂ© de toute contrainte, il vivait simplement selon ses choix. La voiture le rappelle Ă  l’ordre. Le petit soldat rĂ©-enfile son uniforme, le costard, perdant ainsi cette espace de libertĂ© qu’il avait construit. Cette publicitĂ© est Ă  mettre en parallĂšle avec certain film de guerre: le soldat a quittĂ© l’uniforme, il mĂšne une vie retirĂ©e, quand son commandant le rappelle sous le drapeau, l’incitant Ă  remettre l’uniforme pour faire son Devoir. [extrait de Rambo]
  • Technicien : Ouais, mais lĂ  c’est pas le commandant qui vient le chercher. C’est une PUTAIN DE VOITURE!
  • Gull : La soumission prend bien des formes….

Retour sur la plage.

  • Gull : Les vĂȘtements que nous portons nous enveloppent d’histoires, de rĂ©cits plus ou moins valorisants. Quand l’imaginaire collectif est si fortement imprĂ©gnĂ© par la mythologie du costard sombre, il en devient le symbole mĂȘme du pouvoir, de l’Ă©lĂ©gance, de l’autoritĂ© lĂ©gitime. Ce n’est pas pour rien que certains agents de sĂ©curitĂ© dans les magasins s’habillent d’un complet noir et blanc, cela renforce leur autoritĂ©.
  • Technicien : Ah ouais?
  • Gull : Regarde ces deux agents de sĂ©curitĂ© (l’un est en uniforme classique rouge, l’autre en costard). Lequel te semble le plus impressionnant?
  • Technicien : Ouais, c’est sĂ»r….
  • Gull : Toi, comme moi, comme n’importe qui, partageons les mĂȘmes reprĂ©sentations qui nous conditionnent, et c’est ainsi que nous valorisons exagĂ©rĂ©ment celui qui porte un tel accoutrement.
  • Technicien : Et donc, quand notre boulangĂšre acquiesce Ă  la demande agressive de l’homme en costume, c’est parce qu’elle est imprĂ©gnĂ©e de tous ces rĂ©cits!
  • Gull : Oui, mais pas seulement. Il faut ajouter Ă  cela les principes de distinctions et de violences symboliques Ă©laborĂ©s par le sociologue Pierre Bourdieu. On se distingue en terme de goĂ»t, de jugement, de mode, en fonction de sa classe sociale, de sa profession, affirmant ainsi sa diffĂ©rence. Porter le costume est Ă  la fois une forme d’appartenance, mais aussi une diffĂ©rence affirmĂ©e et assumĂ©e contre ceux et celles qui ne le portent pas, une façon de dire: « je ne suis pas du mĂȘme monde ». Il y a violence symbolique du dominant sur le dominĂ© qui s’exerce par une sĂ©rie de symboles tels que le vĂȘtement portĂ©, les accessoires. Un salariĂ© en uniforme face Ă  un homme en costume sera symboliquement dominĂ©, Ă©crasĂ© par le poids des symboles, et il se pliera plus facilement Ă  ses exigences. Comme notre boulangĂšre. Et n’oublions pas que ceux qui portent le costume doivent aussi se distinguer entre eux. Il y a une hiĂ©rarchie qui s’affirme cette fois dans la qualitĂ© du costume, ou dans le port d’un accessoire qui fera office d’un ornement mĂ©ritocratique.
  • Technicien : C’est Ă  dire?
  • Gull : Rappelle-toi de Jacques SĂ©guĂ©la dĂ©fendant Nicolas Sarkozy qui usait et abusait de cette violence symbolique. Quand le journaliste pointe du doigt le port ostentatoire de la Rolex de l’ancien prĂ©sident, SĂ©guĂ©la rĂ©pond: « C’est une erreur journalistique. Comment peut-on reprocher Ă  un prĂ©sident d’avoir une Rolex. Enfin… tout le monde a une Rolex. Si Ă  cinquante ans, on n’a pas une Rolex, on a quand mĂȘme ratĂ© sa vie ! » On est souvent choquĂ© par la derniĂšre phrase, pourtant ce qui prĂ©cĂšde est tout aussi rĂ©vĂ©lateur:  » Comment peut-on reprocher Ă  un prĂ©sident d’avoir une Rolex. » L’homme de pouvoir doit lĂ©gitimement porter des accessoires qui symbolisent le pouvoir, la Rolex Ă©tant rĂ©servĂ©e Ă  l’Ă©lite, accessoire indispensable pour se distinguer des autres, s’Ă©lever au-dessus d’eux.
  • Technicien : Gull!
  • Gull : Oui?
  • Technicien : Je crois qu’on a ratĂ© notre vie….
  • Gull : [Rire], Diantre!
  • Technicien : Ouais enfin bon, pour en revenir sur le style des prĂ©sidents ou aux hommes de pouvoir, on les voit de plus en plus sans cravate….
  • Gull : Evidemment! À partir du moment oĂč le port du costume se dĂ©mocratise, il faut pouvoir se distinguer par rapport aux autres. Prenons un exemple.

Photos de plusieurs personnes en costume cravate, avec l’un d’eux en chemise simple.

  • Gull : Qui semble le plus haut hiĂ©rarchiquement?
  • Technicien : Ben lĂ  c’est marrant, c’est celui en chemise.
  • Gull : Tout Ă  fait, car il se distingue du groupe. Inversons!

Tout le monde est en chemise sauf un qui est en costard cravate intégral.

  • Gull : Et dans cet exemple?
  • Technicien : Ouais, le type en costard sort du lot, c’est certain.
  • Gull : Il y a d’ailleurs une anecdote intĂ©ressante Ă  ce sujet. Lors du G8 de camp David, il avait Ă©tĂ© demandĂ© aux participants de ne pas porter de cravate, afin d’afficher une apparence plus accessible, dĂ©tendue (et notamment afin d’Ă©viter le clichĂ© des puissants en costume, ce qui peut accentuer une certaine dĂ©fiance, toujours selon l’imaginaire collectif).
  • Technicien : Oui je me rappelle. François Hollande Ă©tait arrivĂ© avec la cravate.

[Extrait]

  • Gull : Obama lui demande de la retirer, car il est essentiel que les dirigeants se prĂȘtent aux mĂȘmes codes afin que personne ne sorte du lot et ne se distingue. Le principe mĂȘme du G8 est de mettre chaque participant sur le mĂȘme pied d’Ă©galitĂ©, du moins en apparence.

[Retour sur la plage]

  • Technicien : Alors tu proposes quoi? Ça nous mĂšne oĂč tout ça?
  • Gull : Bonne question! Dans un premier temps, il faut avoir conscience que tous les dĂ©tails comptent, que les vĂȘtements que nous portons dĂ©terminent les rapports et les relations humaines, distinguent les individus entre eux selon des rangs, des normes, des goĂ»ts; allant jusqu’Ă  exercer des violences symboliques lĂ©gitimant absurdement des autoritĂ©s de pacotilles. En avoir conscience, c’est dĂ©jĂ  un dĂ©but. Ensuite, Ă  nous de briser ces codes! Évitons autant que possible de porter l’uniforme, qu’il soit dĂ©valorisant ou valorisant. Construisons-nous un imaginaire collectif moins stĂ©rĂ©otypĂ©. Et pour les plus actifs d’entre nous, cassons les codes vestimentaires de maniĂšres ludiques.
  • Technicien : C’est Ă  dire?
  • Gull : Prenons un exemple. En 2011, Improve every where s’est amusĂ© Ă  investir en groupe un grand magasin, en s’habillant comme les salariĂ©s, c’est-Ă -dire pantalon beige et chemise bleue. Ce faisant, ils ont rĂ©ussi Ă  mettre en Ă©vidence l’importance de la distinction dans les logiques de vente. Qui est vendeur? Qui est client? Qui est dominant? Qui est dominĂ©? Qui joue un rĂŽle? Tout est remis Ă  plat. Ils ont fait lĂ  quelque chose de trĂšs simple, de tout Ă  fait sympathique je dirais, et pourtant les responsables de ce magasin ont tout de suite appelĂ© la police.
  • Technicien : La police? C’est pas un peu excessif! C’est pas comme s’ils portaient le logo et tout. Pourquoi les clients ne pourraient pas porter une chemise ou un t-shirt bleu et un pantalon beige?
  • Gull : Car ils cassent la fonction de l’uniforme, ils brisent les distinctions, un salariĂ© dans ce type de magasin ne peut ressembler aux clients, et inversement.L’habille fait le moine : la culture jamming l’a bien compris dans ses usages et parfois sa critique et c’est au cƓur mĂȘme du hacking social. Jettes un Ɠil aux travaux des Yes Men par exemple : un costard cravate, un air sĂ©rieux, et les voilĂ  financier, journaliste, reprĂ©sentant d’une grande compagnie… Sans omettre leur gĂ©nie bien entendu !
  • Technicien : J’adore ces types !

Retour sur la plage. Un homme pose sur la chaise de Gull une montre, avant de repartir.

  • Gull : Oh! Ils ont retrouvĂ© une Rolex!
  • Technicien : Gull, tu es un monstre!
  • Gull : Peut-ĂȘtre, mais au moins j’ai rĂ©ussi ma vie.
  • Technicien : Erk!
  • Gull : Il est tout Ă  fait lĂ©gitime que l’employeur souhaite de ses employĂ©s une tenue propre et dĂ©cente, mais il est absurde que cela se traduise par l’uniformitĂ© des vĂȘtements et l’impossibilitĂ© aux salariĂ©s de choisir en dehors des canons Ă©tablis. Le vĂȘtement est une seconde peau, une peau qui se donne au regard des autres et qui en dit long sur ce que nous sommes. Or, que ce soit le port d’un uniforme dĂ©valorisant ou le port d’un costard, l’individu est dĂ©guisĂ©, travesti, dĂ©pouillĂ© de la libertĂ© d’apparaĂźtre comme il le souhaite. Il est aliĂ©nĂ© par les symboles du costume. Être bien dans sa peau commence par la possibilitĂ© de choisir sa tenue en dehors des codes stĂ©rĂ©otypĂ©s. Il existe un Ă©vĂšnement aux États unis, The Burning Man, un Ă©vĂšnement annuel qui prĂŽnent la libertĂ© totale. On remarquera que les participants dĂ©couvrent ou redĂ©couvrent la libertĂ© de se vĂȘtir comme le souhaitent, sans peur des prĂ©jugĂ©s, sans influences des stĂ©rĂ©otypes, sans jugements… Les codes sociaux quant aux vĂȘtements sont bien plus contraignants qu’on le pense. Nous avons certes fait des progrĂšs si on jette un Ɠil en arriĂšre, mais il y a encore du chemin Ă  parcourir, et les mentalitĂ©s ne sont pas encore prĂȘtes.

Changement de scĂšne: Gull est en noir et blanc, au ralenti. Il y a en fond une musique Ă©pique. Durant le monologue il retire sa cravate et s’approche d’une falaise.

  • Gull : En attendant, il nous faut garder Ă  l’esprit que nous sommes dĂ©terminĂ©s par des stĂ©rĂ©otypes, que des dĂ©tails insignifiants comme la tenue, les Ă©toffes, les couleurs, accessoires et autres parures participent Ă  conditionner nos rapports, apposent des distinctions de goĂ»ts, de genre, de classe… Nous croyons nous vĂȘtir d’Ă©toffe, mais en rĂ©alitĂ© nous nous vĂȘtons exclusivement de symboles, ciment d’un inconscient collectif qui se renouvelle selon les mƓurs. S’il ne nous ait pas possible de nous extraire de ces conditionnements, nous pouvons en revanche en avoir conscience, en tenir compte, ĂȘtre en capacitĂ© de prendre du recul. Et peut-ĂȘtre un jour aurons-nous le courage de porter un costume Ă  notre taille, un costume selon nos propres codes, vecteur de nos propres symboles.

Musique s’arrĂȘte.

  • Technicien : Et devenir un hipster ? [dit en se retenant de rire] ou lady gaga ! [Ă©clate de rire]
  • Gull : Ces looks sont en effet signe de la conscience de la prison vestimentaire. Mais la mode et la « contre mode » ne sont qu’une suite sans fin de prisons vestimentaires temporaires, elles n’ont que pour utilitĂ© de faire consommer toujours plus, donc d’aliĂ©ner Ă  une autre rĂŽle peu flatteur et vide : celui de « consommateur » [dit avec une grosse voix grave traĂźnante]…
  • Technicien : Mouais ok,c’est encore une prison qui ressemble Ă  la libertĂ©, sauf que lĂ  c’est le portefeuille qui est exploitĂ©. Bref… Je t’ai coupĂ© dans ton Ă©lan Ă©pique, vas-y reprends !

Grognement de Gull,  la musique revient.

  • Gull : Et peut-ĂȘtre un jour aurons-nous le courage de porter un costume Ă  notre taille, un costume selon nos propres codes, vecteur de nos propres symboles.
  • Technicien: Mais toi, Gull, tes vĂȘtements ils symbolisent quoi?
  • Gull : Des lambeaux de mon passĂ©. Ce costume me rappelle d’oĂč je suis parti, ce jour oĂč j’ai dĂ©cidĂ© d’abandonner la cravate.

Gull lĂąche la cravate qui s’envole et tombe dans l’eau. La musique est Ă©pique.
Plan rapprochĂ© sur Gull qui regarde la mer au loin, en noir et blanc. Soudain, la musique s’arrĂȘte, tout redevient couleur, on entend les mouettes. Une femme (celle du dĂ©but de l’expĂ©rience) accourt auprĂšs de Gull et lui donne sa cravate mouillĂ©e avant de repartir.
Gull reste sans bouger, la cravate dégoulinante dans les mains.

Fin

[partie non présente dans la vidéo]

Musique dramatique d’Enrico Morricone (le professionnel). On voit Ă  nouveau la publicitĂ© de la voiture, avec le chien qui reste seul et on entend Gull qui parle :

Max Ă©tait ce qu’on nomme un « bon » chien : docile sans ĂȘtre envahissant, il demandait peu Ă  son maĂźtre. Un peu d’amour, de partage et quelques menus repas. La nature faisait le reste, offrant aux deux ĂȘtres grandeur d’Ăąme et sĂ©rĂ©nitĂ©.
C’Ă©tait si beau, cette communion avec les Ă©lĂ©ments !

Mais Max avait perçu la menace bien avant son maĂźtre. Au-delĂ  de la forĂȘt, il avait entendu un grondement sourd, un de ces bruits que seul l’instinct animal peut comprendre comme danger.

L’aboiement Ă©tait pourtant clair : attention, nous allons tout perdre, tout rompre !

Mais le maĂźtre n’avait rien saisi de la menace. Pire, le grondement sourd avait volĂ© son Ăąme, l’arrachant Ă  cette symbiose avec les Ă©lĂ©ments.
CoupĂ© les cheveux, ceinturĂ© le corps ! La seule vision de la voiture avait travesti son Ăąme, l’avait coupĂ© de la vie elle-mĂȘme. Le maĂźtre s’Ă©tait corsetĂ© en un dĂ©guisement qui n’augurait rien de bon, il s’Ă©tait vendu Ă  un maĂźtre dont Max pressentait les exigences macabres : l’usage immodĂ©rĂ©, rĂ©pĂ©titif et cauchemardesque d’Excel et Access, lui permettant d’obtenir la voiture tant jalousĂ©e. Mais une fois l’objet diabolique acquis, il lui en faudrait une autre. Et d’autres costumes. Et une rolex. Deux Rolex. Trois voitures. Encore un autre dĂ©guisement… Le cercle vicieux n’avait pas de limites.
C’en Ă©tait fini.
Max Ă©tait seul.
Max avait faim.
Plus jamais le maĂźtre ne reviendrait. Pas mĂȘme pour une simple caresse…

 

 

Chayka Hackso Écrit par :

Gardienne de l'Ăźle d'Horizon, grande prĂȘtresse du culte du caillou. Si vous souhaitez nous soutenir c'est par ici : paypal ♄ ou tipeee ou ♣ liberapay ; pour communiquer ou avoir des news du site/de la chaĂźne, c'est par lĂ  :

11 Comments

  1. caligula63
    16 mai 2014
    Reply

    Deux plantages en moins de dix minutes, c’est dĂ©cidĂ©, je me mets aux pigeons voyageurs…

    Bonsoir Ă  tout le monde,

    Tout d’abord, merci Ă  Gull et Ă  toute l’Ă©quipe, pour cet Ă©pisode ĂŽ combien intĂ©ressant.
    Puisque je suis de retour au pays de la wifi, je vais donc en profiter pour commenter – super! mon Ă©go se lamentait de ne pouvoir Ă©crire une ligne depuis Lundi…

    Sur l’expĂ©rience de Bouche-Man, il aurait Ă©tĂ© intĂ©ressant de brouiller les cartes. Je m’explique. Si j’en crois mon cerveau, un pompier se doit d’ĂȘtre jeune, un cadre se doit d’avoir la quarantaine (Ă  minima), et les mendiants n’ont pas d’age dĂ©fini (ils sont soit vieux, soit jeune). Donc, le temps de rĂ©action aurait-il Ă©tĂ© le mĂȘme, si c’Ă©tait un pompier sexagĂ©naire (ou plus) qui avait quĂ©mandĂ© l’argent? Ou un cadre de vingt ans? Et si le deuxiĂšme compĂšre avait Ă©tĂ© une femme habillĂ©e d’une blouse blanche estampillĂ©e « Servier For Ever »? J’entends par lĂ  une personne Ă  la moralitĂ© douteuse…

    Idem pour la boulangerie. L’expĂ©rience serait sĂ»rement valable si on prenait trois clients – tout Ă  fait quelconques mais sensiblement identiques – mais habillĂ©s diffĂ©remment. On pourrait choisir:
    – Le premier habillĂ© Ă  la mode actuelle, avec la barbe de trois jours,
    – Le second en jeans, baskets et T-shirt (moi, en quelque sorte),
    – Et le dernier façon star-systĂšme…

    Ahhhh! Les zapparences… Elles sont de plus en plus prĂ©sentes dans nos sociĂ©tĂ©s.
    Réussirons-nous, un jour, à répondre à cette question hautement philosophique mais néanmoins primordiale:
    « Si la race humaine Ă©tait aveugle, les apparences auraient-elles autant d’importance? »

    • Gull
      17 mai 2014
      Reply

      Bonjour Caligula !

      Si l’espĂšce humaine Ă©tait aveugle, elle trouverait encore le moyen de juger selon le timbre de la voix ou tout simplement l’odeur…

      Il y a deux solutions contre la discrimination, contre les prĂ©jugĂ©s et la toute-puissance de l’apparence : soit on fait comme si tout cela n’existait pas, il n’y a pas de diffĂ©rence (devenir aveugle), on nie ; ou bien au contraire on essaye de voir les diffĂ©rences pour passer au-dessus en toute connaissance et Ă©ventuellement reconnaĂźtre celui ou celle qui abuse des apparences. Si on pouvait arrĂȘter de coller des Ă©tiquettes sur les gens, se rendre indiffĂ©rent Ă  la diffĂ©rence, ce serait l’idĂ©al
 Sauf qu’on ne fonctionne pas comme ça. Les symboles du vĂȘtement, de l’apparence, ses conations, le rang et le pouvoir qu’on donne, ne peuvent ĂȘtre dĂ©passĂ©s qu’à partir de la prise de conscience et d’un certain effort. Je pense encore Ă  Bourdieu : l’homme libre est celui qui sait que la libertĂ© est illusoire, et la seule façon de surpasser les dĂ©terminants sociaux, c’est de les comprendre, de les connaĂźtre et les reconnaĂźtre. Bref, il faut identifier les influences symboliques. Si seulement on pouvait sensibiliser les jeunes Ă  tout cela dĂšs le collĂšge, avec des cours de sociologie par exemple, ou en proposant la philosophie plus tĂŽt (et quand je dis philosophie, je n’entends pas le programme indigeste qu’on propose aux pauvres terminales
).

      Pour brouiller les cartes quant Ă  l’expĂ©rience Bushman, j’ignore si des variantes de ce type ont Ă©tĂ© testĂ©es. Pour le pompier, je pense que cela n’aurait rien changĂ©, qu’il soit jeune ou vieux. Un pompier jeune, selon les stĂ©rĂ©otypes, cela marchera sans problĂšme, et si le pompier a la cinquantaine, je suppose que son autoritĂ© sera renforcĂ©e (il n’a plus seulement l’uniforme, il incarne aussi l’homme expĂ©rimentĂ©). Un cadre de vingt ans par contre, lĂ  la donne peut changer effectivement. Un individu trop jeune dans le costume casse la symbolique. Tout ce que je viens de dire n’est que thĂ©orique, je ne m’appuie lĂ  sur aucune donnĂ©e, mais effectivement, pour le costume le temps de rĂ©action serait sans doute diffĂ©rent, et les rĂ©sultats dĂ©finitifs aussi.

      La mode joue aussi. Mais en ce qui concerne la mode, tout dépendra du milieu, de la personne concernée
 Contrairement au costume, quand on touche à la mode ou à des habitudes vestimentaires qui appartiennent à des groupes plus restreints, il faudra limiter les résultats à une population particuliÚre. On ne pourra sans doute pas poser de conclusion aussi globale que les expériences sur le costume ou les uniformes.
      On m’a fait dĂ©couvrir cette vidĂ©o rĂ©cemment : http://www.youtube.com/watch?v=SGPjUyVtTQw&list=UUAH60iFWfmlNKP2AkLeJ35A

      Ce n’est pas le premier Ă  faire ce type d’expĂ©rience, mais une chose est sure, la solidaritĂ© sans discrimination en prend un sacrĂ© coup
.

      Merci Ă  toi Caligula, et maintenant que tu as une boulangerie, mĂ©fie-toi quand un homme en costume te rĂ©clame 8 centimes 😉

      • caligula63
        17 mai 2014
        Reply

        L’expĂ©rience de la boulangerie me remĂ©more une anecdote ayant eu lieu dans un restaurant du centre de la France et qui a le mĂȘme nom qu’un coquillage marin (Ă©tonnant, surtout Ă  400 km de la premiĂšre plage, et en plus le patron est un ancien garçon boucher…). Avec un collĂšgue on Ă©tait devenu des habituĂ©s de cet Ă©tablissement, qui en gĂ©nĂ©ral n’accueillait pas plus de deux ou trois clients par jour, et encore, c’Ă©tait – pour la plupart – des voisins.

        Ce jour-lĂ , pour oublier le chantier sur lequel on travaillait, on avait dĂ©cidĂ© de boire plus que de raison…beaucoup plus, mĂȘme. Le patron lui-mĂȘme nous a accompagnĂ© dans cette beuverie peuplĂ©e de Picon-biĂšre et autres blancass. Vers 13h30 (Ă  la fin du service), un cadre du genre commercial aux dents longues entra dans le resto pour savoir s’il pouvait encore manger Ă  cette heure-ci. Il Ă©tait l’archĂ©type du requin Ă©conomique; costard noir, chaussures vernies, 4×4 allemand et air plus que fier…bref, le Co…. de base. Le patron l’a regardĂ© de haut en bas, avant de se tourner vers nous et de dire: « Y prĂ©sente bien, le petit! Allez, pour 50€ je devrais vous trouver quelque chose Ă  manger. » Devant l’air surpris du reprĂ©sentant, il a cru bon de rajouter: « Mais non, je plaisante! Pour vous se sera 75€! J’peux pas encadrer les cadres… » C’est la premiĂšre fois que j’ai vu un cadre s’enfuir en courant…

        Pour la vidĂ©o – » Apparences », si je me souviens bien – elle met le doigt sur la solidaritĂ© au sein d’un groupe. Il y a eu un exemple dramatique, avec l’agression de la jeune femme dans le mĂ©tro de Lille. Dix tĂ©moins Ă©taient prĂ©sents, mais pas un n’a bougĂ©. On peut mettre ça sur le compte de la peur de se prendre un coup, mais plus certainement, chaque personne prĂ©sente s’est dit que c’est son voisin qui allait intervenir…Du coup, personne n’est intervenu. Et pire encore, il y a de grandes « chances » qu’ils n’aient aucuns remords, puisque pour eux c’est la faute du voisin qui n’a pas fait son boulot.

        C’est un fait, mais si vous devez prendre le mĂ©tro, ou le RER ou autres, de nuit et que vous n’ĂȘtes pas tranquilles, il vaut mieux privilĂ©gier les rames les moins peuplĂ©es. En gros, si vous avez le choix entre un wagon avec une dizaine de personnes et un autre avec deux quidams, vous aurez plus de chance d’ĂȘtre secouru dans le deuxiĂšme wagon, car si l’une des deux personnes vous agresse, l’autre rĂ©agira puisqu’il n’y a que lui pour vous sauver – ceci dit, si les deux quidams vous en veulent, bonne chance!

        Cette non rĂ©action face Ă  la souffrance d’autrui a Ă©tĂ© analysĂ©e en profondeur, au USA, suite au meurtre de Kitty Genovese en 1964 Ă  New-York. En est sortie la thĂ©orie de « L’effet du TĂ©moin »; cet effet contre-intuitif s’explique par l’idĂ©e d’une diffusion de responsabilitĂ© qui se met en place parmi les personnes prĂ©sentes et que la perception et la rĂ©action des tĂ©moins sont ainsi affectĂ©es par la prĂ©sence des autres (rĂ©elle ou non). Ceci est la dĂ©finition made in wiki, mais je suis certain que les bibliothĂšques regorgent de littĂ©ratures Ă  ce sujet. En fait, la seule chose qui est capable de faire bouger un tĂ©moin, c’est son individualisme, sa perception du bien et du mal, et surtout sa volontĂ© de pouvoir encore se regarder dans une glace…

        Pour en revenir Ă  la mode, je ne suis pas tout Ă  fait d’accord. Je vois la mode comme le costume universel.
        Certes, elle n’est pas Ă  la portĂ©e de tous, mais elle marque un statut, une volontĂ© de suivre le mouvement. Quand je parle d’universalisme, je ne sous-entends pas qu’elle est la mĂȘme pour toute la population mondiale – elle est diffĂ©rentes suivant les blocs gĂ©opolitiques (quoique, de moins en moins), mais les canons de beautĂ© sont sensiblement identiques – elle varie, mais elle est l’expression d’une Ă©lite au sein de la population. C’est un miroir aux alouettes – et surtout une publicitĂ© ambulante – qui donne une idĂ©e assez prĂ©cise de la personne qui la revĂȘt. Le plus intĂ©ressant est de voir les rĂ©actions des vendeur(euse)s face aux clientes fagotĂ©es façon Kate Moss. Si, en gĂ©nĂ©ral, une post-ado se pointe dans une boulangerie en rĂ©clamant 8 cts tout en Ă©tant affublĂ©e de la panoplie complĂšte de la parfaite dĂ©cĂ©rĂ©brĂ©e tendance (avec le sac Ă  main coincĂ© au niveau du coude), la patronne ne sera rien moins qu’exaspĂ©rĂ©e; mais si c’est une trentenaire qui rĂ©clame la ristourne cela passe un peu mieux. A noter que passĂ© la cinquantaine, la cliente Ă  la mode Kate Moss a tendance Ă  provoquer l’hilaritĂ©.
        Je ne me base pas sur une Ă©tude, mais sur mes observations au quotidien.

        Et pour ce qui est des ristournes de 8 cts dans ma boulangerie, je tiens Ă  rappeler que je suis auvergnat. Donc l’endimanchĂ© peut s’asseoir dessus…

        • 18 mai 2014
          Reply

          je connais bien le cas Kitty Genovese ; on l’Ă©tudie en fac de psycho, parce que cela a donnĂ© lieu de Ă  de nombreuses expĂ©riences, expĂ©riences qui se concluent ainsi : plus y a de monde, moins on a de chance d’ĂȘtre aidĂ© si on a un problĂšme… La seule solution, c’est alors de cibler une personne et de lui demander son aide « vous le monsieur en rouge, aidez moi s’il vous plait ! » et gĂ©nĂ©ralement l’effet s’inverse, tout le monde se met Ă  aider (cf Cialdini, dans « influence et manipulation »).
          Ce qui se passe avec les cas type kittty, c’est un effet de preuve sociale : « machin ne fait rien, c’est qu’il n’y a rien Ă  faire » (donc que les secours ont peut ĂȘtre dĂ©jĂ  Ă©tĂ© appelĂ©) ; « tous ces gens dans la rue font comme si de rien n’Ă©tait face Ă  cet homme inerte sur le sol, c’est que ce n’est pas grave ». On colle automatiquement notre comportement sur celui des autres, donc pour le coup, c’est notre grĂ©garitĂ© inconsciente le problĂšme… Un homme seul rĂ©flĂ©chira toujours mieux qu’un homme en groupe.

          • caligula63
            18 mai 2014

            « Un homme seul rĂ©flĂ©chira toujours mieux qu’un homme en groupe. »

            Tu me rassures!
            Il y a donc un espoir pour les candidats des Anges de la TĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©…

  2. 26 mai 2014
    Reply

    J’imagine qu’un montage oĂč on demande un billet de 5 euros au lieu d’une ptite piĂšce n’est plus du domaine de la science… Belle vidĂ©o cependant, et qui dit les choses c’est assez rare. Cela dit le gars dans la cabane ne quitte pas son nouveau confort pour une bagnole mercedes, mais parce qu’il a dĂ©cidĂ© de suivre son chien, effrayĂ© certainement d’avoir perdu l’autoritĂ© sur son seul compagnon… Ou alors j’ai mal vu 😉

    • caligula63
      26 mai 2014
      Reply

      Ouais…Moi je pensais plutĂŽt que le chien en avait marre de vivre dans une cabane au fond des bois. Le confort ne touche pas que les humains.

      Sinon, une autre explication – un peu limite – voudrait que le gars soit zoophile…

      Bienvenu chez WordPress.

  3. HighFrequency
    5 juin 2014
    Reply

    J’ai adorer :  » Les reptiliens n’ont pas de costumes » Merci pour la dĂ©dicaces lol.

  4. Geo Sao
    12 mai 2015
    Reply

    Bonjour,

    Bon je commence Ă  rentrer dans le blog de plus en plus. J’avais dĂ©jĂ  vu toutes les vidĂ©os d’horizon gull et j’avais envie d’en savoir plus sur ce blog, je ne regrette pas. Des heures de lectures s’annoncent!

    Et donc, j’ai testĂ© la chemise bleue. J’avais l’habitude d’aller au travail dans une tenue simple : jean noir ou bleu, tshirt gris ou noir. Pas de marque apparente, Ă©ventuellement une lĂ©gĂšre excentricitĂ© dans les chaussures mais globalement neutre. AprĂšs avoir vu la vidĂ©o, j’ai voulu tester cette fameuse chemise bleue (j’avais dĂ©jĂ  fait des rapprochement sur les animateurs de confĂ©rences que j’avais pu voir mais j’ai voulu expĂ©rimenter les choses de moi mĂȘme. Je me suis donc rendu dans un magasin dĂ©diĂ© aux vĂȘtements « classes dĂ©contractĂ©s » et j’ai achetĂ© deux chemises : une bleue claire et une bleue satinĂ©e.

    Les réactions de mes collÚgues vont vous étonner! [clickbait]

    – Mon collĂšgue de bureau m’a dit « Bonjour » au lieu de « Salut » habituellement.
    – J’ai eu le droit aux phrases clichĂ©s venant de mes collĂšgues « proches » : « Bah alors qu’est ce qui t’arrive? », « Ça te va super bien! », etc. Mais globalement le ton Ă©tait plutĂŽt positif. (Certains se sont mĂȘme lever pour me saluer alors qu’ils ne le font pas habituellement.)
    – On m’a confier un projet dans la matinĂ©e. Ce projet avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©voquĂ© mais aprĂšs analyse des risques Ă©tait restĂ© un peu en suspend. Le port de la chemise bleu a dĂ©bloquĂ© les choses.

    En conclusion, le port de la chemise a effectivement un impact sur l’entourage. Suite Ă  l’expĂ©rience j’ai eu plusieurs choix. J’aurais pu retourner a mes habits neutres, pour ne pas participer Ă  la sociĂ©tĂ© qui dicte le fait que porter une chemise bleu me rend plus important, plus digne de confiance. J’ai fait le choix, pour l’instant, de garder cette chemise. Je veux voir si elle va m’apporter d’autres choses dans d’autres domaines. Je veux voir si les gens continuent de garder confiance en moi(ce qu’ils semblent faire pour l’instant), si les contacts se font plus facilement. Je crois mĂȘme, suite Ă  cette experience, avoir gagnĂ© confiance en moi. Non pas parce que je porte une chemise, mais parce que j’ai vu que mes idĂ©es habituelles peuvent ĂȘtre prise en considĂ©ration, si j’y met la forme. On dit que 20% de la communication se fait avec les mots, Ă  quel pourcentage se situe l’habit?

  5. 11 avril 2016
    Reply

    trĂšs bon travail surtout le code couleur du costume

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