Initialement ce post est un thread fait rapidement sur bluesky (nous ne sommes plus vraiment sur les autres réseaux sociaux), ici : Viciss Hackso: « Lors des différents…
Lors des différents call-out récents qui ont agité la sphère Twitch, j’entendais parler beaucoup de justice réhabilitatrice, que je croyais — a tort — que c’était un terme recouvrant la justice réparatrice JR et/ou transformatrice JT. J’avais alors du mal à comprendre pourquoi les gens avaient tenté des médiations, alors que ce n’est pas vraiment du tout les premières étapes urgentes de ces justices différentes, voire que c’est estimé dangereux. Mais en fait ce n’est pas ça, la justice réhabilitatrice.
Soit c’est ce qui est désigné APRÈS les jugements/peines/réparations et on essaye de réadapter les offenseurs à la société d’une façon qui n’offensera plus (mais je ne pense pas que les gens parlaient de ça, puisque ça nécessite soit une peine soit une réparation par l’agresseur). L’offenseur est réhabilité parce qu’il a démontré sa conscience des actes, a réparé la situation pour la cible et la commu etc.
Soit cela désigne une théorie dans un bouquin dans un cadre particulier. Je ne le connais pas1 (et) donc je ne vais pas le juger. Mais dans le contexte de justice réparatrice ou transformative, la médiation déjà c’est gros NON en cas d’affaires conjugales (selon la crimino/la psycho j’en parle ici : https://www.hacking-social.com/2020/11/30/jr2-differents-processus-de-justice-restauratrice/ , parce que c’est un danger de perpétuer les emprises et les dominations or c’est précisément ce que ces cibles ont besoin de fuir. Ceci étant dit, des processus de JR/JT peuvent être mené en cas de violences sexuelles, mais ça ne commence pas par la médiation, voire il peut n’y en avoir jamais [tout dépend de ce que veut vraiment la victime et ses besoins qui auront été réfléchis loin de la situation dangereuse]. Ici un reportage avec un processus exemplaire, qui travaille aussi sur la question systémique, avec un aspect décolonial affirmé [le processus est profondément issu des 1res nations des Amériques, c’est la communauté qui a géré] :
[si vous galérez avec l’anglais, j’ai décrit le fond du reportage ici : https://www.hacking-social.com/2021/02/01/jr6-la-justice-transformatrice-en-action-abus-sexuels-a-hollow-water/ ; le documentaire complet est disponible ici : Hollow Water – ONF]
Comme on le voit la première étape n’est surtout pas de faire discuter les cibles avec leurs agresseurs, mais de faire prendre conscience aux agresseurs de la réalité de leurs actes, des conséquences et gravité de ceux-ci, et ça a demandé un an, des cercles répétés, un travail d’éducation et de réflexion poussés avec toute la communauté. Ensuite seulement, de leur coté les victimes, entourées et protégées avaient décrétés leurs besoins, certains n’ont pas voulu revoir leur parent agresseurs, d’autres ont voulu discuter pour comprendre, mais toute la communauté veillait à protéger les enfants et leurs besoins en priorité. La JR/JT est dictée par les besoins des victimes et de la communauté qui en pâtit, et c’est pour ça qu’il y a un gros travail fait pour faire prendre conscience à l’agresseur, puis le faire réparer [sans conscience il ne réparera rien correctement, les excuses ne seront pas sincères, ni le travail ou compensation donné], et parfois entre toutes ces étapes, oui y a un travail pour le réhabiliter dans la société afin qu’il n’offense plus et d’ailleurs ça passe aussi par le suivi des réparations demandées par la cible ou les personnes touchées par le tort [qui peuvent être toute la commu en question]. On voit ce processus de responsabilisation ici : https://www.hacking-social.com/2021/02/08/jr7-justice-transformatrice-le-processus-de-responsabilisation/
Et si vous êtes sans moyen face à une sale histoire, que c’est compliqué avec la justice classique, que vous soyez dans n’importe quel position d’une affaire, je pense que c’est l’un des docs les plus pratiques que vous trouverez aussi dans :
« beyond Survival, Strategies and Stories from the Transformative Justice Movement édité par Ejeris Dixon et Leah Lakshmi Piepzna-Samarasinha, 2020 ».
En tant que cible, perso le questionnaire des besoins m’a permis de vraiment faire le tri avec ce que j’avais besoin qu’on me répare et même d’avoir pu ensuite savoir quelles démarches je pouvais faire. Ça permet de surmonter les gazlight ou l’effet des traumas qui nous fait revoir à la baisse les réparations dont on aurait besoin et ce qu’on est capables d’obtenir.
Attention, sur Internet j’ai pu notamment voir cela avec l’affaire de la ligue de lol, cela a pu être réduit par les agresseurs à croire qu’il ne fallait que s’éduquer et/ou que présenter des excuses : ce n’est pas une réparation suffisante à mon sens — même cela a pu être accepté par les cibles en question, par exemple elles auraient pu être accompagnées pour que des gens les aident à calculer concrètement tout ce qu’avait coûté financièrement le harcèlement [coût psy, coût d’arrêt de travail, coût au fait d’avoir perdu des opportunités, etc]. La réparation, ça peut être calculable très concrètement.
Bref, je ne vous refais pas le dossier sur la JT/JR que j’ai laissé ici :
ou là :
si vous voulez fouiner les sources et les dizaines de protocoles laissés à dispo tant par des universitaires que militants :
Je conseille vivement le site : https://transformharm.org/ qui est une mine d’or, y a des protocoles pour toutes les situations à dispo.
On a parlé des problèmes de la médiation avec d’autres types de violence, comme celle du harcèlement scolaire, ici :
Je signale juste que je comprends que les personnes médiatrices tentent de faire au mieux avec les outils à disposition, mon propos consistait juste à souligner d’autres outils/notions qui peuvent être employés.
Ce sont des situations épouvantablement difficiles, et j’envoie tout mon soutien aux cibles, aux survivantes, aux aidants. Je souhaite toutes les forces possibles à ceux qui veulent vraiment aider, veulent vraiment faire en sorte qu’aucune horreur ne se reproduise.
1 poser la source en description de vos streams svp 🙂
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