La vie n’est pas qu’un jeu nul [Σ0-1]

Oh mon dieu quelle horreur une pensée positive !

Alors que le fascisme et les guerres se multiplient, que l’espoir s’effondre et que tout optimisme, toute réjouissance devrait être annulée pour embrasser une sainte déprime dans un marécage d’impuissance et de cynisme, HS nous fait l’affront d’être positif ! Vite un commentaire enragé et un désabonnement !

Rassurez-vous Français et Françaises, malgré ce titre hautement provocateur, nous allons aujourd’hui plonger dans la médiocrité déprimante de nos croyances, avec le jeu nul de la vie : la croyance en la somme nulle.


Le jeu, la pensée, la croyance à somme nulle, c’est quoi ?


Vous avez peut-être déjà entendu parler du jeu à somme nulle, un terme qui malgré son apparence provient non pas du champ de la conception des jeux mais des mathématiques, pour décrire des situations ou « jeu où la somme des gains et des pertes de tous les participants est égale à zéro. Cela signifie donc que le gain de l’un constitue obligatoirement une perte pour l’autre » (Wikipédia). Et ces jeux-là vous les connaissez très bien : c’est par exemple les échecs où le fait de gagner c’est prendre à l’autre ces pièces ; c’est le Monopoly où le fait de posséder stratégiquement certaines rues empêchent non seulement les autres de les posséder mais contraint aussi ces dernier à vous donner leur argent s’il y passe ; c’est cette ruine des autres qui permet votre enrichissement personnel ; c’est votre collègue de travail qui vous pique sans merci ni pitié vos clients pour remplir son chiffre d’affaires et gagner les félicitations de votre boss, tandis que ce dernier vous menace de licenciement si vous persistez à « perdre » tel un gros « nul ». Ici, le jeu à somme nulle se contrefiche pas mal de la séparation entre le virtuel du jeu et la réalité bien sérieuse et concerne bien toutes les situations qui seraient cadrées, conçues, organisées sous ce modèle, cette série de règles et pattern qui mène à ce qu’il y ait un gagnant gagnant contre un autre (via l’appropriation d’objets, de ressources, de places, d’opportunités)et un perdant qui se retrouve progressivement sans rien, (car soit volé, exploité, parce qu’il n’a pas perçu les stratégies manipulatoires).

Au risque de vous frustrer jusqu’à la crise de nerfs compulsive, non, nous n’allons pas prendre l’angle des mathématiques aujourd’hui, mais l’angle psychologique de ces jeux qu’on joue IRL, avec ce qui a presque autant de noms que le diable, à savoir la pensée à somme nulle, la perspective de la somme nulle, la croyance en jeu à somme nulle, l’erreur de la croyance en un jeu à somme nulle, etc. Pour faciliter la lecture, nous parlerons parfois directement de jeu nul, de croyance ou pensée nulle : oui ça paraît méprisant réduit ainsi, mais vous allez découvrir que lorsqu’on sort du champ des jeux et qu’on parle surtout des relations sociales, il y a de bonnes raisons de considérer la croyance à somme nulle comme nulle.

« La pensée à somme nulle perçoit les situations comme des jeux à somme nulle, où le gain d’une personne serait la perte d’une autre […] Le terme est dérivé de la théorie des jeux. Cependant, contrairement au concept de la théorie des jeux, la pensée à somme nulle se réfère à une construction psychologique — l’interprétation subjective d’une situation par une personne. La pensée à somme nulle est capturée par le dicton “ton gain est ma perte” (ou inversement, “ta perte est mon gain”). »

Pensée à somme nulle — Wikipédia

Comme vous le voyez, la conception en psychologie diffère peu : c’est voir n’importe quelle situation ou n’importe quel événement social comme si c’était un jeu d’échecs, et jamais comme si on pouvait se dire « ton gain est aussi mon gain », ce qui est une perspective non nulle, dite aussi « gagnant gagnant », ou toute autre interprétation comme une indifférence, une absence de jugement « on n’en sait rien », etc.

Et le gros problème c’est que cette pensée se retrouve au cœur de visions du monde, d’attitudes, de croyances sur la société qui amène à des phénomènes de société bien plus grave que de se fermer à d’autres interprétations de la vie et de rester à ce jugement nul.

Davidai et Tepper (2023) nous montrent que cette croyance est au cœur de drames :

« Le 14 mai 2022, deux jours seulement après la publication en ligne d’un manifeste truffé de contenus racistes, antisémites et xénophobes, un jeune homme blanc de 18 ans est entré dans un supermarché de Buffalo, dans l’État de New York (États-Unis), armé d’un fusil semi-automatique acheté légalement, et a déclenché une fusillade qui a fait dix morts et trois blessés parmi les Américains noirs. Dans son manifeste haineux, l’agresseur promouvait la “théorie du Grand Remplacement” des nationalistes blancs, une théorie du complot affirmant que l’immigration et l’avancée de personnes issues de minorités raciales et/ou ethniques à travers le monde occidental déplacent et oppriment les personnes d’origine européenne.  

Des croyances similaires ont motivé la fusillade de masse de 2018 contre une congrégation juive à Pittsburgh, en Pennsylvanie (Etats-Unis), la fusillade de masse de 2019 contre une congrégation musulmane à Christchurch, en Nouvelle ­Zélande, et la fusillade de masse de 2019 contre des Américains d’origine hispanique et latino-­américaine à El Paso, au Texas (Etats-Unis). »


Davidai et Tepper (2023) The psychology of zero-sum beliefs https://www.nature.com/articles/s44159-023-00194-9

La croyance du grand remplacement a une mécanique de jeu à somme nulle : ces personnes y rejettent l’idée que l’immigration puisse apporter du plus à leur pays/leur groupe, et encore moins que celle-ci puisse apporter à tout le monde. C’est le jeu d’échecs dans leur tête, ce sont des adversaires qui viendraient entrer en compétition pour prendre des places, que ce soit l’emploi, les aides, voire même pour leur voler des opportunités d’être en couple.

En France par exemple, beaucoup vont croire que des aides données à des migrants sont des aides en moins données aux « Français de souche », et ce quand bien même ce n’est pas la situation, voire même qu’elle est à l’inverse (des aides bien moindres comparés à ceux qui ont la nationalité française), ils n’en démordent pas et vont chercher d’autres arguments mais qui sont toujours dans un esprit de jeu à somme nulle, en disant que ces étrangers (qu’ils identifient par la couleur de peau, qu’importe leur nationalité française ou leur situation sociale réelle) ne méritent pas ces aides comparés à des blancs (sans pour autant sourcer ce qu’est ce mérite, si ce n’est d’être né arbitrairement blanc dans un pays blanc très confortable comparé à d’autres pays vivant d’autres situations).

On trouve quantité de ces pensées dans ces leaks de discussions entre policiers qui -entre quantité de sorties racistes, sexiste et autres discriminations- croient que les noirs et Arabes volent leurs femmes (sans penser une seconde que leur racisme et sexisme est peut-être rédhibitoire et pas sexy pour de potentielles concubines) :

Les enquêtes sur l’extrême droite française1 regorgent de pensées à somme nulle de ce genre, par exemple :

[La discussion porte sur les écoles municipales de la commune.] Pour les écoles, là [le maire adjoint], il en avait une bonne idée, pour une fois ! Il voulait créer une école à l’endroit de l’ancienne gendarmerie, pour désengorger. Parce que c’est vrai que là, il y en a de plus en plus besoin… Mais bon, finalement, il n’a pas trouvé les sous. Mais alors par contre, quand il a fallu loger les migrants, 1,8 million qu’il a fallu trouver : eh bien là, il en a eu des sous ! Alors nous on lui a dit : « Vous avez pas trouvé l’argent pour l’école, par contre, pour eux pas de problème. »]

Des électeurs ordinaires, Faury Félicien, 2023

Ici il n’est pas imaginé que les financements ne sont peut-être pas organisés par les mêmes services de gestion, ni les mêmes enveloppes, ni les mêmes décisionnaires. Que l’école en question demandait peut-être d’autres moyens (d’ailleurs que l’individu ne précise pas, ce qui ne donne aucun moyen de comparer), peut-être plus sur le long terme. Plus encore, il n’est pas pensé que tout aménagement aidant les gens quels qu’ils soient, pour quelconque raison, serait en réalité souhaitables et bénéfiques à tous. Non, la perspective est de faire rentrer les choses dans un jeu nul, en duo avec un racisme (qui est encore plus visible dans l’ouvrage cité plus haut).

Ceci étant dit, gardez en tête que la croyance à somme nulle ne s’associe pas qu’aux idéologies d’extrême droite, mais potentiellement à n’importe quel élément de la vie sociale.

La croyance nulle peut être spécifique à juste un domaine. Par exemple si je faisais un article centré sur le revenu universel (une idée politique de donner un revenu inconditionnel à tous), internet pourrait entrer en combat pour me défendre l’idée du salaire à vie (qui est aussi un revenu à tous, mais modéliser différemment, plus d’infos ici), estimant que si je parle du revenu universel, c’est que je suis contre l’idée du salaire à vie, puis l’espace commentaire pourraient entrer potentiellement en combat entre ceux vantant un certain type de revenu universel, vs ceux pro-salaire à vie. Alors qu’en réalité, écrire sur le revenu universel ne serait pas pour moi un mouvement à somme nulle pour faire « gagner » ce sujet, mais simplement le faire découvrir, et que dès la semaine suivante j’aurais parlé du salaire à vie avec égal intérêt. Peut-être que ces gens ont cette croyance à somme nulle juste pour ce sujet, mais que par ailleurs, ils comprendraient que parler d’un contenu ne veut pas dire qu’on dénigre ce dont on ne parle pas.

On parlerait donc de croyance à somme nulle spécifique. Mais la croyance à somme nulle peut être généralisée, ce qui va être en quelque sorte une interprétation systématique de toutes les situations. Davidai et Tepper (2023) nous disent que ces croyances vont transcender toutes les circonstances et les situations spécifiques, voire même les faits et la réalité se déroulant sous leurs yeux, démontrant un jeu à somme non nulle, par exemple une situation de coopération ou l’on voit les deux parties heureuses.

Les chercheurs ont beaucoup étudié des croyances spécifiques à un domaine, voici quelques exemples relevés par Davidai et Tepper (2023)  :

DomaineExemple de croyance à somme nulle Exemple d’élément d’enquête ou de conception expérimentalePrincipales conclusionsRéférences des études
Immigration« Les immigrants ont des bénéfices au détriment des citoyens d’un pays »« Si certains immigrants s’enrichissent, cela signifie que d’autres citoyens nés aux États­Unis s’appauvrissent. »  Des croyances plus fortes à somme nulle sur l’immigration sont associées à un plus grand conservatisme et à un soutien moindre aux politiques pro­immigrationEsses, V. M., Jackson, L. M. & Armstrong, T. L. Intergroup competition and attitudes toward immigrants and immigration: an instrumental model of group conflict. J. Soc. Issues 54, 699–724 (1998). ; Davidai, S. & Ongis, M. The politics of zero-sum thinking: the relationship between political ideology and the belief that life is a zero-sum game. Sci. Adv. 5, eaay3761 (2019).

Rapport international« Les gains économiques ou géopolitiques d’un pays se font au détriment d’un autre pays « « Une économie chinoise plus forte signifie une économie américaine plus faible »Les croyances à somme nulle sur les relations internationales sont asymétriques : les gens croient que d’autres pays gagnent aux frais de leur propre pays mais pas vice versaRoberts, R. & Davidai, S. The psychology of asymmetric zero-sum beliefs. J. Pers. Soc. Psychol. 123, 559–575 (2022
Relations inter-raciales« Les Noirs américains gagnent aux frais des Américains blancs »« Plus de bons emplois pour les Noirs signifie moins de bons emplois pour les Blancs »Les membres de groupes raciaux à haut statut approuvent les croyances à somme nulle sur les relations raciales lorsque leur statut est menacé. Les Américains blancs croient que la diminution du biais anti-noir est compensée en augmentant les préjugés anti-blancs.Wilkins, C. L., Wellman, J. D., Babbitt, L. G., Toosi, N. R. & Schad, K. D. You can win but I can’t lose: bias against high-status groups increases their zero-sum beliefs about discrimination. J. Exp. Soc. Psychol. 57, 1–14 (2015)
Rasmussen, R. et al. White (but not Black) Americans continue to see racism as a zerosum game; white conservatives (but not moderates or liberals) see themselves as losing. Perspect. Psychol. Sci. 17, 1800–1810 (2022).
Relation entre genres« Les femmes gagnent aux dépens des hommes »« Alors que les femmes acquièrent un statut social, les hommes perdent le statut social »Les hommes approuvent des croyances à somme nulle sur le genre lorsqu’ils estiment que la hiérarchie de genre est menacéeKuchynka, S. L., Bosson, J. K., Vandello, J. A. & Puryear, C. Zero-sum thinking and the masculinity contest: perceived intergroup competition and workplace gender bias. J. Soc. Issues 74, 529–550 (2018).

Ruthig, J. C., Kehn, A., Gamblin, B. W., Vanderzanden, K. & Jones, K. When women’s gains equal men’s losses: predicting a zero-sum perspective of gender status. Sex Roles 76, 17–26 (2017).

Kehn, A. & Ruthig, J. C. Perceptions of gender discrimination across six decades: the moderating roles of gender and age. Sex. Roles 69, 289–296 (2013).

Ruthig, J. C., Kehn, A., Fisher, W. N. & Carstens Namie, E. M. Consequences of a zero-sum perspective of gender status: Predicting later discrimination against men and women in collaborative and leadership roles. Sex. Roles 85, 13–24 (2021).
Droits LGBT« Un biais anti-LGBTQ inférieur se fait au détriment des biais antichrétiens plus élevés »« Alors que les personnes LGBT sont confrontées à moins de discrimination, les individus chrétiens finissent par faire face à plus de discriminationLe peuple chrétien approuve les croyances à somme nulle sur les droits LGBTQ lorsqu’ils estiment que l’influence chrétienne est menacéeWilkins, C. L. et al. Is LGBT progress seen as an attack on Christians? Examining Christian/ sexual orientation zero-sum beliefs. J. Pers. Soc. Psychol. 122, 73–101 (2021)
Identité ethnique« S’identifier à son pays d’origine se fait au détriment de l’adhésion dans son pays adopté »« Considérons une personne qui a immigré en Allemagne il y a cinq ans d’Irak : plus elle est “irakienne”, moins elle sera “allemande” »Une identification plus forte avec son pays d’origine est perçue comme limitant l’identification avec son pays adoptéSmithson, M., Sopeña, A. & Platow, M. J. When is group membership zero-sum? Effects of ethnicity, threat, and social identity on dual national identity. PLoS One 10, e0130539 (2015).
Notes universitaires« Des notes plus élevées pour certains étudiants se font aux frais d’autres étudiants »Les participants voient une distribution des notes et prédisent quelle sera la prochaine noteLes étudiants s’attendent à ce que les notes soient plus basses après avoir vu que de nombreuses notes élevées ont déjà été donnéesMeegan, D. V. Zero-sum bias: perceived competition despite unlimited resources. Front. Psychol. 1, 191 (2010).

« Les bénéfices de l’entreprise se font au détriment du bien social »Les participants estiment que les bénéfices d’une entreprise et sa valeur pour la sociétéLes gens ont tendance à croire que les entreprises avec des bénéfices plus élevés sont plus nocives pour la sociétéBhattacharjee, A., Dana, J. & Baron, J. Anti-profit beliefs: how people neglect the societal benefits of profit. J. Pers. Soc. Psychol. 113, 671–696 (2017).
Relations de travail« Les employés bénéficient aux frais d’une entreprise et les entreprises profitent aux frais des employés »La poussée pour augmenter les bénéfices des entreprises nuira inévitablement aux salairesDes croyances à somme nulle plus fortes sur les relations de travail qui maintiennent le statu quo sont négativement associées au conservatismeDavidai, S. & Ongis, M. The politics of zero-sum thinking: the relationship between political ideology and the belief that life is a zero-sum game. Sci. Adv. 5, eaay3761 (2019).
Transactions économiques« Les vendeurs gagnent aux frais des acheteurs »Les participants indiquent si les transactions rendent les acheteurs et les vendeurs mieux, pire ou les mêmes qu’avantLes gens ont tendance à croire que les acheteurs sont moins susceptibles de bénéficier de transactions que les vendeursJohnson, S. G. B., Zhang, J. & Keil, F. C. Win–win denial: the psychological underpinnings of zero-sum thinking. J. Exp. Psychol. Gen. 151, 455–474 (2022).
Produits de consommation« L’investissement dans les produits écologiques se fait au détriment de la qualité des produits »Afin d’améliorer le produit pour l’environnement, l’entreprise a enlevé les ressources afin de rendre ce produit de meilleure qualité »Les consommateurs pensent que les entreprises rendent les produits plus respectueux de l’environnement en détournant les ressources loin des autres caractéristiques des produits (par exemple, QualitNewman, G. E., Gorlin, M. & Dhar, R. When going green backfires: how firm intentions shape the evaluation of socially beneficial product enhancements. J. Consum. Res. 41, 823–839 (2014).
Politiques publiques« Les politiques qui profitent aux membres d’un groupe nuisent aux membres d’autres groupes »« Plus le gouvernement dépense de ressources pour les États “bleus”, moins il peut dépenser pour les états “rouges” »Les membres du groupe majoritaire perçoivent les politiques qui profitent aux membres du groupe minoritaire comme nocifs pour leur ingroupeBrown, N. D. & Jacoby-Senghor, D. S. Majority members misperceive even “win-win” diversity policies as unbeneficial to them. J. Pers. Soc. Psychol. 122, 1075–1097 (2022).

Roberts, R. & Davidai, S. The psychology of asymmetric zero-sum beliefs. J. Pers. Soc. Psychol. 123, 559–575 (2022).
Conflits géopolitiques« Les compromis profitent à d’autres pays au détriment de son propre pays »« Tout ce qui se passe qui est bon pour les Palestiniens doit être mauvais pour les IsraéliensDes perceptions plus fortes de renom des conflits sont associées à des attitudes négatives envers le compromis géopolitiqueMaoz, I. & McCauley, C. Psychological correlates of support for compromise: a polling study of Jewish–Israeli attitudes toward solutions to the Israeli–Palestinian conflict. Polit. Psychol. 26, 791–808 (2005)
Statut social« Le gain d’une personne en statut se fait à la dépense des autres »« Lorsque le statut d’une personne augmente, cela signifie qu’un statut pour une autre personne diminue »La visualisation du statut comme un somme nulle augmente la volonté des gens d’utiliser les tactiques de dominance pour augmenter dans le rang socialAndrews-Fearon, P. & Davidai, S. Is status a zero-sum game? Zero-sum beliefs increase people’s preference for dominance but not prestige. J. Exp. Psychol. Gen. 152, 389–409 (2022).
Raisonnement logique« Le soutien à une hypothèse causale se fait au détriment des hypothèses concurrentes »Les participants indiquent si un résultat de test probabiliste prend en charge deux hypothèses non mutuellement exclusivesLes gens supposent que les preuves qui soutiennent une hypothèse causale renforcent nécessairement une hypothèse concurrentePilditch, T. D., Fenton, N. & Lagnado, D. The zero-sum fallacy in evidence evaluation. Psychol. Sci. 30, 250–260 (2019)
Empathie et amour romantique« Ressentir de l’empathie et/ou l’amour envers une personne limite ses sentiments envers les autres »« Dans une relation amoureuse, vous ne pouvez pas aimer pleinement une seule personne à la foisDes croyances à somme nulle plus fortes sur l’amour sont associées à des évaluations négatives des personnes dans des relations non monogames
plus fortes que les croyances à somme nulle sur l’empathie sont associées à une empathie inférieure envers les membres du groupe externe
Hasson, Y., Amir, E., Sobol-Sarag, D., Tamir, M. & Halperin, E. Using performance art to promote intergroup prosociality by cultivating the belief that empathy is unlimited. Nat. Commun. 13, 7786 (2022). ;

Burleigh, T. J., Rubel, A. N. & Meegan, D. V. Wanting ‘the whole loaf’: zero-sum thinking about love is associated with prejudice against consensual non-monogamists. Psychol. Sex. 8, 24–40 (2017).

La dynamique de ces croyances a posé question à la recherche, car on voit que certaines croyances restent spécifiques : par exemple une étude montre qu’une croyance de somme nulle sur les impôts ne va pas se généraliser à toute l’économie2. Mais d’autres semblent être une vision du monde qui porte sur tous les sujets, la croyance est donc généralisée. Il y aurait des effets dynamiques entre les croyances à somme nulle, de spécifique à générale comme entre spécifiques.


Les conséquences de cette croyance nulle


Et si j’ai l’audace de raccourcir en « nulle » ce n’est par jugement de valeur moraliste, de « bien-pensance » ou pour mépriser qui que ce soit, mais parce que les conséquences de cette pensée nous font à tous du mal, qu’on soit la cible visée de ces logiques, mais aussi à la merci de cette façon de penser. Parce oui, vous comme moi, on a tous été dans la pensée nulle à un moment donné ou nous le sommes actuellement, que ce soit spécifique à certains domaines comme généralisés. Et spoiler, je pense que d’être ici sur internet, notamment sur les réseaux sociaux nous entraînent assez continuellement à être dans cette logique pour être entendus : mais on parlera de ça plus tard, pour l’instant regardons les conséquences de ces croyances à somme nulle.

Les conséquences personnelles à opter pour cette pensée

Les individus dans cette croyance en viennent à avoir des affects plus négatifs et moins de positif3, sont plus cupides4, et sont moins satisfaits de la vie5. Ceux qui ont des croyances générales à somme nulle ont tendance à être très cyniques, à considérer la société comme injuste, à se méfier des concitoyens et des institutions, à se désengager des interactions potentiellement bénéfiques6. La croyance à somme nulle concernant le bonheur (que le bonheur d’une personne ne pourrait se faire qu’aux dépens d’une autre) est négativement corrélée à la satisfaction de vie7.

Ceci étant dit, les chercheurs précisent qu’il est possible que les causalités soient inverses : par exemple, peut-être que c’est la méfiance envers les concitoyens qu’a de base un individu qui pourrait l’entraîner à développer une croyance à somme nulle, et non la croyance qui amènerait à être méfiant des autres. Peut-être aussi que la dynamique va dans les deux sens. Ou encore il pourrait y avoir un facteur qui influence la relation entre la méfiance et la croyance, par exemple une situation de rareté des ressources : par exemple, le fait de savoir qu’il ne reste qu’un seul de mes gâteaux préférés, très rares à trouver, dans le placard de la cuisine qu’on partage avec des colocataires va peut-être déclencher ma peur de ne pas pourvoir le manger à ma convenance, cette peur va être centrée sur le fait qu’il est probable qu’un coloc me le pique, ce qui va développer ma méfiance, donc me faire croire qu’il y a un jeu à somme nul avec eux. Mais peut-être aussi que c’est parce que je crois que la vie est une jungle et que mes colocs sont sans merci que je vais me méfier d’eux et avoir peur de par la rareté de ce gâteau. Toutes les dynamiques se répondent et sont potentiellement possibles, peuvent même se renforcer l’une l’autre.

Ces croyances peuvent donc aussi être un problème dans les relations, puisque la méfiance fait négliger des opportunités d’accords qui seraient mutuellement bénéfiques8 (dans notre exemple du gâteau, j’oublie que je pourrais proposer de partager ce gâteau, ou encore d’expliquer aux colocs que manger ce gâteau est important pour moi et que je partagerai autre chose plus tard, ou de négocier, ou encore de me rappeler qu’il n’aime pas ça ou n’ont jamais rien piqué de ce qui avait été désigné comme mes affaires donc qu’on peut leur faire confiance).

Ces croyances réduisent aussi la volonté d’aider ses pairs9, et augmentent la volonté de saper les réalisations des autres, par exemple en parlant mal d’un collègue10. En plus, ces individus dans cette croyance ont tendance à être moins actifs et prendre moins leurs responsabilités au travail, car ils craignent que les autres puissent profiter d’eux11. Avoir ces croyances peut augmenter les comportements dominants, coercitifs, ainsi que l’agressivité12. Ils ne chercheront pas le fait de gagner en statut par des manières socialement acceptables et préféreront la domination13.

Dans le cadre amoureux, les individus dans cette croyance réagissent émotionnellement moins aux besoins des partenaires, et la qualité de la relation est moindre. Le fait que de croire que la relation entre genres est à somme nulle est négativement associé à la participation des hommes aux tâches ménagères ainsi que leur insatisfaction dans la relation14.

Les croyants à somme nulle se sentent généralement plus seuls15.

Si vous connaissez le dicton qui dit que pour aider une personne, il vaut mieux lui apprendre à pécher que lui donner un poisson, hé bien les croyants peuvent fournir de l’aide aux autres en donnant un poisson mais pas en apprenant à l’autre à pêcher ; sans métaphore, cela veut dire qu’ils aideront mais que en rendant l’autre dépendant d’eux ; ils n’aideront pas l’autre à ce qu’il réussisse par lui-même16.

Il y a néanmoins un « avantage » à jouer à ce jeu nul : considérer la réussite au travail comme un jeu à somme nulle était associé à une meilleure adaptation au changement organisationnel, avec l’apprentissage de nouvelles compétences et de gestion des changements dans ces taches17. Les chercheurs signalent que leur dominance pourrait être « bénéfiques » dans les contextes qui récompensent les tendances comportementales plus compétitives.

Conséquences intergroupes

On arrive ici dans le plus grave, car les croyances à somme nulle peuvent être utilisées pour justifier (et motiver) des actes de violence extrême, notamment des attentats basés sur la croyance du grand remplacement18 cités précédemment, mais on pourrait aussi citer les incels qui se pensent comme les perdants d’un jeu à somme nulle des relations, croyant que seuls certains hommes peuvent avoir accès à des relations hétéros, que les femmes ne choisiront que les autres, ne pouvant imaginer que les relations peuvent être accessibles à tous selon une certaine mutualité.

Auparavant à la marge, les croyances complotistes à somme nulle dépeignant des groupes minoritaires comme gagnant aux dépens des Étasuniens blancs dominent les discours19 : c’est aussi associé au fait de dénier l’existence d’un racisme, un refus des politiques d’amélioration de l’équité (notamment lorsqu’ils subissent une menace économique)20, une opposition à une action collective pour plus de justice sociale non raciste21.

Les chercheurs notent l’ironie de la croyance, qui en vient à leur faire soutenir ou rejeter des projets qui pourtant leur bénéficieraient : des politiques qui seraient mutuellement bénéfiques tant pour leur propre groupe que pour le groupe qu’ils ciblent, sont rejetées comme étant mauvaises22, ils perdent de vue leurs propres avantages.

De façon plus générale, la croyance à somme nulle est associée aux préjugés, à la xénophobie23, aux politiques anti-immigration (y compris les détentions illégales de sans-papiers)24. C’est aussi associé au fait d’être contre l’égalité des genres25, pour une plus grande discrimination des femmes dirigeantes ou collaboratrices26, ou encore de soutenir des politiques anti-homosexuels s’ils sont chrétiens27.

Pour résumer, on voit que la croyance à somme nulle repose sur l’idée que les groupes sont en compétition pour des ressources limitées qui seraient le statut et la richesse : ainsi empêcher les autres d’avoir des droits serait une façon de remporter la compétition, de se réserver les avantages et conditions privilégiées amenant à certains statuts et à des richesses.

Conséquences au niveau de la société

Quand ces croyances sont répandues, elles déterminent qui est élu et quelles politiques recueillent le plus de soutien28, notamment celles qui reposent sur moins de préoccupations concernant les inégalités et à la redistribution des richesses29. Les chercheurs soulignent que la prévalence de ces croyances parmi les décideurs peut amplifier les conséquences, par exemple lorsqu’ils n’arrivent pas à mettre en place des politiques qui améliorent la situation de certaines personnes sans aggraver la situation d’autres personnes30.

Les croyances à somme nulle fonctionneraient de la même façon au niveau individuel qu’au niveau national : le niveau moyen de croyance à somme nulle prédirait donc le niveau moyen de confiance entre ces citoyens 31(à la baisse) ou encore ses dépenses militaires (à la hausse)32

Au vu des conséquences négatives, il est difficile de valoriser la croyance à somme nulle comme le bon gameplay à avoir dans la vie, tant il limite les possibilités et contraint à percevoir les relations sociales à tout niveau sous une forme binaire très peu agréable, très peu enrichissant. On verra alors que les seuls arguments restant aux croyants à somme nulle passera par des formulations du type « c’est la vie », « c’est comme ça », « c’est la loi de la jungle, une compétition permanente avec des winners et des losers, y’a rien d’autres », « c’est la nature ! ».

Les chercheurs résument ainsi les conséquences de la pensée à somme nulle et celle également de la somme non nulle :

Directement issu de Davidai et Tepper (2023)
Résultats associés à des croyances à somme nulle plus élevéesRésultats associés à des croyances à somme nulle inférieure
Conséquences intrapersonnelles et interpersonnellesAffect négatif et moins de positif

Engagement plus faible dans les interactions sociales

Visions du monde pessimiste

Populisme

Dominance et agression solitude

Cupidité

Adaptabilité aux environnements compétitifs
Affect positif et satisfaction de la vie

Relations satisfaisantes

Comportement prosocial

Confiance interpersonnelle

Confiance dans les institutions sociales

Moins de comportement de sapage social (par exemple, diffuser des rumeurs sur les collègues ou retarder intentionnellement le travail pour ralentir les collègues)
Conséquences intergroupesPréjugés et discrimination

Sentiment anti-immigrant

Anti-Egalitarisme

Préoccupations sur les changements démographiques

Angoisse collective
Plus de soutien à l’immigration

Plus de soutien à l’égalité des genres

Plus soutien à l’égalité ethnique

Plus de soutien aux droits LGBTQ
Conséquences sociétalesDépenses militaires plus élevéesPlus de libertés civiles

Plus d’engagement envers la démocratie

Soutien accru à l’accueil des réfugiés

Soutien accru à la résolution des conflits

A suivre… la prochaine fois nous étudierons ce qui cause cette croyance !


Notes de bas de page


La biblio complète du dossier est disponible également ici : Σ0 : bibliographie

1Là je pense à Des électeurs ordinaires, Faury Félicien, 2023, mais aussi les grands remplacés de Paul Conge, mais aussi directement toute la « littérature » de Zemmour, qui comporte une interprétation constante en jeu nul, comme opposé les homosexuels aux hétéros en leur prêtant la volonté de dominer et contrôler la société en la féminisant (et les féministes seraient partie prenante de ce jeu), et évidemment des croyances paranoïaques de grand remplacement.

2Barnes, L. Taxing the rich: public preferences and public understanding. J. Eur. Public Policy 29, 787–804 (2022).

3Różycka-Tran, J. et al. Belief in a zero-sum game and subjective well-being across 35 countries. Curr. Psychol. 40, 3575–3584 (2021).

4Jiang, X., Hu, X., Liu, Z., Sun, X. & Xue, G. Greed as an adaptation to anomie: the mediating role of belief in a zero-sum game and the buffering effect of internal locus of control. Pers. Individ. Differ. 152, 109566 (2020).

5Różycka-Tran, J. et al. Belief in a zero-sum game and subjective well-being across 35 countries. Curr. Psychol. 40, 3575–3584 (2021).

6Chernyak-Hai, L. & Davidai, S. “Do not teach them how to fish”: the effect of zero-sum beliefs on help giving. J. Exp. Psychol. Gen. 151, 2466–2480 (2022) ; Davidai, S., White, W. M. & Gregorich, V. The fear of conflict leads people to systematically avoid potentially valuable zero-sum situations. Sci. Rep. 12, 17944 (2022).

7Shin, J. & Kim, J. K. How a good sleep predicts life satisfaction: the role of zero-sum beliefs about happiness. Front. Psychol. 9, 1589 (2018

8Thompson, L. L. Information exchange in negotiation. J. Exp. Soc. Psychol. 27, 161–179 (1991)

9Kakkar, H. & Sivanathan, N. The impact of leader dominance on employees’ zero-sum mindset and helping behavior. J. Appl. Psychol. 107, 1706–1724 (2022). ; Sirola, N. & Pitesa, M. Economic downturns undermine workplace helping by promoting a zero-sum construal of success. Acad. Manag. J. 60, 1339–1359 (2017). This research examines the effect of a macroeconomic factor that signals resource scarcity on zero-sum beliefs about workplace success and their downstream consequences ; Chernyak-Hai, L. & Davidai, S. “Do not teach them how to fish”: the effect of zero-sum beliefs on help giving. J. Exp. Psychol. Gen. 151, 2466–2480 (2022).

10Dong, Y., Zhang, L., Wang, H.-J. & Jiang, J. Why is crafting the job associated with less prosocial reactions and more social undermining? The role of feelings of relative deprivation and zero-sum mindset. J. Bus. Ethics 184, 175–190 (2022).

11Roczniewska, M. & Wojciszke, B. Reducing hindering job demands: the role of belief in life as a zero-sum game and workload. Int. J. Environ. Res. Public. Health 18, 10036 (2021). ; Adamska, K., Jurek, P. & Różycka-Tran, J. The mediational role of relational psychological contract in belief in a zero-sum game and work input attitude dependency. Pol. Psychol. Bull. 46, 579–586 (2015).

12Andrews-Fearon, P. & Davidai, S. Is status a zero-sum game? Zero-sum beliefs increase people’s preference for dominance but not prestige. J. Exp. Psychol. Gen. 152, 389–409 (2022)

13Andrews-Fearon, P. & Davidai, S. Is status a zero-sum game? Zero-sum beliefs increase people’s preference for dominance but not prestige. J. Exp. Psychol. Gen. 152, 389–409 (2022).

14Wong, Y. J., Klann, E., Bijelić, N. & Aguayo, F. F. The link between men’s zero-sum gender beliefs and mental health: findings from Chile and Croatia. Psychol. Men. Masc. 18, 12–19 (2017).

15Borawski, D. The loneliness of the zero-sum game loser. the balance of social exchange and belief in a zero-sum game as predictors of loneliness. Pers. Individ. Differ. 135, 270–276 (2018).

16Chernyak-Hai, L. & Davidai, S. “Do not teach them how to fish”: the effect of zero-sum beliefs on help giving. J. Exp. Psychol. Gen. 151, 2466–2480 (2022).

17Zhang, H. & Sun, S. Zero-sum construal of workplace success promotes initial work role behavior by activating prevention focus: evidence from Chinese college and university graduates. Front. Psychol. 11, 1191 (2020).

18Obaidi, M., Kunst, J., Ozer, S. & Kimel, S. Y. The “Great Replacement” conspiracy: How the perceived ousting of Whites can evoke violent extremism and Islamophobia. Group Process. Intergroup Relat. 25, 1675–1695 (2021). 96. Berbrier, M. The victim ideology of white supremacists and white separatists in the United States. Sociol. Focus. 33, 175–191 (2000). 97. Williams, T. C. The French origins of “you will not replace us”. The New Yorker https:// www.newyorker.com/magazine/2017/12/04/the-french-origins-of-

19Eibach, R. P. & Keegan, T. Free at last? Social dominance, loss aversion, and white and Black Americans’ differing assessments of racial progress. J. Pers. Soc. Psychol. 90, 453–467 (2006). ; Obaidi, M., Kunst, J., Ozer, S. & Kimel, S. Y. The “Great Replacement” conspiracy: How the perceived ousting of Whites can evoke violent extremism and Islamophobia. Group Process. Intergroup Relat. 25, 1675–1695 (2021) Kimmel, M. America’s angriest white men: up close with racism, rage and Southern supremacy. Salon https://www.salon.com/2013/11/17/americas_angriest_white_men_up_ close_with_racism_rage_and_southern_supremacy/ (2013). 101. Schreckinger, B. White supremacist groups see Trump bump. POLITICO https://www. politico.com/story/2015/12/donald-trump-white-supremacists-216620 (2015). 102. Mondon, A. & Winter, A. Reactionary Democracy: How Racism And The Populist Far Right Became Mainstream (Verso Books, 2020). 103. McGhee, H. The Sum Of Us: What

20King, E. B., Knight, J. L. & Hebl, M. R. The influence of economic conditions on aspects of stigmatization. J. Soc. Issues 66, 446–460 (2010)

21Stefaniak, A., Mallett, R. K. & Wohl, M. J. A. Zero-sum beliefs shape advantaged allies’ support for collective action. Eur. J. Soc. Psychol. 50, 1259–1275 (2020).

22Brown, N. D. & Jacoby-Senghor, D. S. Majority members misperceive even “win-win” diversity policies as unbeneficial to them. J. Pers. Soc. Psychol. 122, 1075–1097 (2022)

23Louis, W. R., Esses, V. M. & Lalonde, R. N. National identification, perceived threat, and dehumanization as antecedents of negative attitudes toward immigrants in Australia and Canada. J. Appl. Soc. Psychol. 43, E156–E165 (2013

24Davidai, S. & Ongis, M. The politics of zero-sum thinking: the relationship between political ideology and the belief that life is a zero-sum game. Sci. Adv. 5, eaay3761 (2019). ; Esses, V. M., Dovidio, J. F., Jackson, L. M. & Armstrong, T. L. The immigration dilemma: the role of perceived group competition, ethnic prejudice, and national identity. J. Soc. Issues 57, 389–412 (2001). ; Jackson, L. M. & Esses, V. M. Effects of perceived economic competition on people’s willingness to help empower immigrants. Group Process. Intergroup Relat. 3, 419–435 (2000) ; Piotrowski, J., Różycka-Tran, J., Baran, T. & Żemojtel-Piotrowska, M. Zero-sum thinking as mediator of the relationship of national attitudes with (un)willingness to host refugees in own country. Int. J. Psychol. 54, 722–730 (2019)

25Kuchynka, S. L., Bosson, J. K., Vandello, J. A. & Puryear, C. Zero-sum thinking and the masculinity contest: perceived intergroup competition and workplace gender bias. J. Soc. Issues 74, 529–550 (2018).

26Ruthig, J. C., Kehn, A., Fisher, W. N. & Carstens Namie, E. M. Consequences of a zero-sum perspective of gender status: Predicting later discrimination against men and women in collaborative and leadership roles. Sex. Roles 85, 13–24 (2021).

27Wilkins, C. L. et al. Is LGBT progress seen as an attack on Christians? Examining Christian/ sexual orientation zero-sum beliefs. J. Pers. Soc. Psychol. 122, 73–101 (2021).

28Barnes, L. Taxing the rich: public preferences and public understanding. J. Eur. Public Policy 29, 787–804 (2022). 13. Rubin, P. H. Folk economics. South. Econ. J. 70, 157–171 (2003).

29Davidai, S. & Ongis, M. The politics of zero-sum thinking: the relationship between political ideology and the belief that life is a zero-sum game. Sci. Adv. 5, eaay3761 (2019) ;Chinoy, S., Nunn, N., Sequeira, S. & Stantcheva, S. Zero-sum thinking and the roots of U.S. political divides. Preprint at https://scholar.harvard.edu/files/stantcheva/files/zero_sum_ us_political_divides.pdf (2023).

30Baron, J., Bazerman, M. H. & Shonk, K. Enlarging the societal pie through wise legislation: a psychological perspective. Perspect. Psychol. Sci. 1, 123–132 (2006). ; Stiglitz, J. Distinguished lecture on economics in government: the private uses of public interests: incentives and institutions. J. Econ. Perspect. 12, 3–22 (1998)

31Różycka-Tran, J., Alessandri, G., Jurek, P. & Olech, M. A test of construct isomorphism of the Belief in a Zero-Sum Game scale: a multilevel 43-nation study. PLoS One 13, e0203196 (2018).

32Różycka-Tran, J., Jurek, P., Olech, M., Piotrowski, J. & Żemojtel-Piotrowska, M. A warrior society: data from 30 countries show that belief in a zero-sum game is related to military expenditure and low civil liberties. Front. Psychol. 9, 2645 (2019).

Viciss Hackso Écrit par :

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