Sommaire de l'article
Nous l’avions promis ;), voici la surprise du 27 août :
- Sur viméo :
- Sur Youtube :
Sur peertube :
Lutter contre la pseudoliberté et tendre vers la liberté
Le 23 novembre 2013 naissait la chaîne Horizon-Gull avec un petit prologue :
Ce prologue consistait à poser les jalons de notre démarche : celle d’interroger la société sous le prisme des sciences humaines, celle d’identifier les diverses manipulations psychologiques, les biais, les déterminants sociaux… La finalité d’une telle démarche étant la « liberté ».
Si je mets le mot « liberté » entre guillemets, c’est bien pour signifier que les problématiques sur la liberté s’insinuent déjà dans le terme même : par liberté, on entend tout et n’importe quoi, et il n’est pas étonnant de voir les uns et les autres s’accusant mutuellement de tyrannie et se proclamant seuls détenteurs de cette suprême valeur qu’est la liberté sans y voir une contradiction.
Paradoxalement, se battre pour la liberté, ce n’est pas tant s’en réclamer, ni pointer du doigt des tyrans, mais plutôt déconstruire toutes ces illusions pseudolibérales. La grande illusion étant la croyance en une liberté absolue, un libre-arbitre tout puissant, faisant du sujet pensant un être hautement responsable. Selon cette croyance, l’action libre serait comme une création divine : une cause sans cause. Or, il paraît difficile, sauf à l’assumer comme croyance quasi-religieuse, de soutenir l’existence de telles causes incausées.
Chacune de nos actions, de nos pensées, de nos croyances, n’émane pas d’un néant, encore moins du démiurge que nous serions pour notre existence. Nous sommes toujours en interaction, plongés pleinement dans un contexte, dans une situation, nous tenant sur un solide échafaudage d’habitudes, de prêt-à -penser, de représentations…
C’est cet échafaudage, cet océan d’interactions, de déterminants, que nous voulons examiner, interroger. Nous préférons ainsi parler d’autodétermination plus que de liberté, et cette autodétermination n’est possible qu’en prenant en compte ce qui nous détermine et en nous concevant nous-mêmes comme déterminant. Cette démarche s’articule dans ce que nous avons nommé le Hacking Social (pour une définition du Hacking Social, vous pouvez consulter cet article https://www.hacking-social.com/about/ , ou celui-là https://www.hacking-social.com/2015/10/01/reintroduction-au-hacking-social/).
Via les vidéos, cette investigation a débuté par le vêtement : l’habit fait le moine.
On nous a inculqué très tôt dans notre éducation que les apparences sont trompeuses, qu’il ne faut pas juger un individu selon sa tenue vestimentaire, son look… Cet enseignement moral fait presque office de déni : « on a dit que les apparences ne sont pas importantes, qu’il faut les dépasser ; voilà , c’est dit, on passe à autre chose… ». La sociologie, la psychologie sociale, nous rappellent sans cesse que nous vivons dans un monde d’apparences, que ces apparences participent à nos fictions sociales, à un classement et à une hiérarchie sociale. La tenue vestimentaire contribue à orienter nos comportements, nous valorisant ou nous dévalorisant quand nous sommes en interaction avec autrui.
Notre champ d’investigation nous a amené à nous intéresser plus particulièrement au monde des images, que ce soit les images et représentations véhiculées par les médias, ou encore par les publicités. Cela constitue l’un des moteurs de nos représentations socio-culturelles et idéologiques.
Par exemple, la manière dont nos JT sélectionnent les informations par ordre d’importance n’est pas anodine : les bonnes nouvelles (autres que les victoires sportives), les découvertes scientifiques, ne sont pas bonnes pour l’audience (ou rarement) ; les mauvaises nouvelles, les catastrophes, les faits divers, captent davantage l’attention. Conséquence : c’est un véritable tableau noir du monde qui nous est dépeint, ce que Gerbner nommait « le syndrome du grand méchant monde ».
Pour attirer la public, pour susciter de l’intérêt, il faut faire peur, il faut promettre des révélations, il faut dénoncer :
C’est cette même recherche de l’audimat, de l’audience, qui a pu conduire le journalisme vers la facilité du clickbait.
Pourquoi cette recherche de l’audience, de l’audimat ? Pour des raisons économiques. Aujourd’hui, c’est la publicité qui finance une grande part des médias, que ce soit à la télé, sur papier, ou sur Internet. Ainsi, plus votre audimat sera important, plus vous recevrez un revenu publicitaire plus important, ce qui pousse les acteurs de l’image à privilégier le sensationnel à l’informationnel. Les youtubers n’y échappent pas, et c’est là aussi une des raisons pour lesquelles nous avons décidé de ne pas recevoir de revenu publicitaire sur Youtube.
La publicité est devenue l’iconographie religieuse de notre époque. Car les publicités ne vantent pas seulement un produit, elles vantent surtout un monde, l’idée du genre humain, de ce qu’est la réussite sociale.
Ce sont des messages qu’on nous martèle, la publicité ayant pour fonction d’occuper notre esprit, de s’insinuer dans notre mémoire. Cela passe par des moyens techniques très simples mais efficaces, tels que le Gimmick :
De manière plus générale, nous avons voulu présenter tous ces leviers qui peuvent nous orienter ou nous biaiser. Le format XP a été forgé en ce sens, s’appuyant sur la recherche scientifique en psychologie sociale.
Nous y avons par exemple parlé de conformisme :
 d’ethnocentrisme :
d’effet de rareté :
ou encore de réciprocité :
Nous n’allons pas passer en revue toute les vidéos que nous avons pu réaliser sur la chaîne, mais ce petit retour en arrière est surtout destiné à mettre en avant notre fil conducteur, la cohérence que nous voulons donner à ce projet.
Si on peut consacrer tout notre temps à la chaîne et au site, c’est grâce à vous <3
Ce projet nous tient à cœur, trop parfois, et cela nous a conduit à une certaine frustration : celle de ne pouvoir consacrer plus de temps à la chaîne. En effet, il est difficile de mêler impératif professionnel et activité de vidéastes, surtout quand on a pris l’habitude de faire des vidéos longues et complexes à réaliser (tout cela avec quasiment aucun moyen financier). Pour le coup, c’est la situation qui a été préjudiciable. Or, n’est-ce pas le changement de situation que nous recherchons en tant qu’hackers sociaux ? Si la situation nous frustre, si elle ne nous permet pas de faire ce que nous voulons vraiment, intrinsèquement, pourquoi ne pas la changer ?
Voilà ce qui nous a fait sauter le pas, cette profonde envie de nous consacrer pleinement et « librement » à la chaîne.
Nous allons consacrer plus de temps aux vidéos, ce qui devrait avoir pour conséquence directe une plus grande régularité du contenu. Attention toutefois, cela ne signifie pas que nous allons privilégier la quantité à la qualité. D’ailleurs, quand nous disons « plus grande régularité », nous n’entendons pas sortir une vidéo chaque semaine. En fait, nous ne nous fixons pas vraiment d’impératif temporel, pour la simple raison que ce serait le meilleur moyen de saturer, de perdre de vue notre finalité, de perdre notre motivation intrinsèque.
Quoi qu’il en soit, il est certain qu’il ne faille plus attendre 3-4 mois entre chaque vidéo, et ça nous pouvons l’affirmer sans nous mettre la pression.
Tout cela n’aurait pas été possible sans votre soutien, notamment les dons via Tipeee :
Certes, Tipeee ne nous permet pas encore de vivre de nos vidéos, mais cela nous a permis de tenter l’aventure de nous mettre à plein temps sur la chaîne, du moins pour la période scolaire 2018-2019. Début 2019, nous pourrons déjà faire un premier point sur cette aventure, et avant l’été prochain nous aurons à prendre la décision de renouveler ou non cet investissement à plein régime. C’est donc un engagement sur un an, potentiellement renouvelable 🙂
Nous voyons dans ce changement la fin du commencement : pendant 5 ans nous avons inauguré notre ligne éditoriale, posé différents formats ; désormais, le livre est ouvert, le prologue est terminé, nous écrivons le premier chapitre. Ce chapitre sera-t-il celui de l’émancipation, de la liberté ? Nous l’ignorons. Peut-être que cette aventure est une erreur, matériellement parlant, que nous viendrons à le regretter dans quelques mois. Mais une chose est certaine : ce risque en vaut la peine, ne pas le prendre aurait engendré un regret encore plus fort, quoiqu’il arrive.
Alors, risquons ! Et comme le disait un grand homme « JUMP ! ».
En voir plus
- Les livres papiers (et en ebooks gratuits) dont nous parlons dans la vidéo :
- Les livres en ebooks gratuits :
Nous avons parlé de ces sujets également ici :
- Sur la notion d’autodétermination, on a rédigé une première présentation ici : une histoire d’autodetermination
À titre d’information j’en suis déjà à plus d’une centaine de pages de rédigée à ce sujet pour le prochain livre, cette théorie est une source considérable, formidablement non allégeante. Ainsi en attendant je vous recommande très vivement le site et le twitter de la SDT (self determination theory) : http://selfdeterminationtheory.org/ et https://twitter.com/centerforSDT ; l’un des inventeurs originels de cette théorie est également sur twitter : https://twitter.com/richardmryan3
- Au sujet de la pseudoliberté, du néolibéralisme :
- dans le dossier pôle emploi (qui ne parle pas que de PE) : au cÅ“ur d’un formatage
- et dans le dossier « espèce de facho » : [F4] Libéralisme ou conservatisme… une histoire d’ignorance et de confusion
- indirectement avec une présentation du flow : le bonheur n’est pas celui qu’on vous vend.
Dès lundi prochain, je vais commencer à vous livrer un gros dossier beaucoup plus complet sur cette notion passionnante 😉
- Cette conférence montre des exemples d’entreprises non faussement libérées :
- Au sujet de l’apparence, nous avons aussi parlé du badge en entreprise : badge en entreprise : le salarié mis à nu
- On a parlé du syndrome du grand méchant monde également ici : paranoïa, racisme,… une explication psychologique ?
- Sur le clickbait : le secret des titres racoleurs
- sur le conformisme : l’homme est un mouton ?
- Sur l’ethnocentrisme : « Nous forts et bons, eux faibles et mauvais ! »
Merci pour ce beau projet !
Etant en M2 de psychologie sociale et du travail, vos travaux me parlent beaucoup (d’ailleurs sur un de vos articles, vous aviez cité un de mes enseignants en référence ^^). Le Hacking Social est quelque chose que j’aimerais également porter en faisant également de la vulgarisation scientifique.
Donc un grand merci pour ce que vous avez fait et les vocations que vous avez pu faire émerger !
Merci infiniment <3 C'est vraiment avec un immense plaisir de pouvoir donner des choses qui soient perçues comme intéressantes – également aux sociopathes 😀
Je crois deviner l'enseignant dont tu parles au vu des informations que tu as données (Bernard Gangloff ?) 😀 Si c'est bien lui, je vais peut être t'envoyer un mail à ce sujet, car j'ai une immense gratitude pour ces travaux qui me sont quotidiennement utiles sur la question de l'allégeance : j'y réfléchis constamment, ça m'aide énormément à observer de façon plus fine tous les livres que je lis, à observer avec de nouvelles « lunettes » certains phénomènes sociaux que j'observe, et plus vivement encore c'est en train d'innerver tous mes travaux sur hacking social tant cette notion me devient importante. J'aimerais le remercier plus directement, mais on verra peut-être cela par mail 😉
Je t’ai répondu (je sais pas si tu as reçu la réponse) 🙂
oui ! je vais re-re répondre en retour bientôt 😉
Un immense merci à vous ! Depuis que je vous suit, j’ai mis à profit tout ce que j’ai pu tirer de vos articles et vidéos !
C’est un véritable soulagement de vous entendre dire que vous allez donner une chance à ce projet en y prenant part à temps plein ! Pour sûr je vous aidera en faisant des dons réguliers sur tipee !
Continuez à nous apprendre comment vivre mieux ensemble, dans l’harmonie et le respect !
merci beaucoup <3
Mais juste un IMMENSE Merci !
Quel travail accomplit ! Et surtout quelle clarté dans les explications. Chapeau bas !
C’est tellement agréable de se coucher moins bête 😀
<3 <3 <3
[…] Lire l’articleLa fin du commencement : la liberté ?! […]