▲ Revue du web 3 : éducation, compassion et paix

Après le dernier gros dossier et un mini livre sorti en vrai, il est temps de reprendre notre petite revue du web ! Aujourd’hui, ce sera sous le signe de la compassion, de l’altruisme, BREF ce sera totalement bisounours et pourtant venant des réseaux sociaux, notamment twitter. Incroyable non ?

L’image d’en-tête provient de cet auteur  Shady972


Les petits pas des changements dans l’éducation


Malgré la morosité de ce sujet lorsqu’on le perçoit depuis les initiatives odieuses du haut (comme parcours sup’, ou les idées de remettre l’uniforme aux enfants…), il y a des résistants sur le terrain, qui construisent un monde qui n’est pas régi par le contrôle, la surveillance et l’évaluation :

Le lien du tweet : 

Le thread : 

Ce professeur reprend là un principe aussi présent dans la pédagogie Montessori mais aussi qui était très courant plusieurs générations auparavant, qu’est le mélange d’âges et l’entraide entre élèves. Des écoles alternatives comme Quest to learn ont institutionnalisé cela également dans les quêtes des élèves, qui vont jusqu’à faire de la prévention ou des apprentissages dans les écoles maternelles du quartier. Et le résultat est formidable ! Plus globalement, et même hors de l’éducation, c’est absolument incroyable la magie d’une très grande mixité en tout terme. J’ai participé à des ateliers à Belfort ou les personnes avaient entre 18 et plus de 50 ans, les catégories sociales étaient toutes différentes, des chômeurs, des étudiants, des entrepreneurs, des profs, des cadres supérieurs, des autodidactes qui avaient révolutionné leur vie… Les discussions étaient totalement enrichissantes pour tous, et je me suis dit que la vie devrait être tout le temps comme ça, tant cela fait du bien la transmission d’expériences, la réflexion ensemble alors que chacun a des prismes, au vu de sa vie, complètement différents, mais que tous s’entraident. La mixité devrait à mon sens être encore poussée plus loin, à l’école, au quotidien.

Je voulais partager ce tweet également parce que je trouve absolument formidable que les personnes qui tentent des choses expliquent en détail comme cela s’est passé : cela montre que ce n’est pas insurmontable, que de petites choses peuvent apporter de grands changements et que cela ne demande pas nécessairement des moyens phénoménaux ou l’accord des autorités.


Autogestion des conflits à l’école avec altruisme


Encore une très belle expérience menée à l’école :

Le lien du tweet : 

Le thread : 

Là encore, j’adore la façon dont cette expérience est partagée, avec humilité, sincérité et beaucoup d’informations, suffisamment pour qu’on puisse le reproduire. C’est en voyant ce message et celui d’au-dessus, que je me dis qu’on rate quelque chose à ne pas faire de même plus souvent sur les réseaux sociaux : partager ses expériences, en livrant le mode d’emploi pratique et humain, avec les sentiments qui parcourent l’expérience, ces ratés et ces réussites jubilatoires. On a besoin de sentir cette expérience pour se donner le courage de le faire un jour, même dans des conditions différentes.

Plus que de gérer le conflit, je pense que cette expérience donne aussi aux enfants un modèle de structure qu’ils pourront employer dans toutes les situations de leur vie, qui pourra leur permettre de ne pas avoir peur de s’opposer à quelque chose qui ne leur plaît pas, tout en étant respectueux d’autrui, en le faisant avec honnêteté. C’est une formidable habilité, qui sert à tout le collectif qui peut évoluer ainsi, dans le bien-être de chacun.


Hack social joyeux de l’uniforme


«  Étant nouvellement arrivé dans l’équipe et étant toujours à l’essai, je ne pouvais pas vraiment me permettre de bousculer les règles établies. Oui j’ai des ovaires pour assumer un look punk-rock mais pas pour déconstruire les habitudes d’une équipe qui travaille ensemble depuis plusieurs années, et ce dès le deuxième jour d’embauche.

La solution m’est venue un jour, par hasard »

https://erulelya.wordpress.com/2017/10/01/hacking-social/

Nous avions reçu cette belle histoire il y a un moment, mais à l’époque nous n’avions pas mis en place la revue du web. C’est l’occasion de la repartager ! On ne fait pas de spoiler, vous pouvez la lire ici : https://erulelya.wordpress.com/2017/10/01/hacking-social/

« Ce n’est pas compliqué de trouver des choses sur lesquelles agir, pas besoin que ce soient de grandes choses, pas besoin qu’elles soient retentissantes. Même la plus insignifiante est déjà une victoire. »

https://erulelya.wordpress.com/2017/10/01/hacking-social/

Cette expérience nous a enchantés, parce que notre message semble ici avoir être compris et approprié avec une souplesse et une bienveillance très belle. C’est vraiment un honneur d’avoir pu aider indirectement à ce pas.

Encore une fois, ce partage d’expérience est formidable en soi, il y a une vraie transmission, claire, complète, honnête, humble et bienveillante, nous aimerions tellement lire tant de ces pas, il en faudrait des ouvrages entiers, que les réseaux sociaux en soi saturés. Ce serait la plus belle des résistances.


La compassion


Voici un exemple extrêmement concret de ce qu’est la compassion dont on a pu parler par exemple dans le dernier dossier ; ce n’est en rien de la pitié, ni une convenance type politesse, ni une phrase jetée en l’air « je compatis », ce n’est pas religieux, ce n’est pas un devoir, ce n’est pas être naïf que d’être compatissant. C’est à mon sens une posture mentale qu’on donne à ces actions, une posture un peu comme il peut y en avoir dans le yoga : ça paraît facile vu de l’extérieur, mais en fait cela demande d’entraîner sa souplesse (ici, un esprit souple), de l’endurance (savoir se maintenir dans son intégrité mentale malgré les difficultés), de la force (ne même plus avoir besoin de se défendre à coup de poing parce qu’on est confiant en notre capacité à transformer les choses).

C’est un exercice qui est loin d’être évident qui ne peut pas être fait dans toutes les conditions : parfois on est au plus bas dans sa vie, et face aux attaques le mieux est encore de les éviter. Mais parfois, on va bien, alors on peut se permettre ceci :

Le lien du tweet :

La traduction par konbini : http://www.konbini.com/fr/tendances-2/insulte-par-un-troll-sur-twitter-sarah-silverman-choisi-de-lui-venir-en-aide/

La compassion de Sarah transforme une situation très pénible en un échange qui nourrit tout le monde, c’est une action de transformation, qui abolit toute résignation et va de l’avant. Là où un duel n’est que passif, faible, pauvre, frustrant, n’apportant rien si ce n’est du grain à moudre dans le moulin du cynisme et de la résignation. La vraie action, le vrai pouvoir, la vraie force, je la vois dans cette compassion-là, active.

Mais que cela ne devienne pas une injonction de plus, être « compatissant ». On peut l’être quand les circonstances le permettent, quand soi même on l’a décidé : compassion qui est ordonnée ne produit que parole hypocrite de pitié, de convenances ; exactement tout ce dont le monde n’a pas besoin.


Foutez-vous la paix


Voici un lien que j’ai oublié de citer dans l’article sur la pleine conscience et que je trouve on ne peut à propos suite aux précédents tweets, à savoir qu’il ne s’agit pas ici de faire de la compassion, de la conscience, de la bienveillance une nouvelle injonction, mais bien de foutre la paix à soi et aux autres :

Fabrice est un méditant que je qualifie de non-allégeant, en ce sens qu’il est très conscient de la détermination des idéologies, des situations, des contextes sur nous et très clairement, même dans ces méditations guidées, on sent qu’il y a une volonté de libérer l’individu des formatages.

Je vous conseille vivement son ouvrage « foutez-vous la paix », il y a une énergie formidablement nietzschéenne dedans et c’est un vrai soulagement de voir la méditation conçue de la sorte, comme une opposition massive aux injonctions, comme une libération salvatrice, poétique, artistique, profondément vivante et sensible , dans ses plus beaux termes.

Voici l’intro :

« Depuis des années, je suis amené à animer des conférences et des séminaires dans des écoles, des entreprises, des hôpitaux. J’en ressors immanquablement avec le même constat : nous nous torturons à longueur de journée.

Nous nous torturons à intégrer des normes, des injonctions, des modèles qui ne nous correspondent pas. Nous nous torturons parce que nous voulons « mieux faire » et que nous estimons ne jamais « bien faire ». Nous nous torturons parce que nous sommes persuadés que les autres, eux, savent « bien faire ». Nous nous torturons, souvent sans qu’il ne nous soit rien demandé…

Nous sommes pris dans un activisme frénétique qui nous rend complètement aveugles. Happés par l’urgence de « faire », nous ne voyons plus qu’en réalité nous ne « faisons » rien : nous nous agitons et nous oublions l’essentiel. Nous oublions d’oser.

Foutez-vous la paix ! Mon expérience m’a appris qu’il n’y a pas d’autre moyen de redécouvrir les possibles en nous que nous avions complètement oubliés. Arrêtez ! C’est le seul moyen d’agir. Libérez-vous des protocoles, des procédures, des pseudo-urgences qui n’en sont pas ! C’est ainsi seulement que vous verrez jaillir en vous l’enthousiasme et l’envie d’aller plus loin.

Ne fuyez pas au sommet d’une montagne ni au fond d’une grotte pour réfléchir : restez là et cessez de raisonner. Foutez-vous la paix parce qu’il y a urgence dans notre monde qui crève de souffrances, de misères, d’inhumanité. C’est tout de suite qu’il nous faut créer le changement. En nous foutant la paix… »

Foutez-vous la paix, Fabrice Midal

Pour conclure et reprendre cette formidable expression, je dirais que la force des précédentes expériences partagées au -dessus a été de foutre la paix aux enfants, aux personnes, même celle qui criait avec haine, aux situations, aux structures. Je pense que se foutre la paix peut passer par le fait de vouloir foutre la paix aux personnes, aux situations aux environnements. Par la compassion peut-être, par l’oeuvre, par l’art, par la raison tenant en compte l’émotion et les sentiments, tant de voies sont possibles !

On vous fait plein de gros bisous, espérant que cette petite sélection vous aura foutu la paix:D

Viciss Hackso Écrit par :

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5 Comments

  1. pablito paulo
    4 juin 2018
    Reply

    Quand vous parler de la compassion du tweet de sarah silverman qui est une bonne méthode pour résoudre ce conflit ,je suis un peu frustré et j’aimerai vous partagée le livre de Marshall B.Rosemberg  »Les mots sont des fenètres(ou bien ce sont des murs) » qui explique la méthode de la communication non violente (CNV) créer par l’auteur lui même et qui vous expliquerai pourquoi la compassion n’est pas une méthode très efficace pour regler les conflits comparé à l’empathie utilisé en CNV.

    J’aimerai aussi vous partager cette méthode de communicaion parce que je trouve qu’elle est tout à fait en accord avec les objectifs du hacking social ,par exemple entre salarié ou l’on passerait du statut de dominant/dominé à des individus qui coopèrent de leurs plein gré .

    Sinon y’a aussi des conférence de Marshall Rosemberg en anglais sur youtube

    • Viciss Hackso
      4 juin 2018
      Reply

      Alors oui, il y a de très bonnes techniques dans la CNV mais malheureusement il y a d’énormes biais dedans, notamment des erreurs fondamentales d’attribution, des biais d’internalité allégéante (=centrer toutes les causes des problèmes sur l’individu/sur soi et ignorer les determinants sociaux). J’ai commencé à rédiger à ce sujet pour un futur dossier, je délivre une petite analyse critique d’un extrait de « les mots sont des fenêtres » (parce que le dossier en question n’arrivera que dans un an voire plus) :

       » Prenons par exemple la communication non violente, qui est un formidable outil pour reconnecter les personnes, dans la paix, et qu’elle puissent s’exprimer pleinement et en confiance. L’outil est formidable. Cependant, l’ouvrage « les mots sont des fenêtres (ou bien des murs ) » de Rosenberg délivre cet extrait qui est à mon sens une attaque allégéante très loin d’être pacifiste :

      « Lors d’un autre atelier [de communication non violente par Rosenberg], mené cette fois-ci en milieu scolaire, une enseignante confia : « Je déteste mettre des notes. Je ne pense pas que cela serve à quoi que ce soit et ça angoisse beaucoup les élèves. Mais j’y suis obligée : ce sont les directives du rectorat. » Nous venions de faire quelques exercices sur la façon d’introduire en classe un langage qui permette à chacun de mieux prendre conscience de la responsabilité de ses actes. Je lui proposai de reformuler ce qu’elle venait de dire en commençant par : « Je choisis de mettre des notes parce que je veux… » Elle compléta sans hésiter : « parce que je veux garder mon poste. » Mais elle s’empressa d’ajouter : « Mais je n’aime pas le dire de cette façon. Cela fait peser sur moi tout le poids de la responsabilité de ce que je fais. » « C’est exactement pour cela que je voulais vous le faire dire », répondis-je. »

      Rosenberg justifie cette pratique de reformulation qui est d’évincer l’accusation du système social, la responsabilité du rectorat pour prendre toute la responsabilité sur soi (autrement il pousse l’individu à supprimer sa conscience sociale, à devenir allégéant, ce qui est profondément au service de l’ultralibéralisme, de la pseudoliberté) comme le fait qu’il y a eut trop de souffrance causée par le manque de responsabilité des personnes. Il prend notamment l’exemple des contextes de guerre, ou les personnes se contentent d’obéir, bref toute les situations paradigmatique à la Milgram, ou l’individu est dompté par l’autoritarisme pur et dur, les ordres.

      Cependant, lutter contre l’autoritarisme consiste-t-il à faire nier aux personnes un pan de la réalité, leur ôter leur conscience sociale ? La responsabilité est plus pleine lorsque la personne est interne non-allégeante, c’est à dire à la fois conscience de son pouvoir, sa liberté, sa responsabilité ET des pouvoir sociaux, des structures sociales, de leur emprise et de la façon dont elle détermine les individus et leur vie sociale.

      Autrement dit, pour aider cette enseignante il aurait fallu l’aider à exprimer pleinement tout, sans rien dénier, et là elle aurait pu avoir de nouveaux horizons « J’obéis aux directives du rectorat parce que je veux conserver cet emploi que j’aime et qui me permet de survivre, mais ce système de note et ces conséquences sont insupportables de part leur conséquences sur le moral des élèves et le mien. Peut-être que je peux trouver un compromis et rendre des notes pour ne pas perdre l’opportunité d’apporter des choses aux élèves, mais trouver un moyen que cela ne soit plus une angoisse. Peut-être que je peux m’engager contre ce diktat des notes. Peut-être que je peux saboter ce système. Peut-être que je peux en construire un autre par dessus… »

      Désolée pour la longueur, et merci de m’avoir permis par ton commentaire de parler de la CNV 🙂

      • pablito paulo
        5 juin 2018
        Reply

        cool en attendant ton dossier sur la CNV je vais réfléchir sur ce que tu viens de dire

  2. Umi
    30 août 2018
    Reply

    Bonjour bonjour,

    Je suis absolument ravie de cet article. J’arrive un peu tard, mais je ne le déplorerai pas car peut-être en avais-je besoin ici et maintenant. Il fait du bien. Il donne envie de saboter ce système de déshumanisation avec encore plus de tolérance, d’altruisme et d’écoute.
    Vive le partage !

    • Viciss Hackso
      3 septembre 2018
      Reply

      merci <3 contente que cela donne envie de saboter le système de déshumanisation de la façon dont tu le proposes !

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