Précédemment, nous avions présenté l’ « effet Trump » : la rhétorique haineuse et incendiaire de Trump aurait enclenché un effet de permission aux préjugés et comportements haineux chez une partie de la population américaine.
Nous nous étions d’abord demandé si les violences de haine avaient vraiment augmenté dès son entrée en campagne et si cela pouvait être directement lié à Trump. À ces deux questions, la réponse fût oui : il y a bien eu une augmentation de la haine aux États-Unis directement alimentée par le 45ème président des États-Unis.
Cet article fait partie d’un dossier, voici les articles précédents :
Mais reste à affiner des connexions et surtout à savoir comment : est-ce une affaire d’argumentation ? Trump serait-il parvenu via sa rhétorique à convaincre une partie de la population quant à la pertinence de ses croyances racistes et sexistes ? Au contraire, ne serait-ce pas plutôt une partie de la population qui aurait initialement été plus en phase avec ce type de croyances, faisant de Trump son porte étendard ? Si les gens, à travers Trump, se sont sentis comme autorisés à tenir des propos et comportements haineux, cela n’impliquerait-il pas qu’ils avaient déjà préalablement en eux, de manière non assumée, de forts préjugés ? Et qu’en ce sens Trump n’aurait été qu’un simple déclencheur ?
Disons-le d’emblée, ce phénomène n’a rien à voir avec une quelconque forme d’argumentation, ou de persuasion. Une lecture verticale et élitiste de ce phénomène – où l’on prêterait à Trump un grand pouvoir de conviction ou de persuasion – serait une impasse.
L’hypothèse que nous allons plutôt explorer, et qui est sans doute celle la plus soutenue pour décrire cet « effet de permission », est la perturbation de normes sociales par Trump : en tant que figure politique de premier plan, et vainqueur d’une élection majeure lui donnant accès au poste suprême, les discours haineux Trump auraient rendu comme socialement plus acceptable des attitudes et des comportements qui étaient jusqu’alors davantage considérés comme socialement condamnables. Ainsi, si les stéréotypes négatifs, préjugés et discriminations ont augmenté, c’est d’abord parce que de nombreux individus qui jusqu’ici masquaient leurs préjugés se sont sentis comme autorisés à pouvoir les assumer davantage, voire pleinement. Les digues ont sauté.

Cette hypothèse implique différents concepts tels que les conflits normatifs, l’influence des normes sociales, la différence entre préjugés exprimés et préjugés authentiques, etc : cela nous dessine une nouvelle feuille de route pour notre enquête.
Pour ces prochaines parties, si je m’éloigne de l’effet Trump en parlant de ces concepts, c’est pour pouvoir mieux y revenir.
Commençons par nous attarder sur ce concept de normes sociales.
▶ Quand les normes sociales orientent nos comportements
Imaginez : vous êtes dans des toilettes publiques.
Vous vous essuyez les mains avec du papier et le jetez à la poubelle, mais vous vous loupez, le petit morceau de papier tombe au sol. Vous n’êtes pas la première personne à qui cela arrive au vu des autres déchets à terre. Les toilettes sont assez mal entretenues et un autre usager à côté de vous appuie frénétiquement sur le savon, en met partout sur l’évier et le miroir, jette son papier sur le monticule de déchets à quelques centimètres de la poubelle.

Que faire ?
Il est possible de se dire : « oh et puis merde ! », et de jeter le papier n’importe où.
Vous n’auriez jamais fait ça, c’est impossible ? Je vous félicite. Mais admettons, juste pour l’illustration et la mise en perspective.
Ce n’est pas ainsi que vous agissez habituellement, mais là, vous avez eu ce comportement.
Quelques jours plus tard, vous revoilà dans des toilettes publiques : tout est clean, les gens autour de vous semblent faire attention à ne rien salir.

Mais votre papier rebondit à nouveau contre la poubelle. Il est là, seul, sur un carrelage brillant. Les autres usagers autour de vous, sont super-consciencieux, vous vous dites que vous n’allez quand même pas laisser vos déchets par terre ! En somme, vous vous sentez comme obligé de le ramasser et de le jeter.
Voilà donc deux situations, apparemment similaires, mais avec des comportements différents « ramasser son papier, le mettre à la poubelle» VS « ne pas ramasser son papier, quitter les toilettes en toute indifférence ». En réalité, ces deux situations ne sont pas similaires : dans un cas, nous sommes dans un environnement où les règles d’hygiène ne sont pas à l’ordre du jour, que ce soit par les usagers et/ou les gestionnaires du lieu ; dans l’autre, tout indique que les règles d’hygiène sont très importantes car suivies, là aussi que ce soit côté usager et/ou gestionnaire des lieux.
Autrement dit, la différence ici est la perception de la norme sociale, et cette perception est déterminante quant à l’orientation de nos comportements.
Qu’est-ce qu’une norme sociale ?
Une norme sociale « définit ce qui est socialement acceptable de faire et d’être en traduisant les valeurs et les idéaux dominants d’une société ou d’un groupe. Ce sont des règles collectives soutenues par l’approbation et la désapprobation »1.
Autrement dit, ces normes contribuent à déterminer nos attitudes et nos comportements. Ce ne sont pas des lois ou des règles explicites, mais davantage une « grammaire de la vie quotidienne »2.
Ces normes sociales ne sont pas les mêmes selon les contextes et environnements sociaux. Sans qu’on en ait conscience, il y a différents indices sur ces règles sociales dans les environnements, nous poussant à agir d’une manière ou d’une autre.
Autre exemple, imaginez que vous devez prendre une douche dans un lieu collectif (comme dans un internat, un campus universitaire, des vestiaires …), que vous tombez sur un panneau qui promeut l’économie de l’eau.
Voici ce qui est écrit :

Allez-vous suivre ces recommandations ?
Cela va dépendra en partie de votre perception des normes sociales.
Dans une étude menée par Aronson et O’Leary (1982), seulement 6% des étudiants d’un campus universitaire suivaient ces recommandations.
Mettons maintenant qu’en plus du panneau, vous observez un autre étudiant respecter scrupuleusement ces consignes. Plus probable que cela vous amène davantage à faire de même.
Je dis probable, car dans cette condition expérimentale de l’étude avec un modèle (un autre étudiant qui respecte le panneau), 49% suivent les consignes.
Mettons maintenant qu’il n’y ait pas un, mais deux étudiants respectant les consignes. Là tout d’un coup, peut-être que vous sentirez encore plus obligé à les respecter. Et effectivement, dans cette condition 67% des étudiants exposés à deux modèles suivent la consigne.
Ce sont donc les comportements des autres étudiants qui ont fait de cette consigne une norme sociale : il ne s’agit plus seulement de suivre ou non une règle écrite, mais d’imiter un comportement, sinon ce serait prendre le risque d’être mal perçu.
Même sans précision explicite des règles, c’est une situation courante dans la vie quotidienne.
Attention toutefois, les normes sociales ne sont pas à confondre avec les habitudes personnelles ni avec des instincts.
Voici une synthèse de ce que sont ou ne sont pas les normes sociales ( Legros & Beniamino Cislaghi, 2019) :
Les normes sociales sont… |
Les normes sociales ne sont pas… |
« sociale » et partagé par certains membres d’un groupe. |
Une réaction instinctive ou biologique. |
Liés aux comportements et à la prise de décision éclairée. |
Des goûts personnels. |
Capables d’affecter la santé et le bien être des groupes de personnes |
Des habitudes personnelles |
Prescriptif ou proscriptif (par exemple des interdits) |
des habitudes comportementales dans un groupe en raison de tendances démographiques, de choix communs faits dans le cadre d’option limitées ou de l’agrégation d’individus ayant des goûts similaires. |
Évidemment, la poursuite ou non de normes sociales dépendra des motivations en jeu :
« Les gens suivent une norme non pas parce qu’ils craignent le bras de la loi ou les châtiments corporels, mais parce qu’ils veulent éviter la censure sociale ou les affres de la conscience. En termes plus positifs, les gens suivent une norme parce qu’ils recherchent l’approbation sociale ou une conception vertueuse de soi. »
Mendelberg 2001
Est-ce à dire que la poursuite ou non de normes sociales dépend de motivations exclusivement introjectées (c’est à dire faire un comportement uniquement pour éviter la honte ou pour être valorisé par les autres) ?
Pas tout à fait. Il est tout à fait possible d’invoquer des motivations plus internalisées, c’est-à-dire plus à soi.
Reprenons l’expérience précédente. Si je vois la pancarte m’incitant à utiliser moins d’eau, que j’observe des pairs qui suivent ses consignes, et que cela m’influence effectivement pour faire de même, je peux adopter comme mienne cette pratique parce que cela fait écho à des principes que j’estime importants (l’écologie par exemple ; j’ai donc là une motivation à régulation intégrée), ou parce que je m’identifie au comportement (« être une personne qui respecte les efforts collectifs », c’est une motivation à régulation identifiée). Ici ce n’est plus question de la peur d’être mal perçu qui domine le comportement, mais des réflexions ou des identifications qu’on a réfléchis et endossés dans la vie en général, quels que soient les environnements.
On ne suit pas une norme sociale uniquement parce que l’extérieur nous y presserait : parfois on est d’accord avec ses principes, ses buts, cela fait sens pour notre existence.
Viciss en a parlé à plusieurs reprises via la théorie de l’autodétermination de Deci et Ryan. Dans cette théorie, les chercheurs montrent les différentes motivations et régulations d’un individu, face à un comportement qui lui serait demandé :
Ainsi, selon la théorie de l’autodétermination, un même comportement chez deux individus peut ne pas correspondre au même type de motivation.
Par exemple, mettons que deux individus, Bob et Lucie, veillent à ne pas jeter des détritus dans un parc, voire à ramasser ceux qu’ils croisent pour les jeter dans une poubelle.
Bob s’oblige à le faire, parce qu’il a peur d’être mal perçu si on le voit jeter quelque chose par terre alors que tout est propre (ce qui démontre que personne ne se permet de jeter les choses par terre). En plus, il croise souvent des collègues dans ce parc et ceux-ci le complimentent lorsqu’ils le voient ranger les déchets : ça lui permet d’être bien perçu, d’entretenir une image de bon gars.
Lucie, comme Bob, s’assure aussi de ne rien jeter par terre, voire ramasse les détritus qu’elle croise, car cela lui importe personnellement : elle apprécie esthétiquement le parc sans déchet et est contente de participer à l’appréciation collective du lieu. En plus, elle met ici en œuvre ses principes écologiques, ce qui donne du sens à ce moment qu’elle vit.
Les comportements de Bob et Lucie sont en apparence identiques, mais les motivations ne sont pas les mêmes :
-
Bob poursuit ce comportement de ramassage de détritus par motivation introjectée. Autrement dit, Bob se conforme simplement à la norme sociale: si c’est propre, alors salir sera vu négativement, on va lui foutre la honte, l’humilier ou le regarder de travers ; s’il participe activement à la propreté alors il peut gagner en approbation sociale en s’appropriant personnellement la « gloire » de cette propreté pourtant collective.
-
Lucie, elle, poursuit ce comportement par motivation intrinsèque (elle aime bien participer à rendre joli un lieu) et par motivation intégrée (elle aime mettre en œuvre ses principes écologiques et prosociaux).
Vous allez peut-être me dire : « ok, les motivations sont différentes, mais finalement ça ne change rien, c’est du pareil au même, ils font la même chose! ». En fait, ça change tout !
Mettons que l’environnement social de Bob et Lucie change totalement, que ce soit le lieu, l’époque, les mœurs, les groupes, etc.
Cette fois, ils sont dans un parc où jeter des détritus par terre n’est pas du tout mal perçu socialement, d’ailleurs personne n’entretient l’espace. Les questions écologiques sont absentes, voire mal perçue (comme c’est le cas dans les politiques anti-environementalistes, je pense par exemple aux politiques de Trump ou encore de Bolsonaro) : Bob, qui jusqu’ici a été mû par des motivations peu ou pas du tout internalisées ne poursuivra plus ses anciens comportements. Plus encore, si jusqu’ici il se sentait comme sous pression à être le plus clean possible quant à ses détritus, il peut complétement se lâcher dans ce lieu et faire désormais tout l’inverse: pour plaire aux collègues, être perçu comme le bon gars « normal », il s’agit de jeter sans faire attention.
Un environnement social où le fait de polluer serait socialement valorisé, ça vous paraît irréaliste de nos jours ? Et pourtant ça existe. Voici un petit reportage d’Arte sur le Coal Rolling, où je vous laisse imaginer ce que serait le comportement de Bob.
Lucie quant à elle n’abandonnera pas pour autant ses comportements, car elle les a intégrés, elle ne les fait pas pour se faire bien voir, ni parce qu’elle se sent contrainte par des pressions extérieures : qu’importe si maintenant les gens la perçoivent comme bizarre ou la regardent de travers, qu’elle souffre de ce rejet, elle continuera son comportement parce que ça fait sens dans sa vie.
Il est possible que dans le cas de Lucie, son comportement de ne pas jeter ses détritus dans des espaces communs ait pu être amorcé ou encouragé par des normes sociales précédentes, mais indéniablement elle n’en est plus dépendante, ce sont des motivations autonomes, qu’elle a fait siennes, qui l’orientent désormais. Elle est autodéterminée à poursuivre sa quête, qu’importe les nouvelles menaces et pressions que cela génère.
Autrement dit, si les normes sociales peuvent orienter nos comportements, on peut toutefois les suivre ou les adopter selon différentes motivations. Être en accord avec des normes sociales en présence ne signifie pas qu’on en est dépendant ou qu’on agirait sous la contrainte de pressions extérieures.
Là est une nuance de taille, qu’on évoquera par la suite quand on abordera plus en détail les normes sociales d’égalité, notamment quant à la question du racisme et du sexisme, ou lorsqu’on explora l’effet de compensation.
Imaginez la précédente situation de Bob et Lucie, mais cette fois sur la question du racisme et non de l’écologie. Comment Bob, introjecté, réagirait dans un milieu où le racisme est décomplexé : pour éviter d’être mal perçu ou pour être perçu comme un bon gars, il exprimerait à son tour des propos racistes, s’autoriserait à les exprimer. À l’inverse, Lucie se ferait humilier quant à ses positions antiracistes, voire ostraciser, elle deviendrait rebelle malgré elle.
Vous l’avez compris, si à la base je vous parle de normes sociales et de motivations, c’est bien pour embrayer sur la question des comportements haineux.
▶ Quand l’influence normative oriente l’expression de nos préjugés
Certaines normes perçues peuvent diminuer ou augmenter l’expression de préjugés.
Illustrons cela avec une expérience de Stangor, Sechrist et Jost (2001).
Des participants blancs sont invités à se prononcer sur ce qu’ils pensent de la population noire. On leur fournit 19 traits sur lesquels ils peuvent se prononcer (en lui attribuant un pourcentage selon le degré d’accord ou de désaccord). Cette liste de traits correspond à des stéréotypes positifs (par exemple travailleurs) ou négatifs (par exemple violents).
L’idée ici n’est aucunement de faire un sondage sur la simple prévalence de stéréotypes positifs ou négatifs, mais sur la manière dont ses stéréotypes vont bouger en fonction de l’influence sociale normative.
Pour mesurer cela, les chercheurs font revenir les participants une semaine plus tard afin de leur présenter ce qui serait la moyenne de l’ensemble des participants qui ont passé ce test comme eux. Vous l’aurez peut-être deviné, ces moyennes sont fausses, elles servent en réalité à mettre en place deux conditions :
-
Dans une condition de consensus favorable, on présente aux participants des résultats de 18 à 22% plus importants que leur résultat personnel quant aux traits positifs. Autrement dit, on leur indique que les gens en moyenne donnent des traits plus positifs qu’eux aux noirs.
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Dans une condition de consensus défavorable, on présente aux participants des résultats de 18 à 22% plus importants que leur résultat personnel quant aux traits négatifs. Autrement dit, on leur indique que les gens en moyenne donnent des traits plus négatifs qu’eux aux noirs.
Une fois que les participants ont pris connaissance du consensus général, les expérimentateurs les invitent à se prononcer une nouvelle fois sur leur attribution de traits positifs et négatifs aux personnes noires.
Vont-ils maintenir leur choix de départ ? Ou cela va-t-il bouger par influence normative, c’est-à-dire qu’ils vont essayer de démontrer qu’ils ont les mêmes idées que les autres, façon introjectée donc ?
Voici les résultats, avec les différences entre la première et seconde évaluation selon que le consensus général soit favorable ou défavorable.

On voit que les participants modifient leurs stéréotypes en fonction de ce qu’ils pensent être le consensus général :
« [Les participants] sont devenus au moins un peu plus négatifs envers les Afro-Américains après avoir appris que d’autres avaient des stéréotypes moins favorables qu’ils ne l’avaient supposé à l’origine »
Stangor, Sechrist et Jost 2001
Ainsi, un participant pourra exprimer des stéréotypes plus négatifs à l’encontre d’un groupe s’il perçoit un consensus général négatif vis-à-vis de ce groupe.
Ce type d’expérience illustre le pouvoir normatif de l’influence sociale comme facteur qui affecte l’usage de stéréotypes. On voit aussi le reflet d’un triste constat : les motivations introjectées sont plus répandues que toute autre motivation3, ainsi les personnes sont très perméables aux influences sociales, ce qui sera moins le cas pour les personnes en motivations plus internalisées (motivation intrinsèque, identifiée, intégrée). Il y a absence d’autodétermination quand il y a introjection, donc perméabilité à l’influence sociale, quel que soit la direction vers laquelle elle fasse glisser les personnes.
Il en va de même pour des normes sociales plus larges : si les individus pensent que la norme les autorise, ou tout du moins ne les empêche plus , de tenir des propos négatifs envers les Afro-américains, ils pourront se permettre de tenir des opinions qu’ils n’auraient pas exprimées dans un autre contexte où ils auraient perçu un contrôle social allant dans le sens contraire. Si on prend l’angle de la théorie de l’autodétermination, ici ce n’est pas tant qu’il faille un contrôle social plus fort, des normes assénées de manière plus virulentes. Ça n’aurait que des effets court-termistes. Le problème c’est que dans un cas ou dans un autre, les personnes ne sont pas encouragées, guidées à développer des motivations intégrées, à internaliser un respect prosocial de tous. Le respect, le prosocial n’est pas perçu comme socialement utile et bénéfique, n’est pas transmis de la bonne façon, n’est pas appris correctement, donc les gens n’internalisent pas, n’en saisissent pas le sens, à part quelques personnes en motivation intégrée à ce sujet.
Faire internaliser un respect prosocial de tous est cette quête de développement social que nous présentons dans notre ouvrage En toute Puissance.
L’opinion de la majorité d’un groupe de référence indique ce qui est socialement acceptable ou non aux gens, sert donc de cadre de référence normatif qui influence nos attitudes et comportements en particulier lorsqu’on est dominé par nos motivations introjectées.
Mais ce type d’influence est-il similaire pour tout le monde ?
Non, comme on verra plus tard, cela dépend d’une multitude de facteurs dispositionnels (par exemple, nos besoins, motivations, notre tendance à chercher la conformité sociale, notre expérience de vie, la manière dont on s’identifie au groupe ou non, etc.) et situationnels (par exemple, le contexte général, la présence ou l’absence de pressions fortes, etc.). Loin de moi l’idée d’en faire le tour, j’y reviendrais dans la suite de notre enquête, et sachez que je porterai principalement focus sur les facteurs qui nous intéresseront en premier lieu quant à l’effet Trump.
Et l’un des facteurs que je voudrais mettre en avant et qui fera toute la différence quant à notre tendance à adhérer à des stéréotypes négatifs par influence normative est la présence ou non de préjugés authentiques, c’est-à-dire de préjugés déjà profondément ancrés chez l’individu, et qui peuvent ne jamais être explicitement exprimés.
Nos préjugés demeurent le plus souvent cachés, et c’est ce que nous verrons dans notre prochaine partie :
La suite : Infiltrée dans les vestiaires des mecs – les préjugés On/off
Bibliographie partielle
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GIRANDOLA Fabien, DEMARQUE Christophe, LO MONACO Grégory, « Chapitre 4. Normes », dans : , Psychologie sociale. sous la direction de GIRANDOLA Fabien, DEMARQUE Christophe, LO MONACO Grégory. Paris, Armand Colin, « Portail », 2019
-
Yzerbyt & Klein, Psychologie sociale, 2019
-
Mendelberg T, The Race Card: Campaign Strategy, Implicit Messages, and the Norm of Equality, 2001
-
Stangor, C., Sechrist, G. B., & Jost, J. T. (2001). Changing racial beliefs by providing consensus information. Personality and Social Psychology Bulletin, 27(4), 486–496
-
Legros & Cislaghi, Mapping the Social-Norms Literature: An Overview of Reviews, 2019
-
E. Aronson, M. O’Leary, The Relative Effectiveness of Models and Prompts on Energy Conservation: A Field Experiment in a Shower Room, 1982
-
Candall & Eshleman, A justification-suppression model of the expression and experience of prejudice, 2003
-
Viciss Hackso, En toute puissance, 2021 disponible ici https://www.hacking-social.com/2021/09/17/en-toute-puissance-manuel-dautodetermination-radicale/:
Notes de bas de page
1 GIRANDOLA Fabien, DEMARQUE Christophe, LO MONACO Grégory, « Chapitre 4. Normes », dans : , Psychologie sociale. sous la direction de GIRANDOLA Fabien, DEMARQUE Christophe, LO MONACO Grégory. Paris, Armand Colin, « Portail », 2019,
2 Ibid.
3 Pour une revue des expériences de la théorie de l’autodétermination, voir Deci et Ryan (2017).
[…] Partie 2 : Quand les normes sociales orientent nos comportements […]