♦ L’expérience de Milgram… est d’actualité.

Sommaire de l'article

La France a besoin d’un vrai chef. Les Français veulent que le pays soit remis en ordre. Nous voudrions des autorités plus fermes, plus intransigeantes. L’autorité est une bonne chose, IL EN FAUT PLUS !
Ah oui, vraiment ?

Le mot revient dans la bouche des politiciens, l’expression est reprise dans les médias, et les sondages interrogent à son sujet : en 2013, 87 % trouvent que la notion d’autorité est trop critiquée ; 84 % disent que la France a besoin d’un vrai chef pour remettre de l’ordre. (Sondage IPSOS 2013 et répété en 2014).

Mise à jour de 2023 

Ici on voit la progression d’année en année : 

Issu de : https://www.ipsos.com/fr-fr/fractures-francaises-face-aux-crises-qui-frappent-le-pays-un-besoin-de-protection-plus-fort-que

Et selon les catégories sociales et les partis : 

Issu de : https://www.ipsos.com/fr-fr/fractures-francaises-face-aux-crises-qui-frappent-le-pays-un-besoin-de-protection-plus-fort-que

L’autorité et son soi-disant besoin étant dans l’air, nous avons estimé qu’il était temps pour notre piqûre de rappel du « vaccin » Milgram ou de la première grosse injection si vous ne le connaissez pas. Milgram ainsi que les multiples réplique de son paradigme vont nous rappeler ce que peut nous faire l’autorité et l’indécrottable soumission qui y est liée, nous verrons également comment certains reussissent à désobéir, non sans difficulté.
Quand on pense « autorité », on ne doit pas oublier que cette notion, pour exister, suppose une soumission : d’une personne qui obéit, d’individus, de groupes, d’institutions, etc. Dès lors qu’on en appelle à l’autorité, on en appelle à l’obéissance de certains. Mais qui ? Vers quel but ? Comment ? Vouloir renforcer la domination d’une structure sur certains n’est ce pas prendre le risque d’être soi même encore plus dominé, dirigé, soumis ? Dominé ou soumis, soumis et dominant, faussement dominant et pourtant soumis, faussement soumis et pourtant dominant… N’y a t il pas d’autres voies, autre que cette loi de la jungle, plus adaptées à notre humanité ? Je ne répondrais pas à cette question pour l’instant1.  Cet article est là pour vous faire connaitre le paradigme de Milgram, dont les expériences nous semblent essentielles à connaitre. A noter qu’avec le temps, le grand « pourquoi », l’interprétation des résultats changent selon les chercheurs et les nouvelles données2, mais les résultats non, ce qui en fait une expérience, malheureusement, très fiable. L’éthique du paradigme a été évidemment beaucoup questionnée pour la violence psychologique qu’elle peut représenter, les techniques modernes peuvent l’adoucir notamment en faisant la passation via réalité virtuelle (et les résultats sont similaires)

C’est un thème très difficile, pour s’accrocher, n’oubliez pas qu’il y a toujours des participants qui arrivent à désobéir et que même s’ils sont une minorité numérique, IRL, parfois un seul individu déterminé, dans certaines circonstances, peut en sauver plus des milliers.

 

Par exemple Chiune Sugihara, diplomate Japonais délivra des visas de transit par le Japon aux juifs, malgré le refus de sa hiérarchie. Il sauva environ 6000 juifs. « il est exclu du corps diplomatique japonais en 1945. Ce n’est qu’après sa mort que l’État japonais l’a réhabilité. Quand on lui demanda pourquoi il avait risqué sa carrière, voire sa vie, pour aider d’autres personnes, il aurait répondu, citant un adage samouraï : « Même un chasseur ne peut tuer l’oiseau qui vole vers lui en cherchant un refuge ». » source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chiune_Sugihara et https://encyclopedia.ushmm.org/content/en/article/chiune-sempo-sugihara et « Auschwitz, l’impossible regard » de Fabrice Midal  On parle d’autres sauveteurs ici : [PA1] La personnalité altruiste – 

Milgram, l’expérience


1960.
Vous êtes professeur, employé, ouvrier ou docteur, jeune ou âgé, qu’importe : vous avez répondu à une petite annonce de la studieuse université de Yale parue dans la presse locale. Celle-ci appelait à participer à une recherche sur la mémoire contre une rétribution de 4 dollars 50 (ce qui est une somme correcte pour l’époque).
Vous êtes accueilli dans un élégant laboratoire, par un expérimentateur de 31 ans froid et impassible : nul doute, cet enseignant en biologie doit être sévère avec ses élèves tant il dégage d’autorité. À côté de lui, M.Wallace, homme de 47 ans au visage avenant, sympathique : il participera avec vous à l’expérience et vous vous en voyez déjà heureux.
L’expérimentateur vous explique que vous allez tous deux participer à une expérience sur l’effet de la punition sur l’apprentissage. L’un d’entre vous va jouer le professeur et l’autre prendre le rôle de l’élève. Vous tirez au sort votre place, et vous voilà devenu le professeur de cette expérience.

M.Wallace se fait installer le dispositif d’envoi de choc électrique

M.Wallace est emmené dans une salle adjacente, il est attaché sur une chaise (« pour éviter tout mouvement excessif durant un choc » dit l’expérimentateur) il accroche des électrodes à ses poignets et il pose une crème pour éviter les brûlures. M.Wallace est souriant et semble confiant. Vous ne vous inquiétez pas, vous savez pertinemment que dans ce genre d’expérience, tout est pris en compte, peut-être même excessivement. Les scientifiques sont tatillons, leurs instruments peuvent faire peur, mais tout est maîtrisé et sécurisé. Non, il n’y a pas à s’en faire.
Comme s’il saisissait ce vague questionnement, l’expérimentateur précise que les chocs que vous enverrez à M.Wallace peuvent être extrêmement douloureux mais qu’ils ne peuvent pas causer de dommages irrémédiables. C’est bien ce que vous pensiez, il n’y a pas à s’en faire.
Vous voilà dans l’autre pièce, à l’écart de M.Wallace. Devant vous, un interphone qui permettra la communication avec votre « élève » et un générateur de chocs, gradué de 15 à 450 volts. On y lit « choc léger, choc moyen, choc très intense » et la fin de la graduation n’indique qu’un « XXX » . L’expérimentateur vous explique votre rôle : une tâche de mémoire où vous aurez pour l’essentiel à lire des listes de mots (et a M.Wallace de deviner les mots manquants) et punir M.Wallace s’il venait à se tromper dans le rappel de ces mots. On vous fait tester l’appareil sur vous à 45 volts : une bonne piqûre, c’est certain, mais ce n’est rien d’insurmontable. L’appareil clignote, émet des bruits mécaniques, vous commencez à bien saisir votre rôle.

la « shockbox », l’appareil à envoyer les chocs électriques

Quelques piqûres pour faire avancer la science, ce n’est pas grand-chose. M.Wallace, si sympathique, doit aussi le penser. Ensemble, vous formerez de bons sujets, l’expérience sera un succès et il n’y aura pas d’autres dommages que cette piqûre.
Première série.
Pour débuter et pour que tout le monde comprenne bien sa tâche, tout le monde y va en douceur. M.Wallace fait sept erreurs, le curseur du générateur de chocs est sur la position moyenne. Tout a l’air de bien se passer, car l’expérimentateur annonce que vous pouvez passer à la deuxième liste.
Deuxième série.
Les choses sérieuses commencent : M.Wallace doit cette fois-ci connaître par cœur toute la liste de mots que vous lui présentez, sans quoi vous devriez recommencer et continuer à délivrer des chocs. On recommence à partir de 15 volts. M.Wallace fait des erreurs, ça commence à devenir sérieusement gênant. Est-ce qu’il a un problème de mémoire ? Nous avons dépassé les 150 volts, nous ne sommes plus à un choc moyen et vous devez encore élever le niveau de choc. Vous essayez de l’encourager, vous insistez sur certains mots pour le mener sur une piste, mais rien n’y fait, il continue d’échouer. Il hurle. De plus en plus fort.

Et vous devez encore monter le niveau de choc.
300 volts.
Vous annoncez 300 volts, comme le protocole le requiert. Pour toute réponse de M.Wallace, vous l’entendez remuer sur sa chaise et marteler au sol. Ce n’est plus la piqûre du début. Il souffre.
– Je dois encore augmenter le niveau des chocs ? demandez vous.
– Oui, répond froidement l’expérimentateur.
Vous avez soupiré, marmonné dans votre barbe. Vos doigts ont hésité à approcher de la machine, vous aviez les pieds qui tapaient au sol de nervosité. Votre mécontentement et stress étaient visibles.
315 volts.

M.Wallace ne répond plus. Il n’émet aucun son malgré vos demandes répétées. Il s’est passé quelque chose à 300 volts, vous en êtes certain. Il a 45 ans quand même, c’est peut-être pas bon pour le cœur à cet âge-là… Mais nous sommes dans une université, il y a des docteurs et des scientifiques dans tous les coins, pourquoi remettre en doute cette expérience ? Vous tentez néanmoins, afin de vous calmer :
– Peut-être qu’il ne veut plus continuer l’expérience ?
– Même si ça ne lui plaît pas, il faut continuer jusqu’à ce qu’il ait appris sa liste de mot correctement.
Peut être que vous êtes trop sensible, peut être que vous imaginez des choses qui n’ont pas lieu. Vous continuez et cette fois ce sont vos mains qui tremblent.
330 volts.
Toujours pas de réponse.
– Mais on n’entend plus rien !
– L’expérience exige que vous continuiez.
L’indicateur du générateur de choc précise « choc violent » et vous n’êtes pas loin des « XXX ». L’expérimentateur ne bouge pas, ne cille pas. Une statue. Le luxueux labo que vous admiriez au début vous est des plus inconfortables. Vous n’arrivez pas à tenir en place sur votre chaise, et vos mains dans vos cheveux sont tendues, suantes, tremblantes. Mais qu’est-ce que vous faites là ? Vous revoyez M.Wallace, si sympathique. Vous ne savez pas s’il va bien et il reçoit des chocs violents sans réagir. Il est probable qu’il ne répondra plus. Cette situation est intenable.
– C’est quand même bizarre qu’il ne dise plus rien à ce niveau ! On ne peut pas arrêter ?
– Il est indispensable que vous continuiez.
Alors vous continuez. Pas sans craintes, pas sans stress ni angoisse. Vous appelez M.Wallace, l’encouragez à répondre, ne serait-ce que pour lui signifier qu’il va bien. Vous égrenez les listes de mots, espérant que sa voix traverse l’interphone. Mais il n’en est rien. M.Wallace ne répond plus et l’expérimentateur, à chacune de vos questions, vous réponds toujours de continuer. Il est scientifique, il est sûr de lui. Après tout, c’est lui qui a monté l’expérience dans cette prestigieuse université, il doit savoir ce qu’il fait. Vous vous en remettez à ces instructions, vous suivez le protocole la gorge nouée. Vous vous promettez de ne plus jamais répondre à ce genre d’annonce. Même pour plus de dollars. Vous espérez qu’au moins, l’expérience soit un succès, qu’elle permette vraiment de faire avancer la connaissance. Après tout, il faut savoir faire des sacrifices pour la science…
XXX.
On est au-delà du choc intense. On est hors limite. On est à la mort supposée de M.Wallace.
Vous l’avez fait, le choc ultime.
Fin d’expérience.
Peut-être que vous ne pleuriez pas et vous vous contenteriez de rester figé dans l’horreur de vos actes. Peut-être que vous feinteriez de ne pas avoir subi de traumatismes. Toutes les réactions sont possibles.
L’équipe vous accueille, l’expérimentateur change d’attitude, M.Wallace revient. Il n’a jamais subi le moindre choc, il n’était même pas un participant de l’expérience, mais un complice de celle-ci. Cette expérience ne visait qu’à tester la soumission à l’autorité. Soumission qui amène n’importe qui à tuer sous de simples ordres. Soumission qui explique comment des gens normaux, durant des génocides et guerres, ont pu être amenés à faire des horreurs.

Quelques images de l’expérience princeps :


Les résultats de l’expérience


 

« J’observai un homme d’affaires équilibré et sûr de lui entrer dans le laboratoire, souriant et confiant. En moins de vingt minutes, il fut réduit à l’état de loque parcourue de tics, au bord de la crise de nerfs. Il tirait sans arrêt sur le lobe de ses oreilles et se tordait les mains. À un moment il posa sa tête sur son poing et murmura : “Oh mon Dieu, faites qu’on arrête !” Et pourtant il continua à exécuter toutes les instructions de l’expérimentateur et obéit jusqu’à la fin. »

« Soumission à l’autorité » , Stanley Milgram

La première version de cette expérience (en 1963) donna des résultats terrifiants. Alors que l’échantillon (toutes les personnes qui ont participé à l’expérience telle que décrite précédemment) de 40 personnes était varié en terme d’âge (20 % de 20-29 ans ; 40 % de 30-39 ans ; 40 % de 40-50 ans) et en termes de professions (vendeurs, enseignants, employés de poste, ingénieurs, ouvriers…) on aurait pu imaginer que les résultats varient également en fonction de ces différentes caractéristiques. On aurait pu imaginer que beaucoup s’arrêteraient même dés la vision de la chaise et du dispositif électrique.
Cela n’a pas été le cas. Tous les sujets, quels que soient leurs professions ou âges ont été jusqu’à 285 volts, le dernier curseur avant la catégorie « choc intense » :

  • 12,5 % s’arrêtent à 300 volts (quand on entend l’élève M.Wallace remuer)
  • 20 % arrêtent entre 375 et 420 volts (mention danger : choc violent)
  • 62% vont jusqu’au dernier curseur supposant la mort de M.Wallace.

Ces résultats sont traumatisants. Ils montrent qu’un être humain banal est capable du pire, qu’il se soumet aux pires injonctions, même si tout indique chez lui que le protocole lui est moralement insupportable. Il se soumet sans être menacé, sans être intimidé, sans qu’il y ait quelque chose à perdre du refus de la situation. Cet homme pourrait être nous, vous, votre conjoint·e, votre enfant, votre parent, votre voisine, votre chef, votre prof, votre boulanger.
Il est très difficile de croire à l’expérience de Milgram, car c’est avouer une faille épouvantable en chacun de nous, à savoir notre obéissance inconditionnelle aux symboles de l’autorité. Une obéissance prouvée par les actes, dénotant une soumission inconditionnelle au cadre de l’expérience (et cela quelle que soit la désapprobation du protocole), qui nous conduit à infliger des tortures, puis à tuer M.Wallace.
Évidemment, de nombreux chercheurs ont tenté de réfuter les résultats de cette expérience en reprenant le protocole de Milgram et en le testant dans d’autres situations. C’est ce que nous allons explorer dans les pages suivantes, via des arguments souvent utilisés pour réfuter la validité des résultats de Milgram.


« j’ai fait mon devoir, conformément aux ordres […] » justification d’Adolph Eichmann, criminel de guerre nazi.

 La soumission a-t-elle des causes culturelles ?

« C’est une expérience américaine avec des participants américains, dans d’autres pays ça n’arriverait jamais »


Beaucoup de chercheurs pensaient qu’en fonction des nations, de leur style, mais aussi de leur contexte politique, les résultats de l’expérience seraient différents. Ils espéraient sans doute que le taux de soumission serait moins important… L’expérience a donc était reprise traits pour traits dans différents pays (Espagne, Australie, Jordanie, Italie, Autriche, Afrique du sud) et à différentes dates (entre 1968 et 1980)

  • Le taux minimal de soumission  est de 50%
  • Le taux maximal de soumission est de 87,5%
  • La moyenne du taux de soumission est de 71%

Quelle que soit l’époque, le taux de soumission reste haut, donc la soumission n’est pas un résultat lié au style d’une époque, à son contexte d’après-guerre ou non. Qu’on soit en 1960 ou 1985 et quel que soit le continent, la soumission est toujours autant prononcée, avec les conséquences que cela engendre.


La soumission dépend-t-elle des catégories socio-professionnelles, de l’éducation, du genre, de la religion ?


Qui se soumet ainsi à l’autorité ? Quel type de personne, quelle profession, religion amène à se soumettre ? Est-ce que les hommes sont plus soumis que les femmes ? Est-ce que le niveau d’étude joue un rôle ? Un haut niveau d’éducation prémuni-t-il de cette soumission dévastatrice ? Est-ce qu’avoir soi-même un statut d’autorité empêche de se soumettre ?
Les chercheurs se sont attelés à enquêter sur les individus s’étant soumis, cherchant une éventuelle explication individuelle à cette soumission. Tout de même, les gens sont différents, ils vivent des expériences très différentes les uns des autres, certains doivent avoir quelque chose en plus pour pouvoir dire non à cette expérience ! Et inversement, ceux acceptant d’un bout à l’autre l’expérience devaient avoir des caractéristiques communes.

  • Les sujets hommes ou femmes réagissent d’une façon généralement identique.
  • Peu d’expériences ont été réalisées en prenant en compte la foi des sujets. Une seule l’a été (Bock et Warren 1972) avec pour résultat un taux supérieur de soumission chez les religieux. Mais étant donné le peu de comparatif et les différences de l’expérience avec celle de Milgram, il serait risqué de généraliser ce résultat.
  • Le niveau d’éducation et le métier n’ont aucun lien avec le fait d’être soumis ou non. Cadre, ouvrier, professeur, ingénieur, vendeur… tous se soumettent (toutes les expériences de Milgram et ses répliques ont des échantillons aux statuts socio-professionnels très variés). Ainsi, le fait d’être soi-même une autorité ne protège pas d’être, dans d’autres circonstances, soumis à volonté. Avoir ou non des diplômes ne protège en rien de la soumission et de ses conséquences.

Il faut croire que la soumission n’est pas favorisée par ces caractéristiques.


Ceux qui ont pour valeur « il ne faut pas faire souffrir pour la science » sont-ils moins soumis ?


En 1964, Glass fait cette expérience : En premier lieu,  l’expérimentateur sonde des étudiants sur leurs valeurs ; dans le sondage il y a un item concernant l’accord ou le désaccord sur le fait de faire souffrir les personnes pour la science. L’échantillon pour l’expérience sera choisi en fonction de la valeur « n’est pas en accord sur le fait de faire souffrir autrui pour la science ».

Puis l’expérimentateur fait une petite réunion avec le participant où on l’étiquette de « très mature », avec un « sens inné du leadership », avec une « structure de la personnalité très favorable ». Ensuite, le participant est amené à faire une tâche sans importance avec un autre étudiant (un compère qui sera le futur « M.Wallace »).

Vient ensuite l’étape qui ressemble le plus au protocole de Milgram : les chercheurs disent au participant qu’il est le plus à même de jouer le rôle d’un expérimentateur et que M.Wallace sera son sujet. Il précise qu’il est libre d’arrêter l’expérience comme il le souhaite ; le participant doit électrocuter (100 volts) M.Wallace dès qu’il fait une faute (il y a 24 chocs). Il n’y aura que 2 personnes sur 70 qui refuseront d’administrer des chocs, malgré le fait qu’ils aient été sélectionnés pour leur valeur de « refus de faire souffrir pour la science ».

Ici on a donc chez les participants des valeurs (refus de faire souffrir pour la science) qui ne sont pas du tout internalisées (= rendue sienne par la réflexion, par les affects qui y sont liées, par conviction, par l’expérience), sans doute simplement introjectées (annoncée pour éviter la honte ou pour être bien perçu) parce que cela paraît conforme de penser cela ou cela fait bien paraître.

On voit également une autorité qui est beaucoup plus « efficace » sans être contrôlante, en flattant simplement l’ego du participant elle réussit à le faire obéir. Elle n’a pas besoin d’être présente, froide ou quoi que ce soit. Il aura suffi de « nourrir » l’estime de soi, l’ego, pour que le sujet abandonne cette valeur peu internalisée.

Plus la motivation est autonome, plus elle est internalisée, conduite par la personne et résiste aux influences, aux pressions, aux manipulation. Moins elle est autonome, par exemple introjectée, plus l’environnement social peut la changer par pression, influence ou manipulation.

Donc oui, une valeur très internalisée (grâce une réflexion sincère prenant en compte tous ses affects, émotions et sensibilité, ainsi qu’incarnée dans l’expérience et l’action) est très certainement un plus qui aide à désobéir : cependant, les recherches dans la théorie de l’autodétermination rapporte que les motivations autonomes (ou les valeurs peuvent être bien internalisées) sont rares. C’est à ce point que les chercheurs ne prennent plus la peine de mesurer la régulation intégrée (il s’en tiennent à celle identifiée) tant c’est rarissime. On pourrait tenter de changer ces résultats en inspectant nos valeurs et en tentant de les internaliser plus pleinement, avec nos propres affects, des expériences concrètes, des actions : le contenu intellectuel ou la valence positive de la valeur n’a peu d’effet en situation qui la défie.


Les personnes qui se soumettent plus ont elle un bord politique particulier ?


Bégue (2015), a étudié  les participants du jeu de la mort, et il a été révélé que le conservatisme politique de droite des sujets est associé positivement à l’obéissance destructrice (= taux de soumission). Chez les femmes, l’activité politique (distribution de tract, participation à des manifestations) était associée à moins d’obéissance destructrice.

Le taux de soumission est lié à l’autoritarisme de droite (propension à adhérer/soutenir des idées fascistes, exprimer de forts préjugés racistes, sexistes, LGBTphobe) ; on peut prédire qu’une personne qui a un haut score sur les échelles mesurant cette autoritarisme de droite sera politiquement de plus en plus à l’extrême droite selon son score et enverra plus de chocs qu’une autre dans un paradigme de Milgram3.

Mais ce n’est pas irrémédiable :

Lepage (2017) a découvert que l’obéissance destructrice des hauts RWA pouvait être baissée lorsqu’on les fatiguait cognitivement au préalable, car leur obéissance destructrice est liée à un travail cognitif important d’inhibition de l’empathie pour obéir. Sans énergie mentale pour inhiber leur empathie, les automatismes empathiques, d’aversion à faire souffrir autrui, peuvent agir et permettre la désobéissance, et ils peuvent être même plus désobéissants que les autres dans cette condition de « fatigue ». Les réponses émotionnelles automatiques favorisent la désobéissance.

Globalement le problème des autoritaires de droites serait un problème de régulation des émotions et de moindre capacité à gérer le stress :

« Un premier résultat montre que plus les personnes avaient des scores élevés aux échelles d’autoritarisme, plus leur réaction physiologique au stress était élevée. Un second résultat montre que plus les personnes avaient des scores élevés aux échelles d’autoritarisme, plus leur récupération physiologique post-stress était faible. Les attitudes autoritaires seraient donc associées à une moindre flexibilité physiologique et ainsi une moindre capacité à faire face au stress. Or ces attitudes déterminent nos comportements sociopolitiques. »

Lepage, 2020, Les personnes qui défendent la hiérarchie et le conformisme sont plus vulnérables au stress (theconversation.com)


L’expérimentateur, une terreur ?

« L’expérimentateur devait être terrifiant »


L’expérience a été répliquée en changeant d’expérimentateur, afin de voir si son genre ou sa couleur de peau avait des conséquences sur le comportement du sujet. Les chercheurs n’ont noté aucune différence significative. Cependant, ils ne se sont pas arrêtés là et ont changé l’attitude de l’expérimentateur :

  • Plus l’expérimentateur est proche du sujet, plus le sujet est docile et obéissant. [Milgram, (1965-a) taux d’obéissance si l’expérimentateur est présent 90% ; s’il donne ses ordres par téléphone : 22,5% ; si les ordres sont donnés par une bande enregistrée : 12,5%]
  • A contrario, plus l’expérimentateur s’éloigne, plus le sujet se rebelle. Si l’expérimentateur est absent et donne ses ordres par téléphone, le sujet ne respecte pas le protocole et lui ment (il n’inflige pas des décharges à la hauteur de ce qu’il devrait faire). [Milgram (1965-a) résultats du précédent point]
  • Si l’on a un duo d’expérimentateurs [Milgram (1974)], que ceux-ci se disputent sur le protocole, le taux d’obéissance chute de façon drastique, et atteint les 0 %. Tous les sujets s’arrêtent à 150 volts. Victoire !
  • En condition contrôle de l’expérience de Milgram, l’autorité (donc l’expérimentateur) est enlevée. Le sujet est libre de faire comme il l’entend : 80 % des sujets ne vont pas au-delà de 120 volts. La soumission au protocole de l’expérience est donc quasi nulle.

Rappelons que l’expérimentateur dans toutes les expériences est froid, impassible, mais nullement terrifiant. Ses seules interactions avec le sujet se limitent à des phrases codifiées, variant très peu « vous devez continuer » , « l’expérience exige que vous continuiez » , etc. Ce n’est pas la personne en elle-même qui est terrifiante, mais ce que lui suppose le sujet, à savoir l’autorité. Pour parler autrement, c’est la fiction « scientifique » , avec son lot de symboles (chemise blanche, l’a accueilli dans un labo, s’est décrit comme prof…) qui fait obéir le sujet. L’expérimentateur n’a qu’à être présent, l’imagination et les conditionnements du participant font le reste. Pas besoin d’être menaçant, pas besoin de hurler ni de faire peur… la blouse blanche suffit à imposer au participant sa place docile, même si c’est absolument contraire à ses valeurs. Ces expériences prouvent la force des symboles de l’autorité : dès que les représentants de l’autorité montrent un signe de faiblesse (quand par exemple deux expérimentateurs se disputent), la fiction s’effondre et l’individu trouve le courage de faire corps avec ses vrais souhaits, c’est-à-dire de ne pas torturer M.Wallace. On a ici un premier élément de réponse quant au désastreux taux de soumission de l’expérience de Milgram : la fiction autorité, à peine amorcée (par le lieu, et l’apparence de l’expérimentateur), suffit à créer un état de docilité absolu chez l’individu.


Est-ce que cette soumission témoigne du sadisme humain ?

« Les sujets devaient être tous sadiques »


Comme nous l’avons vu précédemment la condition contrôle de l’expérience princeps de Milgram prouve que les sujets ne sont pas des sadiques : 80 % des sujets ne vont pas au-delà de 120 volts quant il n’y a pas d’injonctions, d’ordres.
Pour être sadique, il faut avoir du plaisir à faire mal à autrui. Une expérience quelque peu différente de celle de Milgram nous prouve que la soumission à l’autorité fonctionne également sans M.Wallace, avec de la violence sur le sujet lui-même, donc en évinçant toute propension au sadisme.

 ♦ L’expérience de Martin, Lobb, Chapman et Spillane (1976)

Le participant est invité à participer à une expérience sur les sons à haute fréquence. L’expérimentateur explique au participant qu’il cherche à déceler certaines habilités à écouter des sons à haute fréquence. Seule une personne sur vingt peut les écouter sans dommage. Ici, pas de générateur de chocs, mais un choix d’écoute de sons, gradué ainsi :

  • 0 : pas de danger ;
  • 3 : risque de perte d’audition de 5 % ;
  • 8 : danger extrême risque de perte d’audition de 50 % ;
  • et cela jusqu’à 10 (qui présuppose une perte totale d’audition).

L’expérimentateur disait au participant qu’il était libre de choisir la fréquence qu’il souhaitait, mais qu’évidemment ce qui l’intéressait, c’était les hautes fréquences.
On peut supposer qu’évidemment le participant va choisir une fréquence sans risque : non seulement c’est lui et lui seul qui s’administre le potentiel danger, mais en plus l’expérimentateur le laisse libre de choisir. Mais la soumission à l’autorité fonctionne également dans ce cas de figure :

  • 92 % choisissent des niveaux 6 (presque 50 % de perte d’audition).
  • 54 % choisissent le niveau le plus élevé, c’est-à-dire avec le risque de perte totale d’audition.

Si le participant n’est pas un sadique, serait-il alors masochiste ? Non, il faut croire que là encore c’est juste un effet de l’autorité, certes quelque peu différent de l’expérience de Milgram, mais bien réel : 43 % des sujets disent avoir choisi un niveau très élevé, car ils avaient confiance en l’expérimentateur… Une autre interprétation est que l’autorité a laissé le choix, ce qui est une stratégie de manipulation via l’engagement, « vous êtes libre de… » qu’on a déjà expliqué ici avec idclic. Cependant cette stratégie peut être employée sans volonté de manipuler, mais elle a un effet sur notre obéissance.

Seul 1 % des sujets des expériences de Milgram semblent avoir une propension au sadisme ou du moins à des comportements déviants, ils sont de ceux qui administrent spontanément, sans ordre, des chocs de 450 volts.
Le résultat rassure et inquiète à la fois : non, nous ne sommes pas entourés de monstres psychopathes attendant la moindre occasion, permission, pour faire le plus de mal à leurs prochains ; mais oui, les individus lambdas peuvent répondre à des ordres qui les mèneront à réaliser n’importe quel acte violent. Même sur eux-mêmes, par crainte du symbole de l’autorité ou par confiance en celui-ci.


La soumission dépend-t-elle du lieu où l’on se trouve ?

« C’est parce que ça s’est passé dans un laboratoire prestigieux, ailleurs ça ne serait pas le cas. »


L’université de Yale est en effet respectée par tous, c’est un lieu prestigieux, réputé et qui doit certainement impressionner. La scientificité de l’endroit doit faire se sentir tout petit à n’importe qui et même pour ceux qui sont bardés de diplômes, il y a une profonde confiance en des lieux tels que celui-ci.
Milgram a testé son expérience dans un autre lieu en 1965. Le protocole est le même, excepté que l’expérimentation se dit d’une organisation privée appartenant à un groupe industriel. L’expérience se déroule dans un immeuble de la banlieue industrielle. Comme on peut le voir, le prestige a été évincé de l’expérience.
Le taux d’obéissance, avec ces conditions, sera de 47,5 %.
Une très nette baisse, donc. Alors oui, en effet, le lieu et le statut de l’expérimentateur ont un effet sur la justification de l’autorité. Le sujet est moins pris au piège de l’autorité, la fiction « autorité » a perdu en envergure, elle fonctionne moins.
Mais elle fonctionne toujours.


La soumission dans la vie réelle est-elle similaire ?

« La situation de l’expérience est artificielle, dans la vie réelle ça n’arriverait jamais »


C’est le plus gros reproche ayant été adressé à Milgram, et non sans raison : en effet, le fait de se retrouver dans un laboratoire n’a rien de commun, encore moins de quotidien. La situation est artificielle et ne correspond à aucune situation que l’individu lambda puisse connaître dans sa vie. Comment généraliser alors les résultats ? Comment peut-on dire officiellement que l’humain est soumis à l’autorité au point de contredire ses valeurs si l’on ne teste cette faille que dans une situation exceptionnelle, qu’il ne vivra sans doute jamais ? Les chercheurs ont donc supposé (et fortement espéré, on l’imagine) que l’individu ne soit pas soumis à l’autorité dans des situations qu’il vit au jour le jour. Pour cela, ils ont monté des expériences, notamment dans le milieu professionnel.

♦ l’expérience d’Hofling, Dalzymphe, Grave et Pierce en 1966

Nous sommes dans un hôpital bien réel, avec des infirmières en fonction, des patients réels. Rien n’est artificiel si ce n’est ce coup de téléphone : un médecin (inconnu à l’infirmier) prescrit par téléphone une ordonnance à appliquer à un patient (patient qui existe bien dans le service de l’infirmier). Ce traitement doit se faire immédiatement, car il va bientôt lui rendre visite et il faut que les médicaments fassent effet quand il arrive.
Mais la prescription pose problème : le médicament n’est pas autorisé dans le service et de plus, la dose prescrite est extrêmement excessive (donc dangereuse). Les infirmiers ne peuvent pas ignorer le fait que cette prescription soit non seulement malvenue, mais gravement dangereuse pour leur patient. Est-ce que les infirmiers vont tout de même obéir au médecin ?
L’expérience de Milgram, en situation artificielle nous montrait un taux épouvantable de 62 %¨d’obéissance envoyant M. Wallace à la mort. En milieu professionnel, très réel cette fois, c’est pas moins de 95 % d’obéissance aux ordres mortellement dangereux d’un médecin inconnu, par téléphone.
Dans la vie réelle, la soumission à l’autorité est donc bien pire. Le représentant de l’autorité n’a même pas besoin de faire acte de présence, seul son titre « docteur » par téléphone suffira à amorcer l’obéissance inconditionnelle. Alors que dans les expériences de Milgram (princeps et en 1965), moins l’autorité était présente, plus il y avait désobéissance.
Pourquoi ? Les infirmières ont par la suite évoqué des situations similaires – d’ordres de médecins avec lesquels elles n’étaient pas d’accord – dont la désobéissance avait contrarié fortement les médecins. L’expérience de leur vie professionnelle les avaient soumises totalement, a force de réprimande de l’autorité, elles avaient cessé de penser pour se contenter d’obéir aveuglement.

♦ l’expérience de Meevs et Raaijmakers en 1986

Nous sommes à l’université. Dans le cadre de recrutement pour des emplois dans la fonction publique, des candidats passent un test. Notre nouveau M.Wallace-complice devait remplir un questionnaire, mais le participant avait pour ordre de lui faire des remarques pendant cette passation. Les remarques que devait faire le sujet à M.Wallace-Bis étaient de plus en plus désobligeantes et faisait immanquablement échouer M.Wallace-Bis qui était de plus en plus stressé, donc forcément mis en échec par ces remarques.
On est dans une situation plus réelle que l’expérience de Milgram, plus connue, plus vécue (qui n’a pas été déjà stressé lors d’un entretien par des questions ou remarques gênantes, alors qu’il se devait de paraître sous son meilleur jour) donc on peut imaginer que le participant se refuse à mettre dans le piège M.Wallace, voyant qu’il lui capote son test, quelque que soit ces compétences. Mais non.

– Le pourcentage d’obéissance totale est de 91 %,

– si l’expérimentateur est absent , le pourcentage d’obéissance total est de 36,4 %,

– s’il y a des sujets rebelles (des compères) influençant le sujet en s’opposant à la situation, le pourcentage tombe à 15,8 %.

Encore une fois, la soumission à l’autorité fonctionne et dépasse les taux de Milgram…


Y-a-t-il d’autres contextes dans lesquels on se soumet aussi dangereusement ?


Oui. Et un contexte bien particulier, dans lequel on n’aurait pas suspecté une telle obéissance aveugle : la télévision. C’est ce que nous prouve « Le jeu de la mort » (2009) :

Nous vous conseillons de regarder cet excellent documentaire, mais nous prévenons les personnes sensibles : c’est bien l’expérience de Milgram que vous y trouverez, c’est extrêmement difficile à regarder sans en être profondément touché.
Avec Le jeu de la mort, nous quittons à présent les lieux sérieux. Finis les universités, les laboratoires, le milieu professionnel et les bureaux. Nous voici sur un plateau de télévision, plus précisément un jeu, « zone Xtreme ». Le contexte peut prêter à sourire, pour une expérience aussi grave que peut l’être – dans son protocole comme dans ses conclusions – l’expérience de Milgram.
Et pourtant, durant une année, une équipe de recherche dirigée par Jean-Léon Beauvois s’est attelée à transposer le protocole de Milgram sur plateau TV, pour une passation qui dura dix jours.
Une société de marketing contacte 13 000 personnes correspondant aux profils des sujets de Milgram, 2500 accepteront. Après avoir rempli un questionnaire, 80 sujets sont sélectionnés pour ce jeu TV bien particulier. Ils n’ont jamais participé à aucun jeu TV de leur vie.

♦ Première étape : bureau du producteur de l’émission

Le producteur

Les sujets, à cette étape, ne savent que deux choses : ils vont participer à la mise au point d’un jeu TV, mais ils ne gagneront aucune somme d’argent. C’est une émission test dont le producteur explique les tenants et les aboutissants. Détendu, sympathique, avec l’assurance qu’on imagine à tout producteur d’émissions, il expose les règles de ce jeu, notamment le fameux châtiment, la décharge électrique.
La grande majorité des futurs candidats rit à cette « petite » précision.
Le tirage au sort des deux rôles est, comme pour l’expérience de Milgram, truqué. Notre « M.Wallace» a ici pour prénom Jean-Paul et il sera le vrai candidat (celui qui gagnerait la plus grosse somme si l’émission n’était pas en test) ; le participant aura un rôle d’assistant de l’animatrice, il est nommé dans le jeu le « questionneur » étant donné que c’est lui qui pose les questions. Il aurait gagné une part de l’argent en jeu si l’émission n’avait pas été en test.
Donc ce jeu-test n’a aucun enjeu réel pour les candidats : ils ne recevront que 40 euros de dédommagement pour la participation. Le seul attrait est la participation à la mise au point d’une future émission, à l’expérience télévisuelle.
Les 80 sélectionnés signent tous leur contrat.

♦ Introduction : sur le plateau

À noter que le public est également sujet, donc pense tout comme les candidats que les décharges sont réelles. C’est un public recruté par une agence spécialisée, comme n’importe quel autre public de plateau TV. Il y aura 20 groupes de 100 personnes. Donc 2000 personnes assisteront au « spectacle » (parfois informée de l’expérience, d’autres fois non).
Jean-Paul est caché dans une espèce de sphère. Il est cadenassé à son fauteuil électrique, il ne pourra pas quitter sa place durant toute l’émission. Personne ne le verra (pour éviter toute tricherie).
Le générateur de choc comporte le même voltage que dans l’expérience de Milgram, les indications sont les mêmes, elles sont même encore plus éloquentes étant donné la stylisation « jeu » du plateau.
L’animatrice est, comme toute animatrice de jeu TV, enjouée, dynamique, surtout dans l’introduction, avant que le jeu ne se mette en route.

« Il n’y a pas de choc irréversible, de toute façon c’est un jeu nous jouons pour un million d’euros ! [Applaudissements et cris d’enthousiasme du public] »

Jean-Paul est alors enfermé, le candidat-sujet installé devant son gigantesque générateur de chocs, renommé pour l’occasion « générateur à châtiments ». Plus personne ne le verra, on ne l’entendra qu’en de vagues occasions.

♦ Le jeu de la mort

L’animatrice et une candidate

Le jeu est lancé, la première question est bonne. Pour simple réponse, un bip et le signal visuel (comme dans l’expérience de Milgram, avec plus de mise en scène) suivi des applaudissements du public.
Dés la question 2, Jean-Paul se trompe. L’animatrice, postée dans un coin, ressemble à l’expérimentateur de l’expérience de Milgram : impassible, froide, sans sourire, presque robotique. Elle représente l’autorité, et déjà, elle fait ses premières injonctions à ceux qui hésitent à pousser la manette de « châtiment » : « c’est à vous » une injonction très faible, mais déjà efficace.
Si le candidat persiste dans son désir d’arrêter malgré les cinq injonctions de l’animatrice, il a gagné, il s’est soustrait à l’autorité, il a résisté avant de commettre un meurtre sur ordre. Les quatre autres injonctions sont : « vous devez continuer c’est la règle » ; « là, c’est sûr il veut arrêter, mais si vous continuez il vous remerciera après » ; « nous assumons toutes les responsabilités » ; et la dernière, la plus difficile à résister « Vous ne pouvez pas empêcher le candidat de gagner ! Qu’en pense le public ? » L’appel au public appuie l’animatrice par des applaudissements et encouragements au sujet à rester.
Les questions s’égrènent, les fautes aussi, les volts augmentent. Jean-Paul pousse son premier petit cri à 80 volts. Les cris vont à présent devenir récurrents et devenir de plus en plus douloureux. C’est insupportable : même en visionnant le documentaire, en sachant que c’est faux, la mise en scène, le contexte rend le tout épouvantable.

Jean-Paul recevant un « châtiment »

Puis Jean-Paul, à 180 volts, commence à exprimer son envie d’arrêter, avec toute la souffrance possible dans la voix. Cette volonté d’arrêt sera exponentielle et violente
« LAISSEZ-MOI PARTIR ! LAISSEZ-MOI PARTIR ! LAISSEZ-MOI PARTIR ! », hurle-t-il désespérément.
À 320 volts, il refuse de répondre aux questions. Il n’y a plus de réponse jusqu’à la fin, laissant supposer que le pire s’est produit.

 

 ♦ Les réactions des sujets/questionneurs

« C’est inhumain » dit-elle en poussant la manette [elle regrettera amèrement son attitude]

À 80 volts, au premier cri, tous les sujets rient. Certains auront même un fou rire qu’il leur sera difficile de calmer. Les rires disparaissent à mesure que les cris de Jean-Paul deviennent insoutenables.
Les réactions des sujets seront les mêmes que dans les expériences de Milgram :
1. Ils font remarquer à l’animatrice la situation, on parle de notification « : “je crois qu’il a envie d’arrêter le monsieur” ; “j’ai entendu que ça faisait mal quand même” . Et ils continuent d’obéir aux règles du jeu ou questionnent (2).
2. Ils questionnent “est ce que je peux arrêter ou heu…” . L’animatrice répond par les injonctions vues précédemment. Soit ils continuent ou ils commencent à négocier (3).
3. Ils négocient “non, moi j’arrête ça sert à rien » et les injonctions s’égrènent alors. Soit ils s’y soumettent et le jeu continue, soit ils résistent et persistent dans leur volonté d’arrêter. À la cinquième injonction, l’expérience s’arrête et ils sont conduits en coulisse.
Tous feront preuve d’inquiétude et les rires et sourires sont tendus, nerveux. Certains poussent la manette sans la regarder ou se retournent comme pour éviter de faire face au résultat. L’animatrice est regardée avec défiance, les sujets la questionnent du regard.
Certains trichent (17 % des candidats) en appuyant très clairement les bonnes réponses et préviennent Jean-Paul de la dureté de ce qu’il va recevoir. Ils s’excusent auprès de lui, l’encouragent à bien répondre, lui répète la question ou encore l’invite à prendre son temps.
Beaucoup parlent par-dessus les cris de Jean-Paul, niant totalement la situation et s’accordant totalement à l’obéissance totale.

♦  Le final

Question 23, l’avant-dernière. Si le candidat va jusqu’au bout (XXX) donc plus de 380 volts, le jeu se termine avec les applaudissements et tout le spectacle victorieux que n’importe quel jeu télé peut procurer. Mais immédiatement, dans les coulisses les candidats-sujets sont pris en main par l’équipe qui révèle le subterfuge. « Est-ce que j’ai été bon ? » demande immédiatement un candidat en coulisse avant que tout lui soit expliqué.

♦ Les résultats

Les chercheurs, en observation dans les coulisses

Rappelons encore une fois : nous sommes sur un plateau TV. L’autorité est une animatrice. Le contexte est un jeu TV en test, il n’y a pas d’argent réel à la clef.
81 % des sujets vont jusqu’à la phase XXX.
Le résultat est bien pire que celui de Milgram (62 %). Sur 80 personnes, seules 16 personnes abandonnent le plateau. Le public, bien que manifestant de la nervosité, de la gêne, ou s’interrogeant, ne se manifesta pas et suivit les consignes du chauffeur de salle. 2000 personnes ont suivi le spectacle sans faire entendre leur désapprobation.
Autre fait gravissime : 15 % des sujets obéissants (étant allé jusqu’au bout de l’expérience) disent ne pas avoir cru à la situation. Ce qui est faux (ils avaient triché et leur stress était manifeste) et témoigne d’un déni très inquiétant pour eux : ils n’auront rien appris sur eux-mêmes, l’expérience n’aura même pas pu les aider à se méfier de leur propre soumission à l’autorité. On peut malheureusement imaginer que dans d’autres situations, ils se soumettront à nouveau, quelles qu’en soient les conséquences, contrairement à ceux qui auront pris conscience de leurs actes.


Comment certains participants arrivent à résister puis désobéir ?


Dans le jeu de la mort

Une  désobéissante elle explique « Je viens d’un ex pays communiste : la Roumanie. Le fait d’accepter l’autorité et de se soumettre un peu à n’importe quoi, c’était l’idéologie de mon pays. Alors, pourquoi on accepte ça ? Pourquoi ça a duré cinquante ans ? Heureusement Tania a dit au début : “Vous êtes le maître du jeu !” Je me suis dit : “C’est une question de vie humaine.” Alors si je suis maître du jeu, j’arrête. En Roumanie, on n’a jamais été maîtres du jeu. Cette phrase tournait dans ma tête et je l’ai saisie. Ça m’a donné de la force. »

Ils sont 16 a avoir quitté le plateau de la zone Xtreme, 16 à avoir tenu tête aux injonctions, 16 à s’être opposé à l’animatrice, 16 à avoir réussi à mettre leurs valeurs en avant, 16 à avoir vraiment gagné. 16 désobéissants qui n’ont absolument rien en commun si ce n’est ce merveilleux refus de la situation.
Dans les coulisses, ils arrivent en pleurant, en tremblant et accueillent Jean-Paul avec une très grande émotion, rassurés de le voir sur pied. Heureusement, c’était faux. Le soulagement perçu est grandiose, on veut les prendre dans nos bras à notre tour et les remercier. Toute l’équipe, des chercheurs à l’animatrice, semble enfin respirer : chaque désobéissant apporte un espoir, un soulagement. Certaines personnes peuvent encore dire non. Certains individus peuvent réussir à s’opposer à l’autorité pour épargner leur prochain. C’est encore un peu possible.

Une des candidates raconte brièvement ses impressions : elle a immédiatement pensé aux camps de concentration, aux nazis. Elle provient d’un pays qui a connu le communisme. C’est les seules pistes qui nous indiquent comment elle put avoir le courage de mettre ses valeurs en avant et de s’extraire de la situation.

Une autre, encore bouleversée, nous dit : « j’essaye de respecter l’autre en tant que personne et là je faisais toute autre chose ; c’est un vrai combat intérieur » .

Une désobéissante qui quitte le plateau en pleurant : « J’ai essayé de trouver une astuce. J’appuyais plus longuement sur la bonne réponse pour aider le candidat. J’étais partagée entre ce que je suis et ce que je faisais. Moi, j’essaie de respecter l’autre en tant que personne. […] Là, je faisais tout autre chose. C’est un vrai combat intérieur. »

Pour ces 16, les valeurs ont gagnés. C’est un très grand acte de courage, très difficile dans ce combat intérieur, face à cette situation épouvantable qui vous pousse sans cesse à vous soumettre.
Ce que nous apprennent ces désobéissants, c’est qu’avoir le courage de ses valeurs, les traduire en actes concrets est extrêmement coûteux et difficile. Le conflit interne n’est pas éteint (des candidats pleurent encore dans les coulisses, même après avoir vu Jean-Paul), c’est donc un magma d’émotions très difficiles à supporter.

 

 

Un désobéissant

Désobéir, c’est accepter de ne pas se plier à des valeurs qui sont contraires aux nôtres ; c’est accepter de s’opposer aux règles et donc d’entrer en conflit contre tout un contexte qui pousse à ce qu’on reste à notre place ; c’est remettre en cause l’autorité même si tous la suivent (100 personnes dans le public quand même) ; c’est se lever malgré les caméras, malgré un environnement grandiloquent qui veut que vous restiez assis ; c’est déchirer symboliquement le contrat malgré l’avoir accepté auparavant ; c’est annuler l’engagement ; c’est dire non et refuser.

Un désobéissant

Et c’est quelque chose d’extrêmement difficile à faire. L’attitude, les idées rebelles, le fait de montrer son désaccord, tricher n’est pas suffisant. Il y a agir. L’imagerie populaire nous montre les résistants (au sens large du terme), les rebelles bien intentionnés, les « sauveurs » comme des personnes excessivement confiantes, fortes, dures : la réalité est tout autre. Les désobeissants dans ce paradigme de Milgram sont à fleur de peau, ils sont sensibles, ils ressentent de vives émotions, ils sont parfois timides et on sent toute la difficulté qu’ils ont à exprimer leur « non ». Mais ils le font. Qu’importe l’apparence, les pleurs, leur image sociale, ils sont justement allés au-delà de ces considérations pour quitter la situation.

Un désobéissant

Le rôle qu’on se donne en se parant de symboles ou d’un style rebelle est totalement inefficace dans une situation où la désobéissance est le comportement concret qui sauvera autrui. Pire encore, il se pourrait que le rôle, l’apparence soient justement un facteur de soumission, le « j’ai été bon ? » concluant la fin de la partie d’un candidat soumis en dit long : l’important pour lui aura été de tenir son rôle, or, en se focalisant là-dessus, il en a oublié le fait le plus important, à savoir les chocs et l’état de Jean-Paul.

Une désobéissante

Dans les études menées à la suite de Milgram, un autre indice nous montre comment ces désobéissants arrivent à partir : plus ils réagissent tôt, plus les sujets ont de chances de dire stop au processus. Plus ils commencent à faire des remarques tôt (ces fameuses notifications telles que « mais il souffre là ! » ), plus l’interaction devient vive et plus ils ont la force de résister, car ils ont commencé tôt le désengagement. En clair, plus vous exposez verbalement votre désaccord, que vous cherchez auprès de l’autorité des réponses, que vous parlez, plus vous vous donnez aussi le courage et la conviction qu’il faut pour quitter cette situation. Plus cette interaction est tardive, plus c’est difficile de partir, car vous vous êtes déjà fortement engagé dans la voie de la soumission. On le voit d’ailleurs dans le jeu de la mort, ceux qui quittent à 320 volts sont complètement éreintés, bouleversés contrairement à ceux qui se sont opposés tôt.

La situation mise en place par Milgram et, pire encore, celle mise en scène par le jeu de la mort, sont extrêmes. Il est fort probable (enfin on l’espère vivement) que nous ne connaissions jamais cette situation. Cependant, vous vous retrouverez, au cours de votre vie, sans doute en état d’obéissance. Au travail, sous les ordres d’un chef, c’est presque certain. Ce chef ne sera pas forcément malveillant, et pourtant, il ne faudra pas être « bête et discipliné ». Car qui sait à quoi ça pourrait vous mener.

Les désobéissants dans l’expérience originelle de Milgram

[Mise à jour 2023 : si vous avez lu ETP, cette partie y était présente, je n’ai pas fait de changements]

Dans les premières expériences de Milgram, Gretchen Brandt, assistante médicale d’origine allemande de 31 ans, arrête à 210 volts : il semble que son histoire de vie ait eu un impact sur son refus de continuer ; durant l’expérience et après, elle n’exprime aucune nervosité et semble assurée :

  • L’expérimentateur : L’expérience exige que vous continuiez jusqu’à ce que l’élève sache correctement tous les couples de mots.
  • Gretchen Brandt : Excusez-moi, mais il a le cœur fragile, il vous l’a dit avant de commencer.
  • L’expérimentateur : Même si les chocs sont pénibles, ils ne sont pas dangereux.
  • Gretchen Brandt : Excusez-moi encore, mais j’estime que lorsqu’ils se succèdent à cette cadence, ils le sont vraiment. Demandez-lui s’il veut s’en aller. C’est son droit.
  • L’expérimentateur : Il est absolument nécessaire que nous poursuivions…
  • Gretchen Brandt : Je préférerais que vous lui demandiez son avis. Nous sommes venus de notre plein gré. S’il accepte de continuer, je suis d’accord. Il vous a dit qu’il avait le cœur fragile. Je regrette, mais je ne veux pas être à sa place.
  • L’expérimentateur : Vous n’avez pas le choix.
  • Gretchen Brandt : Je vous ai déjà dit que nous sommes venus ici de notre plein gré. Étant donné l’état de son cœur, je ne veux pas être responsable de ce qui peut lui arriver. Essayez de me comprendre, je vous prie. »17

L’expérience s’arrête devant son refus répété. En entretien, elle est très intéressée par le dévoilement de la vérité de l’expérience. L’expérimentateur lui demande si son passé a pu influencer son comportement (elle a passé son adolescence dans l’Allemagne nazie), elle lui répond « Peut-être avons-nous vu trop d’atrocités ».

Un vendeur de 36 ans arrête à 270 volts, ses explications portent davantage sur la légalité de l’expérience :

  • « Le vendeur [après avoir administré un choc de 195 volts] : Une seconde s’il vous plaît ! À qui incombe la responsabilité légale ? Je ne crois pas que vous ayez le droit de le garder contre son gré.
  • L’expérimentateur : Même si les chocs sont douloureux ils ne peuvent provoquer de lésion permanente.
  • Le vendeur : La question n’est pas là. Si cet homme refuse de continuer, c’est son affaire.
  • L’expérimentateur : L’expérience exige que vous continuiez.
  • Le vendeur : Du point de vue de l’université de Yale, oui, mais sûrement pas du point de vue de la loi ou de celui de cet homme. Et dans ce cas, je suis tout aussi légalement responsable que vous s’il lui arrive un accident…
  • Le vendeur [à 270 volts] : Non, je refuse de continuer… je comprends l’intérêt de votre enquête, mais j’estime que cet homme a le droit de disposer de lui-même. »18

L’expérience s’arrête.

Un ingénieur de 32 ans, à 220 volts, exprime son refus en rapportant sa propre expérience :

  • « M. Rensaleer : Non je peux pas continuer ; c’est une expérience à laquelle nous participons volontairement, il faut l’arrêter si cet homme refuse de poursuivre.
  • L’expérimentateur : Je vous prie de continuer.
  • M. Rensaleer : Non je ne peux pas. Excusez-moi.
  • L’expérimentateur : L’expérience exige que vous continuiez.
  • M. Rensaleer : Enfin, cet homme a l’air de souffrir !
  • L’expérimentateur : Il ne risque aucune lésion permanente.
  • M. Rensaleer : D’accord, mais je sais ce que c’est qu’une décharge. Je suis ingénieur électricien et j’en déjà reçues… On est vraiment commotionné, surtout quand on sait que cela va recommencer. Excusez-moi.
  • L’expérimentateur : Il est indispensable que vous continuiez.
  • M. Rensaleer : Pas question… Alors que j’entends cet homme hurler qu’il veut s’en aller !
  • L’expérimentateur : Vous n’avez pas le choix.
  • M. Rensaleer : Bien sûr que si ! (incrédule et indigné) Et pourquoi n’aurais-je pas le choix ? Je suis venu ici de mon plein gré. Je pensais que ma contribution personnelle pouvait être utile à une enquête scientifique. Mais si cela implique que je doive faire souffrir quelqu’un, ou prendre sa place, j’y renonce. Je ne peux pas continuer. Excusez-moi. Je n’aurais pas du aller aussi loin, sûrement. »19

Même s’il a arrêté l’expérience à 225 volts, dans l’entretien ensuite, il regrettera d’avoir été aussi loin :

« J’aurais dû m’arrêter dès qu’il a commencé à se plaindre. Je voulais le faire à ce moment-là et je me suis tourné vers vous. Je pense que c’est une question… d’autorité, si l’on peut dire : je me suis laissé impressionner par le cadre du laboratoire et j’ai continué malgré moi. C’est un peu comme l’armée, quand vous devez faire quelque chose qui ne vous plaît pas, mais que votre supérieur exige de vous. C’est le même ordre d’idée, vous voyez ce que je veux dire ? … Ce que je trouve lâche, c’est d’essayer de rejeter la responsabilité sur autrui. Si maintenant je m’en prenais à vous en vous disant “C’est de votre faute… ce n’est pas de la mienne” je trouverais ça lâche. »20

Un professeur de théologie arrête à 150 volts, alors que son comportement semble excessivement perfectionniste (prend un ton de voix cérémonieux pour dire « juste » à l’élève, exprime des moues de désapprobation lorsque M.Wallace rate). Il ne semple pas du tout impressionné par l’expérimentateur  :

  • « L’expérimentateur : Il est absolument nécessaire que l’expérience continue.
  • Le théologien : Je comprends votre point de vue, mais je n’admets pas que l’expérience soit placée au-dessus de la vie de cette personne.
  • L’expérimentateur : Il n’y a aucun danger de lésion permanente.
  • Le théologien : C’est vous qui le dites ! Si cet homme ne veut pas continuer, c’est à lui que j’obéirai.
  • L’expérimentateur : Vous n’avez pas le choix, monsieur, vous devez continuer.
  • Le théologien : Si nous étions en Russie, peut-être, mais ici, nous sommes en Amérique.[…] Vous avez sûrement réfléchi à l’éthique de vos recherches (au comble de l’agitation). Voilà un homme qui vous dit qu’il ne veut pas continuer et vous pensez que l’expérience a plus d’importance que son avis personnel ? L’avez-vous examiné ? Savez-vous dans quelle condition physique il est ? (avec des chevrotements dans la voix) Supposez qu’il ait le cœur fragile ?
  • L’expérimentateur : Nous connaissons bien notre appareil, monsieur.
  • Le théologien : Mais vous ne connaissez pas cet homme… C’est très dangereux. (d’une voix étranglée et frémissante) Que faites-vous de la peur qu’il ressent ? Il vous est impossible de déterminer l’effet que ce traitement a sur lui… Cette peur qui émane de tous ses pores. Mais poursuivez, c’est à vous de me poser des questions ; je ne suis pas ici pour vous faire subir un interrogatoire. »21

Après les explications sur la vérité de l’expérience, l’expérimentateur lui demande comment renforcer la résistance à une autorité malveillante : « Placer en Dieu l’autorité suprême, ce qui discrédite toute autorité humaine ».

Leur comportement est très différent les uns des autres. Certains semblent assurés, sans manifestation d’émotions, ils maintiennent une décision qui semble inébranlable ; d’autres sont ravagés par l’émotion, quittent l’expérience en pleurant.

Les chercheurs rapportent néanmoins un facteur qui semble être commun : ils interagissent avec l’autorité plus tôt dans l’expérience et davantage ; dans l’étude sur les dispositions (Bègue, 2015) les désobéissants sont davantage des femmes (la corrélation n’est pas signifiante pour les hommes) ont déjà participé à des actes militants plus souvent que les obéissant·es (manifestation, pétitions…), des personnes étaient davantage sur un spectre politique de gauche, ayant des traits de personnalité non-consciencieux/non-agréable, avaient des moins hauts scores en RWA (plus le RWA est haut, plus les chocs sont élevés) ou à l’échelle F, un plus haut souci empathique (tendance à éprouver de la sympathie et de la compassion face à la détresse d’autrui), plus d’intelligence sociale, et des émotions très négatives avec un faible neuroticisme (ce qui permet donc de supporter l’émotion négative, la vivre ; cependant un haut neuroticisme n’est pas lié à l’obéissance).

Comme avec les obéissants, l’âge, le genre, le statut socio-professionnel ne sont en aucun cas des facteurs déterminants de leur comportement ; certains chercheurs parlent aussi de « banalité » du bien, car les désobéissants respectent une éthique sociale simple (qu’on retrouve aussi dans les motivations des actes « héroïques » de sauvetage durant la Seconde Guerre Mondiale, comme étudiée dans la personnalité altruiste que l’on verra en ConstructionME), de « bon sens » ; elle apparaît héroïque parce qu’elle a beau être liée à un bon sens social assez commun, simple, la désobéissance selon cette éthique de la vie quotidienne est massivement non suivie par les autres. La grande différence, c’est que les désobéissants l’activent malgré la situation :

1. Ils ne veulent pas imposer quelque chose à quelqu’un contre sa volonté.

« Je ne vais pas continuer contre sa volonté. S’il ne veut plus rien faire, je ne ferai plus rien » ou encore « Je ne pense pas qu’il soit juste de forcer cet homme à faire quelque chose qu’il ne veut pas faire. C’est à lui de prendre ces propres décisions ».

2. Ils s’estiment être responsables de ce qu’ils font aux autres ; par exemple un participant conteste l’expérimentateur « Est-ce que cela fait partie du contrat ? Je ne continuerai pas à moins qu’il le veuille. Légalement, je suis responsable d’avoir poussé ces leviers de chocs électriques, je suis le seul responsable et je pourrais être poursuivi pour cela, comme vous également ».

3. Ils pensent qu’on est toujours libre de choisir d’obéir ou non à des ordres nocifs. Cela apparaît souvent lorsque l’expérimentateur dit qu’ils n’ont « pas le choix » que d’obéir. Parfois les désobéissants réagissent vivement à cela :

« Mon choix est que je sors d’ici, je peux sortir quand je veux » ou encore « Je n’ai pas le choix ? Est-ce que vous plaisantez monsieur ? Vous voulez me contraindre à administrer des chocs à ce monsieur ? Je suis un être humain ». Cela ressemble d’ailleurs à un phénomène de réactance dont on parlera juste après, étant donné que c’est la privation de liberté qui déclenche une réaction.

Dans les expériences de Lepage (2017), ceux qui administrent le moins de chocs violents ont une bonne flexibilité physiologique, c’est-à-dire qu’ils arrivent à supporter les situations stressantes sans devoir inhiber par exemple leur empathie. Cette bonne flexibilité physiologique est liée à des sentiments de sécurité (affective, sociale), une appartenance, un besoin de proximité sociale satisfait au moins un temps ; autrement dit, les personnes en sécurité affective sont en capacité d’encaisser des situations stressantes sans dénier une part d’eux-mêmes, qui est ici l’automatisme de l’aversion à la souffrance, et l’empathie pénible qu’elle génère. Comme ce stress est maintenu, soupesé, accompagné d’interactions, donc de temps de réflexion et d’informations pouvant mener à la décision, il y a alors une réponse de désobéissance tout aussi congruente sur un plan cognitif qu’émotionnel ; là où les obéissants ont une réponse aliénée à l’autorité rationnalisante, uniquement suppressive d’une partie d’eux-mêmes.

En résumé, les désobéissants sont des gens très « normaux », aux parcours personnels très variés, qui n’ont pas de qualités exceptionnelles, voire même parfois des points qui peuvent être considérés comme des « faiblesses » (par exemple des niveaux bas de conscienciosité) ou des émotions vives. Mais ils ont la force de prendre toute la mesure négative de la situation, ils n’essayent pas de dénier leurs émotions négatives, leurs aversions et décident avec ces informations pénibles plutôt que de se plier aux demandes de l’autorité. Leurs valeurs, mises en œuvre de façon congruente, peuvent être très élaborées intellectuellement comme très simples, liées à l’expérience ou à des connaissances, et connectées à leurs ressentis non niés.

Est-ce qu’ils sont autodéterminés ? La congruence entre leurs valeurs, leurs actes de désobéissance, leur ressenti et leur décision porte à dire que oui, au moins pour cette situation qui pourtant met statistiquement davantage les individus en motivation non autonome.


Résumons…


♦ Ce que les expériences nous apprennent :

  • Les symboles de l’autorité suffisent à nous inciter à faire du mal à autrui.
  • Les symboles de l’autorité suffisent pour nous convaincre de nous faire du mal.
  • On reste parfois soumis à l’autorité même quand on n’est pas d’accord avec elle et que la situation est insupportable.
  • La télévision est devenue une autorité à laquelle on se soumet.
  • Selon les contextes, les tortionnaires peuvent être au départ des gens comme vous et moi, ils peuvent juste obéir aux ordres. Voir par exemple la vie de Stangl, un individu très banal qui progressivement s’est vu participé aux pires horreurs nazies : « Au fond des ténèbres », Getta Sereny
  • Les vrais sadiques, psychopathes, ou sociopathes sont rares4 : le mal est plus souvent commis sous ordre ou pression à obéir, par des gens lambdas.
  • Qu’importe notre nationalité, nos diplômes, notre statut social, nous pouvons tous potentiellement basculer dans l’obéissance destructrice.
  • Plus on est proche physiquement de la personne à qui ont envoie des chocs, moins on arrive à se soumettre ; on peut donc réduire l’obéissance destructrice en faisant se rapprocher l’obéissant avec « le réel » de sa tâche destructrice.
  • si des tiers (autre autorités, autres pairs rebelles) mettent en doute la tâche qu’elle ordonne, alors l’obéissance destructrice peut diminuer. On peut donc réduire l’obéissance destructrice/augmenter la désobéissance à des ordres destructeurs en soulignant son désaccord.
  • être autoritaire de droite nous fait davantage obéir à des ordres destructeurs, parce qu’on fait alors des efforts pour supprimer les émotions, l’empathie à l’égard de la cible. La solution est de ne pas faire cet « effort », apprendre à accepter le stress et les émotions négatives puis les réguler souplement.
  • Si vous devez protéger une cible de la destructivité d’un autoritaire de droite (que ce soit sous ordre ou de son initiative) vous pouvez tenter de l’épuiser cognitivement, ainsi il aura plus de mal à couper son empathie.

Se prémunir et résister :

 

  • Dans la mesure du possible, s’éloigner physiquement de l’autorité si on sent qu’il y a un problème avec ses ordres ou ses demandes : cela permet de réfléchir correctement, de pouvoir prendre une décision plus réfléchie. Dans les expériences de Milgram, plus l’autorité est distante, plus le sujet arrive à désobéir rapidement, parce que la présence de l’autorité ne fait plus poids sur son mental.
  • S’opposer rapidement quand une situation nous pose un problème ou qu’elle apparait étrange : on peut questionner, interagir avec l’interlocuteur. Cela éclaire la situation, donne d’autres informations permettant un meilleur jugement, cela donne de la force à nos convictions, cela nous donne du temps de réflexion, c’est déjà un pied dans l’action. Plus on exprime son « non » rapidement, plus le conflit se résoudra aussi rapidement et moins on souffrira.
  • Prendre conscience que nous sommes automatiquement soumis aux symboles de l’autorité, parfois de façon totalement absurde (cf la vidéo ci dessous). Si on a conscience d’un phénomène, qu’on le remarque, on peut mieux décider d’obéir ou désobéir. .

  • Accepter le conflit interne généré, ne pas le dénier ou tenter de supprimer son stress/ses émotions négatives, le passer en revue (qu’est-ce qui me gêne, pourquoi ça me gêne, etc.).
  • Se rappeler qu’on peut toujours fuir (ou dire non), que c’est une solution préférable dans bon nombre de cas. Qu’importe les engagements, les promesses, les signatures, les liens d’amitié, il est parfois plus sain et plus noble de tout envoyer balader.
  • Se rappeler que la passivité des individus autour de soi n’est pas systématiquement une preuve que tout va bien ou que la situation leur est acceptable ; c’est parfois même le contraire. La passivité d’une foule peut être signe de sa confusion.
  • Se rappeler que l’autorité, si exhaustifs soient ses symboles, si vrais soient ses statuts, n’a pas forcément raison. L’autorité n’est pas un argument de validité.
  • Se rappeler que les actes que l’on réalise, même sous ordre, sont toujours de notre responsabilité, car c’est nous qui les exécuterons.
  • Accepter parfois de déplaire à autrui, même à des personnes considérées comme supérieures. Cela consiste à ne pas entrer dans le rôle que la situation requiert et d’avoir un comportement et une apparence non conforme à la situation, mais adapté à sa propre déontologie, sa morale, ses valeurs.
  • Se rappeler que si une autorité a recours à des punitions, des menaces, des humiliations et de la souffrance sur autrui, c’est qu’elle a justement un problème de gestion de son autorité, qu’elle a besoin de prouver par de la domination son pouvoir. Donc qu’elle n’est pas certaine de son pouvoir ou qu’elle sent son pouvoir menacé… Une autorité légitime, intelligente et sans problème de gestion de son pouvoir, trouve toujours d’autres solutions, donc n’a nullement besoin d’être violente. Se rappeler de ce fait permet d’avoir des indices sur la nature de l’autorité.
  • Se rappeler que notre subordination et notre soumission sont un bien précieux, car ils renferment en puissance notre action dans le monde, donc qu’il ne faut pas l’accorder à n’importe qui pour n’importe quoi.
  • Certains manuels conseillent de vérifier la validité de l’autorité (diplômes, carte professionnelle…). Cependant, si évidemment cela permet d’écarter les arnaqueurs/imposteurs, cela n’empêche pas que de vraies autorités, légitimes, abusent de leur autorité également.
  • développer son esprit critique prosocial : par des lectures, par l’étude, par la recherche, en s’exposant à des points de vue de toutes sortes, en s’intéressant à des sujets, etc. Je rajoute prosocial car la culture, la connaissance ne sert strictement à rien dans une telle situation si on persiste à couper nos capacités empathiques et prosociales (que ce soit avant, pendant ou après ce genre de situation).
  • être autonome, c’est à dire se donner ses propres lois et règles, indépendamment du contexte ou des idéologies qu’on subit/par lesquelles on s’est laissé séduire.
  • conserver son sentiment de responsabilité quant à ses actes
  • Entretenir de bonnes compétences socio-émotionnelles, incluant la prise de perspective, l’empathie, l’acceptation de son aversion à la souffrance, une acceptation du message qu’envoient leurs émotions négatives (et non la tentative de suppression, de déni ou d’inhibition) ;
  • Entretenir une bonne internalisation de ces expériences ou connaissances passées, positives comme négatives, qui font « leçon » s’exportant à d’autres contextes ;
  • une congruence entre ses valeurs, connaissances ou expériences passées et les actes présents ;

Nous avons parlé des façons d’augmenter les compétences socio émotionnelles, l’internalisation et la congruence ici : 

📖 En toute puissance, manuel d’autodétermination radicale

Attention : la résistance systématique à l’autorité n’est pas profitable, car l’autorité légitime et compétente peut avoir un savoir que nous n’avons pas, avoir un meilleur visuel de la situation, ou des pouvoirs qui nous seraient utiles. On peut prendre en exemple les médecins, les professeurs, les scientifiques, etc.

Mais gardons l’esprit critique et empathique. Toujours.

Pour aller plus loin

Cet article est très incomplet sur la question, il s’agissait juste de présenter quelques expériences et résultats. Voici quelques un expérience récente impliquant la question de la souffrance animale et de la question de tuer pour la science :

La thése de Lepage fait une excellente revue des expériences, des différentes interprétations et des liens avec la notion d’autoritarisme :

Nous avons également évoqué ces expériences, notamment celle qui lient autoritarisme et obeissance destructrice dans ETP : En toute puissance, manuel d’autodétermination radicale – Hacking social (hacking-social.com)

Bien que critiqué pour des problèmes d’éthique ou encore parce que ces interprétations ne sont plus forcément pertinentes, l’ouvrage de Milgram reste très précieux :

  •  « Soumission à l’autorité », Stanley Milgram

Cette expérience a également beaucoup intéressé certains philosophes et historiens, qui l’articule dans la compréhension historique et certains évènements :

  • « Un si fragile vernis d’humanité: banalité du mal, banalité du bien », Michel Terestchenko
  • « Des hommes ordinaires », Christopher Browning
  • « Purifier et détruire », Jacques Semelin

On a résumé tout ce qu’on a pu apprendre de nos fouinages sur le thème de la désobéissance dans cet article sous forme de liste, vous y trouverez aussi d’autres sources :

★ Comment désobéir de façon altruiste ? Quelques listes


Autres sources


  • « Psychologie de la manipulation et de la soumission », Nicolas Guéguen
  • « Influence et manipulation », Robert Cialdini
  • Le jeu de la mort [documentaire] écrit par Christophe Nick, réalisé par Thomas Bornot et Gilles Amado et coproduit par France Télévisions
  • Marsh Abigail, Altruistes et psychopathes, 2019.

– Le détail des répliques de l’expérience Milgram dans différents pays et à différentes dates :

  • Espagne, taux de soumission 50% ; • Bonny Miranda F. S., Bordes Caballero R., García Gómez M. N., & Martín Zamorano, M. A. Obediencia a la autoridad, 1981.
  • Australie, 54% ; Kilham W., & Mann L. Level of destructive obedience as a function of transmitter and executant roles in the Milgram obedience paradigm, 1974
  • Jordanie, 62.5% ; Shanab M.E., Yahya K.A., A cross-cultural study of obedience, 1978
  • Jordanie, 73% (les participants sont des enfants) ; Shanab M.E., Yahya, K.A. A behavioral study of obedience in children, 1977.
  • Autriche, 80% ; Schurz G. Examination of the relations between personality-characteristics and the readiness for destructive obedience, 1985
  • Allemagne de l’Ouest, 85% ; Mantell, The potential for violence in Germany, 1971.
  • Italie 85% Ancona et Pareyson, Contribute alle studie della aggressione: La dinamica della obe-dienza distruttiva, 1968
  • Afrique du Sud 87.5%. Edwards, Franks, Friedgood, Lobban et Mackay, An experiment on obedience, 1969
  • Schurz G. Examination of the relations between personality-characteristics and the readiness for destructive obedience, 1985

Profils autoritaires envoyant plus de chocs :

  • Elms et Milgram, échelle F (1966)  Personality characteristics associated with obedience and defi ance toward authoritative command.
  •  Altemeyer Bob, Right-wing authoritarianism, 1981
  • [réalité virtuelle] Dambrun Michaël, Vatiné Elise, Reopening the study of extreme social behaviors : Obedience to authority  within an immersive video environment, 2010

Conception de banalité du bien

  • Rochat, Modigliani (1995) Rochat, F., & Modigliani, A. (1995). The ordinary quality of resistance: From Milgram’s laboratory to the village of Le Chambon. Journal of Social Issues, 51(3), 195–210.
  • « Un si fragile vernis d’humanité: banalité du mal, banalité du bien », Michel Terestchenko

Sondage sur la demande d’autorité :

  • https://www.ipsos.com/fr-fr/fractures-francaises-face-aux-crises-qui-frappent-le-pays-un-besoin-de-protection-plus-fort-que

Note de bas de page


[nous avons parlé de ce sujet dans cette conférence également (aux Geek Faëries) : 

  1. [maj 2023] par contre j’ai investigué dans ce sens dans ETP : En toute puissance, manuel d’autodétermination radicale . []
  2. ici nous ne verrons que quelques expériences et leurs résultats pour ne pas surcharger l’article []
  3. voir par exemple Elms et Milgram, avec l’ échelle F (1966) ; Altemeyer, avec le RWA (1981) ; Dambrun et Vatiné, avec le RWA (2010) []
  4. c’est-à-dire décidant par eux-mêmes, sans influences ou pressions particulières, de faire du mal à autrui, parce que ça les amuse, leur fait plaisir, parce qu’ils s’ennuient ou qu’ils ne voient pas le problème à faire ça. Le chiffre de 1% de ces individus parmi la population revient souvent []
Viciss Hackso Écrit par :

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55 Comments

  1. caligula63
    7 octobre 2014
    Reply

    La France a besoin d’un chef?
    Pourquoi vouloir à tout prix, un chef?
    Les élections? Personne ne se déplace, de nos jours.
    Je propose une solution, simple, honnête: un empereur… 😀

    Modestement, je me propose.
    Moi empereur, je ne ferai pas de promesses.
    Moi empereur, j’interdirai la télévision.
    Moi empereur, j’imposerai la lecture de ce site (si si, je serai empereur, je pourrai faire ce que je veux!)

    • barbalala
      7 octobre 2014
      Reply

      Caaliiiiiiiiiiiigulaaa ! moi je veu bien faire stagiaire dempereur. g eu une mention « excellent » à mon certificat de soumission a lautorité avec doc enclocq

      • grumeau.couillasse
        8 octobre 2014
        Reply

        Ho oui ho que oui ! un bon despote ça nous changerait
        Le site deviendrait une cour de récré
        Le pays retrouverait sa splendeur d’antan
        Les gens seraient heureux ils auraient leur tyran

        Bisounours ! deviendrait notre slogan
        De nos vies nous te ferions présent
        Et la quenelle rebaptisée monnaie
        De partout ressurgirait.

        C’est en fredonnant ces quelques mots sur une vieille boucle en mode hip hop que je m’aperçois avec horreur que les cinq résistants ont une tête de fou…

  2. Gull Hackso
    8 octobre 2014
    Reply

    @grumeau.couillasse

    Diantre! Que de propos énigmatiques qui me plongent dans un vaste étang de confusion . Je vais de ce pas demander à Technicien de stopper le montage du prochain épisode d’Horizon afin de décrypter ce message mystérieux….

    • Technicien
      8 octobre 2014
      Reply

      Hé!!!!!!!!!!!!!
      J’suis déjà enseveli sous une tonne de taff!!! En plus j’ai jamais compris les 1ers, seconds, troisième degrés, c’est pas dans mon contrat! Bientôt on va me demander de traire les vaches! Des vaches! Ya pas si longtemps je croyais encore qu’une vache ca buvait que du lait…. Alors arrêtez de me faire faire ce que je sais pas faire, crotte!
      Please, serait pas possible plutôt d’avoir une traduction?
      Help Me!!

    • caligula63
      8 octobre 2014
      Reply

      À non alors!
      Maintenant que j’ai un PC qui lit les vidéos, rien n’est plus urgent que le montage du documentaire sur les mouettes (et les chats).

      Quant au message du sieur grummeau, c’est une forme de licence poétique. Je m’occuperai de lui répondre demain s’il le veut bien. Et s’il ne veut pas c’est pas grave, je suis Caligula et fait ce que je veux!

      • Gull Hackso
        8 octobre 2014
        Reply

        Tu as tout juste Caligula63, j’ai l’honneur de te confirmer qu’il y aura bien des mouettes dans le prochain épisode, et pas n’importe quelles mouettes: des mouettes très agressives, terrifiantes! TF1 en a parlé au 13h cet été, c’est dire!
        Quant aux chats, il faudra attendre une prochaine fois, mais je prends note! J’ajoute cette mission sur le bureau surchargé du Technicien (il adore ça…).

      • caligula63
        8 octobre 2014
        Reply

        Pris en flagrant déli!
        J’ai une pathologie assez sévère, je mémorise très bien et beaucoup, beaucoup trop. Or, il se trouve qu’en regardant un épisode d’Horizon (Horizon by night, il me semble, oui oui ma mémoire est sélective) tu lisais un livre sur les chats.

        Ce qui m’avait permis de connaitre ta véritable identité. Effectivement, qui aime les mouettes, les chats, fréquente un ami gaffeur et n’est pas très productif (ce dernier ennoncé est une boutade, bien entendu, loin de moi l’idée de faire ton boulot, en plus Caligula B. De Mil ça sonne mal)?

        Si vous aussi, amis lecteurs, vous avez trouvé, vous gagnez un article dédicacé par Viciss de 27 342,56 mots. Ou une soirée avec le Technicien, au choix…

      • caligula63
        11 octobre 2014
        Reply

        Ah!!!
        En fait (comme dirait ma fille), l’épisode où tu lis un livre sur les chats est News et scènes coupées.
        Mais y’a pire! Sur la page de la vidéo de « La soumission au costume » mis en lien sur cet article, un des Gullius tient un félin dans ses bras! Et en regardant la vidéo, il s’amuse avec. Tu as de la chance, si c’était la mienne, le Gullius aurait la même apparence que de la farce à tomate… Mais elle est mignonne, donc on la garde. C’est vrai qu’elle est belle la Conasse Poilue, avec ses yeux bleus…

    • Docteur Claire Enclocq
      8 octobre 2014
      Reply

      Bonjour Gull,
      Je crois avoir découvert la source de votre mal être qui vous plonge dans, je cite, « un étang de confusion », expression fort étrange mais loin d’être insensée dans notre jargon médical. En effet, on retrouve les deux termes sont corrélés, selon Ngram au plus dans les année 1806 :

      https://books.google.com/ngrams/interactive_chart?content=%C3%A9tang%2C++confusion&year_start=1800&year_end=2000&corpus=19&smoothing=3&share=&direct_url=t1%3B%2C%C3%A9tang%3B%2Cc0%3B.t1%3B%2Cconfusion%3B%2Cc0

      Correlation certes peu flamboyante, mais néanmoins signifiante au vu des données dont je dispose – et elles sont relativement nombreuses – ; en effet, c’est les années 1800 qu’on découvre alors une incroyable pathologie : de jeunes fringuants villageois du nord de Nantes, aussi normaux que peuvent l’être de jeunes fringuants villageois, sont retrouvés stupéfaits, en état de catatonie (qui fut passagére) dans la campagne et vous le devinerez aisément, plus spécifiquement dans des étangs. De solides et vigoureux medecins de campagne découvrèrent par la suite que ceux ci avaient été paralysé par quelques mots issus de la propagande de l’époque, et qu’incapable de les absorber sans réfléchir, ils en étaient demeurés figés. Ce vaste étang de confusion, aussi pathologique qu’il puisse vous paraitre est en fait un incroyable atout incapacitant toute tentative d’intrusion sournoise dans l’inconscient ! Félicitation Monsieur Gull !

      @barbalala : vous n’avez pas votre certificat, ayant été incapable de vous faire prendre en considération les premiéres consignes pourtant simples. A ce jour, je ne peux juger ni de votre aptitude à la soumission ni de votre aptitude à l’insoumission.

      Cordialement,
      Docteur Claire Enclocq [ label soin responsable ; élue médecin de l’année]

      • caligula63
        9 octobre 2014
        Reply

        Chère Doc,

        Je m’étonne qu’une femme aussi savante que vous n’ai point parlé de « l’Abîme de Perplexité ».
        Certes, je conçois que cette chimère digne du cimetière des éléphants ne vous emballe pas plus que cela, mais il est quand même intéressant d’en parler.

        Mes propres recherches situent cet « Abîme de Perplexité » quelque part entre l’adolescence et l’age de raison. Qui n’a pas connu une personne ayant dit « Ce gosse va me rendre fou (folle)! » avant de disparaitre. Disparition due à la chute de l’individu dans cet abîme d’où personne n’est encore revenu – ce qui explique l’impossibilité de connaitre sa localisation exacte, et comme vous le savez, ce qui n’est pas visible n’existe pas aux yeux du monde.

        Pour en revenir à l’article sus-édité, je viens d’attraper une migraine carabinée. Effectivement en voulant ramener ma science (et ma fraise, aussi, un peu) je me suis lancé dans une recherche sur le Net d’une expérience psychologique qui est complémentaire (à mon sens) avec le travail du sieur Milgram et de Dame Viciss. Problème, si je me souvenais de l’expérience, je ne retrouvais plus le nom du professeur, ni du nom de ladite expérimentation.
        J’ai donc fait des recherche à l’aide de mon moteur de recherches favori. Je suis tombé sur des sites pour bachelier en mal d’inspiration, et même sur un site dédié à la dynamique des groupes (que j’ai lu par curiosité).
        http://www.univ-montp3.fr/infocom/wp-content/CM-dynamique-de-groupe.pdf

        J’ai finalement réussi à trouver l’expérience!
        https://www.youtube.com/watch?v=7AyM2PH3_Qk

        J’ai aussi trouvé un document assez intéressant (pour ceux qui veulent s’instruire) de Gustave-Nicolas Fisher: LES CONCEPTS FONDAMENTAUX DE LA PSYCHOLOGIE SOCIALE.

        Et dernier point, je me demandais si vous connaissiez la théorie des 10%?
        http://freakonomics.com/2011/07/28/minority-rules-why-10-percent-is-all-you-need/
        Notez que ce n’est pas une science exacte…

  3. caligula63
    8 octobre 2014
    Reply

    Ahhhhhhhhhhhh, chère Barbalalaaaaaaa…
    Bien entendu que vous ferez partie du Panthéon! Ensemble nous ferons de grandes choses. Tenez, d’ors et déjà, je vous nomme ministre de l’éducation! Votre façon d’écrire est très rafraîchissante… Pour vous motiver, sachez que comme ce site sera la référence en matière d’éducation, leurs auteurs seront…sous vos ordres! Oui, vous pourrez vous venger! D’ailleurs, j’imagine très bien Viciss dans le rôle du suplicié et vous aux commandes de l’appareillage électrique (mais branché, cette fois); et pour chaque article de plus de mille mots, une décharfe! Une vraie! Fini les pdf qui mettent trois jours à charger… En plus avec votre réforme grammaticale, les articles ne devraient pas dépasser 500 mots.

    À bientôt, chère ministre…

    • barbalala
      8 octobre 2014
      Reply

      ^^^^^^^^^tro cooool ! ^^^^^^ elle fera d article people la au moins on est sure que sa depassera pas les 300 mots (500 c encore tro)

      • grumeau.couillasse
        9 octobre 2014
        Reply

        Bin enfin on se lâche !
        J’ai failli avoir peur, seul dans tout ce blanc… je n’osai piper mot

        J’ai lu et relu , bu et re – bu mon petit encart, j’y trouve le degré bien faible pourtant il m’a chauffé le Gull.
        Non ! Technicien tu n’auras pas la traduction, occupe toi plutôt d’accorder le gaffophone pour la sortie des mouettes.
        Et cette Docteur es délation, qui me pose en intrusif sournois, il faudrait peut – être s’en occuper ? un poste stable sur un billot, qu’en penses tu Caligula ?

      • caligula63
        9 octobre 2014
        Reply

        Ahhh Grumeau couillasse et Barbalala!
        Mes deux amours à moi!

        Si les tyrans sont en voix de disparition,
        Ce n’est pas tant question de reproduction,
        Mais bel et bien d’incompréhension.

        Devenez mes miens ministres,
        Et nous saurons, par delà les rébellions,
        Rassembler ces masses sinistres,
        Qui se font appeler population.

        Quant à vous, cher Couillasse,
        Je vous nomme ministre de la populace*,

        Et je pose une question à mon tour:
        L’utilisation de « traboule » et « quenelle »
        Ferait-elle de vous un inconditionnel
        De la place Bellecour?

        (*) Oui bon, désolé mais avec couillasse il n’y a pas beaucoup de rimes possibles. Je n’en connait que deux:
        – Populace,
        – Trombone à coulisse…

      • caligula63
        9 octobre 2014
        Reply

        Et j’ai oublié une chose Grumeau Couillasse. On peut être tyran et être humain.
        Je ne mettrai jamais une femme – fut-elle médecin – sur le billot surtout lorsqu’elle porte un tel nom.
        Après l’accouchement, oui…

  4. Docteur Claire enclocq
    9 octobre 2014
    Reply

    Bonjour grumeau.couillasse.

    Détrompez-vous : je n’accusez pas votre personne d’intrusif sournois mais bien les termes tel que « quenelle », qu’on pourrait qualifier de spin cuisinier.

    Cordialement, Dr Claire Enclocq,
    [élue médecin de l’année ; label soin responsable]

    • grumeau.couillasse
      9 octobre 2014
      Reply

      Docteuuure ! que vous accusiez la quenelle me semble normal vu votre état !
      mais sinon, effectivement je suis un fin cuisinier. J’ai dans mon pré deux beaux béliers qui me fourniront quatre pièces de choix, et aussi des arbres à pommes et une pie si vous acceptez un jour de venir partager un repas exotique.
      Vous êtes trop immergée dans la psychologie, comme ces faquins trempant dans flaque vous ne captez plus !
      réservez un peu de votre talent dans une autre branche de la vie, sortez de votre laboratoire, brûlez vos livres.

  5. Un empereur! Laissez-moi rire!
    Les empereurs ont fait des millions de morts, mais c’est à peu près tout.
    Alors que moi, sous mon mandat, les sciences ont fait de grands pas en avant. La psychologie surtout, et principalement la branche: « propagande pour masses laborieuses ».

    Regardez-le, mon successeur. Un pas en avant, deux en arrières. Il arrive même pas à garder une femme. Alors que moi j’en ai une, mais je n’arrive pas à m’en débarrasser. Une chanteuse aphone ce n’est pas terrible comme première dame, surtout si elle est aussi épaisse qu’une planche à pain.

    Alors n’hésitez pas, en 2017 votez pour moi! Sinon je pars en prison…

  6. grumeau.couillasse
    9 octobre 2014
    Reply

    Je reviens ici, une bonne heure après ma précédente édition. Besoin de m’aérer la tête, respirer un grand coup.
    Il y avait une discussion en cours sur un groupe de Fesse Bouc. J’ai pris le train en marche, rien à voir avec ma prose locale farfelue : l’auteur du post se plaignait de ne plus trouver de Danette ni de Ricard dans son Leclerc . Sérieux. J’ai tenté de l’aiguiller sur la réalité de l’industrie agro-alimentaire et de la grande distribution, courtoisement et choisissant mes mots comme d’habitude.
    J’ai pris grave.
    Entre les « qu’est-ce tu fous là dégage de mon post » et les multiples censures de l’admin (que j’avais anticipées par un malicieux [copier] couillasse oui mais hé hé hé ) sur le coup je n’ai accroché qu’une fille, écrivant que c’était plus divertissant que la télé.
    Y’a quand même 3000+ adhérents à cette page, mémorandum du berceau de guillaume the conquistador .

    J’utilise trois langues différentes pour parler de cet ancêtre afin de ne pas froisser Caligula s’il venait à lire ce post, j’ai appris qu’il avait décapité ses dernières traductrices.

    En plus, sur cette application je me suis fait un avatar de la balle, une vraie tête de fou furieux afin de stimuler les instincts de mes lecteurs. Gagnant à 100 % , j’ai maintenant une vraie tête à claque, genre filet de saumon fumé, ils se sont rués sur moi.

    Moi qui croyais que les normands buvaient du calva…
    Et le yaourt ?
    Danette n’est pas un yaourt, c’est un succédané qu’on recherche dans les temps de misère.

    Je leur ai fait leur yaourt, avec compassion car ces braves gens incultes niais et grégaires recèlent dans leur fond le besoin d’une vie meilleure. Mais un yaourt spécial, version grumasse.

    Une expérience banale car réalisée dans le vrai monde, qui vaut tous les milgram et autres diplomés. Le chef, sa meute et la victime.
    En avant le hacking social.

  7. 11 octobre 2014
    Reply

    @grumeau
    Comme je comprends ton énervement grumeau ; personnellement j’ai pas le courage d’aller sur Facebook plus de cinq minutes (temps moyen au bout duquel je m’énerve à lire des commentaires ici ou là, où je vois des personnes se réclamant d’anonymous poster des photos de leurs enfants et d’eux…) ; je pense souvent virer tous les boutons de promotion ici présents liés à Facebook ainsi que la page hacking social, mais un conflit mental s’opère en moi, car beaucoup de lecteurs proviennent de Facebook. Bref, la question est en stand by, mais j’évite pour mes nerfs et ne pas être atteinte du syndrome du « grand crétin monde » (autrement dit avoir un automatisme de pensée qui m’amènerait à penser que les gens sont tous des crétins) d’y aller. Je pense que Facebook agit sur beaucoup de personnes (mais pas toutes) comme la vodka, l’humour et la festivité en moins : ils disent n’importe quoi parce que l’afflux d’informations de toute part, le discours uniformisé – ou pas – à l’adresse à la fois des amis, des inconnus, des relations professionnelles et de la famille, des intérêts particuliers (se rendre populaire, défendre une idéologie, paraître intelligent/rigolo, etc.), les rends complètement inattentif, attise le feu de leur passion, donc leur prive du calme nécessaire à un minimum de réflexion.

    @caligula
    Oui tu fais bien de parler de l’expérience de Ash, c’est une expérience phare de la psycho sociale, elle explique énormément de comportements, positifs comme négatifs. Dans Milgram par exemple, si on met des compères obéissants avec le sujet (ils se partagent le protocole, le sujet pousse la manette toujours), il sera encore plus obéissant. Par contre si on met des désobéissants, miracle, le taux diminue drastiquement. Donc le biais de conformisme mis en exergue par Ash n’est pas que mauvais, il peut aussi pousser à de bonnes actions. Tout dépend de ce que fait ou pense cette majorité… Mieux vaut qu’elle pense bien que mal…
    Quant à la dynamique des groupes ce n’est pas mon domaine, je ne saurais te renseigner ; et pour les 10 pour cent de freakeconomics, j’ai d’autres interprétations liées à la psycho sociale notamment ; rapidement, pour rendre une opinion majoritaire, faut tabler sur les petits leaders ou fabriquer des petits leaders (qui ont un pouvoir d’influence dans leurs petits groupes, c’est-à-dire au bistrot, dans les repas de famille, avec les amis, les collègues de boulot). Certains partis politiques (et des sectes aussi) l’ont bien compris, ils forment bien leurs militants, même si ceux-là sont incultes, alcooliques ou vaguement demeurés, parce qu’ils savent que même si ce ne sont pas vraiment des lumières, ils ont tous potentiellement une force de frappe d’influence dans leur petit milieu. Bon j’arrête parce que là je pourrais en faire un pavé je sens lol. Tiens voilà une conférence sur la propagande qui explique mon point de vue (et aussi d’autres points) :

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=S9900l9gQF4&w=420&h=315%5D

    Arf. Je vois que ton message était adressé à Claire. Bon tant pis, elle avait qu’à répondre plus vite.

  8. grumeau.couillasse
    11 octobre 2014
    Reply

    Merci vicissOhackso de me consoler. Les expériences live sont toujours plus dures que les reproductions en studio mais je crois qu’elles sont plus puissantes, plus démonstratives car elles affectent réellement les différentes parties.
    Ici nous avions un admin de groupe FB (qui déjà n’aimait pas grumeau suite à de précédentes discussions ) gérant le flux de coups de bâton distribués par sa tribu de harpies, un panel de harpies évoluant sur son domaine et une victime fausse, puisqu’elle savait qu’elle ne risquait rien.
    Le résultat est comparable à l’expérience de Milgram puisque les chiffres diffèrent totalement : baignant dans leur milieu 90 % des harpies massacreraient volontiers la victime désignée par l’admin. C’ est notre monde actuel, seule la victime peut arrêter l’expérience par abandon. La harpie est trop conditionnée, l’admin trop sur de lui.
    Quelques paires d’années en arrière, on aurait pu attribuer un caractère réaliste à ce jeu de Milgram. Mais plus maintenant.
    Et demain ?

  9. ThT12
    30 novembre 2014
    Reply

    Une soumission à l’autorité/aux costumes utilisé à grande échelle est l’apparition d’acteur en blouse blanche représentant un « scientifique » dans les publicités. Rajoutez à ça, un ou deux mots compliqués, un graphiques ou encore une image en 3D de « molécules » et un yaourt, un dentifrice, un anti moustique devient un produit médicale crée par des scientifiques et dont (quasiment) personne ne remettra jamais en doute les propriétés venté par la pub.
    En tant que scientifique, ce genre de publicité a été pour moi une des raisons pour laquelle j’ai arrêté de regarder la télévision !

    Une fois de plus, merci pour ces articles/vidéo !

    • 1 décembre 2014
      Reply

      Oui cet exemple est tout à fait approprié ! c’est un transfert symbolique des symboles de l’autorité à un produit qui généralement n’a rien de scientifique. La pub abuse de cette stratégie parce que les gens ont souvent une réaction automatique aux symboles de l’autorité ( comme on a parlé dans la vidéo de la soumission au costume : https://www.youtube.com/watch?v=lzugeIXsLxc ).
      Merci à vous également !

  10. 23 avril 2015
    Reply

    Très intéressant 🙂
    (Je suis constructif, je sais. )

    J’ai relevé quelques erreurs…
    -Je peux aussi me tromper dans mes corrections, hein. )

    Paragraphe : – La soumission a-t-elle des causes culturelles ?
    Le taux de soumission minimale est de 50% -> Le taux minimal de soumission est de 50%
    Quelque que soit l’époque -> Quelle que soit l’époque
    Quelque que soit le continent -> Quel que soit le continent

    Beaucoup plus loin (Je n’ai pas relevé le paragraphe, mais ça doit être le dernier. )

    Pour ces 16, les valeurs ont gagné. -> Gagnés, je pense.
    « J’ai était bon ?  » -> « J’ai été bon ? »

    Si vous avez le temps de corriger… 😉

    • Mahr Lyne
      28 mai 2015
      Reply

      c’est bien « ont gagné » 🙂

  11. Mahr Lyne
    28 mai 2015
    Reply

    je n’ai pas compris ces évaluations :

    Le taux minimal de soumission est de 50%
    Le taux maximal de soumission est de 87,5%
    La moyenne du taux de soumission est de 71%

    • 28 mai 2015
      Reply

      Il s’agit des taux de soumission de différentes répliques de l’expérience de Milgram à travers différents pays ;
      au plus bas, les sujets se sont soumis à 50% d’entre eux (c’est à dire ont envoyés des taux très importants de décharges électriques au compère, ils ont obéis)
      Dans d’autres répliques ils se sont soumis à 87,5% d’entre eux (c’est à dire presque tous les sujets se sont soumis)
      Et si on prend toutes ces expériences, on calcule qu’en moyenne il y a 74% de taux de soumission parmi les sujets.
      Dans le livre (https://hackingsocialblog.wordpress.com/2015/05/28/lhomme-formate-manipulations-commerciales-mediatiques-et-professionnelles/) j’ai mis les références en détail, je les reproduit ici :

      [(expérimentateur)(date de l’expérience)(résultat)]

      Miranda, Caballeor, Gomez et Zamorano(1980), Espagne, taux de soumission 50% ;
      Kilham et Mann (1974),Australie, 54% ;
      Shanab et Yahya, (1978), Jordanie, 62.5%;
      Shanab et Yahya(1977),Jordanie, 73% ;
      Schurz(1985),Autriche, 80% ;
      Mantell (1971),Allemagne de l‘Ouest,85% ;
      Ancona et Pareyson(1968) Italie 85% ;
      Edwards,Franks, Friedgood,Lobban et Mackay(1969) Afrique du Sud 87.5%

      J’espère que cela aura pu t’éclairer 🙂

  12. raf
    3 décembre 2015
    Reply

    Oh purée, rien qu’en lisant l’article, j’en ai failli pleurer. Et encore, j’ai même pas vu les vidéos !

    Merci pour l’article, je connaissais l’expérience, mais je ne connaissais pas tous ces détails (monstrueux). En y repensant, une dizaine d’années en arrière, j’aurai pu me retrouver à une soumission totale. Maintenant je ne sais pas, peut-être beaucoup moins.

    Sinon, j’ai une idée pour représenter le fait de se désengager tôt ou tard : c’est un peu comme si la personne a une jauge d’énergie de départ, et qu’elle l’utilise pour ci ou ça dans le test (ou dans la journée dans un cadre général). Plus elle est engagée dans le processus de soumission, plus l’énergie mentale et physique est déjà bien entamée par cette lutte intérieure.
    Au contraire de la personne qui se désengage rapidement, elle a conservé beaucoup d’énergie, et elle lui permet de l’utiliser pour prendre du recul, réfléchir, etc.
    De là, on voit que l’énergie d’une personne est limité chaque jour, et qu’on recharge cette énergie chaque nuit. Je crois qu’on est limité à une quinzaine ou une vingtaine de choix par jour, chaque choix nous consomme.
    Comme le test est très éprouvant, il consomme très rapidement cette énergie, et plus l’être est fatigué ou tiraillé, plus c’est un automate.
    Ce qui fait qu’avoir un paquet de choix (de 10 à XXX) épuise beaucoup plus que 3 choix par exemple (10, 100, XXX). Si on reproduisait l’expérience à l’identique avec 3 choix, il est possible d’avoir des pourcentages différents je pense (j’espère).

    • 3 décembre 2015
      Reply

      Tout à fait, excellente image que cette jauge ! Il aurait été intéressant de prendre en compte l’état de fatigue des sujets, ou noter les heures à laquelle était passées les expériences (y aurait-il eu plus de désobéissant au petit matin, si l’on postule que leur énergie mentale n’avait pas été consumée pour d’autres activités ?).
      Quant à pleurer, je comprends… J’ai visionné plusieurs fois le jeu de la mort pour les recherches, à chaque fois ça a été extremement éprouvant…

  13. […] La psychologie du pouvoir en 60 questions, Laurent Auzoult, dunod ; Le livre est passionnant, cependant il peut rebuter les non-initiés à la psychologie : pour chaque question il y a une expérience, voire plus. Cependant il reste très lisible, très compréhensible et fort riche d’enseignement. Notre article est très réducteur en comparaison de ce que le livre aborde et il est fort probable qu’on le retrouve encore dans nos sources. Un point noir par contre pour ceux qui sont par contre initiés à la psychologie ou la méthode scientifique : certaines expériences auraient mérité à plus de détails et précisions (on pense à l’expérience de Stanford de Zimbardo qu’on aurait pu aborder ici ; ou Milgram). […]

  14. […] Expérience de Milgram : directement en lien avec les situations professionnelles telles que le banquier devenu hémiplégique en raconte dans la vidéo. […]

  15. […] 1977, Birbauer demande à des personnes d’expliquer pourquoi les sujets du protocole de Milgram se soumettaient, autrement dit il leur demande de faire des attributions causales. Il est apparu […]

  16. Anonyme
    16 janvier 2023
    Reply

    Et moi faurmate

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