Ah si j’étais président ou supra grand directeur de cette multinationale, ça ne se passerait pas comme ça ! On s’imagine volontiers dans la position du puissant, mais n’agissant certainement pas de la même manière que ceux qui nous imposent des choses dont on ne veut pas : on s’imagine incarnant le chef juste, honnête, charismatique, engagé, visionnaire, intelligent, appliquant de nobles convictions, n’oubliant pas la réalité, réduisant les inégalités, faisant croître et évoluer positivement la société ou l’organisation. On serait loin des magouilles et toujours proche de nos concitoyens qu’on écouterait, nous. Et ainsi, on mériterait les avantages de la fonction, mais on n’en abuserait pas, peut-être même qu’on diminuerait les revenus faramineux que la place nous offre, peut-être qu’on resterait modeste et humble et qu’on refuserait que la cour se mette à genoux pour nous. On penserait avant tout au pays, à l’organisation, et on travaillerait à ce que tout soit meilleur pour tout le monde, on rendrait efficace l’entreprise, heureux les subordonnés et les citoyens, c’est tout ce qui nous importerait. Et seuls les méchants, les arriérés, les ennemis de la nation/de l’entreprise seraient mécontents.
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Ce rêve – aussi naïf que celui d’un enfant- suppose donc que les politiques, les grands patrons seraient donc en fait tous des salauds et que si on est si mécontent des partis politiques, des personnes en haut de la pyramide, quels qu’ils soient, c’est parce qu’ils ne sont pas les bonnes personnes ou n’ont pas de bonnes idées. Il faudrait donc en changer jusqu’à trouver le bon prétendant. Soi, par exemple ? Les ambitieux, les mégalomanes répondraient sans doute oui ; les humbles, non. Et là on touche déjà un premier paradoxe : ceux qui ne veulent absolument pas du pouvoir seraient peut-être ceux qui sont le plus à même de savoir le gérer, ce pouvoir…
On pourrait poser autrement notre questionnement : est-ce le pouvoir qui attire les « mauvaises » personnes ou est-ce que c’est le pouvoir qui rend « mauvais » ? Si on forçait notre rêveur, mais néanmoins humble (il ne veut pas du pouvoir) à en avoir du pouvoir, serait-il alors encore humble, juste, mettrait-il son pouvoir au service des autres, de l’organisation, de l’intérêt collectif, de l’efficacité ? Voyons ce que nous en disent les recherches en psychologie:
En situation de pouvoir, on choisit toujours de prendre des mesures qui sauvegardent notre pouvoir, le maintien,plutôt que des mesures qui servent l’organisation ou l’intérêt collectif.
Autrement dit, en situation de pouvoir, on pense avant tout à conserver son pouvoir plutôt que de servir l’intérêt collectif.
Gangloff (1996) a présenté à 55 cadres (37 en entreprise privée ; 18 en entreprise publique) une série de cas problématiques où l’on pouvait opter pour deux décisions : l’une allait dans le sens de l’organisation, mais pas de son propre pouvoir ; l’autre permettait de garder son pouvoir, mais ne profitant pas à l’entreprise.
Par exemple, on présentait le cas d’un excellent salarié qui avait osé se garer sur le parking de la direction et qui mettait l’entreprise au défi de le licencier pour cet acte. Les cadres sujets de l’expérience devaient dire s’il fallait le licencier (une décision qui allait dans la préservation de leur pouvoir et qui n’était pas profitable à l’entreprise) ; ou s’il fallait laisser cette personne brillante à son poste (une décision favorable à l’entreprise, mais qui mettait en danger le pouvoir).
Quels que soient les cas présentés, les cadres choisissaient toujours la décision qui leur permettait de conserver leur pouvoir, mais qui nuisait à l’entreprise.
Les décisions, chez les puissants, se prennent d’abord en fonction de leur pouvoir (pour le préserver, pour le défendre, pour empêcher les menaces, pour l’augmenter), pas en fonction de l’intérêt général, pas même en fonction du profit de l’entreprise.
En situation de pouvoir, on arrive moins à se contrôler soi-même
Autrement dit, le pouvoir qu’on a sur les autres diminue celui qu’on a sur soi.
Guinote (2007) les sujets sont divisés en deux groupes après avoir rempli un questionnaire :
– On dit au premier groupe qu’ils sont doués pour résoudre des problèmes et qu’ils seront donc des « travailleurs ». Ils seront rémunérés 4 dollars, mais ils pourront avoir 2 dollars de plus si les évaluateurs jugent favorablement leur travail.
– On dit au deuxième groupe qu’ils sont doués pour évaluer la créativité, ils seront donc les « évaluateurs ». Ils seront rémunérés 6 dollars et pourront décider d’attribuer ou non une prime aux travailleurs.
Tous les sujets ont pour tâche de décrire la journée d’une personne noire américaine, Jeff. Cependant, on scinde encore en deux l’expérience : à un groupe on dit que généralement les gens se basent sur des stéréotypes et qu’il ne faut surtout pas faire comme eux ; à l’autre groupe, on ne dit rien.
Résultat : qu’importe que la personne ait du pouvoir ou non, elle utilisera des stéréotypes si on ne la prévient pas avant. Quelqu’un à qui on a donné du pouvoir n’a pas plus de self-control qu’un sans-pouvoir. Avoir des responsabilités n’est donc pas un facteur qui pousse au contrôle de soi, du moins dans cette expérience, avec un pouvoir peu puissant (on espère en tout cas que les personnes qui ont par exemple, le pouvoir de tuer, ait plus de contrôle sur eux même).
Les sujets ont une autre tâche : ils doivent à présent évaluer Joe à partir de traits stéréotypés ou non.
Résultat : les évaluateurs à qui on avait précédemment demandé de contrôler leur stéréotype ont davantage exprimé une vision stéréotypée…
Les résultats de cette deuxième tâche vont à l’encontre de la logique : quelqu’un de responsabilisé (on lui a donné du pouvoir), qu’on a prévenu de ne pas user de stéréotypes, n’arrive qu’à user de self-control une seule fois et se « lâche » dès la deuxième tâche qui pourtant était en corrélation avec son statut d’évaluateur. Il se passe ce qu’on appelle l’effet rebond : les pensées occultées reviennent avec force, indépendamment de la personne, car la personne a moins de contrôle sur elle-même quand elle a du pouvoir les autres.
L’autre constatation bien triste de cette expérience, c’est qu’il faille dire aux personnes de ne pas user de stéréotypes pour qu’elles n’en usent pas… Autrement dit, aucunes d’entre-elles n’a réfléchit à la question de la discrimination préalablement, aucune n’a dompté cette absence de réflexion qu’est le racisme (les items de l’expérience sont sans équivoque raciste, Joe étant taxé de « pauvre », « paresseux », « peu intelligent » alors que la seule donnée que l’on connaît sur lui est qu’il est noir)
Cela explique bon nombre de dérives des puissants…Vous devriez pouvoir trouver beaucoup d’exemples de « pulsions » ou d’actes moralement douteux difficilement refrénés par les puissants.
Plus on a de pouvoir, plus on évalue ses propres performances positivement et plus on voit les performances des autres comme médiocres
Georgensen et Harris (1998) ont passé à la loupe 25 études de laboratoire ou de terrain sur cette question : la conclusion est claire, plus on a de pouvoir, plus on juge son travail bon et plus on trouve médiocre le travail des autres.
On voit là une forte confusion à l’œuvre chez les puissants entre le statut et la nature du travail : ils concluent inconsciemment que s’ils ont un statut supérieur c’est qu’ils font un excellent travail ; et inversement que le reste du monde, les statuts inférieurs comme les autres supérieurs font un travail médiocre, parce qu’ils n’ont pas son pouvoir à lui. Or un ouvrier peut faire un travail d’une excellence et d’une rigueur admirable et un cadre supérieur travailler comme une brute sans finesse. Le statut ne dit absolument rien sur la qualité du travail. Un conférencier peut crier aussi désagréablement qu’une « marchande de poisson » et une épicière être aussi passionnante et riche d’enseignement qu’un chercheur. Tout est possible, le statut ne dit finalement que très peu de choses sur une personne et ce qu’elle fait effectivement.
Le pouvoir modifie notre sens moral
Lammers et Stapel (2009)pour cette expérience on avait amorcé certains sujets à se sentir puissant ou au contraire à ne pas avoir de pouvoir.
Une amorce est une petite manipulation – petite, mais néanmoins efficace – pour que des personnes pensent et agissent sur un certain mode, ici qu’ils se sentent puissants ou sans pouvoir : on leur avait fait réaliser des mots mêlés où ils devaient chercher des mots liés à la puissance (pouvoir, autorité, influence…) ou au pouvoir faible (subalterne, impuissance, soumission…). Les techniques d’amorçage peuvent paraître ridicule on peut douter de leur efficacité, mais dans les actes cela marche ; petite digression explicative sur l’amorçage : si on fait lire à des sujets des mots sur la vieillesse et qu’on calcule le temps qu’ils mettent à rejoindre la sortie après l’expérience, ils seront bien plus lents que ceux qui n’ont pas lu ces mots.
Après l’amorçage à être ou non puissant, on leur soumet un dilemme moral auquel ils devront répondre. Voici les 3 dilemmes, nous ne mettons pas les résultats immédiatement pour vous puissiez vous autotester si vous le souhaitez, l’important étant la façon dont vous justifiez votre choix :
- Dilemme 1 : Carole, une lycéenne qui a promis de voir sa copine Corinne pour l’aider à résoudre un problème personnel, se voit proposer par Tina, une nouvelle fille de sa classe, de l’accompagner au théâtre. Elle doit donc choisir entre sa loyauté envers Corinne et la nécessité de se montrer gentil envers l’invitation de la nouvelle élève Tina. Que doit-elle faire?
- Dilemme 2 : un médecin informe à une femme que son compagnon n’en a plus que pour quelques mois à vivre. La femme demande au docteur s’il est possible de différer cette terrible annonce afin qu’elle puisse lui organiser le rêve de sa vie, à savoir un voyage en Afrique. Que doit faire le docteur ? Différer l’annonce ou dire la vérité sans attendre ?
- Dilemme 3 :un kidnappeur d’enfant est arrêté au moment où il vient récupérer la rançon qu’il a réclamée. Face à son refus d’indiquer où se trouve l’enfant, le policier en charge de l’affaire décide de le menacer d’employer la torture. La question est, est-il permis dans ce cas, d’utiliser des pressions psychologiques, d’utiliser la privation de sommeil et de nourriture ou des violences physiques ?
Résultats :
L’important ici n’est pas le choix, mais la façon dont les personnes justifient leur choix.
– Pour le dilemme numéro 1, ceux qui ne sont pas puissants, qu’on a amorcé à être un « sans-pouvoir » vont justifier leur décisions en fonction des conséquences pour les personnes » Tina a besoin de nouveaux amis, sinon elle va se sentir seule » ou « Corinne a besoin de quelqu’un pour résoudre ces problèmes ».
– Pour le dilemme numéro 1, ceux qui ont été amorcés à penser en « puissant » vont justifier leurs décisions par des principes moraux généraux « une promesse est une promesse (voir Corinne) » , « il faut être accueillant envers les nouveaux »
– Pour le dilemme numéro 2 et 3, il en est de même : les personnes ayant un sentiment de pouvoir font appel aux grands principes moraux, c’est-à-dire que le médecin doit dire directement la vérité au patient et le policier ne doit pas utiliser toutes formes de rétorsion. Excepté qu’ici, être inflexible avec les principes moraux généraux est problématique : le patient n’aura peut être plus jamais l’occasion de vivre un bon moment avant sa mort, peut être qu’il fera annuler son rêve ou ne pourra en profiter autant que si la nouvelle avait été retardée. Quant au kidnappeur, ne pas lui mettre de pression peut peut-être mettre en danger de mort l’enfant. Pour ces dilemmes, les sans-pouvoirs font preuve de plus de flexibilité et pensent avant tout aux conséquences plutôt que de s’en remettre à des principes généraux.
Ces expériences expliquent bien des comportements : si le puissant licencie pour le principe général du bien-être de l’entreprise, c’est à dire sa forte croissance maintenue, il ne pense pas aux conséquences, il s’en remet à quelque chose de supérieur, voire divin (l’économie), qui va au-delà de ce que l’humain peut percevoir (du moins c’est une croyance répandue). Penser à de grands principes supérieurs sert comme excuse, sert le déni de la personne qui a pris la décision, sert de faire-valoir, sert à imposer une décision, est économique d’un point de vue mental (on ne s’embarrasse pas de réflexions, on ne cherche pas d’autres idées, on ne ressent pas d’émotions, on a un « c’est comme ça » fataliste et distant) même si elle est profondément injuste, injustifiable et avec de graves conséquences.
Autrement dit, avec un vocabulaire plus philosophique, les gens amorcés à être « puissant », agissent selon un impératif catégorique : « il faut / il ne faut pas…. ». Le devoir est figé, les actions ne sont pas adaptées concrètement mais répondent à des principes abstraits (il ne faut pas mentir, il faut dire la vérité quelles que soient les circonstances et les conséquences…).
Mais en réalité, c’est sans doute bien pire…
Toutes ces conclusions d’expérience et d’études se basent uniquement sur un pouvoir d’action sur les autres, sur les situations. Exceptés pour les études prenant pour sujet des personnes ayant un pouvoir dans leur vie professionnelle, les personnes n’ont pas les « à cotés » du pouvoir, les expérimentateurs ne pouvant pas reproduire les conditions exactes d’un grand pouvoir, c’est-à-dire les bonus de millions d’euros, les salaires exorbitants, la cour soumise et admirative, le luxe… Donc dans les faits, l’ivresse du pouvoir est forcément beaucoup plus intense. Il est absolument impossible de garder les pieds sur terre, à moins d’avoir l’immense sagesse de se forcer à être comme un « sans-pouvoir » c’est-à-dire travailler dans les mêmes conditions qu’un subordonné, fréquenter des subordonnés et vivre sans avantages particuliers. Or même cela c’est impossible : parce que les personnes ne se comporteront pas de la même manière si elles savent que vous avez un pouvoir et elles vous offriront sans s’en rendre compte un traitement spécial, favorisant, qui empêchera toute connexion avec la réalité.
Ce constat est clair : le pouvoir est comme une immense cuite, il nous saoule et nous fait voir la réalité d’une manière qui dessert ensuite cette même réalité, cette réalité qui a pourtant permis d’acquérir un pouvoir. Qu’importe qu’on soit humble, orgueilleux, méchant, gentil ; qu’importe le parcours, les valeurs, le pouvoir nous rendra ivres de lui et nous fera tout oublier.
Que faire ?
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Supprimer les avantages et privilèges des postes à pouvoir pour susciter un vrai engagement
Il faut supprimer un maximum d’avantages aux postes à pouvoir. Personnellement, j’imagine parfaitement un président rémunéré d’un SMIC et étant obligé de conserver un petit boulot de dix heures par semaine pour ces finances. WTF ! Me crierez-vous alors, mais laissez-moi présenter les arguments de ma radicalité: on a vu dans un précédent article la théorie de l’engagement. Pour forcer l’engagement chez une personne il faut le lui imposer dans un contexte de liberté (paradoxal, mais efficient dans la réalité), il faut lui faire faire un acte engageant, devant un public, irrévocable et demandant un certain effort ; il faut que cet acte engageant ne soit pas rémunérateur, que ce soit en monnaie sonnante ou trébuchante comme en avantages.
Donc pour avoir des chefs, des directeurs, des présidents engagés envers l’organisation, l’intérêt collectif, la société pour laquelle ils ont du pouvoir, il ne faut pas les récompenser, il ne faut qu’il y gagne quelque chose de plus. Alors le pouvoir serait exercé uniquement par engagement envers l’activité elle-même, c’est à dire le bien-être d’une entreprise donc de ses membres comme de son activité, c’est-à-dire le bien-être d’une société, donc de ses citoyens comme de son évolution profitable pour l’avenir.
Utopique ? Impossible ? Pas tant que ça. Une communauté zapatiste s’est organisée avec une vision du pouvoir en tant que corvée : tous les citoyens sont formés à l’exercice du pouvoir et chacun, à tour de rôle prend des fonctions de pouvoir. C’est vraiment une corvée, parce que ces citoyens doivent conserver leurs activités habituelles de travail, il n’y a pas d’avantages à avoir du pouvoir. Évidemment ce n’est pas une société parfaite, elle connaît ses soucis, mais ils sont d’une autre nature. On en reparlera sans doute un jour.
Cependant même sans avantages, sans privilèges, il y aurait tout de même des luttes de pouvoirs. Parce que le pouvoir est ivresse, il nous fait nous sentir importants. On a pu le constater dans des milieux où pourtant il n’y avait aucun centime à gagner par le pouvoir. Donc ce n’est pas une solution qui réglerait tous les problèmes, cependant c’est à tester.
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Limiter le pouvoir
Tout pouvoir doit être limité dans le temps, que ce soit le pouvoir politique ou le pouvoir en entreprise. Il faut empêcher le cumul des mandats, mais aussi le renouvellement de mandat. Le mandat doit être unique. Prenons l’exemple d’un représentant élu, chacun sait qu’il n’agira qu’en vue de se faire réélire, de se maintenir, et non selon la volonté générale. Il n’agira alors que par intérêt personnel, celui de se maintenir en place. Pour cela, certains n’hésiteront pas à manipuler l’opinion ou encore à magouiller pour financer ses prochaines campagnes.
Parlons budget de campagne. Là encore il faut trouver un dispositif pour limiter les abus, car c’est l’argent qui détermine le meilleur candidat, et non le programme. Comment faire? Non seulement, il faut limiter les budgets de campagne (ce qui existe déjà), mais une fois dépassé un certain seuil, chaque candidat devra reverser un pourcentage de son budget aux autres candidats afin que la campagne soit équitable financièrement et puisse permettre aux plus petits partis d’assurer un financement. Autrement dit, plus les gros partis dépensent en campagnes, plus les petits récupèrent un financement.
Mais plus efficace encore, il faudrait limiter la démocratie élective et instituer une démocratie participative: une moitié des représentants seraient élus, une autre moitié serait tirée au sort.
Autre moyen de limiter le pouvoir: que chacun soit formé au pouvoir, aux responsabilités. Par exemple, il faudrait introduire au lycée des cours de droit et de sociologie. Dans les universités, chaque discipline aurait un volet « politique », afin que chacun puisse, selon son champ d’expertise, corréler ses compétences à des objectifs collectifs. Pour que la politique ne soit plus un métier, il faut permettre à l’ensemble de la population, au lycée et dans les études supérieures, de se constituer un bagage qui lui permettra de tendre vers des responsabilités mais aussi de remettre en cause des responsables.
Afin de limiter les abus en entreprise, il faut considérer l’entreprise comme un micro-État (ce qu’elle est déjà), et d’installer la démocratie dans le monde du travail. Par exemple, quand une entreprise est importante en termes de salariés, le patron devra répondre à des objectifs fixés par les salariés ou leurs représentants. Le patron aura un mandat, limité dans le temps et non renouvelable. Une fois son mandat achevé, il devient un salarié comme un autre. Cela peut sembler grotesque, et pourtant il existe déjà des modèles qui fonctionnent très bien en France où les salariés ont racheté leur propre entreprise et en possède désormais une part; ou encore certaines associations loi 1901 qui délivrent un salaire à des employés, sans faire de profit, et qui votent régulièrement un bureau. Nous aurons l’occasion d’en reparler plus tard.
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Prendre notre pouvoir en main et viser l’autonomie
Le deuxième problème vient de nous : nous abandonnons notre pouvoir. On s’en tient, pour le plus grand nombre, à râler sur le parti au pouvoir qui nous déplaît, à commenter ce que les médias mettent en exergue, puis à voter ou à ne pas voter. Qu’on râle ou non, qu’importe, on fait poursuivre ainsi la mécanique. Qu’on manifeste après une mesure ou qu’on colle des affiches pour le parti qui nous déplaît le moins, qu’importe on participe ainsi à la préservation bien tranquille de l’organisation, du pouvoir. Quel que soit le parti choisi, le pouvoir sera toujours ivresse pour celui qui le gagnera. Cette ivresse, couplée à une idéologie « puissante » (attirant donc particulièrement les impuissants en contexte d’impuissance) peut devenir pur délire, comme le prouve l’histoire et l’actualité (cf nazisme et communisme notamment en Corée du Nord actuellement). Une révolution, comme beaucoup l’espère, serait strictement inutile : elle mettrait en tête encore quelqu’un qui finirait par être ivre de pouvoir et ne verrait plus la réalité.
La solution est à la fois complexe et simple : il faut cesser de se mettre dans le rôle du subordonné et commencer à devenir décideur de son chemin de vie, de ses comportements, de ses pensées et construire avec les autres. Il faut se faire ninja en entreprise et engager les boss à devenir humain, être ce justicier discret qui dit non au bon moment et désobéit pour sauver autrui, s’ouvrir la tête à des destinées plus palpitantes que celles d’une journée shopping avec crédit illimité, s’engager personnellement à des quêtes créatives, folles, jubilatoires, mais toujours dans le respect d’autrui, même si autrui peut être un puissant ivre de sa fonction. Nous ne sommes pas que des consommateurs de produits, des consommateurs-réactant de médias, des consommateurs de société, on peut tous être acteurs de quelque chose de plus grand que notre caddie, quelque chose de plus grand que la décoration de notre salon, plus grand que le nombre moyen de nos enfants : plus grand, mais à notre taille, accessible concrètement. Apprenons, réfléchissons, passons à l’action, les sociables rallieront peut être les gens, les plus intellectuels théoriseront, les empathiques aideront, les scientifiques expérimenteront, les plus techniques inventeront pour tous librement, les astucieux hackeront des structures, etc. Il est fort dommage de laisser en friche son pouvoir, d’attendre d’avoir un « statut » pour agir pour les autres, d’attendre qu’un certain pouvoir soit en place pour changer le monde à notre place, d’attendre qu’on vous autorise au pouvoir pour en avoir…
Il y a fort à s’inspirer des hackers de tous poils, des créatifs, des artistes… et ce n’est en rien une résignation ou un abandon : c’est construire par-dessus ce qui nous déplaît, c’est avancer.
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Changer notre conception du pouvoir et cessez de rêver d’être supérieur à l’autre tant par le pouvoir que par les privilèges.
On râle contre les inégalités, que ce soit au travail comme dans la société, mais d’un côté notre conception du pouvoir est inégalitaire ; pour le dire autrement, notre désir du pouvoir est de souhaiter les inégalités, ce qui fait de nous des êtres complètement dissonants :
Hofstede (1989) a été amené à travailler dans une entreprise multinationale d’informatique dans les années 60. Il a entrepris d’étudier les différences culturelles concernant la façon dont les employés percevaient leur travail ou leur chef par exemple. D’étude en étude, il a rassemblé des données dans 74 pays différents comportant 20 langues différentes, et a récolté 116 000 questionnaires comprenant une centaine de questions.
Résultats :
– les pays d’Europe du Nord ont des valeurs de pouvoir faible, ce qui veut dire qu’ils supportent mal les inégalités, qu’ils préfèrent les relations professionnelles égalitaires basées sur la négociation et la délégation des pouvoirs aux salariés. Ils ne tolèrent pas les forts écarts de salaire, les privilèges et les symboles de pouvoir.
– la France a une adhésion à des distances de pouvoir relativement forte : les salariés préfèrent des relations professionnelles autoritaires, attendent et valorisent les inégalités sociales et professionnelles, notamment au niveau des salaires.
Autrement dit, avec notre distance au pouvoir forte, on veut avoir des salaires qui nous différencient les uns des autres, on quête la différence symbolique, le privilège (prime, chèque cadeau, employé du mois…). On veut donc l’inégalité, même quand on la subit, il n’est pas rare de rêver être ce millionnaire qui ne dépense qu’en voitures, propriétés monstrueusement grandes, etc. On rêve d’être de l’autre côté de l’inégalité, mais c’est entretenir ce qui nous nuit et qui nuit aux 99%, parce que nos souhaits guident notre vie, nos choix.
Évidemment avec une telle conception du pouvoir, on ne pourra jamais résoudre les inégalités, parce que cela commence par accepter qu’on puisse se mettre sur un même rang d’égalité, cela nécessite le partage du pouvoir donc de renoncer à vouloir être supérieur et distinguer des autres. Cela nécessite de questionner son rapport à la société de consommation également.
C’est une question compliquée que notre distance au pouvoir, une question qui demande de se regarder dans le miroir et d’accepter le reflet de nos idées, de leurs conséquences. C’est une question qui doit se traiter dans le calme, sans colère ni haine contre soi ou les autres. Mais c’est une question essentielle à se poser – à mon sens – pour vraiment savoir ce que l’on veut des « systèmes », que ce soit au travail ou dans la société.
[lire cet article en pdf : pouvoir-hacking-social]
Source :
La psychologie du pouvoir en 60 questions, Laurent Auzoult, dunod ;
Le livre est passionnant, cependant il peut rebuter les non-initiés à la psychologie : pour chaque question il y a une expérience, voire plus. Cependant il reste très lisible, très compréhensible et fort riche d’enseignement. Notre article est très réducteur en comparaison de ce que le livre aborde et il est fort probable qu’on le retrouve encore dans nos sources. Un point noir par contre pour ceux qui sont par contre initiés à la psychologie ou la méthode scientifique : certaines expériences auraient mérité à plus de détails et précisions (on pense à l’expérience de Stanford de Zimbardo qu’on aurait pu aborder ici ; ou Milgram).
Que sainte Viciss et saint Gull soient loués (et les autres aussi, mais je ne connais pas le nom des remplaçants)!
Enfin de la lecture!
Ahhhh! L’ivresse du pouvoir. Elle peut tout changer. Par exemple, savez-vous que le cancer de Mittérand avait été diagnostiqué juste après son arrivée à l’Elysée? Il n’en avait que pour six mois, d’après les médecins, si il a tenu si longtemps, c’est clairement grâce à sa soif de pouvoir et à l’ivresse qu’elle procure (dixit son médecin personnel).
Une ivresse, dis-tu? Possible. Mais une ivresse lucide. Si le pouvoir enivre, masque une certaine réalité, il est poreux à d’autres sentiments. La politesse passe à travers les vapeurs éthylique (dans un sens, seulement), le respect itou.
En fait, le pouvoir est une forme d’auto-soumission à son propre costume. Qui n’a pas connu (ou ne connait pas) quelqu’un qui soit un tyran au travail mais le plus sympathique des camarades (sans allusion à un quelconque parti politique), en-dehors du boulot?
Merci !
On a oublié de mettre ce lien dans l’article : http://www.rts.ch/emissions/specimen/3394886-l-ivresse-du-pouvoir.html > il y a dedans des expériences (en vidéo) assez similaires à ce dont on a parlé, c’est assez hallucinant comment les gens se transforment même quand le pouvoir est faux (dans le lien, ils se permettent de voler dans la caisse dès qu’ils sont amorcés « puissants »…). C’est quelque chose qui me fascine, je pense que je chercherais d’autres études sur ce phénomène.
Ce que tu nous dit sur Mitterrand d’un point de vue clinique… ça pourrait être une piste à ajouter sur les ordonnances. J’imagine bien la scène « réné ayant la grippe aujourd’hui, il sera votre chef d’équipe et cela jusqu’à ce qu’il élimine ce virus ! ». Plus tu serais malade, plus on te donnerais du pouvoir…
« Plus tu serais malade, plus on te donnerais du pouvoir… »
C’est déjà le cas, il me semble. En politique, pour le moins…
Sinon, tu parles du paradoxe pouvant exister dans le fait de virer quelqu’un même s’il est indispensable à l’entreprise.
Je pensais à un chose; que se passerait-il si parmi les personnes qu’un chef doit virer, il se trouvait quelqu’un très proche de lui (sa femme, par exemple)? Assimilerait-il que si il prenait cette décision, il risquerait de voir sa vie privée éclater? Je sais que ce n’est pas primordial, comme sujet, mais j’aimerai bien connaître la réponse. Par curiosité…
Dilemme fort intéressant !
[soluce 1] J’imagine qu’il ferait en sorte de ne pas virer sa femme : en la nommant à un autre poste, en sacrifiant quelqu’un d’autre à sa place. Il trouverait des arguments, même bidons, pour justifier son non-licenciement, sa mutation, sa promotion, etc. Ne pas la licencier serait une preuve de pouvoir sur sa vie privée comme sur sa vie en entreprise ( « je licencie qui je veux, d’abord ! ») même si ça dessert l’entreprise.
[soluce 2] Un chef qui licencie consciemment sa femme, tout en l’aimant, fait preuve de loyauté envers les décisions prises en haut ; autrement dit, il se soumet à l’autorité quoique cela lui en coûte. Cependant cela peut être perçu comme un gage d’honnêteté, vu qu’il fait quelque chose qui lui déplait pour le bénéfice de l’entreprise (enfin ça dépend de la nature des licenciements).
[soluce 3] Après, tout dépend de l’entente avec ladite femme : peut-être que la vague de licenciement à opérer sera saisie comme une occasion de se débarrasser d’elle et ainsi pouvoir enfin affirmer sa « puissance » sur les petites stagiaires sans avoir à se planquer. Dans ce cas, le chef dira que cette décision n’est pas de sa responsabilité. S’il est vraiment vicieux, il pourra même inventer un combat fictif pour avoir essayé de la sauver du licenciement et ainsi renforcer la façade d’amour dudit mariage tout en se tapant plus de petites stagiaires.
[soluce 4] Cependant là on parle d’un petit pouvoir, si on lui a ordonné de faire virer telles personnes, ce n’est pas lui le décisionnaire absolu ; un vrai tenant du pouvoir n’aurait pas placé sa femme chez les subordonnés licenciables, ce serait un coup à perdre en autorité (bah oui, si la femme se met à raconter leur vie privée, il perd en stature ; donc il ne courrait pas ce risque). Un « puissant » aurait vu la nécessite de licencier bien avant qu’il soit face au dilemme, donc il aurait il opté pour la soluce 1 bien avant.
[soluce 5/l’alternative] Le chef se voit face au dilemme de licencier sa femme, c’est insupportable, il réfléchit à la question . Il trouve d’autres solutions évitant la vague de licenciement ou faire moins de casse et les négocient avec les supérieurs. Ce chef-là est clairement bon, car il prend conscience des conséquences des licenciements et plutôt que de sauver juste celle qui compte pour lui, il cherche une alternative profitable au plus grand nombre. Le chef est encore plus bon si sa femme n’est pas dans l’équipe et qu’il cherche néanmoins d’autres solutions aux licenciements massifs.
Ce sont juste des idées, je n’ai pas d’expériences sous la main pour confirmer ou infirmer leur probabilité.
Bonjour, et je vous le dis sans bonnes intentions,
Votre article me paraît paradoxal à plus d’un titre. Vous parlez de l’ivresse du pouvoir. Très bien ! Nous sommes d’accord. Mais vous le décrivez ensuite comme une mauvaise chose, propice aux abus… Bref, vous avez encore fumé du cigare cubain. Bon.
Il y a ivresse, oui. Très bien. Mais c’est justement par cette ivresse que le pouvoir a de l’intérêt. Prenons l’alcool par exemple. Quel intérêt à boire du bon vin français ? Après tout, ça ne sent pas bon, ça fait des tâches, et ça vous fait une peau toute violacée si vous en abusez. Pourquoi on continue à boire ? Je vous le demande ! L’ivresse, voilà l’intérêt. Ne plus penser, se laisser aller par les gestes, par ses envies, se laisser flotter sur le flot d’une vue chancelante, voilà l’intérêt.
Le pouvoir c’est la même chose : on peut tuer pour le pouvoir, comme on peut mourir en buvant, on peut faire des abus de pouvoir, comme on peut dépasser les limites quand on ivre, et alors ? Je pense à tous ses plébéiens qui jettent leurs bras à tout va, en crier des « vive la France », en hurlant des promesses irréfléchies, comme un alcoolique braye un lendemain de 14 juillet, et je trouve ça beau. Oui, beau. L’ivresse du pouvoir, c’est l’ivresse du champagne. Car un homme ivre de pouvoir enivre la foule. Les effluves du pouvoir sont enivrants. Enlever l’ivresse du pouvoir, vous supprimez le pouvoir lui-même. Le pouvoir n’est pas une bière sans alcool, cela n’a aucun intérêt. Bien.
De plus, je vais vous demander de réfléchir, et j’en suis désolé, car je n’aime pas cela, mais je n’ai pas le choix. Je vais me mettre à votre bas niveau. Si les dirigeants étaient bons, honnêtes, n’abusaient pas du pouvoir, que se passerait-il ? Cela réduirait les inégalités, cela rendrait un plus grand nombre plus satisfait et plus responsable, le pouvoir étant partagé. Et alors…. Que se passerait-il ? Plus de pouvoir individuel, bang ! Finit les grandes figures autoritaires, les chefs, les leaders, plus besoin d’eux, les discours nationalistes à la Marine Marianne Le Pen vague bleu Marine. C’est ce que vous voulez ? Et l’ivresse dans tout ça ?
De plus, s’il n’y a plus de chefs, on en finit avec les luttes pour la promotion, c’est tout le système de domination qui s’écroule !!!!! En voulant donner du pouvoir aux dominés, vous enlevez du pouvoir aux dominants, et cela est profondément dégueulasse. Vous ne pensez pas à ceux et celles qui ont trimé toute leur vie pour avoir du pouvoir, ceux qui ont sacrifié leur vie privée, écrasé leurs proches… Vous vous voulez leur enlevez l’ivresse.
Vous êtes des monstres !
Au revoir, sans plaisir
Sigmund Ravenburger
[Détenteur d’un diplôme d’études universitaires générales en Droit,Conférencier « Éthique et nation » pour l’association loi 1901 « Quenelle gauloise » en partenariat avec CIVITAS, Famille de France, et jeunesse identitaire.]
« Vous vous voulez leur enlevez l’ivresse. »
M’étonnerai qu’un universitaire et conférencier fasse de telles fautes: il doit plutôt s’agir d’une usurpation d’identité!
Au revoir, et au plaisir!
Ecoeurant !
« Donc pour avoir des chefs, des directeurs, des présidents engagés envers l’organisation, l’intérêt collectif, la société pour laquelle ils ont du pouvoir, il ne faut pas les récompenser, »
C’est çà, supprimons les jetons de présence dans les conseils d’administration pendant qu’on y est !
Vous voulez la ruine des investisseurs !
« … c’est à dire le bien-être d’une entreprise donc de ses membres comme de son activité »,
Le bien être d’une entreprise c’est d’abord le bien-être de ses actionnaires, et son activité c’est de rapporter des dividendes. ( qui pourront être ré-investis dans d’autre opérations profitables )
Vous ne connaissez rien au monde de l’entreprise !
« … c’est-à-dire le bien-être d’une société, … comme de son évolution profitable pour l’avenir. »
Oui profitable en espèces sonnantes et trébuchantes pour les actionnaires !
Je ne vous salue pas.
« mais aussi le renouvellement de mandat »
Je suis sans doute d’une naïveté navrante, mais m’est venue cette réflexion :
Pourquoi ?
Après tout, ne pourrait-on pas déduire l’inverse des corruptions dues à l’ivresse du pouvoir qui mène à la recherche de la réélection ?
Après tout, si on fait un mandat à vie, ou un mandat suffisamment long pour que le temps de la réélection ne soit plus un souci, alors le mandaté devrait sur une partie suffisante de son temps de gérance ne se soucier que de ses responsabilités ?
De plus, en apprenant à mieux comprendre les systèmes qui composent son pays, il pourrait être plus efficace dans sa tâche, car (et j’ai pu le constater) une structure, même de petite taille, est un imbroglio complexe d’intérêts non-convergents et de législations divers qui nécessite une bonne compréhension pour être correctement coordonnée et dirigée.
Enfin, qu’y a-t-il de mal à tout faire pour être réélu ? Je pose la question en toute mauvaise foi et bonne conscience de cause car elle me paraît pertinente.
De là où je suis, ce système relève de notre conception compétitive du monde, chers aux pensées libérales, et part du principe que si un homme politique est mauvais, alors le peuple ne le réélira pas et que par conséquent un homme politique essayera de mener la meilleure politique possible pour le peuple afin que celui-ci ne lui ôte pas son pouvoir.
Bien évidemment, cela mène à la solution de facilité (complètement débile, et j’emploi ce terme dans son sens médical de déficient) qui est de faire paraître, et non pas de faire. Cependant, j’y vois bien plus la conclusion qu’une meilleure séparation des politiciens et des médias est nécessaire, pas que la réélection devrait être interdite.
De plus, si la réélection était interdite, m’est avis que des comportements du type »j’en profite le plus possible puis je me barre » seraient biens plus fréquents.
Donc je pense qu’il faudrait au contraire rallonger la durée des mandats, afin que les actions nécessitant du temps pour avoir un effet ou pour êtres mises en places puissent l’être, trouver un moyen d’enlever les avantages sans diminuer »l’importance » (s’entend le prestige et l’importance que les autres états prêteront audit détenteur de la fonction, NB: j’aime bien le mot »détenteur », tellement plus joli que »possesseur »), mieux séparer les médias de l’influence de l’audimat et des politiciens (par exemple en supprimant la publicité ou en obligeant les entreprises à verser une somme constante d’argent quelque soit l’audience, voir à réserver une partie des impôts pour cela), arriver à protéger les dirigeants de l’influence des entreprises en renforçant la diplomatie entre les pays où se trouve le plus grand nombre de consommateurs afin que celles-ci ne puissent plus menacer de fuir, et surtout exiger une parfaite transparence des élites sur les sujets qui concernent la vie politique, en somme et très littéralement, un curriculum vitae.
Néanmoins je tiens à préciser que j’ai beaucoup aimer certaines de vos idées quant à la protection de notre gouvernement (comme le système de vase communiquant entre les caisses de tous les candidats ou les cours d’éducation civique hyper renforcé, en tout cas cela y ressemble, une chose dont l’absence me parait proprement aberrante, comment tenter de former une société démocratique et égalitaire si tout le monde n’a pas été former à gérer et être géré, à discuter et à penser et ce depuis sa plus tendre enfance ? C’est d’un non-sens, ou d’une magouille de bas étage).
… Mon Dieu… Tant de fautes, tant de raisons de se crever les yeux…
tu voi d fotes dans ton comentaire ou dans l’article ? povre yeux faut pas les crevé pour sa mon ami 😉 peaaaace
Bonsoir.
Ce message s’adresse à Orphée et Barbalala
J’aimerais, dans la mesure du possible et du champ théorique qui est le mien, apporter ma pierre à l’édifice des commentaires, et délivrer, avec toute la pratique de ma profession, un conseil je ne veux ni écrasant, ni dédouanant. Autrement dit, je ne souhaite retirer du pouvoir à personne, ni délivrer une quelconque hiérarchisation quelconque d’un savoir qui vaudrait mieux qu’un autre. Ayant bien saisi la thématique du pouvoir de cet article, je ne souhaite en aucun cas paraître vouloir une domination sur autrui que ce soit par l’accusation ou l’infantilisation. Ceci est un donc un commentaire que l’on pourrait qualifier de neutre, quoique teinté d’avertissement :
se crever les yeux pour des fautes, qu’elles soient siennes ou celles d’autrui, pardonnez l’audace de mes propos, me semble peu rationnel, dans la mesure ou, se crever les yeux – et c’est là mon simple avis de médecin diplômé – est douloureux. Ne plus avoir des yeux, oui, permet de ne plus voir les fautes, mais permet également de ne plus lire, observer les papillons, regarder les couchers de soleil etc. Je me devais de me prévenir de ces désagréments, et j’espère l’avoir fait sans condescendance ni ton péremptoire, je commente en cette heure tardive avec toute la compassion à ma portée.
Barbalala. Je vous prierez, et là je le dis sans condescendance ni verticalité, de ne pas jeter de l’huile sur l’aéroport. Je veux bien croire qu’Orphée est votre ami, mais l’amitié ne rend pas aveugle. Or, votre message par sa sagacité orthographique, ce YOLO des mots, peut le pousser à se percer les yeux, ce qui, je le rappelle est douloureux ! Ne confirmez pas un dicton qui n’a pas vu encore le jour, « l’amitié rend aveugle », merci.
Cordialement.
Docteur Claire Enclocq
(je parlais de mes fautes)
Nous retombons ici précisément dans ce que je voulais démontrer :
La violence (se crever les yeux) fera mal à court terme et est une décision difficile à prendre, mais à long terme elle aurait de biens meilleurs résultats que juste passer l’éponge, car je ne saurais plus faire ni voir de fautes d’orthographe, me permettant ainsi de survivre à tous ces méandres apocalyptiques de génocide de neurones que sont, pour moi, ces fautes.
Heu… Si l’on suit cette logique cela voudrait dire qu’il faudrait rendre aveugles toutes les personnes qui font des fautes ? Ma posture bisounours serait plutôt de signaler la faute à la personne, avec néanmoins du respect pour le contenu qu’elle a écrit (par exemple, pour « barbalala, ta convivialité est toujours agréablement saillante ! »), ainsi peut-être qu’elle pourra ne plus la faire ensuite et ne plus se culpabiliser au point de vouloir se détruire.
Personne ne mérite qu’on lui ôte la vue, donc qu’on la prive d’un sens merveilleux, le plus développé chez l’humain en plus, sous prétexte qu’il a eut une minute d’inattention. Cela ne résout aucun problème d’orthographe, aucun problème d’attention, cela n’apporte que de la souffrance, cela n’apporte strictement rien de nouveau au monde ni à quiconque ni quoique ce soit, si ce n’est une couche de malheur. La violence n’alimente que la souffrance, elle ne résout pas de problèmes. Une posture masochiste qui voudrait qu’il soit sain de se martyriser au moindre faux pas est une croyance irrationnelle qu’on peut rattacher psychologiquement parlant à un mécanisme de pulsion de mort, sans doute lui même provoqué par le vécu d’événements violents. Autrement dit, on essaye par là même d’excuser les personnes qui nous ont traumatisées, ont été violentes envers nous ; cela peut paraitre bizarre dit ainsi, mais quand ce sont ses parents ou son/sa conjoint(e), donc des personnes « d’amour » qui sont violentes, il est excessivement difficile de prendre conscience de leurs erreurs, et on prend leur défense, quitte à vouloir se punir soi violemment, se haïr plutôt que d’haïr ces personnes que les mécanique de l’esprit interdisent de remettre en cause. Ce sont des propos généraux que j’exprime là, évidemment. Une interprétation du pourquoi on se met à défendre la violence parmi bien d’autres.
Cependant je m’emballe un peu sur ce qui pourrait n’être qu’un innocent trolling sur cette métaphore de la perte de vue 😀
Le réflexe pavlovien ? Cela te parle-t-il ?
Si l’on prend en considération qu’un choc douloureux (de préférence infligé par un autrui invisible ou incompréhensible) associé à une expérience (faire une faute, s’écarter du droit chemin) stimule notre instinct de survie pour nous empêcher de réitérer cette expérience à l’avenir, alors je suis désolé mais l’utilisation (à bon escient) de la violence est une très bonne chose qu’il faut populariser.
Mais en l’occurrence, mon commentaire ne portait pas tant sur le fait que je devrais me punir pour ces fautes que sur le fait que mes fautes étaient si laides que je préférerai encore me crever les yeux plutôt que de supporter telles abominations.
Qui plus est, l’acte de se crever les yeux est un acte militant, tant de régions de notre cerveau occupée au seul traitement de l’information visuelle, si bien que nous nous coupons de nos autres sens, pourtant tout aussi important, se priver de la vue c’est donc s’ouvrir aux autres sens. Se priver de la vue, c’est se priver de sa tyrannie, c’est s’ouvrir à d’autres possibles, vil réactant.
Et pour conclure cet inutile débat, j’ajouterais en tout honnêteté que c’était juste une remarque sur le fait que j’avais fait d’assez horribles fautes. Et c’est tout (non, désolé, point de révolution prochaine de la psychologie et du rapport de l’être humain à l’apprentissage par le biais de la souffrance grâce à mon commentaire, c’était juste une bête exagération).
Oui on connait le réflexe pavlovien. La psycho a fait beaucoup de chemin là dessus. Si tu punis quelqu’un, il sera aussi stressé, libérera du cortisol. Or le cortisol est un poison pour le cerveau à certaines doses : moins d’esprit critique, compétences et connaissances paralysées. Cela en fait un individu dégradé, qui potentiellement peut faire n’importe quoi. Et ce n’est qu’un point de vue parmi des dizaines d’autres expériences qui prouvent que la violence, oui change les comportements, mais détruit les potentialités des individus, les réduit, les détruit surtout leurs qualités. Mais bon, tu as raison le débat est inutile, je pense que tu aimes trop la souffrance pour pouvoir entendre mes mots ou ces expériences 😀 ( je le dis franchement et en toute sympathie, parce que je trouve particuliérement étonnant que tu arrives à lire et même fréquenter ce site même avec tes idées, ce qui est à mon sens une belle prouesse d’ouverture d’esprit)
(Juste au cas où quelqu’un aurait un doute, si ces derniers commentaires n’étaient que badinage, ce ne fut pas le cas de mon premier message)
Bonjour.
Libre à vous de qualifier vos commentaires de badinage, c’est votre droit, votre liberté d’ainsi orienter le jugement du lecteur et lui dicter ce qu’il doit penser de vos écrits. L’amorçage est un outil appartenant à chacun, cependant je me dois de vous prévenir – par sincérité bisounours et par loyauté brutaliste -, les lecteurs ici, sont, semblent-ils, assez rompus à l’esprit critique et risque d’opposer une résistance à la tentative de persuasion de leur jugement sur un écrit, au risque de provoquer une réactance, qui je dois vous l’avouer, risque de vous être préjudiciable.
Ceci étant dit, il semble évident qu’une maladresse se soit glissé dans vos propos, une personne ayant clamé l’amour de la raison ne peut ainsi se permettre de qualifier les propos d’autrui de badinage, au risque de rompre les règles de logique du débat constructif. Nous sommes bien d’accord que l’attribution « badinage » et l’attribution « sérieuse » concernait vos propos, dont vous êtes le maitre, donc la personne la plus appropriée pour les qualifier ; les autres auteurs de cette conversation seront les seuls à même de signifier s’il parlait sérieusement ou non, s’ils badinaient ou non.
Quand à mes propos, j’ai confiance en la subtilité de réflexion des personnes lisant ce site au point même de fureter dans les commentaires, elles seront parfaitement à même de juger de la nature des échanges, elles n’ont pas besoin d’une quelconque piste persuasive.
Autre commentaire, particulièrement subjectif mais assez courant dans les domaines où j’exerce, je ne crois pas à l’existence du badinage. Tout est signifiant, même lorsque l’on parle du beau ou mauvais temps, il y a importance. Mais c’est un avis subjectif, libre à vous de croire à l’existence du badinage.
Au plaisir d’échanger à nouveau avec vous, du sérieux au badinage,
Docteur Claire Enclocq
[…] Tout à fait, s’il y a zèle à adhérer et entretenir les symboles et comportement de pouvoir, ce n’est pas uniquement parce que cela serait valorisant: il s’agit de le montrer encore plus explicitement, entre autres pour le maintenir. Cette peur amène souvent à prendre des décisions irrationnelles pour l’entreprise/l’organisation/l’institution, mais qui lorsqu’on envisage celles-ci sous un angle psychologique, on comprend que ces décisions visent à maintenir/augmenter le pouvoir de la personne qui les a prises. Vous trouverez quantité d’exemples de décisions insensées dans le domaine politique qui n’ont que pour but une réélection ou encore une préparation à une élection lointaine. Quelques expériences qui parlent de ces problématiques de pouvoir ici : http://hacking-social.com/2014/06/02/et-toi-tu-serais-comment-si-tu-avais-du-pouvoir/ […]
[…] Sur les questions de pouvoir : http://hacking-social.com/2014/06/02/et-toi-tu-serais-comment-si-tu-avais-du-pouvoir/ […]
[…] des motifs compensatoires : c’est à dire tenter de gagner la considération des autres, viser le pouvoir pour le pouvoir, viser le prestige. Ces motifs remplacent les besoins d’autonomie, de compétence, mais ne […]
[…] les questions de pouvoir : avec des expériences de psychologie à l’appui, nous montrons les biais que la prise de […]
Parler du pouvoir et de ses déviances avec justesse sans citer les propositions d’Étienne Chouard… Je ne sais pas si c’est une prouesse ou un manque regrettable. Pour le reste, l’analyse que vous faites est un bon début de réflexion.