Le Gorafi, enfin la vérité sur une satire pas si comique

C’est unanime, c’est vérifié : tout le monde aime le Gorafi. Personne sur le web à notre connaissance pour critiquer ouvertement le Gorafi, pour dénoncer son odieuse démarche de désinformation qui trompe des dizaines de personnes chaque jour. Les trompés n’en disent pas un mot, parce qu’il est de leur responsabilité d’avoir cru l’information vraie. Alors, pourquoi un tel engouement ?  Que cache ce site ? Qu’elles sont leurs vraies motivations ?

Le commentateur dupé par lui même

Moncuq. C’est une journée somme toute des plus banales pour Jean-Louis, jeune retraité fringant de 95 ans. Cherchant à s’informer, il s’égare via des liens Facebook sur un site, certes inconnu, mais ô combien distingué, donc sérieux :  » la commission européenne décide de diviser par deux la taille des crêpes« . Notre retraité fait un bond dans son siège, qui, malheureusement équipé de roulettes, vient heurter la table du salon :  « j’ai cru que j’allais mourir. Je suis retraité, mais quand même j’estime avoir le droit de vivre encore quelques mois ! ». Jean-Louis se précipite alors pour poster un commentaire .

L’affiche de Jean-Louis. Ceci est une vraie affiche.

« Je ne pouvais pas laisser passer ça. Déjà, j’ai failli mourir dans la fleur de l’âge à cause d’eux et en plus l’Europe voulait diviser MES crêpes par deux ! ». Dans son bureau, siège une grande affiche de la manif pour tous « touche pas à mes stéréotypes », une affiche qui dit « vrai » et que Jean-Louis a pris pour credo « Moi j’ai pensé aux Bretons, à leur sang chaud comme il se dit, j’suis empathique vous savez, le titre et la photo étaient un affront suffisant à leurs traditions, il était hors de question que j’en lise plus. Faut respecter les stéréotypes, sinon il va où le monde ! ». Il empoigne son clavier et part en guerre contre l’Union européenne, « tous des sales bobos-staliniens vendus à la solde des illuminatis ».

L’affaire se poursuit sur le site de France 3 qui promotionne l’article en question , Jean-Louis n’hésite pas une seconde avant de commenter « j’ai toujours été activiste, les citoyens peuvent compter sur moi pour cliquer, ah ça, oui ! ».

Un communauty manager de France 3 rappelle alors que Gorafi est un site parodique, mais Jean-Louis n’en a que faire « mais qu’est-ce que ça peut bien me foutre ? Ça ne changeait rien au fait que ces gros cons de l’UE voulaient détruire nos traditions ». Jean-Louis, se rappelant soudainement que nous sommes journalistes nous dit de « dégager sur le champ » et claque la porte sur un signe s’apparentant à une quenelle.

Un spectre pathologique de haute voltige

Spécimen à part, Jean-Louis ? « On peut les compter par centaine » nous déclare docteur Claire Enclocq, spécialiste de la commentomanie. Elle nous explique que la commentomanie est une tendance hautement addictive à commenter n’importe comment et n’importe quoi, généralement en fonction du titre et de l’image, voire en fonction de ce qu’on a envie de dire même si cela n’a aucun rapport. Jean-Louis serait atteint d’une variante de la commentomanie,  la « commento-facebookmanie » : elle consiste à tout aimer, tout propager, croire qu’un article c’est l’image qui est montrée, croire que l’article parle de soi et commenter donc en fonction de son opinion. » Ce n’est pas une pathologie anodine, on a déjà vu des commentofacebookmaniaque s’insurger du manque de compassion de l’auteur envers Justin Bieber alors que l’article en question était une recette de thon à la catalane…. Ou encore des insultes envers ces « putains de bisounours gay juif illuminati qui se croivent tout permis »  sur un témoignage de retraité bénévole. Et ils propageaient l’article, l’aimaient ! »

Que faire ?

un exercice pas si évident, la rencontre avec petit ours…brun.

La salle de soin est studieuse, on s’y méprendrait presque quant à l’objectif de cette antenne de l’hôpital Nietzsche à Jussieu-sur-Gif : les patients sont installés à leur pupitre, magazines ou livres en main, seules les blouses blanches viennent nous rappeler que nous ne sommes pas dans une bibliothèque de bobos parisiens. Quelques rares patients sont équipés de tablettes : « ne vous approchez pas trop quand même, les tablettes ont beau ralentir leur impulsion, on n’est pas complètement à l’abri d’une crise ». Le conseil n’aura pas été dénué de sens : sous nos yeux ébahis, un patient explose de rage face à un article du gorafi propagé par un blog. L’équipe se précipite, maîtrise le patient qui avait commencé à commenter, parlant de complot sioniste gay au sujet de Nabilla. Il part en criant à la censure, au complot de ces sales journalistes. « On se contente de leur apprendre à lire d’un bout à l’autre les articles, d’abord sur les magazines. On commence par Popi, mais parfois ils réagissent dès la deuxième phrase de petit ours brun, criant au racisme anti-français. Quant aux articles de plus de 300 mots, c’est impossible, il faudrait qu’on ait plus de personnel formé aux pathologies de l’attention » signale un infirmier aux yeux cernés.

Une révélation sur le gorafi qui n’est pas sans rappeler les heures les plus sombres de l’histoire

Notre enquête aurait pu s’arrêter là quand un aide-soignant, tout dédié à la recherche des sources, nous interpelle.  » Je n’en peux plus, je peux plus garder ça pour moi. Je suis trop fatigué! » Sur un banc à l’extérieur de l’hôpital, il dévoile le fond de l’affaire « c’est le gorafi, tout ça. Je comprends l’aspect humanitaire, mais on est surmené, faut qu’ils s’arrêtent ! »

L’affaire remonte à 1826, à la naissance du gorafi : point de dissension avec le figaro comme le site l’indique, mais un constat qui alarme une poignée d’intellectuels et médecins. L’esprit critique, en passe de disparaître, doit être sauvé des méandres de la « réactivité irréfléchie », sobrement nommé « connerie » par le commun des mortels. Mais comment la détecter ? C’est ainsi que né le journal satirique qui se développera sur le web quelques années plus tard, en collaboration avec les médecins chargés de soigner les diagnostiqués « réactif irréfléchi », à présent souvent nommés « commento-facebookmaniaques ».

C’est donc une ambition médico-intellectuelle qui animerait le Gorafi et permettrait depuis des dizaines d’années de sauver de nombreuses personnes de la « réactivité irréfléchie ». « Le pire, c’est que pour les lecteurs sains, cela permet de lutter contre la dépression médiatique, une forme particulière de dépression nerveuse due à la lecture d’article sérieux. Mais bon ce succès, c’est notre plaie à nous, ça décèle encore plus de cas de commentofacebookmaniaque ! Mettez-vous un peu à notre place, c’est lourd à la fin ! ».

Et si ce succès ne mettait justement pas fin à la stratégie du Gorafi ? À force de célébrité, nul besoin de réfléchir pour comprendre que gorafi= pastiche « détrompez vous, même les politiques, les journalistes n’arrivent pas à se rentrer ça dans le crâne. Trop compliqué. Et puis des petits malins prônant l’esprit critique font en sorte de diffuser les fausses infos en mettant juste un hyperlien, en diffusant les fausses news en soirée : ça veut sauver le monde de la connerie ! Y a des claques qui se perdent, moi je vous dis! On prend un kebab?  J’ai un peu la dale ». Un témoignage émouvant, s’il en est !

La rédaction.

Viciss Hackso Écrit par :

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13 Comments

  1. jean-louis
    10 février 2014
    Reply

    pfffff vous vous rendez compte au moins qu’il y a des enfants qui meurent de faim dans le monde ? et vouus osez mettre une image de popi ? on aura tout vu sur la fachosphére néobisounours. Je vais vous faire une sale pub croyez moi, cest pas demain laveille que vous aurez des telespectateurs

    • Jean-Louis le vrai
      11 février 2014
      Reply

      USURPATEUR ! JAMAIS JE NAURAIT DIT SA

  2. caligula63
    10 février 2014
    Reply

    « Elle nous explique que la commentomanie est une tendance hautement addictive à commenter n’importe comment et n’importe quoi, généralement en fonction du titre et de l’image, voire en fonction de ce qu’on a envie de dire même si cela n’a aucun rapport. »
    « Quant aux articles de plus de 300 mots, c’est impossible »

    Merci, les Hackers Sociaux, j’ai enfin mis un nom sur ma maladie.
    Du coup, je vais me soigner, et ne pas trop commenter cet article…

    • docteur Claire Enclocq
      10 février 2014
      Reply

      Bonsoir. Je suis le docteur Claire Enclocq.
      De toute évidence, monsieur Caligula63, vous n’êtes pas atteint de commentomanie :
      – vos commentaires sont en lien avec les articles (le commentomane, ne lisant pas ou simplement le titre, est généralement hors sujet)
      – vous ne faites pas de fautes d’orthographe ; la grammaire et la syntaxe sont présentes. Or plus le commentomanie est profonde, plus le langage est morcelé et incompréhensible, on parle de « commentolangue », une forme de langage qui se rapproche de sujets atteint d’aphasie de broca + aphasie de wernicke ; excepté qu’ici, il n’y a aucune lésion cérébrale)
      – contrairement à ce qu’on pourrait penser, le commentomane n’est pas disert : il est trop pressé de poster un autre commentaire ailleurs. Ce n’est pas votre cas.
      – vous n’avez pas recours au stéréotypes et vous réfléchissez. Or le commentomane n’arrivant plus à réfléchir, n’utilise que des stéréotypes, des phrases types qu’il mélange sans se rendre compte qu’elle n’ont plus de sens.
      Felicitations, vous êtes a priori un sujet sain. Je vous conseille d’entretenir votre esprit critique, c’est à ce jour la meilleur prévention contre la commentomanie.
      Cordialement,
      Docteur Claire Enclocq

      • caligula63
        10 février 2014
        Reply

        Vu que vous devez être soumise au secret médical, je dois vous faire un aveux:
        Je ne lis que la première et la dernière phrase des articles mis en lignes par HS.
        Ce qui fait que je passe de Dix-Sept Milles et des Brouettes mots à une cinquantaine, ce qui fait un mot par neurone, c’est déjà bien assez.

        Pour ce qui est des fautes d’orthographe, je tiens à remercier le correcteur automatique de Mozilla. Il est bien, ce renard de feu, il ira loin…

        Enfin, j’aime bien votre patronyme. J’ai eu un médecin qui s’appelait Deltombe, et curieusement, je n’étais jamais pressé d’aller le consulter.

        • Docteur Claire Encloq
          11 février 2014
          Reply

          Bonjour caligula63, Docteur Enclocq pour vous servir.
          Votre comportement est compréhensible. Dans le cadre d’une recherche sur les troubles du langage 2.0, je « follow » également les rédacteurs de hacking social. Ils sont atteint de logorrhée écrite, aussi nommée « incontinence 2.0 », un cas assez rare qui nous aide paradoxalement à comprendre la « raccourcite », pathologie plus courante désignant des patients écrivant peu, mais croyant qu’ils fait preuve en une phrase d’une reflexion dense.
          Pour votre information, le conseil de l’ordre des médecins a statué sur le cas de Monsieur Deltombe : il exerce maintenant en tant que médecin légiste.
          Cordialement,
          Docteur Claire Encloq

          • caligula63
            11 février 2014

            Bonsoir doc,

            Donc, si j’ai bien compris, tout va bien. Aucune maladie en vue.

            Me voilà condamné à commenter les articles de hacking social, jusqu’à ce que je passe entre les mains du docteur Deltombe…

  3. Civitas Veritas
    10 février 2014
    Reply

    Il va de soi que la Vérité n’est pas aux mains impures des journalistes, qui n’ont de jours que le racine, car ils sont des êtres de la nuit. Il faut le dire, il faut que la Vérité éclate!
    Que les esprits enfin libérés contemplent l’illusion des journalistes à la solde de l’athéisme régressif et barbare qui veulent nous dilapider nos stéréotypes millénaires. La nature de l’homme, c’est la force, l’autorité; la femme est douce, enfantrice et gardienne de nos foyers.
    Là est la Vérité, pas sous la plume aiguisée et sanguinaires de nos journalistes. Non! Le seul journal que l’on doit tenir pour Vrai est la Vérité révélée des Jésus Christ notre seigneur qui s’est fait chair et dont la chair est souillée par les charognes de l’information. Regardez le Gorafi, c’est LA preuve de la malice et de la supercherie suralimentée de ce vice qu’est la gourmandise. La gourmandise de quoi? De lecture, d’informations… En lisant nous tuons l’esprit, nous l’emplissons d’impureté. Vous vous dites esprits libres, alors que vous cessez de vous embrouiller l’esprit en vous documentant! N’est-ce pas paradoxal!?!?!
    Le journalisme tue nos enfants! Ils vont supprimer le sexe des cartes d’identités, ils vont obliger les hommes à faire des enfants!!!!!! Voilà où on en est!! Plus de femme pour enfanter, plus d’enfant, plus d’humain!!! Vous détruisez l’humanité!!!!

    • Docteur Claire Encloq
      11 février 2014
      Reply

      Civitas Veritas, je souhaiterais vous convier à participer à une recherche se déroulant à hôpital Nietzsche à Jussieu-sur-Gif. Vos propos ont intéressés toute notre équipe, félicitations ! Notre antenne est ouverte dès 14h tous les jours de la semaine, en salle B120. Nous espérons vous rencontrer !
      Cordialement,
      Docteur Claire Encloq

  4. Bernardo
    11 février 2014
    Reply

    L’article sur la commentomanie vient du Bilboquet Magazine 😉

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