⬛ Des arguments anti-trans sous couvert d’esprit critique

Mise à jour du 20/07/23 : pour mieux saisir notre position concernant la transidentité, vous pouvez écouter la série de Méta de Choc sur la transidentité où Chayka est invitée, raconte son parcours et répond à plusieurs questions, donc les plus épineuses.

 

Ceci est initialement un thread disponible également ici : https://twitter.com/ChaykaHackso/status/1541426181672771585

Les discours anti-trans sont malheureusement très nombreux, sont parfois formulés sous couvert d’esprit critique et de scepticisme. Le dernier numéro de Sceptiques du Québec en est un nouvel exemple :

Le détail du sommaire ici : https://www.sceptiques.qc.ca/ressources/revue/archive/numero-107

Fort heureusement la FIDESS, fédération sceptique francophone, a su y répondre : https://twitter.com/FIDESSorg/status/1541304139174535169

Je profite de cette annonce de la FIDESS pour illustrer quelques arguments typiques que l’on retrouve dans ce type de discours préjudiciable contre les personnes trans se faisant passer pour scientifique, critique et/ou sceptique.

  • 1.La transidentité serait un « phénomène de mode », une contagion sociale amplifiée par les réseaux sociaux ; et les enfants/ados qui se disent trans ne feraient que sur une courte période, finiraient par accepter leur genre assigné.

On a là un argument qui reprend l’hypothèse du ROGD (Rapid-onset gender dysphoria) = sous-type de dysphorie de genre (=vécu douloureux d’inadéquation entre son genre assigné et son identité de genre) qui serait un état provisoire imputable à une « contagion sociale ».

Pour le dire très rapidement, la transidentité chez les enfants et ados trans serait pour certains une sorte de « mode passagère »,  s’expliquant par les effets des RS, ainsi que par une plus grande représentativité des personnes LGBTI+ dans l’espace public, voir un lobbying LGBTI+, etc.

D’où vient cette hypothèse ? De parents d’enfants trans qui ne peuvent/veulent pas accepter la transidentité de leurs enfants. Vous trouverez ici la généalogie de cette hypothèse pseudo scientifique via @JuliaSerano : http://juliaserano.blogspot.com/2019/02/origins-of-social-contagion-and-rapid.html

Sur le plan scientifique, cette hypothèse n’a jamais été reconnue, les associations professionnelles (médecin, psy, etc.) s’étant prononcées pour éliminer de leur pratique le concept de ROGD (par exemple https://www.caaps.co/rogd-statement )

Des études récentes n’ont en effet trouvé aucun soutien à cette hypothèse [ Ashley 2020 ; Bauer 2021 https://www.jpeds.com/action/showPdf?pii=S0022-3476%2821%2901085-4 , Bustos 2021, etc…]

Sur ces questions de ROGD et de contagion sociale, je vous invite à aller voir de plus près cette vidéo passionnante de @pedrosanchau https://www.youtube.com/watch?v=YVxJNhR9U4g

En complément, je peux vous inviter aussi à voir la vidéo de @jack0tte_1 https://www.youtube.com/watch?v=BDZaxdsjZeI

Cet argument du ROGD et de contagion sociale est bien pratique pour les discours anti-trans, car il permet par ex de justifier les thérapies de conversation : puisque que l’enfant/ado aurait été « influencé » et/ou parce que sa transidentité ne serait qu’un moment provisoire qui devrait passer,

il faudrait alors « l’aider » à réintégrer la norme ; c’est extrêmement dangereux car cela peut aboutir à de véritables drames, ce n’est pas pour rien si ce genre de thérapies est désormais interdit dans de nombreux pays, dont la France https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9rapie_de_conversion

Mais ce type d’argument sert aussi à militer contre la représentation des personnes LGBTI+ dans l’espace public, les médias, à l’école, etc.

C’est un véritable cheval de Troie qui sert à promouvoir le rejet et l’intolérance envers les personnes trans, et plus globalement des personnes LGBTI+.

Il ne sera pas étonnant d’entendre souvent l’expression « épidémie », comme s’il s’agissait d’une maladie infectieuse.

  • 2. La transidentité serait une menace pour les enfants, il serait nécessaire de les protéger de tout cela.

En ce moment, il est fort probable que vous entendiez parler de la transidentité uniquement sous le prisme des enfants/ados trans. Cela n’est pas sans lien avec l’argument du ROGD et de la contagion sociale.

Il y a toute une entreprise de désinformation par des militants anti-trans : l’idée par exemple qu’il y aurait un forcing à faire des chirurgies sur des enfants par ex, ce qui est complètement faux.

C’est pourtant un argument récurrent, car forcément ça interpelle : qui serait contre le bien-être et la protection des enfants ? Personne.

Le souci, c’est que ces discours vont justement a contrario du bien-être des enfants/ados trans, par exemple en promouvant les thérapies de conversion comme évoqué plus tôt, ou encore en militant pour interdire à tout mineur un changement de prénom d’usage au lycée, en ne lui permettant pas sa transition sociale (pourtant sans conséquence d’un point de vue médical, et complètement réversible).

Parmi les tenants de ces propos contre la transidentité, on retrouve en France des organismes proches de la manif pour tous, comme l’observatoire de la petite sirène.

Ce n’est pas étonnant de voir autant de passerelles entre les paniques contre le mariage pour tous et les paniques morales autour des enfants trans, car dans les 2 cas les arguments fonctionnent de la même manière : comme avec la manif pour tous on considérait la parentalité de couple du même genre comme une menace pour le développement des enfants (voire de la civilisation), aujourd’hui c’est la transidendité. Homophobie, transphobie, same energy.

Comme pour l’opposition au mariage pour tous, ce sont encore des psychanalystes qui sont invités sur les plateaux TV, dans les pages de journaux ou magazines, présentés comme des « experts » et autorité scientifique (alors qu’ils s’opposent à ce que dit la littérature scientifique ).

Encore ce week-end mes parents m’ont prévenu que dans un journal local (@LeTelegramme), il y avait ce genre de discours trompeur et préjudiciable. Ils en sont sortis chamboulés, peinés de ne pas avoir pu m’accompagner quand j’étais enfant : https://twitter.com/LeTelegramme/status/1540636449573412864 ]

Parallèlement, les psychologues, psychiatres, chercheurs spécialisés sur la transidentité, on les entendra moins, les études sérieuses seront peu mises en avant par les grands médias.

Ces discours peuvent aussi avoir des conséquences sur les enfants de parents trans, enfants qui peuvent alors subir de la discrimination, être ostracisé. Tout ça parce que ses parents ne seraient pas conformes au genre et couple tradi.

Notre enfant en a fait récemment les frais, d’où ma colère quand je lis ce genre de discours qui prétend lutter pour la protection des enfants, pseudo protection qui n’est pas seulement un leurre, tout au contraire, elle participe à faire souffrir, à silencier, à ostraciser.

Pour aller plus loin sur ce discours « protection des enfants », ce recyclage de discours homophobes version transphobes, ses tenants idéologiques, je ne peux que vous conseiller cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=S0t2XbCvV1I

Vous pouvez aussi suivre @Petite_Core qui fait notamment un travail de veille quant à ces organisations anti-trans sous couvert d’une pseudoprotection des enfants : https://twitter.com/Petite_Core/status/1509921709381591057

  • 3. Les détransitions exploseraient !

C’est un argument souvent employé pour signifier que la transition ne marcherait pas, que de nombreuses personnes auraient des regrets, qu’il serait donc nécessaire de rendre difficile l’accès aux traitements et soutien (voire de l’en empêcher).

Alors oui, les détransitions existent. La question devrait être : selon quelle proportion ? Là encore je vous invite à voir la vidéo de @pedrosanchau qui permet de voir l’exagération qu’il y a sur cette question https://www.youtube.com/watch?v=YVxJNhR9U4g

Concernant le risque de regret des transitions, selon les études et méta-analyses à notre disposition, on a en moyenne un taux de regret inférieur à 1% ! De plus, comme l’explique la vidéo de @perdosanchau, ces regrets tiennent très souvent des problèmes sociaux (rejets, discriminations, etc.)

  • 4. Le genre serait une notion floue utilisée pour justifier notamment la transidentité.

C’est un argument fort utile pour les activistes anti-trans, car cela leur permet de mettre à la poubelle tout une partie de la littérature scientifique au prétexte que celle-ci serait influencée par une « idéologie du genre ».

On retrouvera notamment ce type de discours anti-trans du côté des tenants des Genders Criticals = vision essentialiste du sexe comme caractéristique biologique binaire et immuable, discours qui rejette ou remet en question le concept d’identité de genre.

Par conséquent, les tenants du Gender Critical voient les personnes transgenres comme appartenant au sexe qui leur a été assigné à la naissance, en pensant en particulier que les femmes trans ne sont pas des femmes et / ou ne devraient pas être incluses dans les espaces réservés aux femmes, et que les hommes trans ne devraient pas faire la transition, mais être des femmes non conformes au genre [définition emprunté à Wikipedia : https://en.wiktionary.org/wiki/gender-critical_feminism ]

Ainsi, via ce prisme, les tenant des Gender Critical s’autoriseront par exemple à mégenrer les hommes et femmes trans au nom de cette vision dogmatique, sans prendre en compte les conséquences préjudiciables d’un tel mégenrage.

Par ex, c’est exactement ce qu’on aura pu entendre de la part de plusieurs membres des SdQ, quand des membres de la FIDESS leur ont expliqué que le mégenrage était violent pour les personnes trans, ceux-ci se sont réfugiés derrière ce type de discours Genders Criticals, et ont d’ailleurs explicitement reconnu et assumé être sur cette ligne. Ils ont ainsi justifié une sorte de droit au mégenrage selon ce type de vision essentialiste (via des caractéristiques biologiques rigides et éjectant la question du genre), reprenant d’ailleurs les expressions typique : « épidémie transgenre », « épidémie de narcissisme », etc.

  • 5. Il y aurait une idéologie trans, ou woke, ou LGBT, ou du genre (au choix) qui s’immiscerait dans la société et finirait par détourner les individus, plus particulièrement les enfants qui seraient en danger.

Je considère que là on frise vraiment dans du complotisme, et pourtant ce type de discours d’une sorte de lobbying, puissance, trans/LGBT/WOKE qui manipulerait de manière cachée les politiques et les scientifiques est bien invoquée.

Pour ne citer qu’un seul exemple, on retrouve cela plusieurs fois du côté des Sceptiques du Québec ( dans leurs articles et réponses à la plainte de membre de la Fidess).

Ce type de rhétorique permet de masquer les préjugés, du type : « nous n’avons rien contre les personnes trans, ce que nous condamnons c’est l’idéologie trans, les activistes ». Le soucis, c’est qu’en tant que catégorie discriminée, n’importe quelle personne trans qui se contente ne serait-ce que de témoigner peut très vite se retrouver sous l’étiquette « activiste trans ».

Je suis persuadée que le simple fait de faire ce thread suffit amplement à ce qu’on me colle cette étiquette d’activiste trans ou d’idéologie du genre/woke (au choix) de la part des tenants des Gender Criticals.

A la base, je me serais bien passée d’intervenir, de parler, de prendre la parole pour expliciter les problèmes de ce genre de position. Mais c’est très difficile de me taire dès lors que ce genre de discours à des répercussions concrète sur ma vie et celle de ma famille, comme toutes les autres personnes trans.

De plus, le fait d’invoquer un lobbying, d’activisme trans tout puissant ou que sais-je, est très pratique car permettant de sortir la carte : « on ne peut plus rien dire », « on nous cancel », etc.

Cela s’agence très bien avec les discours réactionnaires, cela peut être très séducteur et attirant. C’est le fameux levier de la réactance : https://www.youtube.com/watch?v=hZueeA9b1xY

Cela permet aux militants anti-trans de balayer les critiques, en accusant celles-ci d’être une tentative de censure. Et forcément, à force de balayer la critique, cela peut aboutir par exemple à des exclusions (comme pour la FIDESS), ce qui peut permettre à ces militants de présenter cela comme une preuve !

Face tu perds, pile tu perds.

Je m’arrête là, bien consciente que je n’ai pas fait le tour des arguments anti-trans que l’on retrouve de ci de là sous couvert d’esprit critique, ni d’avoir pu de manière complète présenter tous les problèmes que cela pose.

L’idée ici était de faire un thread synthétique, cela n’a nullement vocation à être un article complet, c’est davantage une invitation à mieux saisir et reconnaître ce type d’arguments préjudiciables.

Ce qui me paraissait aussi important était de partager différents liens, afin que vous puissiez prendre connaissance de tout cela, car les études scientifiques et leur vulga ne manquent pas (mais sont malheureusement si peu mis en avant médiatiquement par rapport à la désinformation qui circule).

Pour ce qui s’est passé avec les SdQ, je ne peux que vous inviter à consulter les documents joints aux communiqués de la FIDESS, qui vous apporteront plus d’éléments de débunkage sur des discours potentiellement anti-trans.

J’en profite pour rajouter d’autres liens. Par exemple, le classique et indispensable @wiki_trans https://wikitrans.co/intro/

Ici vous pourrez retrouver une FAQ de @ToutesDesFemmes sur les mythes et mensonges sur les personnes trans, nombreux points que je n’ai pas évoqué ici : https://toutesdesfemmes.fr/faq-mythes-et-mensonges-sur-les-personnes-trans/

Et en fonction je rajouterai d’autres liens ultérieurement sur ce thread (car je sais que j’en ai oublié plein, le thread étant déjà long je vais me faire une petite pause, je compléterai éventuellement plus tard).

Merci à la @FIDESSorg et à leurs membres pour avoir su écouter, se renseigner sur ces questions, et agir en conséquence face à un discours contraire aux valeurs et principes de leur fédération (soit la lutte contre la désinformation, la discrimination, et pour l’inclusion).

Mise à jour du 20/07/2023 : pour aller plus loin vous pouvez consulter ce nouvel article concernant la transphobie.

 

Chayka Hackso Écrit par :

Gardienne de l'île d'Horizon, grande prêtresse du culte du caillou. Si vous souhaitez nous soutenir c'est par ici : paypal ♥ ou tipeee ou ♣ liberapay ; pour communiquer ou avoir des news du site/de la chaîne, c'est par là :

19 Comments

  1. Sélénia
    27 juin 2022
    Reply

    Je suis tellement déçue du point de vue que vous adoptez dans cet article. En tant que féministe radicale, je trouve les arguments pro-trans extrêmement dangereux pour le féminisme, et oui, aussi, pour les jeunes ! Le queerisme n’est pas du féminisme, très loin de la. Et il n’y a rien de libérateur dedans.

    Nombres de vos affirmations sont complètement fausses voire fallacieuse, dès lors qu’on connait bien le sujet, et qu’on a été confronté aux activistes extremements violents qui hurlent que femmes et hommes sont des ressentis et qu’il faut tuer les femmes qui pensent autrement (‘ » » terf ‘ » », c’est le nouveau « feminazi »)
    Je me sens vraiment désemparée face à cette prise de position car je vous suis depuis des années et aime énormément le travail que vous faites. Vous partagez une vidéo de XY media… Très engagée pour l’abolition de la prostitution, je suis plutôt très effrayée par votre ‘utilisation de cette chaîne Youtube négationniste de l’esclavage sexuel…
    Votre article mériterait d’ailleurs une réponse point par point que je vais essayer de m’appliquer a faire dans un autre commentaire.

  2. Anonyme
    27 juin 2022
    Reply

    J

  3. Anon
    1 juillet 2022
    Reply

    Bonjour,
    Petit message de soutien et d’amour pour contrebalancer les horreurs que je lis en commentaire à côté du mien.

    J’ai bien l’impression que le blog s’est fait infiltré par des fourbes. C’est joliement écrit et c’est long certes, mais ça n’argumente rien et joue sur l’émotion. On vous voit hein. Ça pu le facho à trois kilomètres. Mais bon, vos lecteurs sont des gens malins et le verront directement :*

    Merci pour vos notes de blogs, c’est toujours passionnant. Courage, des bisous, je vous aimes.

    • Viciss Hackso
      8 juillet 2022
      Reply

      Merci <3

  4. Anonyme
    4 juillet 2022
    Reply

    Merci pour ce commentaire Séléna! 100% d’accord avec vous.

    Comme si les individus s’inquiétant pour le bien-être des personnes (notamment des enfants) en souffrance étaient des « fourbes », des « fachos » qui disent des « horreurs ».
    Ce n’est ni complotiste ni victimaire d’expliquer comme être féministe radicale nous expose à du harcèlement, des menaces de mort, de la culpabilisation, de la censure et de la haine; c’est la réalité.
    Cet article va très mal vieillir.

    • Viciss Hackso
      8 juillet 2022
      Reply

      Les idéologies transphobes, homophobes causent un mal direct. Dans l’article on dit comment ça a impacté notre enfant ; pour le dire rapidement elle s’est faite invitée puis désinvité par une la mère d’une amie sous prétexte qu’un couple de femmes auraient pu « gêner » les enfants (mais en fait ça la gênait elle, aucun enfant ou parent ne s’est jamais plein de notre existence aux sorties scolaires par exemple). Globalement la stratégie a été d’ostraciser un enfant pour son bien être… Et d’empêcher un autre enfant de voir son amie. Voilà où ça mène concrètement, ce fameux « tout ce qui compte c’est les enfants » qui n’était qu’une hypocrisie car pour leur bien, ces idéologies leur font du mal, les séparent, les contrôlent, les gazlight jusqu’à ce qu’ils voient le diable en nous, quand bien même notre comportement et façon de vivre serait profondément banale (et ne me dites pas le contraire, vous ne savez rien de notre quotidien).
      Vous, vous pouvez arrêter, changer, transformer votre militantisme et ses intolérances, arrêter de croire à ses fakes news (sérieusement croire que les enfants se font opérer pour la transition alors que ça n’est tout simplement pas possible…) pour vous émanciper, aller mieux, trouver un chemin militant qui apporte du bien être et non de la paranoïa.
      Nous on est obligé de subir les discriminations quoiqu’on fasse, avec la seule possibilités que de n’aller que vers des gens ouverts : ce sont des jeunes, des vieux (la plus compréhensible et heureuse aux coming out avait 90ans), des voisins coupés d’internet qui ne comprenne rien à la transidentité mais qui cherche à comprendre sans juger, des gens aux brillantes indifférences (ils foutent de l’orientation sexuelle ou du genre) qui échangent avec une glorieuse banalité.
      Les idéologies terf – chez certaines – sont clairement un appel désespéré pour les personnes qui les diffusent à se questionner sur leur propre relation au genre : en tant que femme cis, jamais je n’ai souhaitée devenir un homme parce que j’étais bien confortable avec mon genre. Avoir fréquenté dès l’adolescence des personnes trans ne m’a pas du tout influencée dans le fait de vouloir transitionner, et c’est toujours pareil à la veille de mes 40 ans. Si vous persistez à croire que c’est une mode qui touche dès qu’on s’approche d’une personne trans, c’est que vous ne vous sentez pas bien avec votre genre, vous sentez que vous, cela vous donnerait envie de changer. Mais c’est votre histoire à vous. N’allez pas la projeter sur les enfants non plus, c’est pas leur histoire à eux. Beaucoup de cis entouré de plein de personnes trans n’en conclue que « ah bah tiens je suis vraiment cis, j’ai pas le même vécu avec mon genre, j’ai pas envie de transitionner » et voilà fin de l’histoire, les relations sociales, les amitiés et les amours continuent comme avant.
      Désolé que cela votre militantisme vous apporte de la haine et du harcèlement, mais vous pouvez transformer celui-ci pour viser le bien être pour vous même, le collectif ou autre. J’en ai parlé longuement dans cet article : https://framablog.org/2021/07/09/quand-le-militantisme-deconne-injonctions-purete-militante-attaques-1-8/ Je vous souhaite un rapport apaisé et sincère avec votre genre et un combat militant renouvelé qui vous apportera davantage de bien être.

  5. Julien
    12 juillet 2022
    Reply

    La réalité c’est que des personnes trans meurent, assassinées, parce que trans. On attend toujours de voir des terfs dans ce cas-là (non en fait on n’attend pas, je ne suis pas pour qu’on les tue bien entendu !).

    Il est aussi particulièrement drôle, d’un point de vue strictement scientifique, de lire et d’entendre que « pour le bien des enfants il ne faut rien faire d’irréversible » (sous-entendu la transition médicale), par contre ces mêmes personnes ne trouvent rien à redire à la chirurgie d’assignation à la naissance des personnes intersexes (ce qui concerne dans les 1% des naissances, il me semble). Aucune cohérence logique dans l’argumentation, ce qui prouve bien sa faiblesse.

    Soutien à Chaïka, soutien à toute l’équipe, vous êtes formidables <3

    Et bravo à la FIDESS, l'exposé de la plainte est limpide avec rappel à la littérature scientifique, en total désaccord avec les délires des militants anti-trans.

    • Chayka Hackso
      14 juillet 2022
      Reply

      Merci @Julien <3

  6. Sélénia
    13 juillet 2022
    Reply

    Quel désespoir pour moi de lire cette réponse.

    Beaucoup de points sur lesquels je voudrais répondre, même si ce n’est pas facile en commentaire.
    Je ne cautionne absolument pas les violences homophobes, ni les attitudes qui visent à austraciser, maltraiter ou humilier les personnes qui se disent « trans ». Cependant l’idéologie défendue par une partie des militants se revendiquant comme tel est une catastrophe 1) pour les droits des personnes homosexuelles (non, les lesbiennes n’aiment pas les pénis, et une lesbienne n’a ni pénis, ni faux vagin, puisqu’elle est une femme, càd une femelle de la race homo sapiens sapiens attirée par une autre femelle, si on enlève cette définition de l’homosexualité c’est très grave et on en arrive à des violences sexuelles…) Ainsi que l’augmentation drastique des cas de transitions des jeunes femmes lesbiennes et des jeunes hommes homosexuels… clairement ce sont des personnes qui défient souvent les normes de genre, et donc quoi, la réponse qu’on va leur apporter c’est : transitionne, tu n’es pas lesbienne tu es juste un homme trans ??? Ça ressemble vachement a des thérapies de conversion. 2) pour les femmes dans leur ensemble. Une des premisses de l’idéologie que je critique est que c’est le ressenti qui permet de définir homme et femme. C’est très dangereux de partir de là. Et ça modifie absolument toute la démarche du féminisme, si celui ci doit inclure toute personne se disant femme et n’étant pas femelles. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas se battre pour les droits des humains en général (gays, immigrés, etc) simplement qu’il est important que le féminisme soir clair sur son objet et ses objectifs. Le but du féminisme, c’est d’abolir les stéréotypes de genre, entre autre, pour permettre la libération des femmes. 3) pour les jeunes. Je ne crois pas que la transidentité soit une mode, mais l’expression d’une souffrance psychiatrique (il n’y a aucune honte ou stigmat qui devrait être liée a cela. Ici je sais de quoi je parle.) liée directement à la société patriarcale terriblement violente dans laquelle nous vivons.

    Je me permets de vous répondre quant à mon activisme : je ne milite absolument pas contre les personnes trans. J’inclue toutes mes soeurs selon le sexe dans ma lutte contre le patriarcat et je suis une membre d’un collectif de survivante de la porno-prostitution. Je ne pourrais être plus au contact des violences les plus extrêmes faites aux femmes CAR femmes.

    Je suis de plus assez surprise par votre remarque lorsque vous faites par de votre expérience :
    Alors être une femme «  » cis «  » c’est être en accord avec son genre, « confortable »‘ avec les stéréotypes et les carcans du genre ????????? Vraiment ????????
    Mais quel genre de féminisme profère de telles horreurs ?
    Les femmes se sont toujours révoltées contre les terribles stéréotypes auxquels elles étaient soumises. Personne n’est «  »binaire » », personne ne se complaît dans ces stéréotypes profondément réducteurs, asservissant, avilissant, humiliant. C’est normal d’avoir envie d’être un homme dans notre société misogyne a l’extrême. C’est normal aussi de se conformer le plus possible aux stéréotypes, car chaque femme sur cette terre est en mode survie. Chacune gère ça comme elle peut. Et défier les normes de genre ne devrait pas être perçu comme le début d’une transition ou le signe d’une transidentité. Il est très intéressant de constater l’essentialisme (avec lequel on croyait en avoir fini) dans le milieu qui défend soit disant les personnes trans. Mon petit garçon joue avec des poupées, il aime les robes= c’est une petite fille. Je trouve ces raccourcis effectivement très problématiques et très dangereux pour les enfants.
    Je n’ai jamais affirmé que les enfants subissaient des opérations. Des opérations que je considère, même sur des adultes, pour ma part, transhumanistes et absolument immondes. Faire croire à un homme (ou l’inverse) qu’il pourra être une femme après lui avoir mis des prothèses, avoir constitué un orifice avec les restes de son pénis est d’une violence inouïe. Ces personnes sont victimes d’une industrie de la chirurgie ( opérations irréversibles).
    Donc oui, pour ces raisons et beaucoup d’autres encore, le mouvement qui se revendique soit disant comme défendant les personnes trans ou vivant avec une disphorie de genre est DANGEREUX. Pour les femmes mais pour tout le monde.

    Je me sens profondément triste de constater votre adhésion à cette idéologie, comme je l’ai dit dans mon commentaire, en vous appuyant sur des sources qui, par ailleurs, travaillent vraiment a détruire le féminisme et l’abolitionnisme (pourtant historiquement inséparables) et a réduire les femmes au Silence.

    Le terme terf est d’ailleurs l’occasion d’une haine misogyne rarement vu. Le compte « terfestuneinsulte » rassemble les menaces de viols et de morts de certaines personnes contre les féministes radicales.

    J’espère malgré ma colère et mon indignation, être restée courtoise et correcte, ce à quoi j’aspire dans un tel débat si important avec tant d’enjeux.

  7. Viciss Hackso
    13 juillet 2022
    Reply

    @ selenia Alors genre ne veut pas dire stéréotype, ce sont deux notions différentes. On peut être à l’aise avec son genre en rejetant les stéréotypes qui y sont associés. Je suis à l’aise avec mon genre tout en parfois un jour coller à des stéréotypes comme un autre jour pas du tout ou encore m’en foutre totalement. Je ne trouve pas ça très essentialisant. Je réaffirme que je suis confortable dans mon genre sans adhérer aux stéréotypes, que l’idée de devenir un gars m’attire pas du tout,
    Encore une fois je trouve bizarre d’affirmer que toutes les femmes veulent devenir des hommes sous prétexte qu’ils sont favorisés selon leur genre : ouais j’aimerais bien que certaines choses soient aussi facile que ça l’est pour eux, c’est à dire qu’il y ait plus d’égalité de traitement par exemple, mais aucunement j’ai envie d’être dans leur genre. Autrement dit, là encore j’ai l’impression qu’il y a une confusion entre statut social, inégalité, hiérarchie sociale et genre, alors que tout ceci sont des notions différentes. Ce n’est pas parce qu’une meuf voudrait un meilleur statut qu’elle voudrait être un homme pour autant ,parce qu’un homme pourrait avoir un meilleur statut, je comprends pas ce raccourci énorme qui est fait.
    Pour le reste, je pense j’ai déjà été explicite sur ma conception des choses en général : je souhaite que chacun puisse s’autodéterminer – donc si c’est que tu appelles mon idéologie c’est l’autodétermination, oui c’est ça, je suis pour que chacun puisse se transformer ou transformer les environnements sociaux pour un meilleur bien être général. J’ai tout mis ici : https://www.hacking-social.com/2021/09/17/en-toute-puissance-manuel-dautodetermination-radicale/

  8. Anonyme
    31 juillet 2022
    Reply

    soutien à vous face aux réactionnaires qui se servent du féminisme comme porte d’entrée aux idées nauséabondes fasciste. Vive les luttes LGBTQI+, vive l’intersectionnalité, pour l’autodétermination.
    soutien inconditionnel !

  9. P*nis Radical Eclusionary Feminist
    27 août 2022
    Reply

    Soutien à toutes les femmes et féministes qui aujourd’hui plus que jamais sont persécutées pour avoir d’audace de rappeler que les femmes sont discriminées sur la base de leur SEXE.

    Mes sœurs, sachez que vous n’êtes pas seules, beaucoup comme vous se taisent à cause de l’omerta imposée par les transactivistes et ceux qui disent « amen » pour s’acheter un ticket du côté des « gentils ». Le regain de misogynie est cruel, les personnes LGB souffrent avec nous de se voir interdire le droit d’énoncer les faits : nous sommes tous et toutes discriminées sur la base du sexe. Mais ne perdez pas espoir, car au fur et à mesure que la persécution s’installe, nous commençons à parler et à nous rassembler, la sororité s’éveille enfin. Un nouveau #MeToo finira par émerger, nous pourrons témoigner de la violence psychologique qui nous est faite et du recul de nos droits (déshumanisation, privation de safe spaces, invisibilisation, mutilations, injonction aux lesbiennes d’accepter les pénis, etc). Un #MeToo viendra aussi lorsque les enfants utilisés aujourd’hui comme cobayes prendront la mesure du choix qu’on leur a « donné » avant d’avoir acquis assez de maturité pour comprendre qu’ils s’imposaient une infertilité et une médicamentation à vie.
    Aujourd’hui nous vivons un phénomène peut-être inédit, la prédation d’une communauté oppressée sur une autre, représentant pourtant 50% de l’humanité.

    Ne prenez pas position par principe, ne prenez pas position pour être du bon côté ou être d’accord avec vos ami(e)s, prenez position après mûre réflexion en vous renseignant un maximum sur ce qu’il se passe et ce que ça implique.

    Nous n’accepterons plus le « Valide-moi et tais-toi ».

  10. A.
    6 octobre 2022
    Reply

    « Gloire à qui n’ayant pas d’idéal sacro-saint
    Se borne à ne pas trop emmerder ses voisins »

    Ce n’est pas parce qu’on ne comprend pas quelque chose que ce quelque chose est mauvais. Ce n’est pas parce qu’on ne partage pas quelque chose que ce quelque chose n’a pas le droit d’exister.
    Et ce n’est pas parce qu’on va interdire à quelqu’un (adulte comme enfant) d’être ce qu’il est qu’il va réellement changer. On va « juste », au mieux, lui apprendre à mentir, à devenir caméléon pour éviter les ennuis. Effet de mode ? Non, juste les bâillonnés qui osent à présent murmurer.

    Prononcer un anathème en pointer du doigts les gens aux comportements et aux paroles problématiques (il y en a partout et il y en aura toujours, peu importe le bord) afin de stigmatiser tout le groupe qu’ils prétendent représenter, n’est pas faire preuve de sagacité. C’est juste rajouter un peu plus de cacophonie au lieu de faire silence pour réellement écouter les uns et les autres, comprendre ce qui se passe.
    Mais on pourrait alors se rendre compte que nous ne sommes pas si différents, alors….

  11. L.
    17 juillet 2023
    Reply

    Je pense très modestement que vous faites une erreur dans la manière d’aborder le sujet. Rien que dans la façon dont vous semblez pointer une menace en l’appelant « anti-trans » à la moindre occasion. Je me sens totalement visé par votre l’article car j’ai pu à un moment ou à un autre penser ou exprimer l’un des arguments énumérés ci-dessus. Mais à aucun moment je ne me considère comme « anti » quoi que ce soit. La catégorisation comme « anti » de toutes personnes un tant soit peu critique à l’égard du mouvement LGBT et de sa récente mise sur le devant de la scène est selon moi une erreur majeur qui empêche une discussion saine. Nous sommes pour moi à ce niveau dans les mêmes procédés qu’utilisent les puissances étatico-médiatique pour influencer l’opinion (comme en période COVID par exemple).

    Également, et uniquement dans la façon de nommer votre article, je trouve le ton limite méprisant et au mieux peu subtil. Comme si vos détracteurs essayaient sciemment de dissimuler leurs argumentaires qu’ils savent « anti-trans » sous un vernis d’esprit critique dont ils seraient en fait selon vous incapable de faire preuve de bonne foi. Les gens qui utilisent ces arguments font preuves d’esprit critique que vous le vouliez ou non. Ils se posent des questions, ils réfléchissent, et ils tentent de se placer la il semble pour eux être juste de se placer. En tout cas c’est comme ça que je fonctionne, et je sens un désagréable mépris, lorsque je lis que « sous-couvert » d’un esprit critique factice, je déverserais ma haine « anti-trans », alors que je ne souhaite qu’exprimer mes réflexions et mes craintes, que j’estime légitime.

    Du reste, je suis assez content de voir que l’espace commentaires compte encore quelques réfractaires à votre pensée « pro-trans » (vous voyez ce que ça fait ? C’est désagréable non ?) preuve d’une forme de salubrité dialectique de vos lecteurs.

    Longue vie à votre site néanmoins que j’ai toujours trouvé très inspirant par ailleurs.

    L.

    • Chayka Hackso
      20 juillet 2023
      Reply

      Il me semble, pour des raisons que j’ignore, que vous avez lu ce texte comme s’il vous était adressé directement. Vu que je ne connais pas vos positions en la matière, je ne sais quoi vous répondre précisément, si ce n’est que je regrette que vous vous soyez senti ainsi méprisé.
      Cela étant dit, si vous voulez mieux comprendre les tenants de ce texte, et plus globalement nos positions (ainsi que le vécu qu’il y a derrière, étant moi-même trans), vous pouvez écouter la dernière série de Méta de Choc où je précise tout cela.

      Chayka

      • L.
        25 juillet 2023
        Reply

        Merci pour votre réponse. Le choix de la première personne n’était sans doute pas le plus pertinent et à sans doute contribué à un peu trop personnaliser mon propos. Le fait est que si je me sentais concerné (sans doute un meilleur terme que « viser ») par les arguments à charges portés par l’article et dirigées vers ceux que vous qualifiez d’anti-trans, je ne pensais pas m’exprimer que pour moi-même. Car ce que je pointe du doigt relève d’un procédé rhétorique qui n’est pas l’apanage de votre article seul mais d’une grande partie de la sphère…. LGBT/Progressiste idéologique/Woke/Queer/Sociale Libérale… (sélectionnez la désignation qui vous offensera le moins).

        Je parle bien sur de la question de la catégorisation de son adversaire politique, (car il s’agit évidemment ici de politique vous en convenez) et du clivage fabriqué entre « pro » et « anti » quelque chose. Et du reste j’avoue que j’aimerai parfois être éclairé sur les conditions à remplir pour être catégoriser d’ « anti-trans ».

        Faut-il se montrer particulièrement virulent et insultant à l’égard des personnes trans ou s’agit-il uniquement d’être dans une démarche de réflexion et/ou de scepticisme autour des grandes questions soulevées par la transidentité ?

        Dans l’attente j’irai consulter les liens fournit, merci.

        L.

        • Chayka Hackso
          25 juillet 2023
          Reply

          Pour la désignation de « anti », je vais essayer de préciser.
          Il ne s’agit pas forcément de virulence du propos, mais plutôt de la position aux conséquences concrètes. Le « anti » fait référence ici soit:
          – à l’hostilité vis à vis à des personnes trans (de l’ordre des préjugés et de la discrimination)
          – et/ou à l’encontre de leur droit (=vouloir freiner l’ouverture au droit, vouloir revenir en arrière en supprimant des droits).

          Donc non, on peut en surface avoir un propos non virulent et d’apparence respectueuse et tenir une position anti trans (on l’explique dans la première partie des Autoritaires avec les arguments pseudo démocrates). Suggérer que les personnes trans sont malades, paraphiles, travestis, une menace pour les femmes et pour les enfants, on est déjà là face à des préjugés assez forts. Cela peut être très virulent (se faire traiter d’autogynéphile par exemple, considérer les personnes trans comme des prédateurs sexuels, voir des précriminels, on en parle dans l’émission de Meta de Choc), mais parfois les discours ne sont pas aussi virulents, peuvent se donner l’apparence d’une certaines tolérance de façade. Par exemple, si je dis  » je n’ai rien contre les personnes trans, je les respecte en tant que personne, et d’ailleurs j’ai des amis autour de moi qui sont trans et que j’apprécie, mais je pense qu’on devrait vraiment maintenir définir un homme et une femme selon le sexe biologique, qu’en cela on ne devrait pas permettre par exemple l’accès des femmes trans aux toilettes genrés, ni leur permettre de pouvoir changer la mention de leur sexe sur leur carte d’identité. Je crois aussi que la transidentité relève d’un mal être profond qui doit être traité par des spécialistes, voir d’un problème quant à leur sexualité, et qu’en cela on ne devrait pas permettre aux personnes trans de se faire opérer, sauf après un long suivi psychiatrique et accord des médecins. Je crois aussi qu’il faudrait qu’on arrête de rembourser de tels transitions, il y a bien plus important ». Ce discours n’est pas explicitement virulent, mais il tend à un retour en arrière concernant la transidentité: soit pathologiser à nouveau la transidentité, refuser aux personnes trans de pouvoir vivre selon leur genre au quotidien (car condamnée à garder des papiers d’identité non conformes, et je vous assure que devoir justifier sans cesse pourquoi la mention de sa carte d’identité ne correspond pas, cela entraîne des situations très inconfortables, la conséquence étant soi-même de s’isoler par peur de ces situations, comme par exemple renoncer aux soins courants, comme aller aux urgences en cas de besoin) avec une quasi fermeture de l’accès à une transition médicale complète (car c’est la conséquence d’un tel contrôle médicale, surtout en France avec la psychanalyse qui chapote encore pas mal les choses; et surtout si on coupe en plus des remboursements déjà difficilement accessibles et le plus souvent partiel). En cela, c’est un discours anti-trans, clairement, car une telle application aurait des conséquences destructrices sur les personnes ciblées.
          Ici, vous remarquerez que je ne catégorise par les personnes selon un groupe spécifique, mais bien selon les attitudes et comportements effectifs tenus. Ainsi, ce type de discours peut se retrouver à droite comme à gauche, chez des nationalistes de droite comme chez des sociales libéraux, même chez des gens qui se revendiquent progressiste. Vous parliez de catégorisation de son adversaire politique: eh bien justement, c’est pour cela que j’utilise le terme « anti-trans » car il n’est pas l’apanage d’une catégorie précise, mais bien du propos et comportement tenu. De plus, je ne considère pas les personnes qui tiennent de tels discours comme des « adversaires », selon des logiques de camps, mais bien comme des personnes qui, pour des motivations diverses, entretiennent des préjugés à l’égard d’un groupe social déjà vulnérable. Là plupart du temps, ils ne s’en rendent pas compte. J’essaye souvent (quand j’en ai la force) d’échanger avec des personnes qui peuvent tenir ce genre de propos, et parfois on voit que les choses bougent chez elles. Des gens autour de moi avaient du mal avec la transidentité, et me l’ont bien fait comprendre au début de ma transition, mais la plupart d’entre eux depuis se sont ouvertes, ont laissé tombé leurs anciennes réticences.
          Après bien sûr, certaines personnes ont des préjugés bien plus forts, avec des motifs idéologiques qui les rendra hermétique, un système de pensée très dogmatique. Dans ce cas de figure, l’échange n’est juste plus possible. Fort heureusement, ils sont très minoritaires.
          Là dessus, je suis relativement confiante. En ce moment, il y a un focus sur la transidentité dans l’espace médiatique comme politique, et souvent le traitement est très mauvais, mais ça passera, du moins je l’espère. En attendant, tout ce qu’on peut faire, c’est limiter les dégâts, à commencer par nous éviter que nos parcours soient rendus encore plus difficiles qu’ils ne sont actuellement, qu’on laisse les gens vivre leur vie, et surtout qu’on arrête d’embêter les mineurs avec ça. Ayant été moi même une mineure trans (mais à une autre époque), c’est important qu’on arrête de dire tout et n’importe quoi là dessus, car psychologiquement quand on entend ça quotidiennement autour de nous, et si on est déjà soumise à l’anxiété et/ou la dépression, c’est vraiment nous mettre la tête sous l’eau encore plus.

  12. L.
    27 juillet 2023
    Reply

    Une fois de plus, merci pour ces précisions. Je comprends mieux votre point de vue.
    Selon cette définition je peux donc, sur la base de certaines de mes réflexions, être qualifié d’anti-trans. Et je fais sauter les guillemets maintenant que le terme est bien défini.

    Vous défendez donc que ce sont les personnes trans qui sont en droit de définir les anti-trans ? Et si je suis votre raisonnement, vous pensez donc que tout compte fait, la dénomination/catégorisation d’un groupe social peut être légitimement faite par des personnes extérieur, voire en opposition à ce dit groupe, quitte à n’être qu’une manière imparfaite, raccourcie et disqualifiante de le nommer ? (Comme le terme Woke par exemple, qu’on dit aujourd’hui n’être plus utilisé que par les ennemis politique de cette idéologie ?)

    Pour le reste, je continuerai, conformément à mes principes de neutralité axiologique, d’écouter autant les « pro » que les « anti » mais surtout les « partagés », les « indécis », les « ambigus » et les « perplexes ». Afin d’affiner toujours plus mes opinions concernant ce qui semble être l’un des grands enjeux sociétaux de notre époque. Car il est, selon moi, au mieux naïf, au pire dangereux, de penser que la question de la transidentité ne concerne que les personnes trans…

    Bien à vous.

    L.

    • Chayka Hackso
      27 juillet 2023
      Reply

      Je vous rejoint sur votre conclusion : je ne pense pas non plus que la transidentité ne concerne que les personnes trans. Là dessus, si vous voulez avoir plus de précisions quant à mes propos, j’évoque tout cela dans la série de Meta de Choc: la transidentité vient ébranler le caractère rigide et binaire du genre, dont de puissantes normes sociales préjudiciables en terme de stéréotypes et attentes sociales. Je comprends que cela soit vécu comme quelque chose d’inconfortable.
      Je ne défends pas que ce sont les personnes trans qui ont le droit de définir les anti-trans, par contre je défends effectivement l’idée qu’en terme de discrimination les personnes concernées seront toujours plus à même d’en parler. Je ne vais pas m’amuser par exemple à prétendre mieux qu’une personne noir ce que c’est que de vivre le racisme au quotidien, ni pouvoir déterminer à sa place ce qui est violent ou non à ce sujet. Et ce n’est pas parce que je n’ai jamais personnellement vécu de racisme (comme cible en tout cas, car des proches victimes de racisme par contre je peux en témoigner) que je devrais nier le fait que le racisme existe, qu’il est tristement banalisé dans la société, que je peux moi-même avoir été éduquée dans un environnement social raciste, ce qui implique là dessus que je fasse un travail sur moi-même si je veux sincèrement prétendre démonter de tels préjugés. Contre nos préjugés, cela passe par un travail sur soi, surtout si on part du principe qu’on en est dénuée.
      La neutralité axiologiques s’arrête selon moi dès qu’il est question de préjudices potentiels, ce qui le propre des nombreuses questions de société quant à la tolérance des différents groupes sociaux. Selon moi, certains débats en mode « anti » ou « pro » n’ont pas lieu d’être (au sens où chaque position serait au préalable accepter comme tout autant légitime), de la même manière une position qui se voudrait comme suspendu à une sorte d’indécision concernant certaines thématiques n’est tout simplement pas tenable humainement parlant. Par exemple, je comprends tout à fait qu’on s’interroge, qu’on s’inquiète même, sur la transition médicale des enfants mineurs, car il y a notamment la question de l’irréversibilité (qui est à nuancer sur bien des points, mais passons); par contre, je ne comprends tout simplement pas qu’on débatte sur le fait d’être pour ou contre la transition sociale des mineurs, car là il n’y a rien de potentiellement irréversible. Pourquoi s’opposerait on à cela ? A cause de l’irréversibilité ? Non. Si on considère que la transidentité des mineurs est « provisoire » comme je l’entends parfois (avec cette idée de contagion sociale notamment, hypothèse non fondée au demeurant), ben alors raison de plus de laisser le jeune expérimenter la transition sociale. Ca devrait rassurer les personnes les plus critiques sur ces questions, non? Ce n’est pourtant pas le cas. Voilà ici quelque chose où je ne comprends même pas le pourquoi du débat, si ce n’est via des enjeux idéologiques du type: un garçon ça doit être ceci, une fille cela.
      Pareil concernant les adultes: au fond, quel est le problème qu’un/une adulte transitionne ? Si on se réfère aux stats, n’importe quel français croise régulièrement des personnes trans sans s’en apercevoir, sans que ça pose problème. Vous en avez en toute probabilité croisé plusieurs personnes trans dans votre vie. Quel problème cela vous a causé? Quel problème cela cause-t-il vraiment aux autres? Sauf à sous entendre que les personnes trans seraient potentiellement dangereuses, mais là je pense que vous voyez qu’on est dans le préjugé.
      Bref, que ça pose question je comprends. Que sur des points très précis on ait besoin d’en débattre (comme le sport par exemple) je comprends. Mais qu’on aille en faire un débat aussi virulent dans l’espace médiatique tel que c’est le cas actuellement, non je ne comprends pas, si ce n’est à travers de profonds malentendus, ignorances, voire préjugés.

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