Nous sommes heureux de pouvoir acter la rentrée de la chaîne avec ce nouvel épisode d’XP, consacré cette fois au biais d’auto-complaisance :
sur peertube :
Sur viméo :
Sur youtube :
Un Game Over dans un jeu, une mauvaise note à un examen, un échec suite à une action pourtant entreprise avec soin, et voilà que nous nous mettons parfois à invoquer des facteurs extérieurs qui auraient pu nous échapper et qui pourraient expliquer ce résultat indésirable: “J’ai raté, mais ce n’est pas faute, je n’ai pas eu de chance”, “je n’ai pas obtenu ce que je voulais, tout ça à cause de mes collègues….”.
Curieusement, dans des cas contraires telle qu’une réussite impromptue, voilà que nous renonçons à explorer ces causes explicatives extérieures, préférant souvent se faire soi-même le principal, voire unique, artisan d’un tel succès: “J’ai réussi, c’est grâce mes efforts, à mes compétences, rien à voir avec la chance”.
Cette tendance que nous avons face à l’échec ou à la réussite à invoquer les explications qui nous arrangent le plus a été nommée par les chercheurs le “biais d’autocomplaisance” ( self-serving bias en anglais, bien que dans la littérature ce biais est parfois nommé différemment comme egotistical attributions, difficulté supplémentaire car le biais d’autocomplaisance et le biais egocentrique ne sont pas définis de la même manière).
Ce biais déjà articulé par le psychologue Fritz Heider puis par Miller et Ross (1975) peut se définir ainsi : le biais d’autocomplaisance désigne la tendance que nous avons à endosser une importante responsabilité pour des résultats souhaitables et à réduire sa responsabilité pour des résultats non souhaitables.
Par exemple, si un étudiant obtient un résultat non désiré à un examen, il aura tendance à réduire sa part de responsabilité en allant invoquer des causes extérieures à ses efforts ou à ses compétences, tels que la trop grande difficulté du test, la sévérité du correcteur, ou tout simplement la malchance d’être tombé sur le mauvais sujet. A l’inverse, si ce même étudiant obtient le résultat escompté, il aura tendance à endosser plus grandement la responsabilité de ce succès, rejetant bien souvent d’autres causes explicatives tels que la facilité de l’examen, la grande bienveillance du correcteur, ou la chance d’être tombé sur le rare sujet qu’il maîtrisait à peu près.
Autre exemple, si un employé n’obtient pas la promotion désirée, il pourra en invoquer des causes extérieures à son propre travail, tel que le manque de chance, voire la conséquence d’une décision injuste de la part ses supérieurs ; en cas de promotion tant attendue, ces causes seront souvent rejetée, du moins réduites, point de chance ni d’injustice par rapport aux autres: s’il y a promotion, c’est que c’est mérité !
Les attributions causales
Cette vidéo vient compléter deux précédents épisodes d’XP:
-
Celui consacré à l’erreur fondamentale d’attribution :
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Celui consacré à l’erreur ultime d’attribution, épisode où nous avions d’ailleurs évoqué pour la première fois le biais d’auto-complaisance :
Ces trois vidéos ont en commun de présenter des biais qui appartiennent au champ de recherche des attributions causales. Ce champ a été inauguré par Fritz Heider en 1958 avec la publication de son ouvrage The psychology of Interpersonnal Relations. Heider définit l’attribution comme essentielle car elle permet à l’individu “d’appréhender la réalité, pour la prédire et la mesurer”. Pour faire simple, face à un évènement, l’individu va s’interroger sur les causes lui permettant de comprendre et de l’expliquer, se demandant notamment si ces causes ont un caractère personnel (propre à l’individu, aux acteurs présents, causes internes) ou impersonnel (indépendant de soi-même et/ou des acteurs concernés, causes externes).
Les recherches en la matière ont pu dégager trois dimensions dans nos attributions (Weiner, 1972). Dans nos vidéos nous nous sommes concentrés sur une seule: le lien de causalité (externe-interne).
Profitons de ce court article pour préciser les deux autres dimensions que nous avons délaissé:
– La contrôlabilité, c’est-à-dire le degré d’influence volontaire qu’on peut exercer sur la cause (par exemple, la cause qu’est la compétence est une cause interne contrôlable, alors que l’humeur est une cause interne incontrôlable).
– La stabilité, c’est à dire ce qui correspond au caractère temporelle de la cause (la compétence est une cause interne contrôlable et durable, donc stable; alors que l’humeur est une cause interne incontrolable et temporaire, ponctuelle, pas toujours prévisible, donc instable).
Pour que ce soit plus clair, prenons des exemples.
Mettons que je passe un examen. J’ai obtenu une mauvaise note, j’en invoque la malchance, car je suis arrivé en retard à cause d’un embouteillage suite à un accident, perdant beaucoup de temps. La malchance est une cause externe (extérieure à mon action), mais elle est aussi instable car elle a été imprévisible et n’est pas censé se reproduire, l’embouteillage étant inhabituelle, et elle est incontrôlable, car je ne peux rien faire pour maîtriser cela. Mettons que j’attribue désormais mon échec à un manque de compétence de ma part, c’est là une cause interne, stable (car sauf à m’améliorer, mon niveau de compétence ne changera pas, cette cause est stable) et contrôlable (car je peux volontairement en faire usage).
Ces trois dimensions permettent donc de préciser, de nuancer les causes attribuées, et elles auront des conséquences différentes. Nous ne l’avons pas directement préciser dans la vidéo, car nous ne voulions pas complexifier plus que nécessaire, l’objectif étant principalement de présenter ce biais ainsi que ses conséquences sur soi-même et sur autrui. Cependant, nous avons tout de même évoqué indirectement la dimension de la stabilité à propos des attentes que nous pouvions avoir suite à nos attributions.
En effet, si j’estime avoir réussi une tâche en vertu de mes compétences, cause interne stable, je m’attendrais à un résultat similaire lorsque je devais réitérer la dite tâche dans les mêmes conditions. Or, si je me suis fourvoyé, que j’ai par exemple sous-estimé le rôle de mes camarades et surestimé mes compétences, les résultats seront bien différents de mes attentes, avec les conséquences que nous avons évoqué dans la vidéo (défense de l’estime de soi en s’autovalorisant par exemple, ou accusation d’acteurs extérieurs….).
C’est donc cette dimension de la stabilité dans nos attributions qui peut nous amener à biaiser nos attentes.
Crédits
Écrit et réalisé par Gull Hackso & Viciss Hackso
Musique générique intro : Wassyl ALDAIS
Avec:
- Gull
- Technicien
- Gilles de Roy
- Le Directeur
- Nicolas Rolls
Montage : Technicien
Illustrations de Bob : Charles BOIDIN
Musiques
- – « Title », « Revelations », « Japanese Garden », Metal Gear Rising Soundtrack, de Jamie Christopherson, 2013
- – « Eye For An Eye (Reprise) », Ded Sec Watch Dogs 2 (OST), de Hudson Mohawke ; 2016
- – « Hydrogen », « Daisuke », Hotline Miami OST, de M.O.O.N, El Huervo feat. Shelby Cinca , 2012
- – « Lost Ship (Battle) », « Rockmen », « Colonial (Explore) », FTL- Advanced Edition Soundtrack, de Ben Prunty, 2014
- – « Under Pressure », Music from Crash Bandicoot N. Sane Trilogy, de Vicarious Visions,2017
- – « Riding (Day) », «Goron City », The Legend Of Zelda Breath Of The Wild Original Soundtrack, de Manaka Kataoka, Yasuaki Iwata et Hajime Wakai, 2018
- – « International Man Of Mystery », Person Of Interest Seasons 3 & 4 OST, de Ramin Djawadi, 2016
- – « Vivi’s Theme », Final Fantasy IX Original Soundtrack, Nobuo Uematsu, 2000
- – « The Woodlands », OCTOPATH TRAVELER Original Soundtrack, de Yasunori Nishiki, 2018
- – « Emerald Labyrinth », Before Meteor FINAL FANTASY XIV Before Meteor OST, de Masayoshi Soken, 2013
- – « The Observer », Final Fantasy V – The Fabled Warriors ~II. WATER~, de Juan Medrano, Mazedude, halc, DarkeSword, prophetik music, Jeff Ball, Brandon Strader, RiverSound , 2016, http://ocremix.org/
- – « Rides The Shoopuf », Final Fantasy X HD Remaster Original Soundtrack, de Nobuo Uematsu, 2013
- – « Raiden in VR mission sneaking », MGS2 Substance Limited Sound Track Ultimate Sorter Edition, de Norihiko Hibino, 2002
- – « Honeybee Manor » « Oppressed People », Final Fantasy VII Original Sound Track, de Nobuo Uematsu, 1997
- – « Training in the Sewers (Zodiac Age Version) », Final Fantasy XII The Zodiac Age Original Soundtrack, de Hitoshi Sakimoto, Nobuo Uematsu, Hayato Matsuo, Masaharu Iwata 2017
– « ‘Uno’- Ass over Tea Kettle », Better Call Saul [Original TV Soundtrack], de Dave Porter, 2017 - – « The S.A.R.A.H. Mobile », Eureka OST, de Bear McCreary, 2008
- – « Out of Phase », Parasite Eve I & II Original Soundtrack, de Yoko Shimomura
Naoshi Mizuta, 2011 - – « Ice Cave », SUPER MARIO ODYSSEY OST, de Naoto Kubo, 2018
- – « In Stasis », Celeste Farewell OST, de Lena Raine, 2019
- – « Fucksociety.mp3.flac », Mister Robot Season 1 OST, de Mac Quayle, 2016
- – « Sword Search », The Legend of Zelda Link’s Awakening Original Soundtrack, 2019
Illustrations/Images
- Icon Noun project
- corpus delicti
- Elisabeta
- Gan Khoon Lay
- Adrien Coquet
- Alice Design
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Bibliographie
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Bonjour,
A première vue, biais très présent dans le domaine socio-politique lorsqu’on raisonne par « groupes » (supposés homogènes) et qu’on l’on a tendance à rejeter sur un de ceux-ci la responsabilité de nos difficultés (qui peut être parfois réelle mais partielle ou très variable selon chaque cas).
Par exemple à l’extrême-droite, ceux qui vont expliquer que ce sont « les immigrés » qui font qu’ils ne trouvent pas de travail, ou « les arabes » qui sont responsable de leur échec scolaire.
Et à l’extrême-gauche, ceux qui vont expliquer que ce sont « les Blancs », ou « les hommes » qui leur mettent des bâtons dans les roues dans leur réussite sociale et professionnelle.
Dans tous ces cas, la position implicite est celle de victime, ce qui exclut en effet tout facteur personnel dans l’obtention du « résultat » (et accessoirement, permet la désignation d’un « ennemi » facile à identifier, ce qui est évidemment une vieille recette de motivation/propagande militante).
Je pense pas que ce soit comparable via uniquement le biais d’autocomplaisance ; en psychologie politique, l’extrême droite et l’extrême gauche sont totalement opposé, même psychologiquement, ont très peu de point communs (cf les études sur l’autoritarisme / le dogmatisme -,on en a parlé un peu ici : https://www.hacking-social.com/2019/09/02/mcq-le-potentiel-fasciste-lautoritaire-et-le-dominateur/ ) ; le discours centré sur la responsabilité individuelle uniquement (par exemple plus présent dans le néolibéralisme, donc de droite) est tout aussi biaisé parce qu’il peut être allégeant (on en a parlé ici https://www.hacking-social.com/2019/02/04/mqc-la-norme-dallegeance-une-forme-de-soumission/ )
Bonjour,
Je vous ai découvert il y a assez peu de temps et donc désolé de déterrer une ancienne vidéo.
J’ai tiqué sur le biais d’autocomplaisance, je m’explique:
Étant convaincu de l’inexistence du mérite dans notre société, et de la grande part que joue la chance dans le devenir de nos projets ou de nos existences, j’ai conscience du fait que l’autocomplaisance joue certainement un rôle dans nos échecs: invoquer la malchance ne permet pas toujours d’expliquer l’avortement ou l’échec d’un projet qui nous tient à cœur (décrocher un examen, avoir un bon stage…). Cependant, il est clair que la chance, ou plutôt le hasard, c’est à dire l’ensemble des paramètres que l’on ne peut manipuler va jouer un rôle dans le devenir d’une personne.
Je pense notamment à la très bonne vidéo de linguisticae sur le sujet:
https://www.youtube.com/watch?v=ezdtQIrO8oI
Vous vous en doutez, je suis plutôt aligné politiquement à gauche. Lors d’une discussion avec un camarade plutôt alignè à droite sur l’échiquier politique, celui-ci m’a asséné le biais d’autocomplaisance comme responsable de mon sentiment d’injustice et de malchance de ma non-capacité à décrocher un travail qui me plaise.
Je ne demande pas de savoir qui a raison sur le sujet. Me remettant souvent en question, j’aimerais simplement savoir si les deux notions (autocomplaisance, et inexistance du mérite attribuée à la chance) sont forcément incompatibles entre elles (je me doute que non, mais j’avoue ne pas savoir comment me documenter à ce sujet).
En vous remerciant d’une éventuelle réponse,
Respectueusement,
Disons que les questions politiques, l’angle des biais est non pertinente pour expliquer pourquoi untel adhére à telle ou telle politique ; pour comprendre la position politique d’une personne, en psycho on aurait davantage à penser la question des besoins, des motivations et des attitudes, qui sont beaucoup plus déterminantes dans les choix politiques (on a vu ça en détail par exemple pour l’autoritarisme de droite ici : https://www.hacking-social.com/2019/09/02/mcq-le-potentiel-fasciste-lautoritaire-et-le-dominateur/ et là : https://www.hacking-social.com/2017/01/16/f1-espece-de-facho-etudes-sur-la-personnalite-autoritaire/ .
En ce moment, je vois un peu partout un gros problème à utiliser les biais comme une arme pour décrédibiliser autrui : or un biais est une erreur inconsciente (donc personne ne fait « exprès » ou valorise/entretient ses biais) et qui a des raisons d’être qui ne sont pas d’ordre politique, souvent la raison est sociale. Par exemple, on va faire un biais d’autocomplaisance lors d’une discussion pour ne pas perdre la face, pour ne pas s’humilier devant l’autre ; or soutenir une position politique contraire à celui d’en face est une prise de risque dans l’interaction (ça peut virer à la conversation houleuse par exemple), là où dans une dynamique complaisante, on irais plutôt dans le sens qui plait à l’autre ou qui nous fait paraitre fort. En tout cas, on a tous des biais de temps à autre, différents, mais l’attitude politique n’est pas fondée sur ces biais, mais davantage sur nos besoins, les environnements sociaux qu’on a connu, et qui ont répondu ou ont sapés nos besoins, nos attitudes, parfois même aussi des traits de personnalité (par exemple le trait « ouverture à l’expérience » est lié à des choix politiques plus orientés vers des libertés plutôt que des limitations/contrôle, que ce soit un versant de gauche ou droite).
Bon courage avec cet ami 🙂
C’est assez impressionnant la diversité des cadres à prendre en compte, ça me soufflera toujours. J’irais regardes les vidéos dont vous m’avez parlé, elles ont l’air très intéressantes. Merci pour la réponse, c’était très instructif.