Résultats d’une large enquête sur les personnes trans !

Dans la série de Meta de Choc, je vous avais parlé d’une vaste enquête, l’US Transgender Survey 2015 (https://transequality.org/sites/default/files/docs/usts/USTS-Full-Report-Dec17.pdf) qui offrait une photo complète des personnes trans aux États-Unis, via un large échantillon de plus de 25 000 répondants. Bonne nouvelle : les données de la collecte 2022 commencent à sortir ! Elles sont disponibles ici https://transequality.org/sites/default/files/2024-02/2022%20USTS%20Early%20Insights%20Report_FINAL.pdf

 

Le début de la série de Meta de Choc en question : 

La question de la transidentité a beaucoup fait parlé ces dernières années, avec un backlash réactionnaire très fort et autres paniques morales sous couvert notamment « d’inquiétudes » pour la vie des personnes concernées. Comme si ces dernières se condamnaient à une vie de souffrance, qu’elles avaient tort de transitionner et qu’il fallait tout faire pour les en dissuader, etc.

Aux États-Unis, cela a donné lieu à des reculs massifs sur les droits des personnes trans https://www.slate.fr/story/243254/etats-unis-recul-droits-personnes-trans-parti-republicain-conservateurs-menaces-propositions-loi) ; au Royaume-Uni, la transphobie est devenue le moteur des luttes contre les personnes LGBT+ (le pays ayant dégringolé à la 17place dans le classement de l’ILGA sur les droits LGBT+ et la lutte contre les LGBTphobies, alors qu’il était 1er jusqu’en 2015 https://rainbow-europe.org/country-ranking) ; de même pour d’autres pays européens comme en Pologne, Hongrie, Roumanie, etc.

Sur cette période, de nombreuses désinformations ont pu être diffusées, ainsi que des études bidon (rejetées par les milieux académiques) prétendant par exemple que le taux de regrets des personnes trans ayant transitionné étaient si haut qu’on allait tout droit vers la catastrophe.

En France, le traitement médiatique n’est pas toujours à la hauteur (https://transidentites.ajlgbt.info/), et certaines personnalités comme les signataires du mouvement femellistes (Stern, Moutot, Sophie Robert ou encore la psychanalyste Caroline Eliacheff) participent à répandre ces désinformations sur la toile et dans les médias https://www.arretsurimages.net/articles/planning-familial-les-anti-trans-cautions-progressistes-des-reacs).

C’est donc avec un grand intérêt qu’on peut accueillir ces 1ers résultats de l’US Trans Survey 2022, car elle a cette spécificité unique de condenser des données sur plus de 90 000 personnes concernées. À ma connaissance, c’est la plus vaste enquête de ce type disponible à ce jour.

L’étude complète n’est pas encore publiée, mais je vous propose de vous traduire certains résultats qui viennent de paraître, car ils peuvent aider grandement aider à changer les idées reçues fausses et autres préjugés faisant beaucoup de torts à tout le monde, y compris ceux qui les portent. Vous pouvez retrouver l’aperçu de cette enquête ici : https://ustranssurvey.org/

Parmi ces 90 000 répondants, on y trouve des hommes trans, femmes trans, personnes non-binaires et personnes s’adonnant au travestissement.

Par rapport à l’enquête de 2015, on ne remarque pas de nettes différences dans la répartition de ces différentes identités. Il n’y a pas une augmentation et une sur-représentativité des hommes trans comme si le phénomène explosait.

Je le précise, car c’est l’un des arguments des militants anti-trans, l’idée que des « femmes » seraient « poussées » à davantage transitionner uniquement pour fuir la misogynie.

Notons que 17 % des répondants sont des parents trans, facette encore trop souvent invisibilisée et dont il serait important de parler davantage, car cela peut susciter des discriminations particulières et mettre en lumière des obstacles à la parentalité.

Pour rappel, en France, la PMA n’a pas ouverte aux personnes trans qui en ont été exclus https://www.liberation.fr/societe/familles/exclusion-des-hommes-trans-de-la-pma-pour-toutes-le-conseil-constitutionnel-juge-la-loi-conforme-20220708_BNCFRJPCOZGT3NAZLBUDEQ4O6Q/ ! .

Il est important de rappeler aussi qu’il aura fallu attendre 2016 pour la France cesse la stérilisation forcée des personnes trans, et ce, parce que la Cour européenne l’a condamnée pour cette pratique : https://tetu.com/2017/04/10/france-condamnee-sterilisation-imposee-aux-personnes-trans/

Niveau santé, 66 % déclarent être en bonne santé, 25 % dans un état « passable » et 9 % se disent en « mauvaise santé ». Concernant la mauvaise santé, il est possible que cela soit en grande partie due à une détresse psychologique, car dans l’étude 44 % des répondants disent avoir éprouvé une telle détresse au cours des 30 derniers jours.

Nous y verrons sans doute plus clair avec les données complètes. Mais on peut déjà avoir un indice de l’un des facteurs de cette détresse [on l’évoque plus tard quand on parlera de discrimination et de rejet familial].

Concernant la satisfaction de vie [donnée importante, car c’est l’une des prétendues raisons « d’inquiétude » des militants anti-trans], 94 % expriment être plus satisfait dans leur vie depuis qu’iels ont transitionné !

3 % ne déclarent pas de différence entre l’avant et l’après, 1 % se disent un peu moins satisfaits et 2 % beaucoup moins satisfaits.

Concernant plus spécifiquement la transition médicale, 98 % des personnes qui ont une thérapie hormonale déclarent être plus satisfaits dans la vie grâce au traitement.

1 % se déclarent ne pas voir de changement, et moins de 1 % expriment un insatisfaction.

Pour les personnes ayant recours à la chirurgie, même chose, puisque 97 % se déclarent plus satisfaits par rapport à leur vie pré-transition, 1 % déclarent ne pas y voir de changement en termes de satisfaction, moins de 2 % déclarent être moins satisfaits dans leur vie.

Encore des données qui viennent renforcer ce que d’autres études avaient déjà rapporté, par exemple : https://academic.oup.com/jsm/article-abstract/15/4/582/6980345?redirectedFrom=fulltext

Les transitions améliorent la satisfaction des personnes dans leur vie. L’inverse est très faible : moins de 2 % ici, et on parle là « d’insatisfaction », non pas de regret quant à la transition, taux qui peut être encore plus faible ; il faudra sans doute attendre l’étude complète pour affiner ce résultat.

Donc oui, des personnes insatisfaites, il y en a, avec regrets aussi, mais cela est très faible, moins de 2 % ! Et je vous rappelle que l’enquête interroge ici 90 000 personnes concernées.

Va-t-on enfin arrêter de brandir ce pseudo « argument » que transitionner mène à un grave risque d’insatisfactions et de regrets ? Que cela va détruire leur vie ?

Allez-vous vraiment empêcher les individus de transitionner, tout du moins rendre difficile leur transition, quand 98 % qui ont pu bénéficier d’hormones, et 97 % qui ont pu bénéficier de chirurgie, déclarent une amélioration dans leur vie ?

Au niveau des conditions matérielles et professionnelles, 34 % des personnes trans vivent dans la pauvreté.

11 % des personnes interrogées ont perdu leur emploi en raison de leur identité et expression de genre [licenciées, forcées à la démission, etc.].

Concernant justement les discriminations et rejets, 4 % des répondants se sont vu refuser d’avoir accès aux toilettes [dans les espaces publics, au travail, à l’école] en raison de leur identité et expression de genre.

30 % des répondants déclarent avoir été verbalement harcelé au cours des 12 derniers mois, 39 % déclarent avoir subi du cyberharcèlement.

Face à ces violences, les personnes trans n’ont pas confiance en la police, même quand ils ont besoin d’eux : une grande majorité [73 %] déclarent se sentir mal à l’aise à l’idée de faire appel à eux.

On peut ainsi deviner que l’une des conséquences à cela, c’est que la plupart des violences que subissent les personnes trans ne sont pas déclarées et traitées par les forces de l’ordre et par la justice.

80 % des répondants [et 60 % des 16/17 ans] qui ont fait leur coming out durant leur scolarité déclarent avoir subi plusieurs formes de mauvais traitements ou d’expériences négatives à l’école : harcèlements psychologiques, physiques, en ligne, refus des enseignants de respecter leur identité, refus qu’ils puissent s’habiller selon leur genre, etc.

Pour rappel, les mineurs trans sont parmi ceux les plus à risques de mauvais traitement à l’école : iels ont 5 fois plus de risque de subir du harcèlement scolaire ! J’aimerais ajouter que cela peut toucher aussi les mineurs trans n’ayant pas fait leur coming out, voire n’ayant pas encore parvenu à faire leur coming in, ou même des mineurs cis perçus comme trans.

La moitié des répondants [48 %] qui ont consulté un médecin au cours des 12 derniers rapportent des expériences négatives en raison de leur identité de genre : refus de soin, mégenrage, langage abusif, brutalité, etc.

Concernant le soutien familial, 67 % déclarent qu’une partie ou la totalité de leur famille proche [parents, frères, sœurs, etc.] les ont soutenus. 22 % déclarent que leur famille n’est ni favorable ni défavorable, et 12 % défavorable.

 

Mais ce soutien change en fonction de l’âge.

On remarque que les mineurs trans sont les plus négativement touchés par un manque de soutien de leur famille : 44 % déclarent avoir l’appui d’une partie de leur famille, 28 % déclarent que leur famille ne se prononce pas en faveur ou en défaveur, et 29 % déclarent que leur famille proche n’est pas favorable.

Autrement dit, plus de la moitié des mineurs trans [56 %] n’ont pas de véritable soutien de la part de leur famille immédiate.

Concernant la famille élargie [grands-parents, oncles, tantes, cousins, etc..], 58 % déclarent que leur famille les soutient, 32 % déclarent qu’elle est ni favorable ni défavorable, et 10 % les déclarent défavorables.

Concernant les mineurs trans, 48 % déclarent un soutien de leur famille élargie [un peu plus que la famille proche donc], 23 % déclarent que celle-ci n’est pas favorable, et 29 % déclarent qu’elle n’est ni favorable ni défavorable.

Il semble au vu de ces données que la famille proche serait susceptible d’un moindre soutien des mineurs trans que la famille élargie. À confirmer avec des données plus complètes.

11 % des répondants déclarent qu’un membre de leur famille a déjà été violent avec eux en raison de son identité de genre, et 8 % ont été expulsés de leur maison par leurs parents/tuteurs pour ces raisons.

Je termine là pour le résumé des résultats. Je précise que je n’ai pas tout développé, je vous laisse consulter le document complet. De plus, ce document n’est qu’un résumé précoce en attendant l’enquête complète qui paraîtra prochainement.

Quand ce sera le cas, je viendrai sans doute faire une nouvelle synthèse.

D’ici là, prenez soin de vous, et surtout prenons soin de nos enfants, car ce sont eux les plus touchés par ces idéologies anti-trans.

 

Chayka Hackso Écrit par :

Gardienne de l'île d'Horizon, grande prêtresse du culte du caillou. Si vous souhaitez nous soutenir c'est par ici : paypal ♥ ou tipeee ou ♣ liberapay ; pour communiquer ou avoir des news du site/de la chaîne, c'est par là :

Un commentaire

  1. 12 février 2024
    Reply

    Merci pour ce resumé. J’attends avec impatience de voir ce que donneront les résultats finaux, même si ça ne devrait pas changer dans les grandes lignes.

    En tout cas il est clair qu’une écrasante majorité de personnes trans se sentent mieux après leur transition et qu’une infime minorité regrette sa transition.

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