♦ [TMT1] Quand avoir peur de penser à la mort rend ethnocentrique : la théorie de la gestion de la terreur

Ce dossier est disponible en PDF : https://www.hacking-social.com/wp-content/uploads/2018/07/la-pleine-conscience-de-la-mort-2.pdf

« Les médias, les internautes, les associations s’inquiètent d’un retour massif au racisme, à l’intolérance, aux idéologies autoritaristes exploitant la peur et l’ignorance de ceux qui y adhérent. Nous proposons par cet article un embryon d’explication – non une réponse complète – en nous basant sur un syndrome trop méconnu qui explique aussi la tendance au brutalisme : le syndrome du grand méchant monde » J’ai écrit cela il y a presque 4 ans (ici), un peu avant que nous publiions la vidéo « la France a peur »:

Le syndrome du grand méchant monde suppose qu’une exposition à des informations massivement négatives (par exemple les JT) rend plus craintives les personnes exposées et, par là même, pousse ses personnes à chercher l’ordre. C’est-à-dire que les télévores vont vouloir plus de mesures de sécurité, être moins tolérants envers n’importe quel acte préférant une condamnation « ferme », vont rejeter les explications et tentatives de compréhension psychologique, sociologique, économique, géopolitique, etc. Il y aura plus de préjugés, de discriminations, de racisme, d’ethnocentrisme.

Je disais il y a 4 ans que c’était un embryon d’explication, et le précédent dossier sur la personnalité autoritaire était aussi une autre tentative de chercher ce qui provoquait l’adhésion aux valeurs fascistes, sans même que les personnes soient conscientes de la nature fasciste de leurs appétits.

« ah, mais c’est du second degré ça, de dire que la place de cette femme noire à percing serait mieux dans un abattoir… C’est que du troll, de l’humour !! » Voilà ce qui se disait à propos de cette vidéo du raptor dissident ayant plus de 2 millions de vues à ce jour, niant les valeurs autoritaires (dureté, domination, attaque des « faibles contre les forts », soumission aux valeurs de l’endogroupe, conventionnalisme…) pourtant évidentes de son auteur, qui se dit ouvertement misogyne, assume son virilisme et son amour de l’extrême droite dans un autre live, ici (entre autres, il y a d’autres lives sur cette même chaîne, tout aussi révélateur)  :

Plus que l’existence et la vivacité des valeurs autoritaires, ce qui nous inquiète, c’est qu’elles ne soient pas perçues comme telles par des personnes pourtant tout à fait intelligentes, portant des valeurs non-autoritaires. Pourquoi n’avaient-ils pas conscience que cela n’avait rien d’un troll, d’un humour provoc’, mais bien l’espace et le combat idéologique d’un auteur qui veut faire passer ses idées dans les têtes des gens ?

Pourquoi les caractéristiques de la personnalité autoritaire (ci-dessous) ne sont plus perçues par les gens non-autoritaires ?

Les caractéristiques de la personnalité autoritaire (haut score)

et, toujours extirpé de ce dossier, les valeurs autoritaires :

À présent, je n’emploie presque plus le mot « racisme », car le problème de toutes les discriminations (homophobie, sexisme, racisme, etc.) et des valeurs autoritaires (domination, dureté, hiérarchisation des individus…) me semble beaucoup mieux représenté (actuellement) par le terme ethnocentrisme :

Plus d’infos : http://www.hacking-social.com/2017/01/30/f3-nous-forts-et-bons-eux-faibles-et-mauvais-lethnocentrisme/

Dont on a parlé également dans cette vidéo :

Pour le dire simplement, les personnes vont attaquer le groupe différent d’eux, c’est-à-dire l’exogroupe, et cela peut être n’importe quel groupe, que ce soit les chômeurs, les gauchistes, les vieux, les jeunes, les adultes, les enfants, les fachos, les écolos, les macronistes, les mélanchonistes, les femmes, les hommes, les hétéros, les homos, les bisexuels, les trans, les Arabes, les noirs, les jaunes, les mulsulmans, les chrétiens, les bouddhistes, l’équipe adverse, les mecs du service d’à côté au travail, ceux qui achètent des pains au chocolat, ceux qui mangent des chocolatines, les gens qui n’aiment pas le beurre doux, les végétariens, les végans, les carnistes, etc.

Ils vont attaquer cet exogroupe pour mieux se rehausser via son groupe d’appartenance (= endogroupe).

Cet endogroupe peut être n’importe quel groupe c’est-à-dire [attention massive flemme j’ai copié/collé pour bien montrer que l’ethnocentrisme n’appartient à aucun clan, tout le monde peut en faire et en a déjà fait] que ce soit les chômeurs, les gauchistes, les vieux, les jeunes, les adultes, les enfants, les fachos, les écolos, les macronistes, les mélanchonistes, les femmes, les hommes, les hétéros, les homos, les bisexuels, les trans, les Arabes, les noirs, les jaunes, les mulsulmans, les chrétiens, les bouddhistes, l’équipe adverse, les mecs du service d’à côté au travail, ceux qui achètent des pains au chocolat, ceux qui mangent des chocolatines, les gens qui n’aiment pas le beurre doux, les végétariens, les végans, les carnistes, etc.

Cet endogroupe ou groupe d’appartenance est évidemment considéré comme plus supérieur et plus fort, devant dominer, écraser, chasser, faire taire l’exogroupe.

Autrement dit, l’ethnocentrique se dirait inconsciemment « ils sont mauvais/inférieurs parce que c’est nous les plus forts » parce que cela permet de pallier à son moi faible, son identité faible ou mise en danger, à sa peur. Pour le dire encore d’une autre façon, et désolée si je suis répétitive mais il me semble fondamental de se saisir de cette définition d’ethnocentrisme, l’ethnocentrique se crée une façade forte avec ses groupes d’appartenance parce qu’il n’est pas capable à ce moment-là d’être fort en lui-même, il se sent menacé et terrifié par tout ce qui est différent de lui en apparence. Il n’arrive pas à dépasser ces apparences de différences tant il a peur ou craint d’être annihilé par la découverte, son moi étant tout petit, fragile, en péril.

C’est donc assez amusant quand on a compris la définition d’ethnocentrisme de voir à quel point ces ethnocentriques ne cessent de traiter les autres de fragiles, de faibles : ce n’est qu’une projection de ce qu’ils ressentent en leur for intérieur ce qui est assez triste, et qui n’atteint pas sa cible : quelqu’un de non-ethnocentrique se contrefiche de savoir qui est le plus fort ou le plus faible, la hiérarchie n’est pas sa façon de penser ; et la force, il l’a définit et la voit dans l’intégration des différences, la curiosité, le développement de ses horizons, le développement de ses connaissances, de ses savoirs, de ses liens sociaux, etc…

Ce qu’on va voir aujourd’hui montre une autre cause de cet ethnocentrisme, qui se produit sans que la personne ait été préalablement exposée à une forte consommation de JT, ni même qu’elle ait eu une enfance au sein d’une famille autoritaire (cf les études d’Adorno), ni qu’elle ait subie un traumatisme ou une crise (toujours les études d’Adorno) : il suffit juste de rappeler à la personne qu’un jour elle mourra et quelque temps après, elle fera preuve d’ethnocentrisme.


La théorie de la gestion de la terreur


La théorie de la gestion de la terreur montre que lorsqu’on rappelle à une personne qu’elle va mourir (ce n’est pas dit sous le ton de la menace), qu’on rappelle que la mort est inévitable pour tous, ou encore qu’on demande à la personne de réfléchir à la mort, la personne va s’accrocher à sa vision culturelle du monde et attaquer les exogroupes pour rehausser ses endogroupes.

Autrement dit, parlez de mort à une personne (c’est-à-dire que vous faites une saillance de la mort, vous rendez saillante à son esprit l’idée de la mort ; c’est ce qu’on nomme saillance dans les protocoles expérimentaux en psychologie) et vous la stimulerez à – un tout petit peu plus tard lors de la discussion– être ethnocentrique… Ici cet ethnocentrisme est une défense du mental contre les pensées liées à la mort que la personne tente de supprimer ou d’enterrer (parce que la mort fait peur, c’est angoissant, c’est « négatif »).

Toutes les recherches pour montrer ces biais suivent à peu près le même protocole :

1. On soumet la personne à une saillance de la mort, c’est-à-dire qu’on lui pose des questions sur ce qu’il pense de sa mort ou on lui fait rédiger une petite rédaction sur ce sujet ou encore on lui fait faire des mots fléchés avec des mots appartenant au champ lexical de la mort, etc.

2. On la distrait par une autre activité (par exemple un questionnaire). À ce stade s’engagent des défenses proximales, c’est-à-dire que la personne tente de supprimer les pensées liées à la mort. Elles seront sans doute supprimées de la conscience, mais pas de l’inconscient.

3. On lui fait un test pour mesurer d’éventuels biais (par exemple on lui demande de juger le texte d’un immigrant) représentant l’activation des défenses distales. Ces défenses distales, c’est lorsque la personne se défend en rehaussant l’endogroupe, renforce son estime d’elle-même en étant plus sévère au sujet du respect de ses normes culturelles (par exemple elle va vouloir punir plus durement des personnes qui bafouent les lois, comme les prostituées), renforce son endogroupe en étant plus tolérante envers les membres de l’endogroupe (elle ne condamnera pas une personne de sa couleur qui bafoue les règles, par exemple un patron qui licencie injustement), et jugera l’exogroupe de façon encore plus négative et implacable.

Parallèlement, il y a un groupe contrôle qui, lui, n’est pas soumis à la saillance de la mort et ainsi on peut comparer les résultats, voir si la saillance de mort a oui ou non un effet.

Comme vous avez pu l’apercevoir à l’étape 3, l’ethnocentrisme n’est pas le seul biais qui advient lorsqu’on fait penser à la mort une personne ; voici un petit échantillon des résultats de la théorie de la gestion de la terreur, qui nous montre également différentes conditions où ces effets adviennent ; ce n’est pas exhaustif, car il y a eu plus de 400 études et expériences dans 15 pays différents :

  • Après la saillance de la mort, les personnes ont plus de réactions négatives envers les transgresseurs moraux (prostituées par exemple) que ceux non soumis à la saillance (Rosenblatt, Greenberg, Solomon, Pyszczynski et Lyon 1989)

  • Après la saillance de la mort, les personnes font du favoritisme envers les racistes qui sont de la même couleur qu’eux (Greenberg, Schimel, Martens, Pyszczynski, 2001)

  • La saillance de la mort provoque aussi des défenses ethnocentriques lorsqu’elle est subliminale : c’est-à-dire que la personne ne peut pas percevoir consciemment l’information sur la mort, car elle va bien trop vite, mais certains de ses processus cognitifs inconscients l’ont enregistrée et les biais adviennent également. (Arndt, Allen, & Greenberg, 2001 ; Arndt, Greenberg, Pyszczynski, & Solomon, 1997). Plus la saillance de la mort est inconsciente, plus il y a de biais (on reviendra dessus).

  • La proximité de chambres funéraires ou cimetières (Pyszczynski et al., 1996) provoque également ces biais de la gestion de la terreur

  • La saillance de la mort entraîne une augmentation de la conduite dangereuse chez les individus valorisant fortement leur habileté au volant (Ben-Ari, Florian, & Mikulincer, 1999)

  • La saillance de la mort provoque une augmentation de l’intention de faire du fitness chez ceux dont la beauté du corps est importante pour l’estime de soi (Arndt, Schimel, & Goldenberg, 2003)

  • La saillance de la mort provoque une augmentation de la tendance à favoriser le fait de fumer chez ceux pour qui cet acte est valorisant pour l’estime de soi (Hansen, Winzeler, &Topolinski, 2010)

  • la saillance de la mort provoque une forme d’âgisme, une discrimination négative des personnes âgées, elles sont évaluées plus négativement, sont distanciées, sont perçues négativement (Martens et al. 2004)

Les recherches menées autour de la théorie de la gestion de la terreur ne sont pas que glauques ou poussant à la misanthropie. Certaines des recherches dans le cadre de ces théories posent aussi une grande question que nous n’avons pas encore soulevée dans nos productions et qui est : pourquoi certaines personnes pourtant exposées de par leur métier ou leur vie à un vrai et concret « grand méchant monde », des drames, des informations très négatives, la mort, les catastrophes naturelles, ou même tout simplement à des JT et une ambiance « morbide », n’en deviennent pas pour autant ethnocentriques, gardent un jugement rationnel et empathique, et restent accueillantes, curieuses, ouvertes aux possibles caractéristiques positives de l’humain ?

Bonne nouvelle, les recherches que nous allons voir de Christopher P. Niemiec, Kirk Warren Brown, Todd B. Kashdan, Philip J. Cozzolino, William E. Breen, Chantal Levesque-Bristol, datant de 2010, répondent en partie à cette question ! Ils ont pu étudier attentivement un échantillon de personnes qui ne sont pas soumises aux biais de la saillance de la mort. Encore une fois, c’est un embryon d’explication que nous allons vous présenter, mais cette fois il porte une solution, une piste positive contre certains biais.

La suite : [TMT2] La théorie de la gestion de la terreur, qu’est-ce que c’est ?

Viciss Hackso Écrit par :

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15 Comments

  1. 22 janvier 2018
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    J’ai envie de poser pleins de questions, mais je suppose que les article suivants y répondront ^^
    Aller tant pis : En fait, la peur est toujours l’origine de l’ethnocentrisme nan ? Les causes invoquées dans l’article sont le Grand Méchant Monde, des traumatismes et le rappel de la mort. Donc c’est une sorte d’instinct qui pousse à se rapprocher du groupe par « sécurité » ?
    Parmi les 400 études, y en a-t-il qui sont en conditions proches de la réalité ? Parce que les questionnaires en labo c’est quand même limité en pertinence je crois. N’arrive-t-on pas à mettre cette peur à distance, et à faire preuve de rationalité en conditions réelles ?

    J’attends la suite 😉

    • Viciss Hackso
      22 janvier 2018
      Reply

      Tout à fait ! La peur est au centre de l’ethnocentrisme, et surtout l’absence ou le déni de conscience de cette peur : les personnes ne rendent pas conscientes cette peur, la cache, la dénie, tente de « l’enterrer » : seulement l’émotion reste à l’esprit, y a un climat d’insécurité qui règne ainsi en la personne, donc elle se rapproche du groupe par sécurité, comme tu le dis 🙂 Alors je n’ai pas passé au crible les 400 études 😀 Mais oui, les études qu’on va explorer justement montrent que certaines compétences des personnes permet de ne pas faire ce genre de biais, voilà pourquoi j’ai tenu à partager ces études : elles portent une vraie solution contre ces biais, testés, démontrées. Cette compétence, je viens de la citer, c’est la conscience, mais on y reviendra plus en détail dès le prochain article ! Merci pour ton commentaire très pertinent !

  2. Misterel85
    22 janvier 2018
    Reply

    Bonjour et merci pour cet article fort intéressant et plutôt inattendu. Quelques interrogations :
    – Peut-on être sûr qu’il y a bien une relation de causalité entre la saillance de mort et ce phénomène d’ethnocentrisme ? Ne pourrait-il s’agir que d’une coïncidence ? Comment cette relation s’explique-t-elle ? Comment l’ethnocentrisme peut agir comme défense du mental envers cette perception de notre mortalité ?
    – Si cela est vrai, on devrait rencontrer davantage de manifestations d’ethnocentrisme autour de la période de la Toussaint (dans nos pays judéo-chrétiens) où « tout à coup », une fois par an, la mort refait son apparition dans la vie de tout un chacun. Cela a-t-il été observé ? Quelle est l’influence du phénomène religieux sur cette théorie ?
    – Dans des sociétés où la relation à la mort est nettement plus décomplexée que dans la nôtre (comme dans certaines civilisations où on célèbre les morts en déterrant leurs cadavres, en leur offrant de la nourriture, où ces moments sont vécus comme une fête et non comme une affliction), rencontre-t-on le même phénomène ? Si ce n’est pas le cas, nos sociétés ne devraient-elles pas « remettre la mort au centre de la vie » et non la rejeter pour tenter de la nier comme c’est le cas de nos jours ?
    J’imagine que vous allez tenter de répondre à ces questions dans vos articles à venir. J’ai hâte de vous lire ! Continuez votre excellent travail de vulgarisation.

    • Viciss Hackso
      22 janvier 2018
      Reply

      « Peut-on être sûr qu’il y a bien une relation de causalité entre la saillance de mort et ce phénomène d’ethnocentrisme ? » Oui, les études citées le prouvent et on va dans ce dossier en voir 7 en détails qui le démontrent aussi. Après il s’agit pas d’un ethnocentrisme comme par exemple un fasciste le ferait, dans tous les points de sa vie. La personne fait des biais ethnocentriques suite à la saillance de la mort, les études ne disent pas si cela perdurent dans le temps et si cela devient une « position » continue.

       » Comment cette relation s’explique-t-elle ? Comment l’ethnocentrisme peut agir comme défense du mental envers cette perception de notre mortalité ? » L’ethocentrisme c’est se rehausser, se rendre supérieur : on le fait quand on se sent menacé, qu’on a peur, qu’on n’a pas d’autres défenses. Penser à la mort, pour certaines personnes (pas toutes on le verra) inquiètent énormément au point de dénier ça, mais le sentiment d’insécurité reste, donc la personne se défend avec ethnocentrisme, pour se rendre plus forte, plus « solide » via le groupe.

      « Si cela est vrai, on devrait rencontrer davantage de manifestations d’ethnocentrisme autour de la période de la Toussaint (dans nos pays judéo-chrétiens) » Peut être, la toussaint n’a pas été étudié directement, mais dans cet article je cite une étude qu’être proche d’un cimetière fait office de saillance de mort et accentuent les biais. Donc on peut supposer que oui, cela a un effet. Reste à l’étudier 🙂

      « Dans des sociétés où la relation à la mort est nettement plus décomplexée que dans la nôtre (comme dans certaines civilisations où on célèbre les morts en déterrant leurs cadavres, en leur offrant de la nourriture, où ces moments sont vécus comme une fête et non comme une affliction), rencontre-t-on le même phénomène ? » Je n’ai pas trouvé d’études là dessus, et c’est ce que déplorent aussi les chercheurs, mais on peut supposer que l’effet est trés différent chez eux. IL y a souvent une très grande différence dans les biais entre monde occidental et non-occidental généralement.

       » Si ce n’est pas le cas, nos sociétés ne devraient-elles pas « remettre la mort au centre de la vie » et non la rejeter pour tenter de la nier comme c’est le cas de nos jours ? » tout à fait, tu as trouvé toi même la conclusion que donne les chercheurs à la fin des 7 études qu’on va montrer (gros spoiler découvert) 😀 Il n’y a pas que ça comme solution, mais casser le tabou de la mort en est une en effet, et on parlera longuement de ça à la fin du dossier 🙂
      Merci pour tes questions très pertinentes !

  3. Tux
    22 janvier 2018
    Reply

    Bonjour, quand je vois vos différents articles, je commence à me demander si une position non-ethnocentrique est possible… Certes c’est un biais qui est facilement perceptible chez les autres mais quand c’est le petit « moi » ou notre endogroupe pour reprendre les termes de l’article, c’est invisible et j’en suis conscient.

    Du coup la question, c’est quoi au final une position non-ethnocentriste ? Je crois avoir compris qu’une situation ethnocentriste se présente lorsque qu’on traite des groupes sociaux différemment en leur attribuant des valeurs + ou – suivant si, oui ou non, ces groupes correspondent à notre vision ou du moins, si on appartient ou non au groupe. Du coup, cela voudrait dire quoi ne pas être ethnocentriste ? Ne prendre aucune position face aux idées même les plus dégeu (je pense que je suis à côté de la plaque en disant ça ^^, ça tient peut-etre plus au fait de ne pas attribuer tel ou tel choses à son « exogroupe » qu’à ne pas prendre position mais bon, j’ai quand même du mal à cerner le truc x) )

    Merci pour vos articles en tout cas

    • Viciss Hackso
      23 janvier 2018
      Reply

      Merci !
      Une position non ethnocentrique n’est pas si difficile, ça peut être courant dans la vie quotidienne, IRL, je pense. Ce n’est pas « Ne prendre aucune position face aux idées même les plus dégeu », au contraire quelqu’un d’ouvert, qui aime l’humain, va justement être ferme sur des positions altruistes et s’opposer à celle qui nuisent à l’environnement humain, que ce soit un manager harceleur ou un acteur culturel appelant au meurtre par exemple : mais il ne va pas taxer tous les managers de monstres et tout les acteurs culturels de dingues. Le non-ethnocentrique se dédouanera de l’opinion « faut les tuer », ne tolérera pas le comportement de harcèlement, mais ne pas va confondre l’individu nocif avec tout son groupe. L’ethnocentrisme s’exprime par des préjugés, des stéréotypes, du racisme, du sexisme, des discriminations : il s’agit d’attaquer tout un groupe pour rehausser son groupe, il ne s’agit pas d’une posture d’individu à individu. L’ethnocentrique ne dénonce pas des opinions, des comportements, des mécaniques, mais avant tout des groupes humains qui porteraient intrinsèquement et pour toujours des caractéristiques. Par exemple, pour le cas « manager harceleur », l’ethnocentrique accuserait d’abord le groupe manager d’être foncièrement des individus mauvais, ce qui provoque ensuite les comportements de harcèlement. Alors que le non ethnocentrique va se poser la question de pourquoi il y a harcèlement, comment y remédier, et va chercher pourquoi dans l’entreprise harceler semble être bien perçu, pourquoi personne défend le harcelé, quand se déroule le harcèlement etc. Il va enquêter pour remédier au problème plutôt que de juger et classer l’affaire en « les managers, tous des cons » (on voit aussi que l’ethnocentrisme est un bon moyen pour s’économiser en énergie de réflexion et d’action).

      Le non-ethnocentrique pourrait être en quelque sorte être ami avec des personnes d’exogroupe divers, même ceux dont l’idéologie n’est pas la sienne, parce qu’il est suffisamment ouvert pour reconnaître certaines qualités et suffisamment fort pour maintenir fermement ses valeurs à lui. Je pense par exemple à une jeune femme qui avait expliqué qu’une de ces meilleures amies au collège était d’extrême droite, même si elle était déjà de gauche. Elle a pu l’aider dans sa vie et calmer les ardeurs de haine qui faisait souffrir cette amie d’extrême droite. Elle l’a fait en amie, par bienveillance, il n’y avait pas de but politique, elle voulait juste qu’elle aille mieux. C’est l’exemple même du non etnocentrisme : on peut entretenir des bons rapports avec tout le monde, même très amical, sans pour autant cautionner ou tolérer l’intolérance qu’ils peuvent porter ou diffuser, et même « lutter » contre ça. Je pense que pour le traquer en soi, il faut s’interroger et reconnaitre sur nos émotions de dégouts, haine, colère face à un groupe de personne qu’on va associer à ça : c’est l’essence de l’ethnocentrisme, et ça nous empêche d’investiguer plus profondément sur ce qui nous géne. Certes, presque tout le monde j’imagine est en colère contre l’exogroupe « politicien » généralement, mais qu’est ce qui détermine les comportements qui nous dégoutent chez eux ? Qu’est ce qui détermine leur aveuglement ? Pourquoi font-ils ces mesures non altruistes ? Bref on peut remplacer l’ethnocentrisme par des tas de questions pour tenter de comprendre comment les individus sont amenés à commettre des choses par exemple nuisibles, et donc trouver des solutions (repenser les conditions d’exercice du pouvoir par exemple). Les traiter de gros cons ne mène à rien, si ce n’est notre repos mental.
      Dans l’étude d’Adorno, voici les caractéristiques du profil non ethnocentrique (il a un score très bas sur l’échelle d’ethnocentrisme, n’exprime pas de préjugés et de stéréotypes) qui sont très simples finalement, basée sur l’ouverture, la curiosité, la conscience, l’autodetermination :

      Voilà j’espère que cela aura pu être plus clair sur cette notion, n’hésites pas à me poser d’autres questions si je n’ai pas bien compris ta demande !

  4. […] Après le dernier gros dossier et un mini livre sorti en vrai, il est temps de reprendre notre petite revue du web ! Aujourd’hui, ce sera sous le signe de la compassion, de l’altruisme, BREF ce sera totalement bisounours et pourtant venant des réseaux sociaux, notamment twitter. Incroyable non ? […]

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