đŸŽ„ XP 7 – Pourquoi les amĂ©ricains nous paraissent-ils idiots ?

Nouvelle vidĂ©o ! A voir ci-dessus en entĂȘte.

Sur peertube :

Sur viméo :

Peut-ĂȘtre avez-vous dĂ©jĂ  eu le sentiment de vous sentir intelligent, cultivĂ©, aprĂšs le visionnage d’une vidĂ©o sur Internet montrant la stupiditĂ© d’un individu ou d’un groupe. Ce sentiment n’est pas anodin et peut se comprendre, entre autres, par un biais d’attribution bien prĂ©cis: l’erreur ultime d’attribution. Par ce biais, nos jugements vis-Ă -vis d’un groupe peuvent ĂȘtre biaisĂ©s, et dans les cas les plus graves cela peut renforcer diffĂ©rentes formes de discrimination. C’est ce biais que nous allons examiner dans cet Ă©pisode d’XP, tĂąchant de rĂ©pondre Ă  la question: pourquoi les amĂ©ricains nous paraissent-ils idiots?

On a abordé ces thÚmes également ici :

Sur les attributions, dans le dossier « pĂŽle emploi, voyage au cƓur d’un formatage » :

Sur l’ethnocentrisme, dans le dossier « EspĂšce de facho, Ă©tudes sur la personnalitĂ© autoritaire » :

Sur l’effet Asch (ou conformisme) :

Sur l’erreur fondamentale d’attribution :

Et des explications complĂ©mentaires au sujet de l’effet Julien Lepers :

Bibliographie

  • Des attitudes aux attributions, sur la construction de la rĂ©alitĂ© sociale, J.C Deschamps et J.L Beauvois, presses universitaires de Grenoble
  • Ethnocentrism and their attributions for the behavior of Blacks: A motivational bias. J.Greenberg, D.Rosenfield, Whites Journal of Personality, Vol 47.643-57, Dec 1979
  • Psychologie de la communication et de la persuasion: ThĂ©ories et applications, Claude Chabrol,Miruna Radu
  • StĂ©rĂ©otypes, discrimination et relations intergroupes  R. Leyens Bourhis,Jacques-Philippe
  • Psychologie sociale, S. Fiske
  • Intergroup violence and intergroup attributions, J. A Hunter, M. Stringer, R.P Waston
  • Differential social perception and attribution of intergroup violence: testing the lower limits of sterotyping of blacks, BL. Duncan, 1976
  • Explanations of successful performance on sexe-linked tasks : what is skill fort the male is luck for the female, K. Deaux et T. Emswiller, 1974
  • Case report, They saw a game : a case study, A. H. Hastorf et H. Cantri, 1954

Document vidéo

  • VidĂ©o sur la « stupidité » des amĂ©ricains :

  • VidĂ©o de l’expĂ©rience en France :

du blog : http://plombe.over-blog.com/article-24222182.html

Illustration :

Credit icĂŽnes (noun project) :

[disponible librement sur noun project]

  • Gan Khoon Lay
  • Magicon
  • Gregor Cresnar
  • Marco Galtarossa
  • b farias
  • Aleks
  • Suji
  • Agni
  • Aldric RodrĂ­guez
  • Suji
  • Llisole
  • Andrew Doane
  • Luis Prado
  • Vladimir Belochkin

Musiques :

  • GĂ©nĂ©rique : Wassyl Aldais
  • « Black Wing Metamorphosis », « Every Story Begins with a Name », Final Fantasy VII – Voices of the Lifestream – overclocked remix (http://ocremix.org)
  • « Danger 7-53» « The Toxic Avenger », Danger, FURI – Original Soundtrack
  • « Prelude to the war », «Something Dark Is Coming »  Bear Mccreary, Batllestar Galactica soundtrack season 2
  • « Agamemnon Rising », Jason Graves, The Order 1886
  • « The normandy », Jack Wall et Sam Hulick, Mass Effect Original Soundtrack
  • « Hydrogene », MOON, Hotline Miami Soundtrack
  • « Underwater Ruins », Nobuo Uematsu, Final Fantasy X HD Remaster Original Soundtrack
  • « Honeybee » «  GROUND ZEROES – Debriefing »,Ludvig Forssell, Metal Gear Solid V soundtrack
  • « Red Dwarf II », Siddhartha Barnhoorn, Out There Omega
  • « Control Section »,Akihiro Honda, Hiroshi Tanabe, Nobuko Toda, and Shuichi Kobori, Metal Gear Acid
  • « Remote Warning », Petri Alanko , Quantum Break
  • « Stained Glass », Darren Korb,Transistor Original Soundtrack
  • « TF29 »,Michael McCann, Deus Ex Mankind Divided

 

Chayka Hackso Écrit par :

Gardienne de l'Ăźle d'Horizon, grande prĂȘtresse du culte du caillou. Si vous souhaitez nous soutenir c'est par ici : paypal ♄ ou tipeee ou ♣ liberapay ; pour communiquer ou avoir des news du site/de la chaĂźne, c'est par lĂ  :

14 Comments

  1. Ciredutemps
    7 septembre 2017
    Reply

    Bonjour!
    Si on considĂšre que chaque groupe cherche Ă  s’auto-valoriser, comment expliquez-vous que des femmes (voire, la plupart) intĂšgrent aussi facilement l’idĂ©e comme quoi leur rĂ©ussite est due Ă  leur chance, et donc s’auto-dĂ©valorisent?

    • Le Polybe
      7 septembre 2017
      Reply

      C’est du Ă  leur socialisation, ce que je vais dire va ĂȘtre trop simpliste mais je prend le risque.

      Un homme ça doit ĂȘtre sĂ»r de lui et la femme doit se faire plus discrĂšte.

      Et comme ils ont dit les femmes se jugent entre eux en disant qu’elle est trop masculine par exemple.

      • Le Polybe
        7 septembre 2017
        Reply

        Attendez je vais me corriger.

        Les femmes peuvent d’auto-valorisĂ©es car elle forment un groupe malgrĂ© tout mĂȘme si selon la sociĂ©tĂ© elles sont infĂ©rieur par rapport aux hommes.

        Mais j’avoue que j’arrive pas Ă  trouver un exemple prĂ©cis. -_-

    • Viciss Hackso
      7 septembre 2017
      Reply

      Je dirais parce que globalement les prĂ©jugĂ©s Ă  leur sujet et les petits actes de sexisme rĂ©pĂ©tĂ©s et l’absence de soutien de leur compĂ©tences font que leur estime d’elle mĂȘme a tendance Ă  ĂȘtre beaucoup trop bas,

      Dans des Ă©tudes sur la creativitĂ© de Mihaly (80 sujets tous avec des nobels, bref reconnu pour leur apport crĂ©atif) c’Ă©tait assez dramatique de voir Ă  quel point les femmes avaient du avancer totalement seules, sans mentor assidu ou aide d’autrui pour leur compĂ©tence ; alors que les hommes sont aidĂ©s par les autres hommes qui les guident pour apprendre leur compĂ©tence, leur donnent feed back et soutien moral, leur aident Ă  trouver du support et de la reconnaissance (via le reseautage scientifique par exemple) donc cela leur donnent une bonne estime d’eux mĂȘme, car ils reçoivent de l’attention, donc ils savent leur « valeur ».
      Alors que les femmes reçoivent le minimum de soutien, parfois aucun, voire pire c’est la guerre pour se faire valoir dans les labos parce que leurs recherches sont pas prises au sĂ©rieux sans raisons vraiment objectives.
      Donc quand une réussite advient, vu que personne ne leur a jamais dit à quel point leur boulot était bien, elle attribue ça à la chance.
      C’est une terrible situation, parce que les femmes sont obligĂ©s de quĂ©mander des avis sur leur travail pour avoir des feedback et s’en culpabilisent ensuite parce la sociĂ©tĂ© attend qu’elles soient effacĂ©e, discrĂštes, pas orgueilleuses, pas narcissique (et aussi maigres, belles, hetero, mĂšre au bon age mais pas trop d’enfant quand mĂȘme, au foyer mais aussi travailleuse, amante mais pas don juan-ne, bref que des injonctions paradoxales), alors qu’elles veulent juste faire progresser leur travail, savoir oĂč elle en sont.
      Parfois mĂȘme on ne les croit pas que c’est leur travail, ou est attribuĂ© leur travail Ă  leur mari/pĂ©re/ami(ou n’importe quel homme de leur entourage), donc elles sont forcĂ©s de rappeler qu’elles sont Ă  l’origine de leur travail, ce qui les taxent d’Ă©gocentrique et de tout « ramener Ă  elles ». Ce sont des situations impossibles, ou la femme ne peut que ĂȘtre dĂ©douanĂ©e mais qui sont crĂ©Ă© par les prĂ©jugĂ©s, les attitudes sexistes autour d’elle.
      Bref, du coup avoir un minimum d’estime de soi pour pas ĂȘtre dĂ©pressive est vraiment un parcours du combattant dans ces situations.
      Heureusement qu’il y a des hommes et femmes qui savent faire fi du genre/de l’origine/etc. et apportent leur soutien, leur Ă©coute, leur aide, leur reconnaissance, leur feed back Ă  tous, qu’importe leurs caractĂ©ristiques. Clairement le monde a besoin de plus de mentors de la sorte.

    • Shamyase
      7 septembre 2017
      Reply

      Il faut aussi considĂ©rer que hommes et femmes vivent ensemble depuis la naissance de l’humanitĂ©, tandis que les ethnies n’ont elles pas toujours vĂ©cu cĂŽte Ă  cĂŽte.
      La discrimination de la femme par rapport Ă  l’homme est donc bien plus assimilĂ©e et intĂ©grĂ©e que n’importe quelle autre.forme de discrimination.

      LĂ  oĂč on va observer un choc de cultures pouvant mener Ă  des prĂ©jugĂ©s racistes dans le cas de la peur de la couleur de peau, dans le cas du sexisme on observera plutĂŽt des filles qui dĂšs leur plus jeune Ăąge, apprennent par reproduction Ă  s’intĂ©grer en sociĂ©tĂ© comme maman. LĂ  oĂč des personnes d’origine ou religions diffĂ©rentes auront leur propre famille et cadre social pour contester les prĂ©jugĂ©s exprimĂ©s par des gens issus d’un autre cadre social, les femmes n’ont que d’autres femmes ayant elles-mĂȘmes bien assimilĂ© le sexisme, et pour beaucoup mĂȘme, y contribuant.
      Le sexisme Ă©tant une discrimination absolument structurelle de notre sociĂ©tĂ©, se rendre compte de sa propre situation en temps que femme nĂ©cessite un travail de dĂ©sassimilation, de dĂ©sapprentissage, tout en acceptant de n’ĂȘtre que peu soutenues (cf. ce que disait Viciss Hackso), voire pour certaines, carrĂ©ment rejetĂ©es. Et ce rejet peut aussi s’exprimer dans un cadre de proches (expĂ©riences persos).
      Le fĂ©minisme reste un mouvement extrĂȘmement rĂ©cent, qui prend de l’ampleur mais qui tend encore Ă  ĂȘtre dĂ©crĂ©dibilisĂ©, que ce soit par des hommes ou… des femmes.

      D’ailleurs il est intĂ©ressant de savoir que ce qui a le plus permis la « libĂ©ration » et « l’Ă©mancipation » des femmes, c’est le fait qu’elles puissent avoir un pouvoir d’achat, dĂ©velopper un marchĂ© spĂ©cifique, et donc ramener de la thune aux hommes d’entreprise.
      Certains magasines fĂ©minins en sont l’exemple parfaits, qui sous couvert de fĂ©minisme, continuent Ă  traiter de sujets dits « fĂ©minins », mais laissent toujours Ă  leur Ă©quivalent gĂ©nĂ©raliste (par dĂ©duction destinĂ© aux hommes) le soin de parler politique et sujets de sociĂ©tĂ© essentiels.

  2. Diou
    8 septembre 2017
    Reply

    Comme le dis MĂ©dine dans allumettes
    « J’te l’rĂ©pĂšte encore : l’amour des siens c’est pas la haine des autres »

  3. alex dupont
    9 septembre 2017
    Reply

    Moines bouddhistes ou pas… Cela ne ns dit pas quelle est la couleur du cheval blanc d’Henri IV !

  4. laurent quark
    10 septembre 2017
    Reply

    la situation du dĂ©but de la vidĂ©o peut s’expliquer aussi par un tri sĂ©lectif des donnĂ©es (les journalistes montrent que ce qu’ils veulent montrer pour aller dans le sens qu’ils veulent montrer) et/ou une nĂ©gligence de la taille de l’Ă©chantillon (les spectateurs oublie de considĂ©rer qu’il y a des millions d’amĂ©ricains et qu’il ne faut pas gĂ©nĂ©raliser Ă  partir d’un si petit nombre).ï»ż

    • Viciss Hackso
      10 septembre 2017
      Reply

      Alors la vidĂ©o sur les amĂ©ricains n’est pas un reportage « sĂ©rieux » de journalistes, c’est une pure manipulation Ă  tous les niveaux avec emploi de symboles d’autoritĂ©, langage paradoxal, mise en stress des personnes, et oui montage, tri ;
      Cette vidĂ©o, qui a employĂ© les mĂȘmes techniques sur des français (et les mĂȘmes rĂ©sultats) le montre trĂšs trĂšs bien (et ils expliquent comment ils ont manipulĂ©s les gens et l’image pour le faire) : https://www.dailymotion.com/video/x78ekq et l’explication : http://plombe.over-blog.com/article-24222182.html

  5. 3rw4n
    21 septembre 2017
    Reply

    Merci HackSo et Horizon Gull pour cette nouvelle vidĂ©o: comme souvent c’Ă©tait super-intĂ©ressant.

    J’arrive peut-ĂȘtre un peu tard, mais j’aimerais avoir (au cas oĂč vous prĂ©voiriez un prochain SAV sur cet Ă©pisode) quelques prĂ©cisions sur les diffĂ©rents concepts de psychologie sociale que vous utilisez. Ces prĂ©cisions porteraient sur les dispositions culturelles des expĂ©rimentations qui ont abouti aux concepts que vous dĂ©crivez.

    Je m’explique (et j’essaie de me faire comprendre 😉 ). Il me semble que la plupart des expĂ©riences que vous nous dĂ©crivez sont experimentĂ©es dans des conditions culturelles assez spĂ©cifiques: cĂ d ce que l’on nomme assez communĂ©ment, la culture occidentale. Donc, tout bĂȘtement, est-ce que ces expĂ©riences ont Ă©tĂ© reproduites dans des cultures diffĂ©rentes (je pense notamment Ă  des communautĂ©s asiatiques, africaines ou mĂ©so et sud-amĂ©ricaines)? N’est-ce pas lĂ  un point critique qui existe dans la controverse scientifique autour de ces concepts?

    Mon hypothĂšse est qu’il doit peut-ĂȘtre avoir un biais culturel sur ces concepts, ne serait-ce pas des expĂ©riences qui ne mettraient en valeur que des dispositions psychologiques occidentales ? (encore faudrait-il dĂ©finir ce qu’est la culture occidentale…).

    Bref, est-ce que ces expĂ©riences ont Ă©tĂ© reproduites dans des ethnies aux cultures diffĂ©rentes? Si oui, quelles ont Ă©tĂ© les conclusions? Sinon, ne serait-il pas intĂ©ressant de les conduire dans des dispositions culturelles « diffĂ©rentes »? Je pense aussi que ces expĂ©riences ont Ă©tĂ© conçues pour ces dispositions culturelles particuliĂšres (cult. occid.), et est-il possible d’avoir des procĂ©dures mĂ©thodologiques satisfaisantes pour reproduire et comparer les rĂ©sultats antĂ©rieurs avec des dispositions culturelles autres que la culture occidentale? (ou a-t-il Ă©tĂ© pensĂ© et testĂ© de telles procĂ©dures?)

    J’aimerais vraiment que vous nous Ă©clairiez sur ces aspects, cela peut donner Ă  rĂ©flĂ©chir. J’espĂšre avoir Ă©tĂ© assez clair dans mon propos, et s’il y a des points qui vous semblent incohĂ©rents, n’hĂ©sitez pas Ă  me demander, j’essaierai au mieux de clarifier mon questionnement. Je tiens Ă  souligner que mes domaines de compĂ©tence ne sont pas de la psychologie sociale, de l’anthropologie ou de la sociologie (mĂȘme si je raffole de ces travaux 🙂 ), ce qui explique quelques approximations lexicales. Je vous en supplie, corrigez-moi s’il le faut.

    Merci encore une fois.

    3rw4n

    • Viciss Hackso
      21 septembre 2017
      Reply

      Merci pour ces questions trÚs intéressantes !

      «  Est-ce que ces expĂ©riences ont Ă©tĂ© reproduites dans des cultures diffĂ©rentes (je pense notamment Ă  des communautĂ©s asiatiques, africaines ou mĂ©so et sud-amĂ©ricaines)? N’est-ce pas lĂ  un point critique qui existe dans la controverse scientifique autour de ces concepts? »

      Oui elles sont reproduites dans d’autres cultures, c’est pour cela que les chercheurs peuvent affirmer qu’il y a des diffĂ©rences entre culture occidentale individualiste et culture orientale plus collectiviste.
      L’attribution causale a une connexion politique, sociĂ©tale : dans une culture individualiste, le « systĂšme » tient parce que les personnes sont concentrĂ©es sur les individus, leurs fautes individuelles, leurs rĂ©ussites individuelles ; autrement dit, dans un monde nĂ©olibĂ©ral/ultralibĂ©ral (que j’aurais plus tendance Ă  appeler pour ma part pseudolibĂ©ral, car la libertĂ© est feintĂ©e ou mal distribuĂ©e, pas rĂ©elle dans bien des cas) : il est bien vu en entreprise par exemple d’expliquer ses Ă©checs par sa faute, sans remettre en cause le groupe, l’organisation, les dĂ©terminations sociales. Ainsi l’entreprise se protĂšge de toute accusation et peut ainsi conserver tout pouvoir sur les individus, via une forme d’autoritĂ© masquĂ©e (via des techniques de manipulation comme la soumission librement consentie, j’explique un peu ici : https://www.hacking-social.com/2014/04/02/idclic-de-france-telecom-orange-un-exemple-de-manipulation-mentale-par-lengagement/ )

      Dans les sociĂ©tĂ©s collectivistes, l’accent est mis sur les rĂŽles de chacun pour servir le groupe, c’est trĂšs clair, chacun doit tenir une place dĂ©finie et obĂ©ir au rĂŽle, et tout le monde est conscient du rĂŽle de chacun. Le groupe social, ce qu’il fait est clair aussi, ainsi ils font moins d’erreurs fondamentales d’attribution parce qu’ils ont conscience des rĂŽles, entre autres.

      Cela ne veut pas dire que c’est une meilleure sociĂ©tĂ©, que les individus seraient plus intelligents ou qu’il y aurait moins de discrimination, c’est simplement que le focus est diffĂ©rent chez eux. Par exemple au Vietnam (je cite ce pays, car j’ai de la famille lĂ  bas et des origines vietnamiennes) , il y a parfois une forte superstition, on est dans une attribution causale totalement externe ; ce n’est pas parce que les gens sont bĂȘtes, mais parce que cela permet d’organiser la sociĂ©tĂ© collectivement : Ă  un certain moment de l’annĂ©e, les croyances poussent les gens Ă  faire du mĂ©nage Ă  fond, tout le monde s’y met, s’y entraide, cela renforce la cohĂ©sion, symboliquement c’est prĂ©parer tout le corps social au renouveau, un nouveau dĂ©part, Ă  travailler ensemble au mĂȘme but.

      Ainsi pour les biais qui sont liĂ©s Ă  l’organisation sociale, la politique, le social en gĂ©nĂ©ral sont diffĂ©rents entre les cultures, parce qu’ĂȘtre immergĂ© dans tel ou tel mode d’organisation, c’est avoir une perception diffĂ©rente qui sert de façon diffĂ©rente le corps social. On voit lĂ  tout l’intĂ©rĂȘt de voyager beaucoup, aller Ă  la rencontre de culture diffĂ©rente pour s’ouvrir l’esprit:)

      Les attributions causales (et leur biais) sont donc différentes selon les cultures, mais aussi la dissonance cognitive (là encore les cultures non-occidentales ne font pas beaucoup de dissonance), et les questions de pouvoir.
      Voici toutes les sources dont je tire ces infos et d’autres encore :

      Etude de Choi, Norenzayan, 1999 ; Morris, Menon et Ames 2001 ; Norenzayan et Nisbett 2000 ont conclu que l’erreur fondamentale d’attribution Ă©tait soit plus faible, soit inexistance dans les cultures de l’est de l’Asie (CorĂ©e, Japon Chine) ; les personnes font appel Ă  des facteurs contextuels pour expliquer les situations, comme le rĂŽle, l’identitĂ© sociale, la profession.

      Études de Uleman, Hon, Roman et Moskowitz 1996, montrent que les personnes issues de sociĂ©tĂ©s collectivistes ont tendance Ă  moins infĂ©rer les traits de personnalitĂ© Ă  partir de comportement (par exemple lorsqu’il doivent analyser quelqu’un qui s’enerve, il ne vont pas dire d’abord qu’il est colĂ©rique comme les personnes des sociĂ©tĂ©s individualistes ; mais qu’il a subi un Ă©vĂ©nement Ă©nervant par exemple) et ils ont plus d’heuristiques les amenant Ă  prendre en compte les facteurs situationnels dans la dĂ©termination des comportements.

      Études de Choi, Dalal, Kim, Prieto et Park 2003 ont montrĂ© que les CorĂ©ens prenaient en compte plus d’informations que les AmĂ©ricains pour expliquer un comportement dĂ©viant ou un comportement prosocial et disposaient d’une orientation plus holistique que ces derniers. La plus grande quantitĂ© d’information prise en compte par les CorĂ©ens expliquerait leur prĂ©fĂ©rence pour l’externalitĂ©.

      La liste n’est pas exhaustive:) Ă©videmment, cela pose la question de l’Ă©tude de l’ethnocentrisme et des discriminations dans les pays collectivistes, parce qu’Ă©videmment ces problĂšmes y existent, mais par contre cela a une mĂ©canique diffĂ©rente qu’en occident.

      À noter qu’il y a aussi des variations dans la culture individualiste aussi ; par exemple Bowman, Kitayama et Nisbett (2009) ont remarquĂ© que les individus de la classe moyenne faisaient plus d’attributions situationnelles que les individus de la classe ouvriĂšre ; les chercheurs expliquent que ce serait dues aux inĂ©galitĂ©s. Étant plus Ă  la merci du pouvoir, il s’agit lĂ  d’une volontĂ© implicite d’autonomie exprimĂ©e par les attributions. Rien Ă  voir avec le niveau culturel ou l’intelligence, c’est vraiment dĂ» Ă  leurs conditions sociales aliĂ©nantes qui les poussent Ă  rĂ©pondre, par compensation, avec la valeur « autonomie », ce qui paradoxalement les pousserait Ă  ĂȘtre plus allĂ©geants, ce qui arrange le systĂšme pseudolibĂ©ral. Le systĂšme social s’alimente ainsi.

      Pour conclure je rappellerais que par contre la soumission Ă  l’autoritĂ© est universelle, intemporelle : presque tout le monde se soumet quel que soit la culture, les pays, l’Ă©poque, le statut social. Je pense que quelque soit la forme de la sociĂ©tĂ© (individualiste ou collective) il y a un noyau dominant qui est plus au moins explicite ou masquĂ© qui est la forme hierarchique, oĂč un dominant ordonne au dominĂ©. Pour voir les rĂ©sultats c’est par ici : https://www.hacking-social.com/2014/10/07/de-lautorite-lexperience-la-plus-terrible-de-la-psychologie-restera-toujours-dactualite/

      J’espĂšre que cela aura pu te donner quelques complĂ©ments, n’hĂ©sites pas si tu as d’autres questions 🙂

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