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On avait pour habitude jusqu’ici, lors de la diffusion d’un épisode, de joindre à la vidéo un petit texte ou éventuellement le script. Mais on nous a souvent demandé les références, la bibliographie qui nous a servi à construire l’exposé, quelques indications supplémentaires, etc… Nous nous sommes donc dit qu’il serait préférable d’user de ce petit espace textuel pour évoquer la conception de l’épisode, expliquer certains choix, l’usage de certains documents.
On va donc faire un petit commentaire de l’épisode, afin de clarifier certains points. Plus bas vous aurez la biblio complète pour aller plus loin si vous le souhaitez, ou vérifier nos sources.
Nous vous conseillons de regarder d’abord l’épisode avant de lire ceci, sans cela il vous sera parfois difficile de comprendre les propos.
Un gros épisode
En juillet 2014, nous venions d’introduire un spin-off à Horizon : Horizon by Night. L’idée étant de proposer des épisodes plus courts afin que l’on puisse nous-mêmes développer différentes thématiques sans perdre en qualité. Après la diffusion des Gimmicks , nous nous sommes donc lancés sur un nouvel Horizon By Night qui était conçu comme l’adaptation de l’article de Viciss sur le syndrome du grand méchant monde. Mais passer de l’écrit à l’image demande quelques ajustements. Il nous fallait nous centrer sur un type de programme particulier à la télévision, sinon nous risquions non seulement de nous éparpiller, mais surtout de proposer une vidéo trop longue. C’est tout naturellement que l’on s’est recentré sur les journaux télévisés et les reportages, c’est-à-dire des programmes qui ne sont pas (normalement) fictionnels. En effet, le syndrome du grand méchant monde, pensé par Gerbner et son école, englobe la télévision dans son ensemble, fictions comprises. Nous voulions mesurer la vision du grand méchant monde en écartant les fictions afin de ne garder que ce qui est présenté comme factuel, soit les JTs et les reportages.
Nous avons commencé à écrire le script tout en enregistrant les JTs de TF1 depuis juillet dernier, constatant les perspectives empruntées, et relevant ainsi les sujets que l’on allait analyser. Vous remarquerez que beaucoup d’extraits de JT viennent de TF1, justement parce que nous nous sommes contentés de suivre une chaîne en particulier partant des rapports de l’INA (TF1 étant avec M6 la chaîne où il y a le plus de faits divers et autres atteintes à la victime). Avec le recul, et ce qu’on a pu voir sur les autres chaînes (car on a tout même étudié les JT des autres chaînes, mais de façon moindre que pour TF1), on se dit que c’est sûrement M6 qui récolte la palme du JT amorçage publicitaire, plus que TF1.
Donc, nous voilà à regarder tous les jours les informations télés, ce qui nous change de nos habitudes, car notre antenne télé a toujours été débranchée (par choix, pas par dysfonctionnement). Très vite, nous avons été sidérés par le caractère anxiogène des images et des commentaires. Suite à nos lectures, nous savions à quoi nous attendre, mais dans un souci d’objectivité nous voulions nous forger un avis à partir de nos propres analyses, et pour le coup, on a eu de la matière. C’est sans doute à ce moment que l’on a abandonné l’idée de faire de cet épisode un programme court (Horizon By Night) préférant proposer une étude plus approfondie (Horizon).
Précisons que la période juillet-septembre, a été prise au hasard, correspondant à la période de conception de l’épisode. Nous avons délibérément mis de côté l’international : l’Ukraine, le conflit israélo-palestinien (hormis les manifestations françaises contre les bombardements de Gaza qui ont été très mal médiatisées, transformant des pacifistes non partisans d’un camp ou un autre en antisionistes violents…). Il est évident que ce type de sujet à l’international ne peut pas être minimisé, quoiqu’il y aurait beaucoup de choses à dire (les rappels sur l’histoire géopolitique sont quasi absents : les contextes ne sont jamais donnés). On a laissé cela de côté, nous concentrant sur des sujets plus locaux, dont il était plus aisé de faire un contraste entre les faits réels et ce qui nous était dépeint dans la petite lucarne. Mais il est plus que probable que nous développions un jour un épisode sur le traitement de l’international dans les JT, car là encore il y a beaucoup à dire.
Donc, nous voilà, fin juillet, avec une direction précise, des documents (JT, reportages…) que nous commençons à collecter, et un script en cours d’écriture. Au final, nous serons passés presque cinq mois dessus, mais cela valait vraiment le coup, en tout cas en ce qui nous concerne. Nous aurions pu couper des séquences, comme on l’a déjà fait précédemment, mais on a voulu tout préserver, essayant toutefois de gommer les lenteurs inutiles. À vous de juger si l’ensemble vous semble intéressant.
Raven : le cauchemar de Gull
Au précédent épisode, sur le costume d’autorité, il y avait un passage où l’on parlait du costume blanc, de la pureté qui en émanait. À l’époque, on avait voulu introduire un nouveau personnage, une courte apparition, à peine visible, d’un Gull tout blanc que nous avions appelé Raven. On souhaitait introduire un nouveau personnage conceptuel représentant le brutalisme. Qu’est-ce qu’un brutalisme ? Je vous laisse consulter cet article . Finalement, cela ne s’est pas fait, pour la simple raison que nous n’avions pas encore le costume. Mais ce personnage est resté dans notre boîte à idées, en attendant que le bon moment se présente.
Lorsqu’on a écrit le script, Raven s’est comme imposé (merci Viciss !), car il incarnait l’exagération, cette mentalité qui consiste à se méfier de tout, surtout si c’est nouveau différent, calme, pacifiste, humaniste. Raven est le prototype même de celui qui voulant éviter à tout prix d’être un naïf, un bisounours, tombera dans un pessimisme radical et violent, s’imaginant que tout est en déclin, que tout est menace. Il est l’antithèse de Gull en quelque sorte, et l’un est le cauchemar l’autre.
Raven est paradoxal, il a un discours anti-système, anti société de consommation, alors qu’il participe activement au système et la société de consommation qu’il dénonce pourtant. C’est là notre point de vue de ces discours à la Zemmour, Soral, les politiques d’extrême droite (FN) qui contribuent à renforcer ce que les médias font déjà très bien : l’homme-loup, le « tout est menace », la régression, la décadence, la peur de l’avenir et la nostalgie du passé….
La société de consommation d’hier s’appuyait sur le rêve, le désir, le progrès ; mais la société de consommation d’aujourd’hui s’est adaptée à de nouvelles thématiques, s’appuyant davantage sur la menace, le danger, le chacun pour soi, la peur de la perte, le désir du paradis perdu. On pense particulièrement à ces publicités qui ont commencé à foisonner dans les années 90, présentant par exemple la méchanceté comme une « cool » attitude. La société de consommation, actuellement, prend sa source sur le malheur et la morosité du présent (du moins un malheur et une morosité que l’on s’imagine de notre temps). Un homme heureux, comblé et confiant en l’avenir ne consomme pas à outrance. La peur, le doute, la rareté, la sécurité, voilà ce qui fait vendre !
En parallèle, les grandes chaînes sont toujours dans la course à l’audimat, et à l’heure d’Internet et de la TNT, la concurrence est rude. Il faut donc faire le « buzz », montrer de l’extraordinaire, du sensationnel… C’est la seule manière, dans cette course du chiffre, de maintenir le téléspectateur collé dans son fauteuil. Cependant, l’actualité est fluctuante, il n’y a pas tous les jours de catastrophes, de grands faits divers…. Alors, quand il n’y a pas grand-chose dans l’actualité, il faut la gonfler. C’est pour cette raison que la politique s’est people-isée : la politique à la télé, pour la plupart des téléspectateurs, c’est d’un ennui. Par contre, quand on apprend que le chef d’État a une liaison cachée avec une actrice, là, ça attire. Au lieu d’évoquer l’affaire sans ce sensationnalisme de la presse people, les JT vont y aller à fond. De même pour les rapports sur la délinquance : depuis plusieurs années, les tendances sont stables ou en baisse, mais le dire ne fait pas grand effet. Les médias vont donc se focaliser sur les rares tendances en hausse, non représentative de l’ensemble, comme l’augmentation des vols en 2013.
Petit à petit donc, dans la course à l’audimat, les programmes d’informations se muent de telle sorte à être de plus en plus impactant, déformant les faits, la réalité, suggérant la décadence, véhiculant les peurs…. Ce qui coïncide parfaitement avec les plages de publicités en amont. On remarquera d’ailleurs que les deux grandes chaînes qui font la surenchère de ce type de sujet, TF1 et M6, ont quelque chose en commun : ce sont les deux seules chaînes privées en claires (hors TNT), autrement dit des chaînes qui se financent en grande partie par la publicité. Rappelons-nous ce que disait Patrick Le Lay, ancien PDG de Tf1 :
» Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (…).
Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (…).
Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise. «
C’est donc ainsi qu’à lieu le mariage entre Raven, rhéteur antisystème, et l’ultra consommation, mariage impossible semble-t-il, et pourtant. Raven est notre représentation de ce cercle vicieux profit/audimat/Buzz, Peur/temps de cerveau disponible/consommation. En cela, exagérant à nouveau son discours en fin d’épisode, Raven se présente en fait comme un publicitaire de soda.
La C.A.T
On a donc créé ce personnage conceptuel qu’est Raven, mais on voulait aussi créer une sorte de chaîne synthétique qui nous permettrait d’évoquer avec humour ce syndrome du grand monde dans les JT. On s’imaginait l’ambiance dans les rédactions, où tout est fait pour transformer l’information en spectacle, en émotions, en véritables films hollywoodiens parfois. On a alors imaginé quelque chose qui ressemblait un peu à ces séries américaines pleines de surenchère et de tensions : 24 Heures Chrono. Pour rappel, il y a dans cette série une agence gouvernementale, la CTU, ou CAT en français (cellule antiterroriste), plongé dans la paranoïa et n’hésitant pas à user de tous les moyens pour protéger la nation (ultra sécuritaire, Big Brother, torture, discrimination…). Cette série est très intéressante, car elle a cristallisé l’esprit américain post 11 septembre (la saison 1 étant diffusé en 2001, en même temps que les attentats). La cellule antiterroriste s’est donc transformée dans Horizon en Centre des Actualités Télévisuelles. On a repris tous les codes de la série (musiques, sonorités, mises en scène, surenchères de la menace) pour illustrer avec humour notre vision des journaux télévisés. Cela a beau être parodique, il y a toutefois des références tout à fait réelles.
Par exemple, lors de la première apparition du directeur de la CAT, celui-ci félicite ses équipes pour deux reportages, l’un sur les problèmes des Goélands à Brest (dont on a fait une petite parodie ici) et l’autre sur le danger de se serrer la main. Ces deux sujets existent vraiment, ont vraiment été développés dans les JT de TF1. On avait trouvé cela tellement gros et exagéré qu’on a décidé de s’en moquer un peu (précisons que l’étude sur les risques bactériologiques à se serrer la main était destinée à l’origine au personnel médical, il n’est nullement question d’inciter la population à changer ses habitudes de la poignée de mains chaleureuse).
Autre référence, lorsque le directeur informe avec gravité à Jacques Baué (notre version française de Jack Bauer) que le président a changée de lunettes. Allez faire un tour ici pour comprendre la référence : http://www.acrimed.org/article4395.html
Quelques chiffres
Nous avons très tôt, lors de la préparation de l’épisode, consulter les synthèses de l’Institut national de l’audiovisuel (l’INA) qui récoltent toute une série de données. L’un de ses rapports (disponible ici : http://www.inatheque.fr/publications-evenements/ina-stat/ina-stat-n-30.html) met en avant l’importance de plus en plus grande des faits divers, des catastrophes, des atteintes à la personne dans les JT, reportages et autres émissions (hors fictions). Année après année, ce type de sujet n’a cessé d’augmenter. On s’est donc demandé si cela était corrélé avec les faits : la délinquance augmente-t-elle vraiment ? On a été vérifié cela en consultant les rapports officiels, ce qu’il serait peut-être bon de faire avant de prétendre que tout va de mal en pis. Au départ, on se doutait bien qu’il y aurait un décalage entre la télévision et les données factuelles, mais on ne s’attendait pas à un tel contraste. Les faits de délinquance, selon les rapports de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, ne sont pas en augmentation, au contraire, la tendance générale va davantage vers la baisse ou la stabilité. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas cette explosion de la criminalité et de la délinquance qui nous est si souvent dépeint dans les médias. Pour consulter ces documents, voici le lien des données de l’INA http://www.inatheque.fr/publications-evenements/ina-stat/ina-stat-lettres-trimestrielles.html , et ceux pour l’ONDRP : http://www.inhesj.fr/fr/ondrp/les-publications/rapports-annuels . Ces rapports sont assez clairs, suffisamment pour qu’ils soient compréhensibles par tous et exploitables pour comparer des données.
Si nous avons choisi la période 2008-2012 (ce qui peut sembler étrange puisque des rapports de l’ONDRP de 2013 existent), c’est tout simplement pour faire un comparatif entre les données de l’INA (2008-2012) et les données de l’ONDRP. Mais si on regarde les rapports sur la période 2013, les tendances se confirment, hormis peut-être les vols et les injures homophobes (on se demande pourquoi !). Nous vous invitons à vous faire votre propre opinion en consultant tout cela.
Banlieue et « Guérilla urbaine »
« Guérilla urbaine » fait partie de ces expressions bouche-trou qui active immédiatement l’attention et l’intérêt du téléspectateur qui, regardant des voitures brûler, pourra avec conviction crier haut et fort dans son salon : « où va la France ? ». Évidemment, cette expression est réservée aux banlieues, banlieues sensibles que les commentaires n’hésiteront pas à relier ceci à l’immigration (omettant le contexte social : la pauvreté ne semble pas faire d’effet). Les propos sont parfois violents, sans nuance, englobant tout un quartier, sans distinction. Quand le téléspectateur pense que la télévision montre la réalité et qu’il est face à ce type de sujet sur les banlieues, il n’est pas étonnant qu’il adhère facilement alors à des discours d’extrême droite.
Prenons l’exemple d’Envoyé spécial sur France 2 développant un sujet sur la « descente en enfer » du quartier de la Villeneuve. Dans ce type de quartier, il y a certes des difficultés, des tensions parfois, de la casse liée à la pauvreté ; mais il y a aussi de grands élans de solidarité, des initiatives sociales, des enseignants et des assistants dans les écoles qui font un travail remarquable malgré l’absence de moyens et de reconnaissance, des jeunes sans diplômes, sans emploi, qui font beaucoup pour leur quartier, ne serait-ce qu’en médiatisant les différentes générations, en apaisant certaines tensions, les initiatives des mairies de quartiers, la culture qui y prend une forme nouvelle… Il y a dans ces quartiers des gens qui avec rien font de grandes choses, mais ces grandes choses deviennent néant dans les médias. On ne fait ressortir de ces banlieues que les choses négatives, ce qui renforce davantage le sentiment d’exclusion des jeunes dans les cités. Pour plus d’informations sur ce reportage et le décalage télévision/réalité, nous vous invitons à consulter cet article : http://www.acrimed.org/article4415.html .
Autre séquence, et non des moindres, les émeutes de 2005. Là encore, on a assisté à une sur-médiatisation de la violence, et une sous-médiatisation des vrais problèmes : premièrement, la bavure policière qui a causé la mort de Bouna Traoré (15 ans) et Zyed Benna (17 ans). Les journalistes dans l’ensemble ont repris le discours officiel de Nicolas Sarkozy (les deux jeunes étaient des cambrioleurs qui se sont enfuis en voyant la police, police qui n’a pas cherché à les poursuivre : ce qui est totalement faux), n’ont mené aucune enquête. Cela a mis le feu aux poudres, et quand les émeutes ont éclatées, là encore le contexte social, les discours nauséabonds des politiciens (notamment les propos de Sarkozy la même année), n’ont pas été évoqués, ou trop peu. Par contre, la surenchère d’images de voitures brûlées, de confrontation entre des jeunes et des policiers, de théorie du complot farfelues (insurrection islamiste, théorie reprise jusqu’aux États-Unis par Fox News), tout cela tournait en boucle dans les JT, attirant le téléspectateur devant son poste. Résultat, Sarkozy en sort grandit, l’incendiaire est apparu comme le pompier, et une nouvelle politique ultra-sécuritaire a pu être acceptée, et même réclamée, par une grande partie de la population française.
Pour comprendre un peu mieux l’évolution de ces émeutes, nous vous conseillons vivement un reportage de Canal+ qui montrent bien la déroute des médias et des politiques durant cette crise : Spécial investigation Emeutes en banlieue: la mécanique infernale.
TF1 et les dents de la mer
Il y a un passage que l’on a supprimé de l’épisode et qui évoquait le générique du JT de TF1. Nous l’avons enlevé pour la simple raison qu’il y a déjà une vidéo qui l’explique très bien, et parce que nous avions déjà donné l’exemple du générique d’Envoyé spécial.
On remarquera d’ailleurs que le générique a récemment été remanié, l’effet « dents de la mer » étant moins accentué. Cependant, le générique met désormais en avant de la percussion martiale. Faites attention à la musique lors de la présentation des grands titres, elle s’interrompt par une ponctuation très militaire. Cela renforce l’attention, tout en étant dans l’héritage des premiers journaux cinématographiques. En effet, les premiers journaux en images animées étaient diffusés dans les cinémas, plus particulièrement en période de conflits où l’on présentait les nouvelles du front (ce qui était en réalité de la pure propagande de guerre). C’est donc tout naturellement que TF1 reprend ces vieux codes, hormis que nous ne sommes pas en guerre…. Mais bon, tant que ça marche et que ça rehausse l’ensemble, tous les moyens sont bons.
Contre le syndrome du grand méchant monde
À chaque sujet que nous avons développé jusqu’ici, nous essayons de proposer des solutions simples et accessibles, même si cela peut paraitre de l’ordre de l’évidence pour beaucoup, c’est toujours mieux de les rappeler.
En ce qui nous concerne, la télévision n’est pas adaptée pour suivre les actualités. Dès qu’il y a de la publicité derrière, il y a des intérêts privés, et on doit donc se méfier du choix des sujets. Ayez donc une préférence pour les journaux qui cherchent autant que possible à maintenir leur indépendance, ayant des financements alternatifs.
À la fin de l’épisode, nous conseillons de privilégier les sources écrites, pourquoi ? Car le cerveau sera d’une part plus concentré, plus actif, et on évitera la rapidité et la fugacité des informations qui traversent nos écrans. Cela ne va pas dire pour autant qu’il faille mettre les reportages ou autres documents télévisuels à la poubelle. Au contraire, il y a la télé de véritables pépites, surtout quand la télé fait son autocritique (nous pensons par exemple aux jeux de la mort).
Ce n’est pas en cinq minutes que l’on peut expliquer un conflit en Ukraine, la politique chinoise, les problèmes entre Israël et la Palestine, les révélations de Snowden…. C’est le problème de l’actualité : on survole tout, on n’a pas le temps de suivre un sujet qu’en voilà un autre. Il faut tout d’abord prendre conscience de deux choses : l’information n’est pas une connaissance, car la connaissance suppose un effort intellectuel, du temps ; on ne peut pas tout connaître, et on ne doit pas s’imaginer que le suivi passif de l’actualité suffit à faire de nous un expert en géopolitique, en économie, en politique…. Se tenir au courant est une chose, mais considérer que se tenir au courant est suffisant est illusoire. Si vous vous intéressez un sujet, ou si une actualité vous a frappé, ne vous contentez pas des JTs, faites quelques recherches sur Internet par exemple, ouvrez-vous à d’autres sources. Et si cela ne vous intéresse pas, ne faites pas semblant du contraire. Ce n’est pas grave de ne pas savoir, ce n’est pas grave de ne pas être au courant ; par contre cela peut être grave de se maintenir d’en l’illusion du sachant. Il vaut mieux savoir ne rien savoir, que ne pas savoir ne rien savoir. C’est l’illusion de l’information en continu comme BFMTV qu’on laisse souvent allumé dans son salon afin de ne rien louper. On est alors dans l’attente d’un évènement, et à ce moment ce n’est plus l’information que l’on souhaite, mais du spectacle, et ces chaînes d’actualité l’ont bien compris. Ainsi, nous vous conseillons d’éviter ces programmes en fond sonore, car ce que votre cerveau va surtout retenir, ce sont par exemple ces petits vers d’oreilles musicales de publicité.
Quand un journal, un magazine, qu’il soit écrit ou à la télévision, évoque les résultats de rapports, par exemple sur la délinquance, allez directement consulter ce rapport (toujours à disposition du public) pour vérifier les interprétations journalistiques. Fréquemment, on peut s’apercevoir que les médias ne font ressortir que les données les plus impactant, laissant de côté les autres résultats qui montrent des tendances contraires. Il en va de même pour le résultat de sondage en tout genre, allez toujours vérifier les sources, car on frise souvent des interprétations consécutives d’une mauvaise compréhension des données. Pour aller plus loin, vous pouvez consulter l’un de nos articles ici même(sondages… ).
Il y a encore beaucoup de choses à dire là-dessus, surtout quand on évoque les médias : on a l’impression de jeter le regard dans un puits sans fond tant il y a de choses à étudier, à relier…. Nous continuerons donc à développer ces thématiques par la suite, que ce soit sur le blog, ou pourquoi pas en vidéo avec un nouvel épisode d’Horizon.
Comptez sur nous 😉
Bibliographie et documents divers
(ayant traité beaucoup de documents, il n’est pas impossible qu’il y ait des oublis. Si vous en repérez, signalez-le-nous, nous ferons en sorte de combler les manques).
Les JTs :
Nous avons majoritairement regardé les JTs de TF1 sur la période juin/septembre. Cela ne nous a pas empêchés de retrouver dans les archives de l’INA des documents de 2005. Tous les JTs utilisés pour l’élaboration de l’épisode sont ici :
Tf1
-20 heures, 23/04/13
-20 heures, 17/12/13
-20 heures, 11/06/14
-20 heures, 17/06/14
-20 heures, 19/06/14
-20 heures, 17/07/14
-20 heures, 20/07/14
-13 heures, 21/07/14
-20 heures, 21/07/14
-13 heures, 22/07/14
-13 heures, 23/07/14
-13 heures, 24/07/14
-20 heures, 24/07/14
-13 heures, 25/07/14
-13 heures, 27/07/14
-20 heures, 29/07/14
-13 heures, 05/08/14
-20 heures, 05/08/14
-20 heures, 06/08/14
-20 heures, 07/08/14
-20 heures, 08/08/14
-20 heures, 09/08/14
-20 heures, 13/08/14
-13 heures, 14/08/14
-20 heures, 14/08/14
-13 heures, 15/09/14
-20 heures, 15/09/14
France 2
-20 heures, 31/08/05
-20 heures, 01/09/05
-20 heures, 08/09/05
-20 heures, 08/11/05
-13 heures, 15/09/14
-20 heures, 15/09/14
-13 heures, 16/09/14
-13 heures, 02/10/14
-20 heures, 02/10/14
M6
-66 minutes, 31/08/14
-1945, 18/09/14
-1245, 18/09/14
-1245, 19/09/14
Autres reportages et documentaires :
- Le temps de cerveau disponible, réalisé par Christophe Nick et Jean-Robert Viallet (2010)
- L’urgence de ralentir, Arte, 2004 [Excellent reportage, très positif, qui présente des initiatives concrètes, loin de l’idée de l’homme-loup]
- Spécial investigation Emeutes en banlieue: la mécanique infernale, Canal+ [indispensable pour comprendre au jour le jour l’évolution des émeutes de 2005]
- Quand La France S’Embrase, 2007, France 2
- When the Levees Broke : A Requiem in Four Acts, Spike Lee, HBO
- Envoyé spécial, 26 septembre, « La Villeneuve le rêve brisé » [un excellent exemple de la vision grand méchant monde]
Ouvrages, articles, textes:
- 150 petites expériences de psychologie des médias », Sébastien Bohler. Ouvrage excellent que nous vous conseillons vivement.
- « psychologie de la manipulation et de la soumission » , Nicolas Gueguen. Une base que nourrit tous nos articles liés de près ou de la loin avec les questions de manipulation et de soumission.
- le magazine « cerveau et psycho », pour l’ensemble de son œuvre. Plus précisément, pour la publicité coca-cola : http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/a/actu-la-peur-nouvelle-arme-des-publicitaires-32669.php .
- « Plaidoyer pour l’altruisme » Matthieu Ricard. Vous y trouverez toutes les expériences psychologique sur l’altruisme, l’exemple de l’ouragan de Katrina… On n’a pas encore fini de le lire, mais le sérieux et la rigueur scientifique de l’auteur y transpire : cet ouvrage n’a strictement rien à voir avec un plaidoyer esotérico-religieux, bien au contraire, il y a une vraie recherche rigoureuse, basée sur les recherches en psychologie, en biologie, en éthologie, en philosophie…. Pas de prosélytisme dedans. On peut le lire en étant fermement athée.
- « TV lobotomie », Michel Desmurget . Des dizaines d’arguments solides, vérifiés prouvant que la TV est vraiment nuisible. A potasser pour convaincre votre prochain
- Acrimed, un observatoire des médias, une pépite ! (http://www.acrimed.org/ ).
- Les archives de Georges Gerbner, vous trouverez là les rapports d’enquêtes, les données collectés, et les conclusions du chercheur et de son équipe : http://web.asc.upenn.edu/gerbner/archive.aspx?sectionID=155&packageID=90
- Le site sur les données récoltées par l’INA : http://www.inatheque.fr/publications-evenements/ina-stat/ina-stat-lettres-trimestrielles.html
- Le site de l’ONDRP : http://www.inhesj.fr/fr/ondrp/les-publications/rapports-annuels
Pourquoi faut-il toujours que l’équipe de H-S publie des articles lorsque je ne suis pas chez moi et hors de toute réception wifi et/ou ondes orangesques…
Et puis ce w-e je n’aurai pas le temps de regarder cette épisode de la série Horizon…
Damned! I am done like a rat!*
« Donc, nous voilà à regarder tous les jours les informations télés, ce qui nous change de nos habitudes, car notre antenne télé a toujours été débranchée (par choix, pas par dysfonctionnement). Très vite, nous avons été sidérés par le caractère anxiogène des images et des commentaires. »
Imagine un peu ce que cela donne lorsque tu t’intéresses à la géopolitique, et que tu doives consulter des médias répartis un peu partout sur cette planète… J’aurai bien besoin d’une semaine de repos chez le Doc Enclocq…
Je le savais !
Pas plus tard qu’avant-hier, j’ai reçu dans mon cabinet quelques membres de ce présent blog (dont je ne citerais pas les noms), en état de panique post-diffusion. Caligula ! Caligula, je crois qu’il ne nous aime plus, on a fait trop long -non trop court – c’est à cause de Raven ! ou c’est le technicien ! aaaah [cri de panique] on a oublié la boulangerie ! les boulangères ! aaaah ! non, c’est le coco goula ! c’est à cause de l’intervention vocale de barbalala ! aaaah etc.
J’ai donc fait venir en toute urgence une tarologue-magnétiseuse, et selon les récentes photographies prises par Philea, il s’est avéré que vous étiez en déplacement. L’analyse de cette experte a donc rassuré toute l’équipe qui a donc cessé de battre Barbalala pour sa prestation.
Bien évidemment, bien que je l’eusses pas préciser, je vous souhaite un bonsoir de nature chaleureuse (d’un niveau 6/10, ce qui est relativement énorme de par ma fonction de médecin). Et évidemment, vous êtes le bienvenue à nos sessions de repos. Pour les géopoliticiens, nous prévoyons une cure des fins de JT de Pernault à hauteur de 3h/par jour. Généralement, les patients sont vite guéris et ils courent même à leurs recherches avec une célérité assez exceptionnelle pour être soulignée.
Cordialement,
Docteur Claire Enclocq [label soin responsable ; élu médecin de l’année ]
Haaaaaa Caligula! tendre boulanger au cœur de chocolat, que de joie de vous retrouver. J’imaginais le pire, d’autant que j’ai connu un régime inhumain à cumuler des heures et des heures de TF1 à longueur de journée et j’ai tendance à paniquer pour un rien (le Doc vous le confirmera, j’ai dû me faire une cure de Nietzsche)
Sachez que Technicien a attentivement écouté vos remarques (que je lui ai rappelé à coup de règles sur les doigts très fréquemment) pour qu’il intègre des mouettes à la vidéo, mais surtout, Ô prouesse technologique, qu’il intègre la photo d’un chat tout mignon que je vous laisserai repérer. Bon d’accord, je l’avoue, le chat c’est aussi ma grande passion, et il voulait me faire plaisir. Les chats, toute ma vie! Par exemple, pas plus tard qu’avant-hier, j’ai égaré mon petit chat « Spinoza » sur le continent (le chat gris qu’on voit dans l’épisode 2 sur les costumes), et que vois-je sur TF1 ? Un tigre ! Ils ont confondu mon petit Spinoza avec un tigre! Ah vraiment, je ne comprends pas ce monde médiatique….
« Haaaaaa Caligula! tendre boulanger au cœur de chocolat… »
Encore un mythe qui s’effondre…
J’ai l’air malin avec mon pseudo moi, maintenant!
Mea Culpa!
Maxima mea culpa!!
Et dire que j’étais à deux doigts de tout laisser tomber et par dépit me consoler sur le forum de Freud Forever…
Que dire?
MAGNIFIQUE!
GRANDIOSE!
INOUÏ!
FABULEUX!
GÉNIAL!
Je n’ai pas assez de mots et mon dictionnaire des synonymes vient de se jeter par la fenêtre devant tant de splendeurs!
Juste une petite précision, enfin, pas vraiment une précision, juste un ressenti; à mon sens, les chaines d’infos du genre BFM et autres sont plus anxiogènes que les JTs de TF1 Frnace2 et M6. Car, en plus des images, vous avez (quelquefois) la musique, mais aussi la voix off, le bandeau de dépêches qui défile et le brushing de la présentatrice; de quoi saturer le cerveau de n’importe qui (surtout à cause du brushing, ou de la blonditude du genre Laurence Ferrari).
PS. Pourrai-je caresser l’espoir d’avoir une photo dédicacée du Gull rédacteur en chef? Il est si beau avec ses cheveux gris…
Ah BFM… On s’est bien marré quand même quand on a du subir leurs programmes, avec des termes comme « l’offensive de l’hiver » ou la population inconsciente des dangers du soleil printanier ! Mais bon j’imagine à haute dose, les TVspectateurs doivent même plus prendre conscience de ce vocabulaire de fin du monde pour des faits complétement anodins.
On va essayer de négocier, pour la photo dédicacée ;D ; Sinon wordpress est raciste des très longs pseudos, il avait classé ton précédent message en tant qu’indésirable, le salaud !
Je suis tout nouvel arrivant.
Bon, les qualificatifs qui trottaient dans ma tête et dont je comptais vous inonder ont tous été dits précédemment par « chaton tout mignon » (faut dire qu’il avait bien rentré ses griffes!), et puis point trop n’en faut, faut se garder des « mauvaises » habitudes!
Je vous y prends! Vous n’auriez pas par hasard des tendances situationnistes mes lascars? Votre compte est bon!
Faudra que je me replonge dans l’œuvre de Guy Debord, il fait partie de « ce qui reste quand on a tout oublié »…
Je fais depuis assez longtemps, et modestement, le « travail inverse » du vôtre: les rares fois où je m’immisce sur nos « étranges lucarnes » je piste les « lueurs d’intelligence » qui pourraient apparaître, et surtout en géopolitique car là, le niveau zéro de la France, il avoisine l’absolu.
Je ne vais jamais sur Tf1, ni sur aucune chaîne commerciale, sauf quelques homéopathiques fois sur BFM , c’est trop pénible. Quant aux manipulations que vous dénoncez, j’en connaissais déjà pas mal, mais vous m’en avez apprises, et en plus avec beaucoup d’humour, et alors là, j’étais doublement piégé.
J’allais illico déverser les preuves de vos forfaits dans les boites à courriel de tous les pauvres gens qui avaient eu l’imprudence de m’en donner les coordonnées.
J’étais aussi venu pour signaler un documentaire qui est passé sur la 2, et qui, coïncidence, parlait justement d’une des composantes de « notre » PEUR, les immigrés.
Étant lève-très-tôt je recherche machinalement si, par un éclair de génie, il n’y aurait pas quelque chose d’intéressant sur ARTE, la 5 ou LCP, (si, si il y en a!), c’est mon parcours.
Le téléviseur ayant été arrêté sur la 2, il s’est donc bêtement (comme tout ce qu’il fait) rouvert sur la 2 .
J’ai alors pris en route un documentaire qui a eu l’outrecuidance de m’obliger à retarder mon déjeuner (l’instant était donc des plus graves) tant il m’a scotché. Il va à l’encontre de ceux qui « pensent en rond » et qui par conséquent « ont des idées courbes » comme disait Léo Ferré: c’est un documentaire/enquête de Gilles Cayatte et Christophe Nick avec John Paul Lepers, « Immigration et délinquance » http://www.dailymotion.com/video/x2ar1m4_immigration-et-delinquance-l-enquete-qui-derange-infra-rouge-france-2_news.
C’est une exception qui confirme la règle, peut-être, mais que ça fait du bien…
Encore bravo
cordialement
Bienvenue !!
Merci pour la référence, on va regarder ça avec attention. D’autant que ce préjugé insupportable, et dangereux à long terme quand on observe les conséquences politiques, de l’immigrant délinquant n’est pas suffisamment et sérieusement démontés dans les grands médias (à l’exception de ce type de reportage que tu nous as indiqué).
Mais ne désespérons pas de la télé, il y a en effet d’excellents documents, d’excellentes émissions. Nous apprécions particulièrement les reportages comme Cash Investigation, des documents essentiellement sur France Télévision, Arte, canal+ parfois. Et que dire par exemple du « jeu de la mort », mise en abyme intelligente de la télévision comme autorité, et qui montre bien qu’il n’y a pas meilleur endroit que la télé pour critiquer la télé, à condition de bien s’y prendre. En terme de géopolitique, comme tu l’as dit, c’est le « niveau zéro ». On aurait d’ailleurs beaucoup de choses à dire du syndrome du grand méchant monde sur le traitement médiatique de l’actualité étrangère, peut-être dans un futur horizon. Ce qui me semble dommageable, c’est que les chaînes infos balancent toute une série d’évènements (guerre, conflit, bataille, drame, élection…) sans vraiment rappeler le contexte géopolitique, le pourquoi, le comment, les rapports, les enjeux… Comment peut-on parler de diplomaties étrangères sans prendre un peu temps à replacer un contexte, ne serait-ce au moins qu’historique ? Un contenu sans contenant n’aura aucune forme, aucune consistance, et là-dessus chacun pourra y aller de sa petite sauce, se faisant expert international de haute volée (« si si, je connais bien le dossier, Pernaut en a parlé ce midi ! »). N’empêche, c’est bien pour les discussions en famille durant un repas, ça ouvre grandement le champ interprétatif, et pas grave si au final on plonge dans la fiction, quand ce n’est pas carrément de la science-fiction.
Avons-nous des tendances situationnistes ? Des tendances volontaires et affirmées, non; mais bien entendu nous nous retrouvons souvent dans leur élan et courant, notamment avec cette idée centrale de « la société du spectacle » de Guy Debord, ce spectacle qui s’immisce aujourd’hui dans toute interaction sociale, cette valeur du spectaculaire, qu’on pourrait aujourd’hui nommer buzz, et qui se mesure en terme d’audimat. Et sur la question du travail aussi, il y aurait bien des passerelles à faire.
Merci encore, pisteur de lueurs d’intelligence! Ici fait comme chez toi, tu peux même faire les griffes sur la tapisserie si tu le souhaites !
En lien ci-joint un entretien avec Mathieu Rigouste à propos de son ouvrage « Les marchands de peur, la bande à Bauer et l’idéologie sécuritaire »
La peur est un outil politique fondamental pour les classes dominantes. Transformée en marchandise, elle constitue le secteur d’activité d’idéologues organisés pour vendre ces produits aux gouvernements et aux complexes industriels. En France, la bande à Alain Bauer constitue la manifestation la plus exemplaire de cette collaboration intensive entre éléments de la classe politique, de la police, de l’armée, de l’industrie, de l’Université et des grands médias.
http://www.sonsenluttes.net/spip.php?article275
Bonjour !
Merci pour votre travail de qualité ! C’est vraiment super, très fouillé, clair, et invitant à la réflexion de façon à la fois sobre et enthousiaste ! C’est formidable !! 🙂
Bon, indépendamment des bisous et des câlins que je vous fais sincèrement et du fait que je vais partager votre travail avec l’ensemble de l’Univers et m’y plonger aussi moi-même, je suis un peu dubitatif sur votre angle d’approche à la fin de la vidéo (et aussi, du coup, dans .
En gros, à peu près vers 30′ et la suite, vous dites à peu près la chose suivante : la raison de tous ces biais est la suivante –> transformer les individus en consommateurs, faire gober des pubs, bref, stimuler les émotions et abaisser l’esprit critique pour mieux vendre.
Ok. Alors, tout cela est vraiment très cool et démontré de façon claire et rigoureuse, mais je trouve que c’est un petit peu partiel. Je vais essayer d’expliquer pourquoi en deux points.
1) Il me semble que la classe sociale des personnes qui font l’actualité (à savoir les grands journalistes les plus visibles qui passent en boucle à la télé, les éditorialistes et autres chroniqueurs vedettes) est un biais qui explique aussi bien la présentation violente de ce grand méchant monde. En effet, la télévision ne fait pas que présenter le monde comme violent : elle présente surtout la violence émanant des classes populaires comme omniprésente et particulièrement dangereuse et minimise la violence existante dans les classes aisées.
En gros, le monde est très violent chez les populos, et très tranquille chez les gens qui portent des cravates… Et le fait que les personnes qui le disent portent aussi des cravates est évidemment une pure coïncidence magique…
Je pense que cela se remarque notamment par la façon dont les violences dues aux protestations des salariés sont décrites de façon apocalyptique, alors que les violences présentes dans les classes sociales favorisées sont minimisées.
Exemples que vous connaissez peut-être déjà :
_Les violences populaires c’est mal : Traitement de grèves à l’usine à Continental http://www.acrimed.org/article3132.html; Pots de fleur cassés lors d’une mobilisation à PSA http://www.acrimed.org/article3957.html; Connivence entre les grands journalistes et le monde politique : http://www.acrimed.org/article3909.html; Intervention de Michel Naudy dans « Les Nouveaux Chiens de Garde » http://www.acrimed.org/article3908.html
_ Les violences des gens qui portent des cravates, c’est pas grave : (sur l’affaire DSK et son traitement journalistique) http://lmsi.net/Violeur-au-dela-du-periph
2) Il me semble aussi qu’il y a une autre origine à ce problème du grand méchant monde, qui est un problème « racial ». Attention bien sûr, je n’entends par le mot « race » qu’une construction sociale : habiter dans certains endroits (banlieue stigmatisée vs beaux quartiers) + avoir une certaine origine (descendant d’immigré africain vs descendant de français depuis plusieurs générations) + avoir une certaine couleur de peau (plutôt blanc vs plutôt basané) fait qu’on va être considéré plus ou moins bien dans la société. Je ne parle pas de patrimoine génétique, juste d’une perception socialement différente en fonction notamment de la reconnaissance par autrui des trois propriétés précédentes.
Bref, voici ce que je veux dire : la télé est socialement très homogène sur tous les plans, et notamment sur le plan de la couleur de peau (Source : http://www.discriminations.inegalites.fr/spip.php?article45&lang=fr).
Ainsi, les gens qui fabriquent l’actualité étant blancs, n’habitant pas en banlieue, et n’étant pas immigrés ou descendants d’immigrés dans leur grande majorité, ils auront tendance à présenter les endroits qui rassemblent ces populations d’une façon plus hideuse que leur propre milieu. Ou alors, ils donneront des informations tronquées car le dialogue avec ces populations est impossible, à cause du clivage trop important entre eux rendant le dialogue et la vérification des infos difficile, les habitants des banlieues se méfiant (à juste titre) des gens qui veulent les filmer pour faire un reportage de plus sur leur supposée barbarie.
Ainsi, sachant que les rédacteurs en chef sont éloignés tant socialement que professionnellement des « banlieues » pleines de noirs et d’arabes où ils ne mettent plus les pieds depuis bien longtemps, cela aboutit au fait qu’ils ont tendance à en dire n’importe quoi, à surestimer les phénomènes de violence de ces endroits là, et, quand ils existent, à ne pas en analyser les causes.
Exemples :
_ France Culture et la « banlieue » qu’il faut fuir après 16h : http://rue89.nouvelobs.com/2012/11/22/sur-france-culture-conseille-deviter-la-banlieue-apres-16-heures-237251
_ Tintin en banlieue ; analyse sociologique des biais concernant la présentation médiatique des « banlieues » : http://www.monde-diplomatique.fr/2013/09/BERTHAUT/49593
==> Il me semble donc qu’il y a un énorme biais social qui permet d’expliquer assez bien le syndrome du grand méchant monde, et j’ai l’impression que ne pas en parler explicitement rend un peu partielle votre analyse.
Je vais résumer ainsi : si une des raisons du « grand méchant monde » est visiblement commerciale, ce syndrome a probablement aussi une origine sociale très claire –> les personnes qui font l’actualité (grands journalistes, chroniqueurs vedettes, rédacteurs en chef, éditorialistes) appartiennent aux mêmes milieux sociaux et stigmatisent les classes populaires et les habitants des banlieues descendants d’immigrés car ce sont là deux mondes auxquels ils n’appartiennent pas.
Ce que je trouve un peu gênant dans votre analyse, c’est que vous parlez de cette dimension sans en parler vraiment… Quand la télé dit que le monde est violent, elle ne dit pas que tout le monde est violent mais elle vise explicitement certaines catégories et certains endroits en particulier… Pourtant, vous donnez vous-même des exemples qui l’indiquent (l’enquête pourrie à la Villeneuve + la présentation caricaturale des mouvements sociaux + la présentation affreuse des révoltes en banlieue) mais ensuite, vous restez bizarrement assez général, en indiquant juste que la télé préfère montrer la violence et faire peur pour vendre du Coca… alors que soyons clairs : elle ne fait pas que montrer « La violence », elle montre principalement la violence des gens issus des classes populaires, des noirs et des arabes. Il y a donc un gros problème social (dont j’ai essayé de mettre en lumière deux dimensions ci-dessus), et il me parait dommage que vous ne le souleviez pas explicitement, pour en rester au problème plus général de la consommation favorisée par l’anxiété, et de « La violence » qui serait constamment exhibée. Enfin, je suppose que c’est un choix, mais je trouve que ça aurait été enrichissant d’aborder aussi un peu cette dimension sociale.
[NB 1 : Ma remarque est aussi partielle car elle ne fonctionne pas du tout pour les exemples météorologiques et la santé, mais il me semble que ça marche quand même bien pour le reste
NB 2 : j’ai parlé de la France vu que c’est ça que je connais un peu mieux mais il n’est pas impossible que ce biais social fonctionne aussi pour les médias états-uniens… En effet, l’ouragan Katrina ne s’est pas abattu n’importe où mais a dévasté les quartiers pauvres et noirs de la Nouvelle-Orléans… Je me demande si on ne peut pas mettre en lumière le même facteur social qu’en France (à savoir les pauvres et les noirs sont des barbares).]
Bon, c’était un pavé un peu long, désolé… Je découvre à peine ce que vous faites et je trouve tout cela super, et j’apprends beaucoup grâce à vous. C’est juste que j’avais pensé à ça en regardant la vidéo et en lisant vos articles, et du coup, je me suis dit que j’allais partager ce ressenti avec vous 🙂
Merci encore
et bravo à nouveau pour tout votre boulot et vos analyses très intéressantes ! 🙂
Merci pour ton long commentaire fort intéressant !
Oui en effet on aurait pu aborder de tout ce dont tu nous parles ; on l’a d’ailleurs fait plus dans le « pavé » qu’on publiera bientôt.
« Ok. Alors, tout cela est vraiment très cool et démontré de façon claire et rigoureuse, mais je trouve que c’est un petit peu partiel. » La vidéo fait plus de 40 minutes, elle a demandé plus de six mois intensif de travail. On a pu le faire parce que Gull avait exceptionnellement un peu plus de temps à sa disposition. Impossible d’être exhaustif en vidéo, il nous faudrait des années de travail pour cela 🙂 Donc oui, on a pris un angle, notamment par rapport à ce que représente Raven (le gull blanc).
Merci pour cet excellent complément et cette réflexion !
Merci d’avoir pris le temps de répondre à mes impressions, c’est très gentil à vous !
Vous avez tout à fait raison, je le conçois bien, il est impossible d’être totalement exhaustif, et le fait d’aller loin dans l’approfondissement, tout en étant relativement concis et clair est un exploit déjà incroyable que vous accomplissez très bien ! Je ne veux surtout pas donner l’impression de minimiser votre travail en arrivant tranquillement après, mon Coca et mon Pop-Corn à la main :D, et de pinailler en disant « ah tiens, ils auraient pu parler de tel détail, c’est n’importe quoi »…
Le côté social m’intéresse pas mal, du coup, j’ai remarqué ça en 1er mais je crois que votre angle d’approche permet de bien couvrir le phénomène de façon globale et en intégrant en plus beaucoup de représentations terrifiantes du « grand méchant monde » (crise perpétuelle dans l’économie, météo, santé etc) que l’angle social n’aurait probablement pas permis de traiter. Enfin, voilà, je me suis dit que j’allais vous proposer mon ressenti pour continuer la discussion en accentuant un autre aspect qui me paraissait aussi intéressant, mais comme indiqué, votre travail est vraiment très riche et enthousiasmant !
Mille mercis à nouveau pour cette invitation dynamique à la réflexion ! 🙂
« Je ne veux surtout pas donner l’impression de minimiser votre travail en arrivant tranquillement après, mon Coca et mon Pop-Corn à la main :D, » On avait bien compris 🙂 Les commentaires sur le blog c’est aussi fait pour ça, pour le partage d’idées, de liens… Tu as très bien fait d’apporter cet éclairage différent ! Et… bienvenue sur le blog 🙂
Désolé, j’ai fait un mauvais copier-coller, il y a une parenthèse qui ne sert à rien dans le 3ème paragraphe… Hum, ça c’est le signe que je suis fatigué, vite, je vais tout de suite aller siroter un Coca devant BFM TV pour me reposer un peu 😀
La France a peur en FM a la radio ici! Feu de tout bois 147
http://www.rdwa.fr/Feu-de-tout-bois-147_a4931.html
avantaj : la lektur des sou-titr de la TV étazunièn = + d’aksésibilité! (pèrso je sui inkapabl de lir lé sou-titr, nou som 40 a 60% de frankofon dan le mèm ka! (s’è ma propr éstimasion )) donk pour un projèksion publik, n’ézité pa a chopé l’odio sur Rdwa!
Kontinué se supèr boulo d’analiz! on en reparl sur « Radio Diois » 107.5FM a l’okaz, (envi notaman : lèktur de l’artikl sur le brutalism … kontakté moa a la radio (réjion France – Drôme) si sa vou di de fèr dé voa…)
pour FDTB, Alin
Bonjour! Je viens de découvrir votre blog il y a pas longtemps et je n’ai pas eu le temps de lire tous vos articles mais ils sont vraiment géniaux, ils invitent réellement à la réflexion et surtout sont très enrichissants dans le sens où ils apportent des informations sur des sujets dont personne ne parle réellement et les vidéos d’autant plus, particulièrement celle-là selon moi, qui met en avant une idée, qui a déjà été abordée quelques fois, mais jamais aussi explicitement qu’ici, où on a réellement des vraies preuves, avec des vraies chiffres, des vraies études mais aussi les explications du pourquoi faire peur mais également de comment ça marche et surtout le plus important : « les solutions » qui vont avec, et pas uniquement tout balancer d’un coup et puis on a plus qu’à se démerder avec quoi. Donc voilà je tenais vraiment à dire que ce que vous faites est réellement utile et vous êtes véritablement une source d’inspiration pour notre blog qui est tout récent! Et j’ose justement vous laisser le lien, si jamais vous aurez des conseils ou des critiques à nous laisser, ce qui serait vraiment très aimable : http://XYNXX.wordpress.com donc voilà merci, et continuez!
Merci ! On passera sans doute sur ton blog faire un petit commentaire ; déjà d’un point de vue purement graphique, c’est très clean, très agréable à lire et regarder.
Rien que d’être passé dessus, c’est déjà super sympa! Merci beaucoup!
Bonjour,
Votre vidéo est excellent ainsi que toutes les autres continuez ! Ou peut on trouver les pistes audios utilisées dans votre vidéo?
Merci ! Alors en principe, tu trouveras des infos dans les commentaires youtube de la vidéo en question ; si c’est une demande précise, indique-nous le moment exact de la musique que tu cherches pour qu’on puisses t’éclairer 🙂
[…] Les victimes remplaceront tout ce qui leur a été abîmé mais il est possible qu’elles aient doublé leurs dépenses en matériel de sécurité, par peur que cela se reproduise. Elles supposent sans doute que des personnes comme Russ ne se calment pas juste parce qu’on les a punies, et qu’au regard de la manière dont sont traités les affaires de ce type, aucun délinquant, même attrapé, ne s’assagit. Possible qu’elles se sentent toujours en insécurité, qu’elles aient peur, qu’elles aient du ressentiment. Surtout si elles sont télévores… […]
Lien mort pour la mécanique infernale :
http://www.dailymotion.com/video/x2kdtkb_emeute-en-banlieue-la-mecanique-infernale_webcam
[…] Contrairement au dernier article basé sur un ouvrage (le marketing de soi), nous ne reprochons rien à « Very Bad Buzz », que ce soit son contenu ou sa forme. Il est franc du collier, intéressant, et cynique au point de nous avoir arraché quelques éclats de rire (mais était-ce l’effet souhaité ?). Comme beaucoup de communicants ou « spins doctors », l’auteure a le mérite d’exposer les choses sans fard, aussi horrible soit ce qui peut être dit. Le discours est au moins très clair dans ses positions. Là, totalement « décomplexée » elle compare le Net à une secte tout en inversant le syndrome du grand méchant monde : […]
[…] on leur apprend ce cadrage. « Les médias », est une de nos thématiques phares (notamment avec la France a peur et ce dont on a pu parler dans l’Homme formaté ), c’est un sujet complexe, car de […]
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[…] en savoir plus sur cet épisode, le site Hacking social a réalisé un descriptif complet de cette vidéo en y ajoutant quelques détails non dits dans la vidéo ainsi que les sources des […]
[…] La France a peur, par Hacking Social, 11 Novembre […]