Sommaire de l'article
- Important : les diffĂ©rentes versions de lâĂ©pisode
- Pourquoi avons-nous choisi de consacrer toute une série sur ce thÚme ?
- Questions
- Parlez de lâautoritarisme sous lâangle de lâindividu, nâest-ce pas sous-estimer, voire dĂ©nier les dĂ©terminants socio-culturels ?
- Alors que nous traitons de lâautoritarisme, la premiĂšre partie semble se focaliser principalement sur les discriminations (racisme, sexisme, antisĂ©mitismeâŠ). Pourquoi ?
- à quand la deuxiÚme partie et ses suites ?
- Pour aller plus loin
- Bibliographie
Quand on parle dâautoritarisme, on pense spontanĂ©ment Ă une forme de gouvernance, on sâimagine les dĂ©rives autoritaires dâun chef, dâun gouvernement, dâune institution, etc.
Or, cet angle nous fait parfois omettre dâautres perspectives, notamment la question de lâautoritarisme chez les individus lambda, non pas sous une perspective exclusivement idĂ©ologique, mais via un angle psycho-sociologique. Et câest prĂ©cisĂ©ment Ă cet angle que nous allons ici nous intĂ©resser.
Cette vidĂ©o est la premiĂšre partie dâune sĂ©rie consacrĂ©e aux Ă©tudes portant sur la personnalitĂ© autoritaire. Dans cette partie, nous nous concentrons sur les premiĂšres enquĂȘtes, sur les Ă©tudes dâAdorno et de ses collĂšgues, initiĂ©es dans les annĂ©es 40 alors que la Seconde Guerre Mondiale faisait encore rage. Nous allons y prĂ©ciser leur premiĂšre phase qui demeure sur le terrain des opinions, les chercheurs voulant dĂ©limiter les attitudes associĂ©es Ă lâautoritarisme, ce qui leur permettra dâĂ©laborer trois Ă©chelles de mesure : une Ă©chelle de lâantisĂ©mitisme, une Ă©chelle de l’ethnocentrisme et une Ă©chelle de conservatisme politico-Ă©conomique.
La deuxiĂšme partie, prĂ©vue dans plusieurs semaines, se concentrera sur la deuxiĂšme phase de leur enquĂȘte : lâĂ©chelle F.
Sur youtube (qui impose maintenant des pubs alors qu’on est dĂ©monĂ©tisĂ© volontaire đ ) ; n’oubliez pas d’activer votre bloqueur de pubs :
Sur vimeo (téléchargeable, version plus longue, sans pub) :
Les autoritaires p1 – Les premiĂšres enquĂȘtes (version longue) from Gull Hackso on Vimeo.
Sur peertube (sans pub ) :
Important : les diffĂ©rentes versions de lâĂ©pisode
Cette vidĂ©o a la particularitĂ© dâexister en deux versions : une version standard (celle de Youtube) et une version longue (disponible en dehors de Youtube).
Pourquoi deux versions ?
Ce nâest pas un choix de notre part, mais une consĂ©quence de la politique Content ID de Youtube qui a bloquĂ© la version originale en raison dâextraits dâarchives. La version Youtube est donc un montage oĂč lâon a retirĂ© les illustrations « problĂ©matiques ». En lâĂ©tat, cette suppression des illustrations ne changent rien au contenu de la vidĂ©o, vous ne serez donc pas lĂ©sĂ©s si vous regardez la version Youtube.
Cependant, nous avons voulu rendre disponible la version originale, qui devient donc en quelque sorte une version longue (4 minutes en plus).
Pour accéder à cette version, trois solutions :
- Le tĂ©lĂ©chargement direct (non seulement vous aurez la version longue, mais vous bĂ©nĂ©ficierez dâune qualitĂ© supĂ©rieure aux versions Internet) :
https://mega.nz/file/rds00BrS#gshwR1EyIPCST69ceUUi-alT962yskoFDVG5V990KE4
- La version Vimeo (vous pouvez regarder la vidéo sur le lecteur, mais aussi télécharger directement la vidéo selon la qualité que vous souhaitez) : https://vimeo.com/496438064
- La version Peertube. https://alttube.fr/videos/watch/f36b5a1c-4629-4750-af79-b9a9993b7a45
Pourquoi avons-nous choisi de consacrer toute une série sur ce thÚme ?
Ce nâest pas la premiĂšre fois que nous travaillons sur lâautoritarisme : Viciss avait ouvert la voie en 2017 en publiant un long dossier sur la PersonnalitĂ© Autoritaire (que vous pouvez retrouver ici : https://www.hacking-social.com/2017/01/16/f1-espece-de-facho-etudes-sur-la-personnalite-autoritaire/). DĂšs la publication de ce dossier, Viciss et moi avons discutĂ© pour lâadapter en vidĂ©o, mais Ă lâĂ©poque je ne me sentais pas apte Ă traiter un tel sujet.
Dâune part, je ne savais pas sous quel angle le dĂ©velopper, quel ton adopter. Par exemple, il Ă©tait difficile pour moi dâenvisager dây Ă©crire des scĂ©nettes humoristiques comme jâavais lâhabitude de le faire sur dâautres thĂ©matiques. Je ne dis pas quâil nâest pas possible dâaborder ce sujet sous un ton lĂ©ger, ce que je dis plutĂŽt câest que pour cela il serait nĂ©cessaire de possĂ©der une finesse dâesprit et dâĂ©criture que je nâai pas la prĂ©tention de possĂ©der.
Dâautre part, un tel sujet nĂ©cessiterait quâon rĂ©alise plusieurs heures de contenus, dâoĂč de nombreux problĂšmes dâorganisation (un tel projet nous occuperait des mois, si ce nâest plus).
VoilĂ quelques exemples de problĂšmes, dâinterrogations, qui mâont poussĂ© Ă ranger dans un tiroir lâadaptation de ce dossier.
Pourquoi donc rouvrir le tiroir ?
Peut-ĂȘtre me fallait-il un temps de maturation avant dâaborder ce sujet. Ătonnamment, jâai commencĂ© Ă Ă©crire un premier script sur un coup de tĂȘte, comme ça, comme une Ă©vidence. Mon hĂ©sitation et ma frilositĂ© de 2017 se sont muĂ©es en une sorte de nĂ©cessitĂ© Ă faire, sans que je puisse prĂ©cisĂ©ment expliquer pourquoi, bien que je puisse partiellement soupçonner quelques motifs qui mâont dĂ©terminĂ©.
Lâun de ses motifs tient tout simplement du fait quâil me semble que le concept dâautoritarisme et ses dĂ©clinaisons, telles que le fascisme, ont bien souvent une acception et un usage confus, notamment Ă lâĂ©poque dâune forte polarisation sur les rĂ©seaux sociaux. On peut voir les uns et les autres, quels que soient leurs bords politiques ou leurs convictions profondes, usaient dâĂ©tiquettes telles que « facho », « alt right », « autoritaires », « totalitaire » [et jâen passe] pour dĂ©signer tout et son contraire.
Quâil y ait des divergences dâopinions entre des groupes, ou Ă lâintĂ©rieur des groupes, nâa rien de nouveau, mais invoquer le soupçon « dâun fascisme inavoué » dĂšs quâil y a simples divergences dâopinions me paraĂźt ĂȘtre un terrain glissant.
Ainsi, traiter de lâautoritarisme via les diffĂ©rentes recherches en psychologie me paraĂźt utile : cela permet de prĂ©ciser Ă quelles opinions idĂ©ologiques sont connectĂ©s les attitudes et comportements autoritaires. LâidĂ©e nâĂ©tant en aucun cas dâimposer une dĂ©finition de lâautoritarisme, car il y a dĂ©bat et dissension dans les milieux universitaires, mais plutĂŽt de proposer cet angle des sciences humaines et sociales pour interroger les nombreux questionnements qui peuvent encore nous traverser et qui peuvent permettre de mieux comprendre le pourquoi de ces confusions contemporaines.
Ainsi, lorsque ce projet vidĂ©o a Ă©tĂ© rĂ©activĂ©, pour rĂ©pondre aux prĂ©cĂ©dentes problĂ©matiques jâai Ă©tĂ© au plus simple :
- Puisquâune seule vidĂ©o serait insuffisante, et quâil me faudrait traiter dâĂ©tudes qui vont au-delĂ de la personnalitĂ© autoritaire dâAdorno, autant en faire une sĂ©rie. Nous ne sommes donc plus dans une simple adaptation du dossier de Viciss, mais davantage sur une extension du dossier de 2017.
- Puisque jâignorai quel ton donnĂ© aux vidĂ©os, jâai laissĂ© le sujet me donner le « la ». Jây ai intĂ©grĂ© mes propres hĂ©sitations et doutes, notamment Ă travers Technicien qui dĂ©couvre ces petits bouts de papier sur la plage, oĂč encore Ă travers Gull qui prend son temps pour prĂ©senter les choses, dĂ©finir les mots, conscient des malentendus possibles.
Ainsi commence lâaventure du Projet F (nom provisoire de la sĂ©rie sur lâautoritarisme) en fĂ©vrier 2020. Cette date est importante, car elle prĂ©cĂšde le premier confinement. Autrement dit, ne cherchez pas dans cette sĂ©rie des messages cachĂ©s ou implicites faisant Ă©cho Ă la situation actuelle de crise sanitaire.
Questions
-
Parlez de lâautoritarisme sous lâangle de lâindividu, nâest-ce pas sous-estimer, voire dĂ©nier les dĂ©terminants socio-culturels ?
Câest lâune des critiques qui a pu ĂȘtre faite aux auteurs de la PersonnalitĂ© autoritaire dĂšs sa publication dans les annĂ©es 50, et nous prendrons le temps dans la partie 2 et la partie 3 dâexpliquer ces critiques.
Mais pour donner quelques Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse, en attente dâun dĂ©veloppement plus poussĂ©, les recherches en psychologie sociale et politique sur lâautoritarisme nâont aucunement la visĂ©e de sous-estimer ou nier les dĂ©terminants socio-culturels, on peut mĂȘme dire que câest tout lâinverse. Lâangle psychologique ne consiste pas Ă isoler lâindividu comme sâil Ă©tait un atome sans porte ni fenĂȘtre, dĂ©connectĂ© de son environnement ; au contraire, lâindividu est pleinement ouvert Ă son environnement, ses pensĂ©es, ses opinions Ă©tant influencĂ©es, orientĂ©es, par son propre vĂ©cu, ses expĂ©riences, ses actes, son environnement familial, son environnement social et politiqueâŠ
Si les premiers travaux dâAdorno nâont pas toujours dĂ©veloppĂ© la question de lâinfluence de lâenvironnement, les futurs travaux combleront ces lacunes (par exemple Stephen Sales, 1972, 1973, examinera lâautoritarisme via des stimulations environnementales, observant que les attitudes et comportements autoritaires augmentent dĂšs lors que lâenvironnement gĂ©nĂšre chez les sujets un sentiment de menace).
Dans les annĂ©es 80, Altemeyer, un psychologue ayant apportĂ© une contribution importante avec ses travaux sur le RWA (lâautoritarisme de droite), montrera lâimportance de lâapprentissage sociale, du rĂŽle de lâexpĂ©rience, de lâenvironnement social, dans lâaugmentation ou la diminution des attitudes et comportements autoritaires.
Nous aurons lâoccasion dâĂ©voquer tout cela dans les prochaines parties, mais pour rĂ©sumer lâensemble de ces recherches, les attitudes et comportements autoritaires sont examinĂ©s en terme dâinteraction : interaction entre les besoins psychologiques et le contenu des idĂ©ologies disponibles ; interaction entre lâindividu et son environnement social et culturel, ses expĂ©riences, ses relations, son Ă©ducation, son statut socialâŠ
-
Alors que nous traitons de lâautoritarisme, la premiĂšre partie semble se focaliser principalement sur les discriminations (racisme, sexisme, antisĂ©mitismeâŠ). Pourquoi ?
Les premiers travaux se sont faits dans un contexte trĂšs particulier : celui de la Seconde Guerre Mondiale. Les chercheurs ont donc dans un premier temps menĂ© une enquĂȘte des diffĂ©rentes opinions politiques associĂ©es aux attitudes et comportements autoritaires de lâĂ©poque. Ainsi, l’antisĂ©mitisme, le racisme, et autres discriminations ont Ă©tĂ© lâune des portes dâentrĂ©e par laquelle les chercheurs ont commencĂ© leurs investigations.
Est-ce Ă dire que ce choix nâest que purement contextuel, historique, mĂ©thodologique ? Pas du tout, trĂšs vite les chercheurs vont se rendre compte de lâimportance de lâethnocentrisme chez les profils autoritaires. Cela va ĂȘtre confirmĂ© par les travaux ultĂ©rieurs que nous examinerons plus tard.
Autrement dit, ethnocentrisme et autoritarisme sont Ă©troitement associĂ©s. Dâailleurs, les Ă©chelles de mesure actuelles telles que le RWA (autoritarisme de droite) et le SDO (Social Dominance Orientation) sont parmi les outils de mesure les plus performants pour identifier chez lâindividu une forte adhĂ©sion Ă des prĂ©jugĂ©s.
-
à quand la deuxiÚme partie et ses suites ?
Initialement, la seconde partie est prĂ©vue pour fĂ©vrier. Câest la date que je me suis donnĂ©e, mais je me rĂ©serve la possibilitĂ© de dĂ©caler cette date en raison des diffĂ©rentes contraintes que je pourrais rencontrer, notamment en ce contexte de pandĂ©mie oĂč les mesures sanitaires ne me permettent pas toujours de travailler de maniĂšre optimale, comme nous tous.
Si vous voulez avoir un aperçu de ce qui y sera abordé, vous trouverez à la fin de la premiÚre partie un petit teaser :
En attendant, pour les plus impatients dâentre vous, le dossier de Viciss pourra rĂ©pondre Ă vos nombreuses interrogations ( https://www.hacking-social.com/2017/01/16/f1-espece-de-facho-etudes-sur-la-personnalite-autoritaire/ ) ainsi que cet article qui rĂ©sume lâautoritarisme et vous donnera une idĂ©e de la destination de la sĂ©rie (https://www.hacking-social.com/2019/09/02/mcq-le-potentiel-fasciste-lautoritaire-et-le-dominateur/ ).
Pour aller plus loin
- Le live oĂč nous prĂ©sentons le projet F :
- Notre vidĂ©o sur lâerreur ultime dâattribution : https://youtu.be/Ic3xHn1E8EE
- Illustration de lâantisĂ©mitisme dans la France de Vichy : https://youtu.be/ehFUV8z5oho
- Illustration du racisme dans la France des années 60 : https://youtu.be/lQknXJqjb6s
- Le dossier de Viciss, EspÚce de Facho ! : https://www.hacking-social.com/2017/01/16/f1-espece-de-facho-etudes-sur-la-personnalite-autoritaire/
- Autre article qui synthĂ©tise les recherches sur lâautoritarisme : https://www.hacking-social.com/2019/09/02/mcq-le-potentiel-fasciste-lautoritaire-et-le-dominateur/
- Les Ă©tudes dâAdorno et de ses collĂšgues (en version originale, libre)Â : http://www.ajcarchives.org/main.php?GroupingId=6490
Bibliographie
- The Authoritarian Personality, Studies in Prejudice Series, Volume 1 T.W. Adorno, Else Frenkel-Brunswik, Daniel J. Levinson and R. Nevitt Sanford, Harper & Brothers, Copyright American Jewish Committee, 1950
- Ătudes sur la personnalitĂ© autoritaire, T.W Adorno, Allia, 2007
- The Authoritarian, Bob Altemeyer, 2006
- L’Autoritarisme, Deconchy, Dru, PUG, 2017
- Strength And Weakness: The Authoritarian Personality, Stone, Lederer, Christie, 1993
- « Qu’est-ce que le fascisme ? », Baruch Marc Olivier Critique, 2005/6 (n° 697-698), p. 535-548.
- An experimental and statistical study of the relationship of prejudice and certain personality variables. Thelma T Coulter , 1953
- Ideological Asymetries and The Essence of Political Psychology, Jost, 2017
- Psychologie sociale, Vincent Yzerbyt, Olivier Klein, Deboeck, 2019
- Stanley Milgram, Obedience to Authority : An Experimental View, Harper Collins, 2004
- Chapter Two – The Why and How of Defending Belief in a Just World, Advances in Experimental Social Psychology 51, Hafer & Rubel, 2015
- Observer’s reaction to the « innocent victim »: Compassion or rejection?, Lerner & Simmons, 1966
- Psychologie sociale, de Vincent Yzerbyt, Olivier Klein, Deboeck supérieur, 2019
Pour nous soutenir :
Je fais ce commentaire essentiellement car jâai moi mĂȘme un peu Ă©tudiĂ© la question, sans doute sous un autre angle.Je vais Ă©vacuer dĂ©jĂ les parties qui fĂąchent : racisme / sexisme, ce nâest pas de cela dont je vais parler.
Par contre, jâen suis venu Ă la conclusion que si tout le monde dit dĂ©sirer la libertĂ©, les choix quâils font tendent Ă montrer le contraire : beaucoup prĂ©fĂšre moins de libertĂ© pour supporter moins de responsabilitĂ© individuelles. Ok, câest dur Ă avaler comme ça, mais voyons voir plus en dĂ©tail :
Je vais maintenant parler dâune notion qui me semble fondamentale : la thĂ©orie de lâinformation et la mesure de la complexitĂ© via lâentropie telle que dĂ©finie en thĂ©orie de lâinformation.
1 – ComplexitĂ© / entropie / libertĂ©
Pour rĂ©sumer, toute structure ou tout systĂšme, quâil soit technique ou sociĂ©tal peut ĂȘtre mesurer selon sa complexitĂ© et cette mesure sâappelle lâentropie. Prenons un exemple dâun jeu de cartes, si jâai 100 cartes, mais quâil nây a que des as, 25 par couleur, on peut considĂ©rer la complexitĂ© du jeu comme Ă©tant une mesure de sa diversitĂ©, ce sera ici 4 avec une entropie Ă©gale Ă 2.
LĂ dessus, on peut relier la complexitĂ© Ă des degrĂ©s de libertĂ©. Si jâai le droit de choisir seulement des « trĂšfles » dans mon jeu de carte, alors, je ne peux choisir que lâas de pic, la complexitĂ© est de 1, ce qui correspond Ă un niveau trĂšs faible de libertĂ©. Dâun autre cĂŽtĂ©, je nâai pas eu besoin de rĂ©flĂ©chir pour choisir la carte.
A lâinverse, si jâai un vrai jeu de 52 carte, et quâon me dit de tirer une carte TrĂšfle, jâai un vrai choix (et la mesure de lâentropie sera de 4 si on prend lâentier supĂ©rieur le plus proche)
LâidĂ©e est donc plus une personne a de libertĂ©, plus elle doit faire des choix complexe du fait mĂȘme de cette libertĂ©. A lâinverse, une personne qui a moins de libertĂ© voir, cas extrĂȘme, aucune libertĂ©, sera bien moins embarrassĂ© par ces choix.
2 â rĂ©duction volontaire de sa libertĂ© pour diminuer la complexitĂ© de ses choix
Il peut paraĂźtre bizare de prime Ă bord de voir la libertĂ© comme un problĂšme, mais en pratique, on peut considĂ©rer toutes les fois ou des gens vont justement remettre cette libertĂ© dans les mains dâune autre personne pour ne pas avoir Ă supporter cette complexitĂ©Â : au restaurant, lorsquâon demande aux autres si on prend avec ou sans entrĂ©e, les voyageurs qui prĂ©fĂšrent rĂ©server un circuit tout fait auprĂšs dâun voyagiste plutĂŽt que de choisir eux mĂȘme leurs parcours en vacances ⊠Il existe de nombreuses situations oĂč les individus vont vouloir Ă©viter la complexitĂ© en la remettant entre les main dâun tiers.
Et il faut se mĂ©fier dâavoir un jugement car ce transfert de libertĂ©/complexitĂ© peut se faire pour de trĂšs bonnes raison : pour le choix dâun mĂ©dicament on prĂ©fĂ©rera suivre le choix du docteur plutĂŽt que de faire le choix soit mĂȘme.
3 â sâen remettre Ă lâautoritĂ©, quel degrĂ© de libertĂ© souhaitons nous
Du coup, sâen remettre Ă une autoritĂ© est un moyen dâĂ©viter Ă faire soit mĂȘme ses propres choix et potentiellement Ă devoir assumer de faire un mauvais choix. Câest pas forcĂ©ment pĂ©joratif, cf lâexemple du mĂ©dicament.
Mais si on prend lâĂ©volution de la sociĂ©tĂ© par rapport Ă celle des annĂ©es 60, on est sur une sociĂ©tĂ© plus libĂ©ral dans le sens oĂč la sociĂ©tĂ© française des annĂ©es 60 Ă©tait trĂšs fermĂ©e et oĂč lâabsence de libertĂ© sur un grand nombre de sujet Ă©tait la norme, entraĂźnant le mouvement de mai 1968.
A lâinverse, notre sociĂ©tĂ© repose dâavantages sur des choix individuels laissant aux personne la responsabilitĂ© de choix pouvant ĂȘtre lourds de consĂ©quences. Je pense que beaucoup de monde ne le vit pas si bien, jâentends souvent « on ne sait plus oĂč on va », le rĂ©fĂ©rence Ă De gaule qui donnait la bonne direction (mais la direction de quoi) et les appels Ă avoir un homme fort Ă la tĂȘte du pays pour gĂ©rer les affaires.
Pour moi, c’est autant d’appel de personnes qui ont du mal avec la complexitĂ© de notre sociĂ©tĂ© et cet appel Ă un dirigeant autoritaire est aussi un appel Ă une simplification.
4 – lâappel Ă lâautoritĂ© qui rassure vs lâappel Ă la libertĂ©
Je pense que câest directement en lien avec cette dualitĂ© libertĂ©/complexitĂ© que ces gents rĂ©clament un pouvoir fort « autoritaire », pouvant potentiellement abaisser le niveau de libertĂ© de la population. Un tel pouvoir est surtout vu comme un pouvoir qui rassure car prenant en main le destin des individus qui ne serait plus laissĂ© seul face Ă leur responsabilitĂ©.
Bien Ă©videmment, ce choix nâest pas conscient car Ă peu prĂšs personne en fait le lien entre libertĂ©, complexitĂ© et responsabilitĂ©. Beaucoup pensent pouvoir diminuer la complexitĂ© sans diminuer leur libertĂ©, mais câest faux. Reste Ă placer le curseur sachant quâil est multiple selon les domaines. Mais ce serait tellement bien que chacun dâentre nous aie conscience de ce lien entre libertĂ©, complexitĂ© et responsabilitĂ© pour Ă©clairer leurs choix !
C’est intĂ©ressant ce que vous dites. Cela me fait penser Ă quelque chose que je me suis dit il y a quelque temps.
Alors que dĂ©cider de mon avenir et de ce que je veux faire de ma vie avait atteint un stade vraiment trop compliquĂ© pour moi, cause de rĂ©elles souffrances, j’ai sincĂšrement pensĂ© que j’aurais mieux fait de vivre des dĂ©cennies (voire siĂšcles) en arriĂšre… En effet, j’aurais alors certes eu moins de libertĂ© de choix de mon avenir, mais j’aurais aussi Ă©vitĂ© cette souffrance de choix Ă faire.
(Ă savoir que, en tant que « transfuge de classe », je pense que c’est d’autant plus compliquĂ© : Ă trop vouloir m’affranchir des choix d’avenir que font les personnes issues de la classe populaire — qui sont finalement des non-choix –, je me retrouve dĂ©chirĂ©e entre des souhaits de personne d’une autre classe et une personnalitĂ© « dominĂ©e » de ma classe sociale d’origine…)
@REMI
Commentaire pertinent. Par contre pour modĂ©rer un peu le point du vu, il faut noter vous n’utiliser le mot libertĂ© qu’au sens de libertĂ© d’initiative individuelle.
Si je reprends les exemples que vous donnez un par un :
« au restaurant, lorsquâon demande aux autres si on prend avec ou sans entrĂ©e ». Ici, je ne vois pas cela comme un problĂšme libertĂ©/complexitĂ© (je sais si j’ai envie d’un dessert ou pas) mais d’un problĂšme libertĂ© individividuelle/collective (je ne sais pas si mes compagnons de tables ont envie d’un dessert ou sont pressĂ©s), donc la libertĂ© passe par la garantie que je m’informe des consĂ©quences de mes choix individuels sur les autres avant de prendre ma dĂ©cision.
« les voyageurs qui prĂ©fĂšrent rĂ©server un circuit tout fait auprĂšs dâun voyagiste plutĂŽt que de choisir eux mĂȘme leurs parcours en vacances » => ici, il y a certes dĂ©lĂ©gation de l’organisation afin de diminuer la complexitĂ©, mais celle-ci est librement consentie, donc difficile de parler de diminution de la libertĂ©
Pour l’exemple du mĂ©decin, c’est encore plus tarabiscotĂ©. Non seulement vous n’avez rien d’imposĂ©. Mais en plus, le mĂ©decin peut ĂȘtre considĂ©rĂ©, non pas comme une autoritĂ©, mais comme une source d’information relativement fiable. En son absence, il faudrait non-seulement enquĂ©ter (Ă©plucher les site web, les catalogues, demander sur des forum, essayer de deviner quelles sont les informations fiables sur la boite (s’il y en a)). La consĂ©quence Ă©tant qu’il est difficile de parler de complexitĂ© dans le cas ou le rĂ©sultat ne serait pas issu de la rĂ©flexion de l’individu, mais d’une suite d’alĂ©as. Au contraire, la prĂ©sence du mĂ©decin permet au patient un choix plus Ă©clairĂ©. Qui est libre de celui qui choisi au hasard et celui qui choisi en connaissance de cause ?
Tout ça pour dire qu’il me parait audacieux de considĂ©rer que dĂ©lĂ©guer constitue une restriction volontaire de libertĂ©.
Il y a un vrai enjeux Ă connaitre de façon rĂ©aliste nos propre capacitĂ©. Si vous vous sous-estimez, vous allez dĂ©lĂ©guer Ă mauvais escient des dĂ©cisions que vous auriez pu prendre vous mĂȘme, d’oĂč restriction de libertĂ©. Mais si vous vous surestimez, vous risquez d’imposer Ă d’autre des dĂ©cisions non pertinente, ce qui est tout aussi nuisible (et pas forcĂ©ment qu’au autres).
Bref de mon point de vu, si on se refaire Ă une entitĂ© qui n’impose rien, il ne s’agit pas d’une autoritĂ©, mais d’une source d’information.
S’il s’agit d’une autoritĂ©, alors il n’y pas forcĂ©ment restriction de libertĂ© (au sens gĂ©nĂ©ral, pas uniquement individuel) si cette autoritĂ© est librement choisie et si ce choix est dĂ»ment Ă©clairĂ©. Par exemple la Loi est une autoritĂ©, mais accepter de s’y soumettre permet de garantir nos libertĂ©s. Ă condition de la connaitre et d’avoir pu apprĂ©cier sa pertinence, son obsolescence, sa pertinence, ses garanties, son application, son arbitraire, etc.
Pour revenir aux gens qui rĂ©clament explicitement plus d’autoritarisme :
Alors je sais que l’expĂ©rience personnelle n’est pas une mesure statistique. Cependant, il me semble qu’il y a quand mĂȘme quelques point rĂ©curant parmi ces gens. La premiĂšre c’est que tout ceux qui m’ont tenu ce genre de discours ont tendance Ă beaucoup regarder la tĂ©lĂ©, et que ce genre de remarque Ă tendance Ă sortir lors de la prĂ©sentation d’un fait divers. Hors toutes les Ă©tudes montre que les gens qui regardent beaucoup la tĂ©lĂ© on tendance Ă beaucoup sur-estimer la violence de notre sociĂ©tĂ©. Donc l’appel Ă un leader me semble beaucoup corrĂ©ler, peut-ĂȘtre Ă la complexitĂ©, mais aussi Ă la sensation de danger ou d’inquiĂ©tude.
La deuxiĂšme, c’est que tous ces gens ont tendance Ă ne jamais s’imaginer que cette autoritĂ© puisse ne pas ĂȘtre dans leur camp. Je pense que bien des gens qui on soutenu les rĂ©gimes des annĂ©es 40 on dĂ» se retrouver bien surpris de se retrouver enfermĂ©s dans un train quelques jours aprĂšs une simple engueulade avec leurs voisin.
Auriez-vous trouvĂ© des Ă©tudes SDO RWA avec pour matĂ©riel des universitaires et pas que des Ă©tudiants hein, mais les profs et chercheurs, avec des catĂ©gorisations par ‘rĂŽles’ et l’implication hiĂ©rarchique (genre les diffĂ©rents conseils d’universitĂ© CA etc.). J’ai parcouru un peu scholar, mais sans trouver d’article rĂ©pondant Ă mon questionnement.
Pas Ă ma connaissance ; j’ai vu des Ă©tudes SDO ou RWA en fonction de la discipline Ă©tudiĂ©e des Ă©tudiants ( Duriez, Vansteenkiste, Soenens, De witte (2007) ; « Lâeffet de la dominance sociale sur les idĂ©ologies de lĂ©gitimation : le rĂŽle modĂ©rateur de lâenvironnement normatif », Pierre De Oliveira, MichaĂ«l Dambrun et Serge Guimond, 2008) et Ă travers le temps, sur des corps professionnel particuliers (politiciens par exemple, Altemeyer https://theauthoritarians.org/options-for-getting-the-book/ ou « the new authoritarian » ; la police « Autoritarisme et prĂ©jugĂ©s dans la police, lâeffet dâune position dâinfĂ©rioritĂ© numĂ©rique et le rĂŽle du contexte normatif », Juliette Gatto et MichaĂ«l Dambrun, 2010) ; le SDO est connu est pour ĂȘtre corrĂ©lĂ© Ă une « bonne » position dans la sociĂ©tĂ© (statut supĂ©rieur/bon revenus ; pratto sidanius 1994), donc en principe plus il y a une haute position dans la hiĂ©rarchie, plus le SDO risque d’ĂȘtre Ă©lĂ©vĂ© (mais modĂ©rĂ©e par d’Ă©ventuelle discriminations que subis la personne). En tout cas pour tout ce qui est rĂŽle, statut dans la sociĂ©tĂ© X SDO, c’est du cĂŽtĂ© de Pratto et Sidanius (1994) qu’il y a le plus de donnĂ©es.
Chouette vidĂ©o! Je regarderais peut ĂȘtre la version longue plus tard. Ăa fait plaisir de voir les articles dans un format plus… partageable^^
Le dossier a du ĂȘtre difficile Ă condenser et en plus c’est une extended version! Vous faites un travail de dingue, merci pour ça!
Donc si tu es autoritaire avec tes enfants tu es fasciste ?
Si tu aime l’ordre et la discipline tu es fasciste ?
C’est un peu n’importe quoi, ça amalgame tout.
En gros il faut ĂȘtre laxiste pour pas ĂȘtre facho !
Tout ça pour ça !
Ne pas ĂȘtre autoritaire ne veut pas dire ĂȘtre laxiste ; L’inverse qui est par exemple d’autonomiser, d’Ă©manciper, d’aider Ă l’autodĂ©termination par exemple, c’est loin de « laisser faire » c’est un constant travail sur les structures, sur ses propres comportements et ses facultĂ©s d’aider autrui etc. Et il y a plein d’autres façon de ne pas ĂȘtre « autoritaire ».
De plus l’attitude autoritaire, version psycho sociale, ne se dĂ©crĂšte pas dĂšs qu’on dit que quelqu’un est autoritaire irl…ça doit coupler Ă la fois une agressivitĂ© autoritaire envers des exogroupes + soumission Ă l’autoritĂ© + conventionnalisme – et dans la version dominateur, il y a une volontĂ© de maintenir un systĂšme inĂ©galitaire. tout ça se mesure. La façon dont utilise les chercheurs le mot « autoritaire » n’est pas Ă confondre Ă comment on peut l’utiliser dans le sens commun, et ce n’est pas parce que les chercheurs l’ont chargĂ© de concepts et de mesure que cela annule pour autant la dĂ©finition commune. Mais je comprends que cela puisse ĂȘtre confusant au dĂ©but, si on ne comprends pas ceci. Bon courage.
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