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Voici le replay du live « la soumission au costume ci dessus.
Un grand merci pour ce live, on a passĂ© un excellent moment en votre compagnie ! Nous avons Ă©tĂ© Ă©patĂ©s de vos remarques trĂšs pertinentes concernant l’Ă©pisode, les expĂ©riences,etc. Chapeau !
Voici quelques rĂ©ponses auxquelles on n’avait pas eu le temps de rĂ©pondre. Jâai corrigĂ© un peu les questions, mais par respect pour leurs auteurs, je n’ai pas changĂ© la formulation. DĂ©solĂ©e si vous ne trouvez pas votre question, il est possible qu’on soit passĂ© Ă cĂŽtĂ©. Si cela vous prĂ©occupe, vous pouvez les mettre dans le commentaire de ce prĂ©sent post, on tentera d’y rĂ©pondre.
Questions de costumes
- TheBlackBirdWOT
Porter des vĂȘtements Ă la mode est t-il une marque dominante ?
Pour ce qui est des marques visibles, chez les jeunes, ce serait plus une question de signe d’appartenance au groupe ou une adhĂ©sion Ă ce que la marque vĂ©hicule comme fiction idĂ©ologique. C’est le signe d’un certain « cool », mais oui cela crĂ©e parfois une sorte de hiĂ©rarchie sociale :
« Ma plus grande dĂ©tresse adolescente, câĂ©tait de ne pas pouvoir me payer dâA&F. Il y avait une hiĂ©rarchie au lycĂ©e : Abercrombie, American Eagle puis Aeropostale. Et Hollister est arrivĂ©. [âŠ] Mais A&F restait la marque la plus cool. Peut-ĂȘtre grĂące Ă lâodeur de Fierce. Ou Ă leurs mannequins. »
https://www.vice.com/fr/read/une-pote-a-moi-se-sape-en-abercrombie-fitch-pendant-un-an
De plus, il y a encore une certaine croyance marque = qualitĂ© (ce qui comprend l’originalitĂ©, la durabilitĂ©, le « cool »âŠ), qui peut rassurer les consommateurs.
Cependant, dans les faits, la marque visible n’est pas l’apanage des dominants (si l’on considĂšre le dominant comme ayant un statut supĂ©rieur, du pouvoir, etc.). Ces personnes n’ont pas un look oĂč les marques sont apparentes (sauf si c’est du sponsoring quelconque), les costumes et tenues sont plus du fait sur mesure, de la haute couture, etc.
Rappelons l’Ă©tymologie de « marque », c’est toujours bon Ă savoir  :
« La signification de « marque » correspond au « marquage par le feu », par un « brandon », de bren (brĂ»ler) et dru (bois), soit du bois « bruni » par le feu, puis par extension par le fer rouge (tison) (marquage au fer rouge). Il s’agissait Ă l’Ă©poque mĂ©diĂ©vale de marquer un ovin ou un bovin afin d’en reconnaĂźtre le propriĂ©taire. Aux USA, Ă l’Ă©poque de la conquĂȘte de l’Ouest, le branding correspondait au marquage des troupeaux au fer rouge, puis par extension Ă tout « marquage » de type commercial.
- intolerabletomb
[costume] Comment on sort de cette aliĂ©nation? Si lâon connaĂźt le symbole que l’on porte comment cela peut nous dĂ©saliĂ©ner ?
ConnaĂźtre le symbole que l’on porte ne semble pas suffisant pour sortir de l’aliĂ©nation : au contraire, on peut ressentir une certaine puissance Ă porter des symboles ( ĂȘtre en costard, conduire une voiture haut de gammeâŠ) et jouer avec plaisir le rĂŽle qui lui est associĂ©. Tout comme porter une blouse d’agent d’entretien peut en dĂ©primer certains et leur faire courber le dos.
Pour sortir de l’aliĂ©nation, il faut apprendre et s’entraĂźner Ă jouer d’autres rĂŽles que ceux associĂ©s aux symboles.
Ătre humble en costard, rayonnant de joie de vivre en gothique, ĂȘtre un winner en pyjama, etc.⊠les possibilitĂ©s de dĂ©tournement des stĂ©rĂ©otypes sont infinies:)
- TheBlackBirdWOT
Les personnes influentes sont aussi obligĂ©es de se soumettre au costume ça nâa pas de logique ?
Soit elles le font volontiers, car le costard donne un rĂŽle valorisant (domination, statut supĂ©rieurâŠ) soit il y a une pression sociale :
– provenant des dominĂ©s qui font de l’absence du symbole une faute professionnelle, une erreur, un irrespect ; ce qui est au passage assez aberrant, car ils protĂšgent lĂ une mĂ©canique qui les aliĂšne.
– provenant des pairs qui vont accuser celui qui transgresse les symboles. Par exemple, en l’accusant de faire leur intĂ©ressant, d’ĂȘtre irrespectueux, de se mettre « au-dessus des autres » (ou des rĂšgles). Ă noter que les membres du parti pirate, arrivĂ©s Ă l’assemblĂ©e en Allemagne avec leurs cheveux teints et un look diffĂ©rent, se sont fait accusĂ© d’ĂȘtre irrespectueux de l’institution (source : hackers : au cĆur de la rĂ©sistance numĂ©rique, Amaelle Guiton).
Il y a pression sociale, parce que le costume est souvent une norme sociale :
Les Normes sociales portent sur :
âą des comportements, des conduites (Normes de comportement).
âą des jugements, des attitudes, des opinions, des croyances (Normes de jugement).
La fonction dâune norme est de diffĂ©rencier les Ă©vĂ©nements en fonction de leur dĂ©sirabilitĂ© du point de vue du groupe qui gĂ©nĂšre la norme.Une norme va vous dire implicitement ce quâil convient de faire ou de ne pas faire.
- La norme sâinstaure indĂ©pendamment de tous critĂšres de vĂ©ritĂ©. (ex : Bac S plus valorisĂ© socialement que le Bac L)
- Une norme nâest jamais rĂ©alisĂ©e sous la contrainte.
- Une norme fonctionne toujours par lâintĂ©riorisation des valeurs.
- Les normes Ă©manent toujours dâun groupe social ou dâune sociĂ©tĂ©.
- Une norme est donc une rĂšgle implicite (non dite) qui nous fait penser, agir sans pour autant quâelle ait un quelconque critĂšre de vĂ©ritĂ©.
http://www.psychologie-sociale.com/index.php?option=com_content&task=view&id=43&Itemid=28
- Laezar
est ce que le fait que la mode change et varie beaucoup alors que le costume reste une marque de domination nâaugmente pas l’effet en en faisant une valeur de l’ordre de la stabilitĂ©
Remarque trĂšs pertinente ! Ce serait Ă creuser, car la mode et ses changements sont souvent orchestrĂ©s par les dominants pour des raisons Ă©conomiques (cf Propaganda, Edward Bernays). Cette stabilitĂ© est aussi en quelque sorte une façon de montrer l’absence d’influence du monde commercial.
- Tristelune
question: est-ce que le costume mal poli marche plusieurs fois ?
Cela n’a pas Ă©tĂ© testĂ©, mais par expĂ©rience professionnelle je dirais qu’accĂ©der aux requĂȘtes des mal polis (qu’importe leur tenue), c’est aussi Ă©viter le conflit ou se dĂ©barrasser au plus vite du client. Donc oui, si le mĂȘme client revient, possible que le vendeur accĂšde Ă sa requĂȘte ou appelle un responsable pour Ă©viter le conflit.
Questions d’Ă©cole
- Reriep
- peut-on dire que l’Ă©cole est une micro-sociĂ©tĂ© oĂč tous les mĂ©canismes de la macro-sociĂ©tĂ© sont prĂ©sents ? (autoritĂ©, contrĂŽle, conformisation, concurrence, etc.)
Oui et non, tout dĂ©pend des Ă©coles et du travail ou groupe dans lequel on sera adulte. Tous les mĂ©canismes ne sont pas prĂ©sents Ă l’Ă©cole, Ă©tant donnĂ© que les situations sont rĂ©duites (par exemple, l’Ă©lĂšve n’est pas confrontĂ© Ă l’administration, la bureaucratie ; il ne travaille pas dans la souffrance physique pendant 8heure d’affilĂ©e ; il n’est pas en situation de solidaritĂ© totale avec autrui comme le demande certains mĂ©tiers â et oui, il y a aussi du positif ; etc.). De plus les Ă©lĂšves Ă©tant immatures, le comportement de ses pairs n’est pas reprĂ©sentatifs de ceux qu’il cĂŽtoiera adulte (on espĂšre:D).
Il est vrai qu’il connaĂźtra quelques mĂ©canismes (qui peuvent ĂȘtre positif comme nĂ©gatif), mais pas tous, parce qu’il est au fond toujours dans une mĂȘme situation scolaire qui fonctionne toujours de la mĂȘme façon Ă quelques diffĂ©rences prĂšs, alors que la vie adulte est pleine de situations beaucoup plus diverses.
- Shaekur
Mais lâĂ©cole nous manipule pour ne pas ĂȘtre ce qu’on est ?
En principe, l’Ă©cole est lĂ pour fournir des outils aux Ă©lĂšves leur permettant plus d’autonomie intellectuelle, des outils nĂ©cessaires pour vivre dans notre sociĂ©tĂ©. Il n’est pas question de formatage ou de vous forcer Ă ĂȘtre quelqu’un que vous n’ĂȘtes pas.
L’Ă©cole a effet un certain pouvoir sur les comportements des Ă©lĂšves, elle leur apprend Ă ĂȘtre obĂ©issant, « sage », parfois une soumission Ă l’autoritĂ© stricte ; cependant il s’agit, quand c’est raisonnable, d’apprendre aux Ă©lĂšves Ă respecter autrui (prof comme Ă©lĂšves), d’avoir un comportement qui ne nuise pas aux autres. Mais ceci n’est pas une manipulation Ă proprement parler.
L’Ă©lĂšve est un individu, une personnalitĂ© en formation, tout l’influence (et c’est pas forcĂ©ment une mauvaise chose quand l’influence ouvre des portes de rĂ©flexion), mais cela comprend aussi le groupe d’amis, les personnes qui l’entourent, la famille, ce qu’il regarde, etc.
- tiwynd
Qu’en est-il de l’uniforme dans certains collĂšges et lycĂ©es?
On en a parlé dans le précédent live :
Questions de société
Â
- Reriep
vous pensez parler de l’actualitĂ© Ă lâoccasion ?
On ne parle pas d’actualitĂ©, car une analyse digne de ce nom demande du recul, ne serait-ce que temporel, pour avoir tout les Ă©lĂ©ments Ă disposition.
Cependant, on a souvent pensĂ© Ă analyser de petites choses qui pourraient ĂȘtre en lien avec l’actualitĂ©, comme un sondage, un discours, une mesure⊠On y rĂ©flĂ©chit, peut ĂȘtre que cela verra le jour sous une forme ou une autre.
- ToxicAvenger
en quoi une sociĂ©tĂ© Ă©gocentrique/narcissique empĂȘche l’individualisme ? N’est-ce pas « complĂ©mentaire » ?
Ce serait plutĂŽt la sociĂ©tĂ© de consommation qui pousse Ă l’Ă©gocentrisme voire au narcissisme, car ces caractĂ©ristiques poussent Ă l’achat. L’individualisme peut se coupler ou non Ă ces caractĂ©ristiques.
- psycomantis
est-ce que la culture d’un dominant est plus lĂ©gitime que celle d’un dominĂ© ?
La culture, quelle qu’elle soit, ne me semble pas lĂ©gitime ou illĂ©gitime. Ătre connaisseur des grands vins comme savoir ce qu’est « 42 » me semble avoir tout autant de lĂ©gitimitĂ© Ă exister. Dans la mesure oĂč la culture en question n’est pas violente envers autrui, qu’elle n’occasionne pas de souffrance, pas de problĂšme !
Par contre, si elle rend « cool » le fait de torturer des animaux, si elle rend normal le fait de considĂ©rer comme un ratĂ© celui qui n’a pas tel objet au poignet, alors lĂ oui, il faut la remettre en question, « éduquer » ses personnes Ă la question de la souffrance et ce qui l’occasionne.
- Laezar
bah doit y avoir le stress de perdre son pouvoir chez le dominant non?
Tout Ă fait, s’il y a zĂšle Ă adhĂ©rer et entretenir les symboles et comportement de pouvoir, ce n’est pas uniquement parce que cela serait valorisant: il s’agit de le montrer encore plus explicitement, entre autres pour le maintenir. Cette peur amĂšne souvent Ă prendre des dĂ©cisions irrationnelles pour l’entreprise/l’organisation/l’institution, mais qui lorsqu’on envisage celles-ci sous un angle psychologique, on comprend que ces dĂ©cisions visent Ă maintenir/augmenter le pouvoir de la personne qui les a prises.
Vous trouverez quantitĂ© d’exemples de dĂ©cisions insensĂ©es dans le domaine politique qui n’ont que pour but une rĂ©Ă©lection ou encore une prĂ©paration Ă une Ă©lection lointaine.
Quelques expériences qui parlent de ces problématiques de pouvoir ici : http://hacking-social.com/2014/06/02/et-toi-tu-serais-comment-si-tu-avais-du-pouvoir/
Questions de psychologie
- ToxicAvenger
qu’est ce que vous appelez altruisme, j’ai pas bien saisi ?
Je vais te donner la définition de Matthieu Ricard qui a fait un travail remarquable de recherche sur cette question :
« lâaltruisme est une motivation. Câest le dĂ©sir dâaccomplir le bien dâautrui. Si, pour des raisons indĂ©pendantes de votre volontĂ©, vous ne pouvez pas le traduire en actes, cela ne retire rien au caractĂšre altruiste de votre motivation. Les gens sont mus par un mĂ©lange de motivations Ă©goĂŻstes et altruistes. LâidĂ©al est de rĂ©duire peu Ă peu les motivations Ă©goĂŻstes. »
http://www.humanitysteam.fr/Matthieu-Ricard-l-altruisme-c-est-une-motivation_a597.html
On conseille vivement son ouvrage « Plaidoyer pour l’altruisme », qui parle magnifiquement de la question sous son aspect philosophique, biologique, psychologique⊠il parle Ă©galement du syndrome du grand mĂ©chant monde, et surtout il donne quantitĂ© de pistes pour comprendre, dĂ©velopper cet altruisme.
- C4toune
[sur le fait de dĂ©velopper des automatismes d’altruisme] D’accord pour le cĂŽtĂ© altruiste, mais en gardant un petit peu d’esprit critique aussi, non ?
Avoir l’esprit critique, c’est Ă dire mettre en Ćuvre ces capacitĂ©s de raisonnement et se donner des moyens de les alimenter (en cherchant d’autres informations confirmant/infirmant des faits par exemple) ne peut se faire que dans des contextes tranquilles, comme lors de la lecture d’un article.
Impossible par exemple de faire vraiment preuve d’esprit critique durant une sĂ©quence pub Ă la tĂ©lĂ©vision : les spots sont beaucoup trop rapides, l’analyse ne peut quâĂȘtre trĂšs superficielle si on n’a pas de moyen de faire pause sur les plans.
En situation sociale, quantitĂ© d’informations interfĂ©rent avec nos capacitĂ©s d’analyse, ne serait-ce que les Ă©motions (et ce n’est pas un mal, c’est un signal d’alerte gĂ©nĂ©ralement pour agir, parce qu’il y a plus urgent que d’enclencher une longue rĂ©flexion coĂ»teuse en Ă©nergie mentale). C’est le cas par exemple dans le jeu de la mort :
Un fort rĂ©flexe altruiste va permettre de prendre une dĂ©cision rapidement dĂšs le signal d’une Ă©motion nĂ©gative, une dĂ©cision qui prĂ©servera de la souffrance autrui et soi, ce qui est souvent le meilleur choix que de respecter un protocole par exemple.
L’intelligence, les capacitĂ©s de raisonnement sont certes un avantage, un plaisir pour la personne et son entourage dans bon nombre de situations, mais elles ne garantissent aucunement contre la manipulation, la soumission Ă l’autoritĂ© et enfin d’avoir un comportement contraire Ă ses valeurs, notamment un comportement ou l’on est transformĂ© en bourreau.
Dans les expĂ©riences de Milgram, il y avait des sujets trĂšs intelligents, trĂšs rĂ©flĂ©chis, des chercheurs, des personnes avec de hautes responsabilitĂ©s, bref tout un panel de personnes ayant dans d’autres contextes, un esprit critique aiguisĂ©. Cela ne les a pas protĂ©gĂ©s contre le fait d’obĂ©ir Ă l’autoritĂ© et « tuer » autrui sous ordres.
Ă noter que l’esprit critique et altruisme ne sont pas incompatible, il y a de la place pour les deux đ
- HyacintheA
Moi ce qui me chagrine avec Milgram c’est que peu de gens le fustigent pour avoir mis des personnes en position de bourreau, ce qui n’est pas anodin non plus.
Bien au contraire, les expĂ©riences de Milgram ont fait scandale, et dans les milieux universitaires la question Ă©thique est trĂšs clairement soulevĂ©e. Aux Ătats-Unis, il faut soumettre le protocole Ă un comitĂ© Ă©thique avant d’en faire une rĂ©plique et la derniĂšre en date (burger, 2008), par Ă©thique n’a mis le voltage maximal qu’Ă 150volts pour ses raisons.
Beauvois (qui a menĂ© l’expĂ©rience du jeu de la mort), a mis 3 ans avant d’accepter la requĂȘte du rĂ©alisateur Christopher Nick de faire une rĂ©plique de Milgram Ă la tĂ©lĂ©vision :
« Et lâĂ©thique ? Dâautre part, plus important, jâĂ©tais parfaitement conscient des problĂšmes Ă©thiques que posait une reproduction de la situation canonique de Milgram. Il faut savoir que de telles reproductions sont de fait interdites par les comitĂ©s dâĂ©thique qui sĂ©vissent dans les UniversitĂ©s Ă©tasuniennes ou dans les associations Ă©tasuniennes de psychologues. Et je ne suis pas insensible Ă ces problĂšmes. A-t-on le droit de mettre des « sujets expĂ©rimentaux » (les Ătasuniens et leurs clones diraient des « participants » !) dans un Ă©tat de stress quelquefois trĂšs intense dont on ne contrĂŽlera pas nĂ©cessairement les suites et consĂ©quences ? A-t-on le droit de confronter ces sujets Ă une image dâeux-mĂȘmes quâils pourront trouver dĂ©gradante et quâils peuvent vivre longtemps comme telles par la suite [17] ? Le droit Ă la connaissance ne justifie pas tout, je nâai jamais pensĂ© le contraire »
Il explique en dĂ©tail ensuite ce qui l’a poussĂ© Ă accepter : http://liberalisme-democraties-debat-public.com/spip.php?article112
Les chercheurs sont conscients du paradoxe qu’il y a Ă poser les sujets en situation de bourreau et le sens mĂȘme de l’expĂ©rience, et le suivi des sujets n’est pas pris Ă la lĂ©gĂšre ; voici le protocole de suivi pour le jeu de la mort :
VoilĂ le protocole tel quâil avait Ă©tĂ© prĂ©vu et ensuite mis en Ćuvre :
â (14-24 avril 2009 : tournage) ;
â juste aprĂšs lâexpĂ©rimentation : dĂ©briefing (+ 2 h) ;
â dans les 3 jours suivants : conversations tĂ©lĂ©phoniques avec chacun des sujets ;
â 3 Ă 5 semaines plus tard : courrier envoyĂ© Ă chaque sujet, avec rappel des objectifs, premiers rĂ©sultats, demande de rĂ©pondre Ă un questionnaire sur leur Ă©tat dâesprit ;
â Ă partir de juin 2009 : possibilitĂ©s de contacts tĂ©lĂ©phoniques ou dâentretiens de visu,
sur demande ;
â fĂ©vrier 2010 : visionnage en avant-premiĂšre du documentaire pour tous les sujets et leurs invitĂ©s, suivi dâune discussion ;
â (17 mars 2010 : Ă©mission sur France 2) ;
â avril 2010, pendant une semaine : alternance dâentretiens individuels et de groupes de parole (entre cinq et neuf personnes par groupes) ;
â mai 2010 : courrier, envoi dâun questionnaire Ă chaque sujet ;
â suivi thĂ©rapeutique sur demande.
Un mot de plus sur les dĂ©briefings. Ils Ă©taient rĂ©alisĂ©s par un binĂŽme, formĂ© prĂ©cĂ©demment Ă ce travail et supervisĂ© par nous, constituĂ© dâun psychologue et dâun spĂ©cialiste de sciences de la communication. Ils impliquaient, en particulier :
â la dĂ©mystification, la rencontre avec les compĂšres (candidat et producteur)
â une prĂ©sentation des rĂ©sultats des recherches antĂ©rieures ;
â des questions sur les attributions de responsabilitĂ©s aux diffĂ©rents protagonistes : le sujet expĂ©rimental lui-mĂȘme, le producteur, lâanimatrice, la victime, le public ;
â lâĂ©coute de lâĂ©vocation libre du ressenti du questionneur ;
â une information concernant les buts de l’expĂ©rimentation et du documentaire.Didier Courbet, Oberle Dominique, Beauvois Jean-Leon. UNE TRANSPOSITION DU PARADIGME DâOBĂISSANCE DE MILGRAM A LA TĂLĂVISION : ENJEUX,RĂSULTATS ET PERSPECTIVES. connexions, 2011, 95 (1), pp.71-88.<sic 00720889> http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00720889/document
Les chercheurs discutent longuement aprÚs eux, répondent à toutes les questions qui leur sont posées. Puis ils sont contactés par téléphone et courrier plusieurs mois aprÚs, des suivis psychologiques sont proposés à ceux qui le souhaitent, etc.
Dans l’expĂ©rience de Milgram comme le jeu de la mort, les sujets, quel que soit leur taux de soumission sont gĂ©nĂ©ralement satisfaits, voire trĂšs satisfaits de leur participation (90 % de satisfaction pour le jeu de la mort par exemple). Ils rapportent que cela leur a appris quelque chose de trĂšs important sur eux, que cela leur a permis d’envisager certains faits de leur vie sous un autre angle.
- Shaekur
Je ne comprends pas PK quand une femme porte une jupe pour le travaille c’est normal, mais quand une femme porte une jupe dans la rue on la regarde mal et on la dit chaudasse ??
La jupe n’est qu’un prĂ©texte pour justifier l’attitude de l’agresseur qui n’a pas su contenir sa libido. Autrement dit, quand la fille est en pantalon, c’est Ă cause de son dĂ©colletĂ©, ou son regard, bref tout est bon pour que l’agresseur ou le « gros lourd » Ă©vite de se remettre en question.
Par exemple pour cette expérience:
Je n’ai plus les liens, mais le mĂ©dia français qui avait relayĂ© cette vidĂ©o Ă©tait couvert de commentaires justifiant l’attitude des « gros lourds » qui la suivent : c’Ă©tait Ă cause de ses seins, de sa beautĂ©, de son absence de sourire⊠Il semble impossible Ă certains de considĂ©rer que la libido, ça se dompte pour respecter autrui. Ou tout simplement d’accepter que les filles aiment bien avoir la paix, qu’elles ne sont pas Ă disposition des hommes.
- Virokannas
Sarkozy avec son « Quand on veut expliquer l’inexplicable c’est qu’on s’apprĂȘte Ă Â excuser l’inexcusable ? », il est mĂ©ga interne !!!
En effet, c’est un bel indicateur de forte internalitĂ©Â ! Je dirais mĂȘme d’internalitĂ© allĂ©gĂ©ante, c’est-Ă -dire une internalitĂ© qui protĂšge les mĂ©canismes des structures sociales.
DĂ©finition de l’internalitĂ© allĂ©geante :
« La norme d’internalitĂ© serait associĂ©e Ă l’exercice du pouvoir (Beauvois et Le Poultier, citĂ© par Gangloff, 1998). Les internes, qui ne se posent pas de question sur l’environnement, s’opposeraient aux externes qui auraient en eux « le germe de la contestation » (Gangloff, 1998).
Selon Gangloff, des personnes allĂ©geantes excluent alors de leurs explications les causes environnementales et prĂŽnent les causes personnologiques. Leurs recherches ont ainsi conduit Ă parler non plus de « norme d’internalité », mais de « norme d’allĂ©geance ». Celle-ci pourrait ĂȘtre dĂ©finie comme la valorisation sociale des individus qui, que ce soit de maniĂšre interne ou externe, excluent, dans leurs explications de ce qui leur arrive ou de ce qu’ils font, toute responsabilitĂ© critique de l’environnement social (Gangloff, 1998). »
http://psychologie-travail-rh.over-blog.com/page-4460750.html
Autrement dit, comme beaucoup de personnes ayant du pouvoir, il considĂšre que les personnes sont complĂštement responsables des situations qu’elles rencontrent, si arbitraires soient-elle ; et il accusent ceux qui veulent trouver des explications aux phĂ©nomĂšnes sociaux de rĂ©flĂ©chir Ă la question. Il pense qu’expliquer, c’est excuser alors que non. Lorsqu’on investigue un phĂ©nomĂšne social, c’est pour en trouver ses causes et pour Ă©ventuellement attaquer le « mal » Ă la racine, et Ă©viter qu’il se produise des choses nĂ©gatives.
Au sujet des futurs lives
- Mikaboula
Ă quand le prochain live ? Il pourrait en avoir plus souvent ?
Pour un live sous cette forme, chez hitbox, on n’a pas encore de date. Par contre les Headbang des Geek Faeries arrivent le 5 mars, nous y serons prĂ©sents en principe (et lĂ aussi vous pouvez poser vos questions).
Comme vous sembliez partant pour un live plus « freestyle » et qu’on aime beaucoup ses secondes parties pleines de bonnes questions, on va rĂ©flĂ©chir Ă cette forme đ
- Laezar
(y’aura un live sur le syndrome du grand mĂ©chant monde? )
Oui sĂ»rement, par contre nous changerons la forme du live, car l’Ă©pisode est long. Ce ne sera pas le prochain thĂšme de live.
- HermEscape
pourquoi le bruit de quelqu’un qui frotte ses toilettes en fond ?
Alors bien que cela y ressemble, non ce n’Ă©tait pas Technicien qui s’Ă©tait dĂ©cidĂ©, par un mĂ©canisme de vengeance productive, de nettoyer de fond en comble la maison durant le live đ Le bruit mystĂ©rieux que vous avez entendu, c’Ă©tait nos chats tentant vainement d’ouvrir la porte fermĂ©e đ
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