« Bien fait », « tu l’as bien cherché », » Tu n’as que ce que tu mérites ! » Nous sommes tout·es fréquemment exposés à des injustices, des drames, des accidents, des maladies, qui surviennent de manière contingente et indépendante des actions des victimes. Etrangement, on peut observer que ces victimes sont parfois blâmées, comme si au fond, elles étaient d’une manière ou d’une autre responsable de leur sort. Comme si au fond , « chacun obtenait ce qu’il mérite ». Cette conférence explore ce qui permet de mieux saisir ce type d’attitude via une théorie inaugurée par le psychologue Melvin Lerner : la théorie de la croyance en un monde juste. Cette conférence a été enregistrée initialement au REC 2022 ( https://rec-toulouse.fr ).
Vous pouvez retrouver la version originale de cette conférence ici: https://www.youtube.com/watch?v=vhhpk…
D’ailleurs, sur leur chaîne, vous trouverez peut-être d’autres contenus qui pourront vous intéresser : https://www.youtube.com/c/RECTOULOUSE
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Salutations et merci pour les informations !
Cette sortie coïncide avec l’écriture d’un petit paragraphe de ma « philo de comptoir » sur. le fait de blâmer la victime. Je me demande cependant une chose, qui peut paraître étrange. J’ai l’impression que le blâme de la victime a pu exister à gauche, sous la forme d’une responsabilité de classe. La particularité de ce blâme est qu’il n’empêche pas de vouloir aider la victime, au contraire. On l’incite à se défendre, et en même temps on l’aide. Cela dit, ce doit être nuancé par le fait que les textes auxquels je pense sont tous anciens pour ne pas dire classiques.
Le premier est le Discours de la Servitude Volontaire (La Boétie), que j’ai lu il y a deux ans. Les principales thèses sont la condamnation de la tyrannie mais également de la soumission du peuple, qui l’accepte.
Je pense aussi au Droit à la Paresse de Lafargue, lorsqu’il s’exclame : Honte aux prolétaires ! (à propos des revendications prolétariennes de plus de travail, d’une vive condamnation de l’oisiveté, en reprenant par exemple la phrase de St Paul « si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus). Bien sûr, son texte est un pamphlet qui se place contre la morale et par conséquent je conçois qu’il ait parfois envie de choquer.
Le troisième texte auquel je pense est moins connu, il s’agit de L’éducation féministe des filles de Madeleine Pelletier. Il commence ainsi :
« On a dit avec raison que les peuples n’ont jamais que le gouvernement qu’ils méritent. Un peuple opprimé qui ne mériterait pas de l’être s’insurgerait contre ses oppresseurs et les mettraient hors d’état de le tyranniser. Cette vérité s’applique non seulement aux peuples, mais à toutes les collectivités. Le prolétariat mérite certainement le sort qui lui est fait dans la société présente ; s’il ne le méritait pas, étant donné qu’il forme la majorité de la nation, il y a longtemps qu’il aurait dépossédé la bourgeoisie de son pouvoir.
Même vérité pour les sexes. Mise en marge de la société, la femme, en tant que collectivité, mérite la situation servile qui lui est départie. Elle ne sait que gémir lorsque le joug du mâle est trop dur. Si elle montrait plus de dignité, si elle savait mieux s’organiser, si elle revendiquait avec plus d’énergie, elle aurait depuis longtemps, conquis l’égalité politique et sociale.
Mais il n’y a pas à vitupérer les opprimés de leur peu de ressort moral, ils sont ce qu’ils sont ; l’homme fait la condition et la condition fait l’homme ; le psychologique et le social interdépendant l’un de l’autre. Seules de rares individualités supérieures ont été capables de se rebeller contre la situation à elles faite et d’inciter à la rébellion leurs frères de servitude. Les masses subissent leur condition, ne comprenant même pas qu’elle puisse changer. »
Autrement dit : c’est la « faute » des victimes, elles l’ont « mérité », mais rien ne sert de les blâmer (le livre lui-même ne servirait à rien sinon. D’ailleurs Pelletier elle même remet en doute l’utilité de son essai.)
Je ne pense pas que ces trois personnes croient en un monde juste. Comment, alors, analyser leur « blame the victim » ?
(Je vous remercie beaucoup pour tout votre travail, je vous suis depuis 2019).
Merci pour toute cette information. Je me demandais, est-ce que ces biais cognitifs sont présent chez l’humain en général? Ou c’est typiquement occidental?
La croyance en un monde juste se retrouve aussi à gauche.
Par exemple, lorsque les féministes affirment que si nous incels ne trouvons pas de copines c’est uniquement parce que nous sommes des connards qui avons une vision « capitaliste » des relations humaines.
A aucun moment n’est fait l’effort de savoir si c’est vrai. Aucune empathie. Aucune curiosité sur notre situation réelle. Sur l’impact psychologique de n’avoir jamais eu aucune relations avec une meuf. De savoir si notre rage – que j’assume – est la cause ou la conséquence de notre célibat forcé.
Les féministes nient aussi l’existence du lookisme dont l’existence est pourtant aussi évidente et observable que celle de la gravité.
Relisez Fourier.
Quelque chose que je trouve fascinant avec les incels, c’est qu’ils demandent à relationner avec des personnes qu’ils haissent en permanence. Comment veux-tu être aimé si tu préjuges de l’autre en face ? La base, même pour l’amitié c’est de pas partir que l’autre est un monstre, stupide, inintelligent, inférieur à soi. Personne n’a envie de trainer avec quelqu’un qui t’infériorises ou te prêtes des intentions malveillantes que tu n’as même pas. Commencez par respecter l’autre. La curiosité ne manque pas pour ma part, j’en ai fait un dossier entier, j’ai discuté toute une aprem avec un mgtow (et j’ai même fait l’effort de passer outre ses insultes me disant que je ne pouvais qu’être stupide, inférieure non interessé par l’informatique et juste intéressée par le mariage (wtf???) ). J’ai appris qu’il avait harcelé une meuf et du coup, forcément il a eut le seum et a estimé que toute les femmes étaient des merdes… C’est vraiment baisser les bras à la premiére difficulté, il aurait pu tenter d’apprendre à aborder les gens d’une façon non harcelante, en discuter avec des amis, rencontrer d’autres personnes. Il y a plein de solutions a tester, mais non, il préfére ne rien faire…
Il suffit juste de commencer par respecter l’autre en fait, l’estimer à même hauteur. Evidemment que ça ne marche pas si on estime qu’on doit dominer l’autre dans la relation, lui être supérieur. Non. Une relation sociale qui se passe bien, c’est du mutuel. Vraiment la vision du monde incel vous porte gravement préjudice et vous empeche d’avoir des rapports sociaux satisfaisants, et je le sors pas de mon chapeau, les incels qui ont quitté le mouvement le disent, c’est toxique cette vision, le monde du dehors est vaste et les relations beaucoup plus variée que vos histoires de tchad etc.Je te souhaite de sortir de ses idées qui clairement, renforce ton célibat et tes problémes, je le dis sans ironie, cette vision du monde est vraiment un poison, et les premiéres victimes se sont les incels eux mêmes. Renseigne toi sur les incels qui sont sortis du mouvement, tu verras.
Tu es absolument hors sujet et a en fait illustré exactement ce dont quoi je parle :
– Psychologisation voire psychiatrisation
– Déni du lookisme
– Aucune curiosité
– Aucune interrogation sur le sens de causalité entre notre rage et notre situation
Je suis blackpillé depuis bien avant que le terme ne soit inventé. Ton dossier sur les incels je l’ai lu et je n’ai rien trouvé qui ne soit plus pertinent de ce que je lis depuis des décénnies.
Je ne considère absolument pas une relation comme étant juste un trophée mais bien comme étant désirable en soi. Les sourires, les câlins, les bons moments, le sexe… mais évidemment des décénnies de misère sexuelle et affective dues à ma laideur ont certes érodé ma capacité à l’empathie.
Et les témoignages des gars qui ont arreté d’être incel, qu’est ce que tu en a pensé ? Et niveau compet socio emotionnelle, t’en penses quoi ?
Ceux qui ont réussi à trouver une copine simplement en sortant grand bien leur en fasse. Ca veut dire qu’ils étaient pas vraiment moche. Quand je sors de chez moi, rien ne se passe. D’ailleurs concernant Jack Peterson il s’est ravisé depuis.
Compétence socio-émotionnelle, je n’en manque pas. Ou plutôt je n’en manquais pas avant qu’elle s’érode après des décénnies de solitude. Le problème a toujours été le lookisme.
Tu peux m’expliquer comment font les gars super moches (et pas riche non plus) que j’ai pu voir toute ma vie qui était en couple avec des meufs super belles ? Par « moche » j’entends des oreilles décollés, un teint rouge et pores éclatés, calvitie, un autre hyper maigre avec des dents en moins et d’autres d’une couleur indescriptible, 0 muscle, 0 statut social enviable pour les 2, une voix pas sexy non plus, aucun soin particulier vestimentaire (là je pense à deux gars que j’ai pu bien connaitre, mais evidemment rien qu’en regardant des couples/des familles passer, on trouverait des milliers d’autres exemples de gars « moches » pourtant pas célibataire) ? Pourquoi ils sont en couple alors qu’ils sont moches, y a pas d’autres caractéristiques qui peuvent entrer en jeu ? Si oui, lesquelles ?
J’aimerais bien que tu me les présentes ceux là car moi je n’en vois pas.
Mais revenons-en au sujet de base : la théorie de la croyance en un monde juste ne peut pas être simplement scientifique car la notion de « juste » n’est ni objective ni universelle. Moi je considère les inégalités génétiques comme injuste, mais ce n’est pas le cas de la majorité de la gauche (qui souvent les nie complètement pour mieux les protéger). De ce point de vue là, la gauche est aussi victime de la croyance en un monde juste.
Pourquoi cela semble te déranger d’imaginer comment ont fait ces deux types que je t’ai présenté ? Tu n’arrives à imaginer que des qualités humaines puissent séduire davantage que le physique ? Tu n’as jamais eu l’occasion de te poser dans un lieu public pour regarder les couples qui passent et constater à quel tous les physiques sont représentés parmi les couples/familles IRL ? Tu te dis être moche. Est-ce que tu considères donc ton père (et tes frères ou les cousins) comme moche ? Comment a-t-il réussit à être en couple alors ? Pourquoi changer de sujet alors que tu te plaignais que personne ne s’intéresse à toi, n’ait aucune empathie et curiosité à ton égard et que je suis maintenant motivée à en savoir plus sur tes idées et ta vie ?