Sommaire de l'article
- 1. Mais, y a-t-il des visions du monde qui répondent directement à cette question ?
- ⬛ « C’est parce que l’homme est mauvais »
- ⬛« C’est parce que l’Homme est égoïste et idiot ; la vie c’est la loi de la jungle »
- ⬛« C’est parce qu’il faut se venger, arrêter le mal, œil pour œil, dent pour dent »
- Des visions de l’humain variées
- Le but de cet article n’est pas de changer vos visions du monde
- 2. Le mal, c’est pas un terme binaire, dogmatique, imprécis qui ne veut rien dire ?
- 3. Pourquoi c’est important de savoir s’il y a une motivation à faire du mal ?
- Notes de bas de page
La totalité de ce présent dossier est disponible en epub : autodetermaltot
Pourquoi les gens dépensent leur temps et leur énergie pour insulter, harceler, mépriser, agresser ? Pourquoi se fatiguer à s’énerver sur une cible sous prétexte de sa couleur de peau, son genre, son orientation sexuelle ? Quelle est la motivation qui pousse certains à se satisfaire d’écraser une personne, même quand elle ne leur a rien fait ? Pourquoi, à la place, ils n’utilisent pas plutôt cette énergie pour profiter de l’existence, apprendre des choses ou s’amuser avec les autres ? Pourquoi pour certains c’est le fait d’insulter, d’écraser qui amuse et donne « sens » à l’existence ?
Aujourd’hui, on va tenter de trouver des réponses à ces questions en s’appuyant sur une théorie récente, la MINSOH (Amiot) qui mixe la théorie de l’autodétermination et celle de la théorie des identités sociales, mais qui s’appuie aussi sur les recherches liées à la domination sociale (Pratto et Sidanius) ainsi que sur la théorie de justification de système (Jost).
Ce ne seront donc pas des réponses exhaustives, car on pourrait prendre quantités d’autres perspectives et champs pour y répondre1.
Je précise que face à ces thèmes, la déontologie propre aux sciences humaines, et tout particulièrement celle des psychologues, est très prégnante : les chercheuses et chercheurs anglent leurs études et expériences vers le fait de trouver des facteurs qui puissent aider à comprendre puis diminuer ces motivations à la violence, car elles causent un très grand nombre de victimes, tout particulièrement dans les contextes de guerre et de génocides. Autrement dit, si vous recherchez une validation à la motivation de la violence, que vous considérez cela comme étant à valoriser, à augmenter dans la société, vous risquez d’être déçus.
1. Mais, y a-t-il des visions du monde qui répondent directement à cette question ?
Sans même éplucher les études à ce sujet, il est possible que votre vision du monde réponde instantanément à cette question et que vous ne voyiez pas l’intérêt de ces recherches.
⬛ « C’est parce que l’homme est mauvais »
Si vous croyez que l’homme est mauvais, que c’est sa « nature » de l’être, alors il est peut-être évident pour vous qu’il sera toujours motivé à commettre des horreurs tant qu’on ne l’empêche pas en le contrôlant de diverses manières, par des lois, des punitions, ou par la mise en place d’autorités qui le canalise. Cette vision du monde amène à mettre la priorité sur sa sécurité et l’empêchement des libertés : les autres étant globalement dangereux, il faut donc obéir aux autorités fortes qui promettent de canaliser ce mal, faire tout ce qui assure une sécurité dès qu’une menace est perçue. Dans cette vision, l’autodétermination (pouvoir se déterminer soi-même à l’inverse d’être déterminé par autrui) est une menace, car elle est le risque de mettre à jour cette nature mauvaise.
⬛« C’est parce que l’Homme est égoïste et idiot ; la vie c’est la loi de la jungle »
Dans cette vision du monde, l’Homme serait principalement motivé par son égoïsme. En conséquence, si cela lui permet de mieux vivre ou d’avoir plus de ressources que les autres, il ne va pas hésiter à faire du mal à autrui, et il aurait bien raison, car c’est la loi de la jungle qui règne. Le plus fort gagne, et les victimes n’ont qu’à s’en prendre à elle-même, elles n’avaient qu’à être plus intelligentes/égoïstes/machiavéliques/fortes/etc. Le but de la vie dans cette vision est donc de dominer les autres, l’empathie envers quiconque est perçue comme extrêmement bête voire comme un handicap, à moins que cela ne soit mené comme une stratégie de manipulation permettant d’obtenir plus. Ainsi l’empathique ou la personne socialement gentille est perçue tour à tour comme idiote ou menaçante, car elle opère peut-être une manipulation. Selon cette vision, l’autodétermination est perçue comme une indépendance où la personne n’aurait plus besoin des autres, n’aurait pas besoin d’être prosociale, étant fondamentalement un égoïsme.
⬛« C’est parce qu’il faut se venger, arrêter le mal, œil pour œil, dent pour dent »
On pourrait aussi répondre que l’Homme fait du mal à autrui parce que cet autre l’a mérité, c’est un juste retour de bâton. On pense que pour rétablir la justice, l’autre doit souffrir à la hauteur de ce qu’il nous a fait souffrir. Donc on serait motivé à faire du mal à autrui parce que ce serait le seul moyen efficace d’arrêter ses méfaits, ses destructions, son sapage, bref le mal qu’il commet.
Mort, le moustique ne nous piquera plus, c’est la même logique appliquée parfois entre humains. Toutes les guerres, crimes de guerre et génocides seraient justifiés par le besoin de justice à un moment ou un autre : ce serait un moyen efficace d’arrêter des injustices, le mal, les conflits.
Dans cette vision, la motivation à faire du mal est alors une question de justice : on veut que l’autre paye pour ses méfaits et on estime que le « mal » qu’il a reçu lui fera comprendre son erreur. On donne à la punition agressive la valeur de régler les problèmes sociaux.
Ici, on est davantage sur une vision de la justice que du monde, ainsi les avis sur la prosocialité, l’autodétermination et les buts pourraient varier.
Des visions de l’humain variées
À noter que certains n’adoptent qu’une seule perspective, parfois pour une seule situation, mais chez d’autres elles peuvent se cumuler en une grande vision du monde qui porte sur toutes les situations.
D’autres, rejetant ces visions du monde mais cherchant à comprendre les horreurs, diraient au contraire que ce sont toutes ces perspectives qui entretiennent les cycles de violence : si on croit l’homme mauvais ou égoïste, on ne lui accordera ni confiance ni respect, donc on peut tout à fait valider le fait de lui faire du mal comme étant une bonne chose. On ne se sentira pas non plus coupable d’être mauvais ou égoïste, puisque ce serait dans notre nature de l’être, donc on pratiquerait le mal sans que cela nous pose un problème. À croire qu’il y a justice avec une vengeance violente en « œil pour œil, dent pour dent », on crée un cercle vicieux infini qui fait perdurer la violence.
Les personnes adaptent également ces visions en fonction d’autres éléments : leurs expériences, leurs valeurs, leurs préjugés, les circonstances, etc. Certains pourraient cautionner l’« œil pour œil, dent pour dent », mais uniquement envers leurs « ennemis ». D’autres pourraient penser que les « mauvais » humains, ce sont toutes les personnes qui leur sont différentes, mais ils feront entièrement confiance en la bonté de quelqu’un qui leur ressemble en âge, en genre, en statut social, etc.
Concernant la nécessité d’être violent pour arrêter un conflit, là aussi les gens pourraient adapter leurs opinions en fonctions des conflits en question : ils pourraient cautionner des bombardements entre bases militaires, mais pas l’attaque de masse de civils ; ils pourraient cautionner des génocides sur certaines populations civiles, mais pas sur d’autres, etc. Ainsi, même celui qui n’est pas d’accord avec ces visions du monde peut être d’accord avec l’usage de la violence dans certains contextes, même s’il préférerait d’autres issues.
D’autres peuvent être très fermes sur ces visions, adopter un strict moralisme pacifique qui va jusqu’à ne pas se défendre lorsqu’on est attaqué et condamner comme immoral tout comportement étiqueté comme « mauvais », y compris un mensonge pour sauver une autre personne. D’autres, tout aussi stricts dans leur vision du monde de l’Homme mauvais, vont s’enfermer chez eux et se débrouiller pour ne plus côtoyer personne, car la croyance est devenue totale, ils n’ont plus confiance en qui que ce soit.
Toutes les configurations sont possibles.
Ceci étant dit, même si vous avez une réponse précise à la question que je pose ici, et que je persiste néanmoins à chercher une réponse à travers la littérature, cela ne veut pas pour autant dire que je veux changer votre vision du monde ou que je l’estime en ennemie. La vérité est que cette question m’intrigue.
Le but de cet article n’est pas de changer vos visions du monde
Le but de cet article n’est donc pas de changer vos visions du monde, parce qu’il n’y a que vous-même qui puissiez en changer, les développer, les augmenter ou les reformuler. Certes, oui, il y a quantité d’influences extérieures autour de nos visions du monde ; parfois oui, on se fait injecter des visions du monde et on se rend compte plus tard que ça n’était pas les nôtres.
Mais dans le cadre de l’autodétermination, la vraie adoption d’une vision du monde advient quand on choisit vraiment, quand on corrige/change ces injections, quand on décide vraiment d’adopter consciemment une conviction ou une autre : et ce travail, personne ne peut le faire à notre place. Personne ne peut changer autrui, au mieux on peut offrir l’espace et le soutien nécessaire à la personne pour qu’elle puisse faire ces choix, mais on ne peut pas lui injecter une vision du monde sans la priver de son autodétermination, ce qui n’est donc pas un vrai choix. Ainsi, j’aurais l’impression d’être irrationnelle si j’espérais changer quoique ce soit à vos visions du monde, car cela me semble totalement impossible : je n’ai sincèrement pas ce but.
Mon but ici est de partager les recherches d’Amiot (ainsi que d’autres chercheuses) à tout ceux qu’elles intriguent comme elles m’ont intrigué. Quels programmes, expériences, savoir, circonstances, sociabilité nous amènent à légitimer de faire du mal à autrui ? Comment cela fonctionne ? Pourquoi on fait ça ? Est-ce que cela apporte quelque chose ? Est-ce qu’on peut stopper ce mécanisme ? Est-ce qu’on peut l’augmenter ? Est-ce que les individus peuvent faire ce mal en toute autonomie, pour le plaisir, en toute autodétermination ?
Comme n’importe quelle connaissance que je vous partage, mon but est l’empuissantement collectif : face aux mécaniques que l’on va découvrir sur cette question, on pourra peut être mieux décider d’accepter ou rejeter ces influences qui nous ont transmis ces visions, accepter ou rejeter les normes nous incitant à faire du mal, peut être qu’on pourra repenser à son rôle d’environnement social et quelles normes, règles, buts, on estime réellement juste de mettre.
Ceci étant dit, je me dois d’être sincère, si je pose cette question, c’est que je ne la comprends pas dans mon expérience. Si je fais du mal à autrui ou crois en avoir fait, je n’obtiens en retour qu’une profonde culpabilité, de la honte voire du désespoir.
Je n’estime pas avoir une vision du monde pacifiste, ni de l’homme « bon », j’ai une vision du monde en « ça dépend », une éthique situation par situation plutôt qu’une morale supérieure à laquelle je serais allégeante. Pour certains je serais donc perçue comme immorale car je ne suis pas du genre à condamner unanimement le mensonge, le vol, l’infidélité ou l’usage de drogues, parce que selon les situations, cela peut servir à mon sens à résoudre certaines situations2.
Je suis assez étrangère aux religions (je n’ai pas eu d’éducation religieuse, je me considère actuellement comme agnostique), mais j’ai un grand respect pour les valeurs de compassion que toutes les religions me semblent porter : cette valeur m’est importante aussi, je l’entends selon la définition en psycho (reconnaître la souffrance d’autrui, être motivé à la diminuer). Cette valeur n’est pas forcément respectée, mais lorsque c’est respecté entre groupes très différents, je trouve ça sincèrement beau de cohérence, de courage et admirable. Ainsi, quand je parle de « mal », je ne me référerais pas à une idée du Mal tel que défini par une religion ou une autre, j’explique ce que j’entends par là dans le point n°2 qui va suivre.
Les idées, visions du monde, valeurs d’un auteur sont forcément injecté dans son travail, même s’il essaye d’être au plus « neutre » ou qu’il rapporte les propos d’autres personnes. Ainsi vous voici informé sur les miennes, afin que vous puissiez décider pleinement si cela vaut la peine de continuer à lire cet écrit.
À noter que vous pouvez aussi vous renseigner sur ce thème sans croiser mes écrits en regardant directement les articles et livres scientifiques sur lesquels je me base qui sont principalement :
- Amiot Catherine E., Lizzio-Wilson Morgana, Thomas Emma F, Louis Winnifred R., Bringing together Bringing together humanistic and intergroup perspectives to build a model of internalisation of normative social harmdoing, 2019
- Amiot, Sansfaçon, Louis, Investigating the motivations underlying harmful social behaviors and the motivational nature of social norms, 2013
- Amiot, Sansfaçon, Louis, Uncovering hockey fans’ motivations behind their derogatory behaviors and how these motives predict psychological well-being and quality of social identity, 2013
- Deci, Ryan, Self-determination theory, 2017
Je me base également sur des travaux issus d’autres disciplines que la psychologie sociale (notamment l’histoire), vous trouverez la totalité des sources ici :
[AMX] Bibliographie du dossier sur l’autodétermination à faire du mal
Je répète également que ce n’est pas un dossier exhaustif sur la motivation à faire du mal. Celle-ci pourrait être perçue de façon très différente selon les disciplines, leurs angles. Ici on va juste explorer le modèle Minsoh (Amiot) qui est basé à la fois sur la théorie de l’autodétermination (Deci et Ryan), la théorie de la dominance sociale (Pratto et Sidanius) et la théorie des identités sociales (Tajfel).
2. Le mal, c’est pas un terme binaire, dogmatique, imprécis qui ne veut rien dire ?
Effectivement, j’ai utilisé le terme « mal » dans le titre afin d’être synthétique. Le titre plus précis de ce dossier aurait pu être « les motivations aux actes préjudiciables envers autrui sont-elles internalisées de façon autodéterminée ? » en référence aux recherches d’Amiot sur laquelle je me base. Vous comprendrez aisément pourquoi j’ai synthétisé 🙂
La chercheuse emploie le terme Harmdoing, et selon les traducteurs automatiques en ligne, cela a pu être traduit comme « faire du mal », le fait de faire des actes « nuisibles »/« néfastes »/« nocifs » à autrui, agir de façon « préjudiciable » ou encore comme « méfait ».
Je parlerais dès à présent de comportements préjudiciables pour traduire harmdoing, parce que c’est le terme qui semble le plus proche d’harm.
Le comportement préjudiciable est une « Atteinte portée aux droits, aux intérêts, au bien-être de quelqu’un, du fait d’un tiers », sur la base de la définition du Larousse.
Amiot, pour définir harmdoing (= faire des comportements préjudiciables) rapporte la définition de Staub 1999 et Wispé 1972 :
l’harmdoing [ou comportement préjudiciable] concerne les comportements « qui limitent ou détruisent la liberté, l’expression, l’intégrité et le bien-être physique ou psychologique d’autres individus ».
Concrètement, ces comportements préjudiciables peuvent être plus ou moins violents, de façon plus ou moins massive. Par exemple l’étude d’Amiot en 2013, les comportements préjudiciables individuels mesurés étaient par exemple ceux-ci :
Les actions préjudiciables entre groupes (=intergroupe) sont généralement plus graves, et Amiot définit ces actions préjudiciables entre groupes comme « celles qui se produisent lorsque les membres de l’exogroupe [membres extérieurs à son groupe] subissent des résultats objectivement négatifs – en se voyant retirer des ressources précieuses et/ou en se voyant infliger des conséquences aversives ».
Autrement dit, on peut penser là au fait qu’un groupe peut être exploité ainsi que maltraité que ce soit à travers l’esclavage, la colonisation, la guerre, le terrorisme, les massacres, les génocides, au fait de subir des politiques discriminatoires (ségrégation, groupes ayant moins de droits qu’un autre, atteintes aux droits de l’Homme, etc.).
Les préjugés et comportements discriminatoires constituent donc également des comportements intergroupes préjudiciables, puisque cela implique de traiter différemment les membres de son groupe (endogroupe) des membres extérieurs à son groupe (exogroupe) : par exemple, un médecin raciste va maltraiter son patient juste parce qu’il est non-blanc, un sexiste n’écoutera avec attention qu’un interlocuteur homme et sera méprisant envers la femme même si elle dit la même chose que l’interlocuteur homme, un LGBTphobe va mettre tous les problèmes qui arrive dans une situation sur la faute des LGBT même s’il n’y a pas de rapport du tout, un classiste va humilier tous les gens d’une classe sociale estimée inférieure de la sienne, l’adultiste va n’accorder aucun sérieux à quelqu’un de jeune et estimer qu’il faut l’humilier violemment pour l’éduquer, etc.
Amiot précise que les comportements discriminatoires peuvent prendre des formes plus subtiles comme le rejet social et l’ignorance, mais ce n’en est pas moins néfaste pour autant.
Les conséquences des préjugés sont parfois subtiles, mais néanmoins sapantes, et je pense par exemple au phénomène d’ambiguïté attributionnelle3 : quand une cible de préjugé est ignorée par un autre, elle ne sait pas si l’indifférence à son égard l’est par sa propre faute, pour des raisons non discriminatoires ou des raisons discriminatoires.
Cette ambiguïté que subit la cible est pénible, car, n’arrivant pas à attribuer les causes de cette ignorance (mais ça peut être aussi une insulte, un mauvais traitement), comment y remédier ? Elle pourra s’en vouloir alors que ce n’est en rien de sa faute, voire continuer à faire confiance à quelqu’un qui finalement ne lui accordera jamais ni confiance ni humanité. La vie sociale est rendue extrêmement épuisante à constamment analyser lorsque ces discriminations avançant masquées sont fréquentes, c’est une charge mentale injuste qui est portée sur les épaules des personnes discriminées.
Les actes préjudiciables peuvent donc être perpétrés par des individus agissant dans des contextes entre personnes et/ou en tant que membre d’un groupe dans un contexte collectif. Par exemple, le raciste va être discriminant (s’énervant violemment sur une personne au travail) tout en cachant qu’il le fait par racisme (il s’énerve sur un détail du travail) ce qui va engendrer une ambiguïté attributionnelle (la cible peut croire vraiment qu’elle a mal travaillé et que c’est ça la source du problème, donc ça augmente son anxiété, sa déprime, son stress, sa mauvaise estime de soi), or on peut voir que jamais il ne s’énerve de ce détail lorsqu’il est réalisé par des personnes blanches, ce qui confirmera son racisme qu’il mène dans le cadre d’une participation active et idéologique dans un groupe d’extrême droite. Son but masqué est de détruire discrètement toutes les personnes non-blanches qu’il ne veut pas voir dans son pays, les punir, les exclure de toutes les façons possibles, pratiques qui peuvent être valorisées et applaudies dans son groupe d’extrême droite comme une façon « juste » d’agir.
Amiot s’est préoccupée principalement de ces actes préjudiciables entre groupes, car les dommages causés par l’hostilité et l’agression intergroupe sont particulièrement importants, car ils peuvent impliquer des nations entières contre d’autres4 et prendre des générations à cicatriser5.
Je précise que bien que nous aborderons parfois des exemples de violence, j’ai pour règle de ne jamais décrire en détail les actes afin de ne pas traumatiser les personnes : pour comprendre les mécaniques des actes préjudiciables, ce n’est pas nécessaire d’être hanté par des images glauques et gores. Si je dois néanmoins les décrire pour une raison ou une autre, je ferais en sorte de laisser le choix à la personne de les lire ou pas (par exemple en le mettant sur un autre post, en utilisant les notes de bas de page, etc.).
3. Pourquoi c’est important de savoir s’il y a une motivation à faire du mal ?
Vous le savez, judiciairement, lorsqu’un meurtre commis avec préméditation, avec intention claire de tuer, il est davantage puni qu’un homicide involontaire, sans intention de tuer (comme certains accidents de la route)6. Lorsqu’il y a intention claire de tuer, c’est davantage un danger pour la société que de passer l’éponge sur cet acte, car c’est envoyer un message au tueur et à la société entière que ce n’est pas grave, que ça peut être une méthode pour régler ses affaires.
Lorsque ce n’est pas intentionnel, le problème est lié aux causes qui ont amené à la situation d’homicide involontaire, comme l’irrespect du code de la route, les addictions qui ont menés à faire n’importe quoi, voire parfois un problème qui n’a rien à voir avec celui qui a commis l’homicide involontaire (un état de la route imprévisible, un événement inattendu, etc.).
Bref, lorsqu’on juge un acte, les circonstances extérieures comme les intentions intérieures comptent, et elles doivent être démontrées par différentes preuves, afin de calculer ce qu’il convient de faire pour que cela ne se reproduise plus, qu’il n’y ait plus ce risque dans la société et que l’ensemble de la société ait un message clair sur la façon dont le pays ou les institutions considèrent l’acte.
C’est pourquoi l’absence de punitions à certains actes ou l’extrême punitivité de la société sur certains autres actes sont à fort débat : certains projettent leur avis sur ce que la société devrait penser, comment elle devrait se représenter les choses prioritairement, avant de voir l’aspect résolution de problème.
Et effectivement, on ne peut pas nier que les punitions ou l’absence de punitions constitue une photo d’une société donnée dans un temps donné, mais il s’agit aussi de résoudre les problèmes : est-ce qu’une peine de prison, qu’elle soit de 30 ans ou autre, pourrait enlever la motivation à faire du mal d’un tueur ? Mais est-ce que ce tueur était principalement vraiment motivé à tuer par plaisir ou était-ce pour atteindre d’autres objectifs, et donc que tuer n’était pas forcément souhaité ? Est-ce qu’il n’a aucune motivation à tuer et qu’en fait il a agit uniquement par manque de contrôle de ses émotions et de son corps ? Est-ce qu’au contraire il semble avoir un plaisir considérable à faire du mal aux autres en général ?
Vous voyez que selon les réponses qu’on donnerait à ces questions, résoudre le problème ne peut pas se faire de la même façon, et les libérations après prisons ne comporteraient pas les mêmes risques, c’est pourquoi il est important de saisir en détail de quelle nature est la motivation qui a conduit à l’acte préjudiciable. Et disons d’emblée, si les individus pouvaient avoir des motivations autodéterminées à faire du mal, alors aucun des moyens connus ne semblent pouvoir y remédier, qu’importe les punitions (prison, peine de mort, tortures, humiliations publiques), les modalités les plus pointues en termes thérapeutiques et/ou éducatives (parce que ce ne serait ni lié à un fonctionnement pathologique ni à un problème de compétence socio-émotionnelle). Une motivation autodéterminée persiste dans le temps parce que cela apporte beaucoup de bonheur à l’individu ainsi qu’un sens fort à son existence et c’est imperméable aux menaces de punition, d’exclusion ou tout autre risque que brandit la société ou d’autres individus, y compris du même groupe.
C’est pourquoi il est important d’essayer de voir si cette autodétermination à faire du mal existe et comment elle fonctionne, afin de voir si on peut trouver des méthodes et stratégies :
1. Pour prévenir son émergence chez les individus et valoriser davantage une autodétermination moins dangereuse pour la société, par exemple prosociale (qui est un mode qui est « gagnant/gagnant », l’individu comme l’ensemble des gens et environnements sociaux y gagnent des avantages).
2. Pour stopper son expansion : si l’autodétermination à faire du mal est déjà en croissance chez l’individu ou dans un groupe comment stopper son expansion avant que des crimes graves et/ou massifs ne surviennent.
3. Pour éviter de nouveaux dégâts : Si l’autodétermination à faire du mal est déjà liée à des crimes graves et/ou massif, comment la faire switcher vers une autodétermination plus prosociale bien moins dangereuse pour les gens et la société.
Le point 3 pourrait être rejeté d’emblée par certains qui diraient de les laisser en prison : or bon nombre de situations dramatiques ne permettent pas d’enfermer tous les auteurs de crimes, surtout dans le cas des guerres et génocides où énormément de personnes deviennent autrices de crimes.
Par exemple le génocide des tutsis en 1994 a été commis par les hutus, qui avait en partie fuit le pays ensuite. Certains étaient emprisonnés, d’autres non. L’économie du pays et la survie nationale après génocide ne pouvait pas tenir, il fallait faire revenir les hutus pour cultiver les champs et éviter des famines et autres drames. Les génocidaires ont donc dû redevenir les voisins des tutsis, aussi épouvantablement traumatisant que ce fut pour les tutsis survivants d’être si proches de ceux qui avait mis à mort toute leur famille7.
Il y a donc des situations où l’on ne peut pas enfermer à jamais des auteurs de crimes, et que les mettre tous à mort peut poser de graves problèmes8.
Amiot explique ainsi le but de sa recherche :
« Est-il possible que les préjudices intergroupes soient vécus comme un reflet authentique des propres valeurs et objectifs de l’individu (c’est-à-dire qu’ils deviennent « intériorisés ») et éventuellement même qu’ils suscitent des sentiments agréables ? Si oui, comment cela se produit-il ? Il est important de comprendre les processus par lesquels cette acceptation personnelle se produit et que les méfaits intergroupes deviennent intériorisés, car une fois approuvés volontairement et par choix, les comportements sont plus susceptibles d’être fréquents et répétés dans le temps (Deci & Ryan, 2000 ; Vallerand, Fortier, & Guay, 1997). Les comportements bien intériorisés sont également moins susceptibles d’être modifiés par des contingences externes de récompenses et de punitions (Bellg, 2003). Cela implique qu’intervenir pour modifier les comportements préjudiciables une fois qu’ils ont été intériorisés demandera probablement plus d’efforts et nécessitera plus de ressources. »
Amiot Catherine E., Lizzio-Wilson Morgana, Thomas Emma F, Louis Winnifred R., Bringing together Bringing together humanistic and intergroup perspectives to build a model of internalisation of normative social harmdoing, 2019
Dit autrement, les motivations les plus solidement ancrées (= internalisées) suscitent chez ceux qui les ont des sentiments agréables : si cela concerne des motivations à faire du mal, c’est préoccupant parce que même si la société récompense l’inverse ou punit sévèrement leur expression, la motivation restera, car elle est imperméable à ces règles.
A l’inverse, il est beaucoup plus facile de démotiver à un comportement qui n’est déjà pas très ancré chez l’individu : par exemple, un enfant qui suit ses camarades pour s’introduire dans une maison et la dévaster mais qui a eu peur, honte, ou trouvait que ce n’était pas bien, ne sera pas motivé à le refaire. Il y a trop de sentiments négatifs liés à cette activité, il n’ira jamais faire ça de lui-même seul ou avec des gens qui ne sont pas ses amis. En fait la seule motivation de cet enfant était de rester inclus dans son groupe d’amis, ne pas être rejeté en disant qu’il ne voulait pas faire ça, ne pas paraître bizarre ou trouble fête. Ce n’est donc pas une autodétermination à faire du mal, mais une motivation non autonome, dit introjectée (= lorsqu’on fait un comportement uniquement pour éviter d’avoir honte, d’être rejeté ou pour être bien vu, accepté par les autres).
Ainsi, il sera facile pour lui d’arrêter ce comportement : peut-être il l’arrêtera de lui-même après avoir réfléchi à cette expérience qui lui a été pénible, peut-être que des personnes de confiance pourront l’aider à savoir quoi faire s’il se retrouve dans la même situation d’influence pour mieux décider par lui même, pour réussir à dire non, etc9.
Le problème est beaucoup plus épineux si cet enfant avait pris un réel plaisir et qu’importe si les amis sont présents ou non. S’il aime détruire les affaires d’autrui, et ce qu’importe s’il trouve un butin léger ou gros à voler, et qu’il y associe des valeurs et visions du monde qui soutiennent et légitiment cette activité (par exemple « les gens sont cons, ils méritent qu’on détruise leurs affaires »). Les punitions classiques de la justice n’y pourront rien pour le changer (ni des plus punitives), ni l’avis négatifs des gens au sujet de l’acte, ni la parole des victimes. Il y a donc à comprendre en premier lieu, si cette autodétermination à commettre des méfaits existe, est-ce qu’elle fonctionne comme une autodétermination prosociale telle que modélisée par la théorie de l’autodétermination ? Et ensuite, au vu des éléments trouvés de la façon dont une personne pourrait être autodéterminée à faire du mal, en tant que membre d’un groupe s’attaquant à un autre, on aura plus d’éléments pour éviter que cela se produise.
La suite : ♦ [AM2] L’AUTODÉTERMINATION À FAIRE DU MAL ??
Notes de bas de page
Vous pouvez retrouver l’intégralité des sources ici : [AMX] Bibliographie du dossier sur l’autodétermination à faire du mal
1Je pense par exemple à tout le travail fait en psychologie ou en histoire des génocides, à la criminologie, à la psychologie clinique des profils antisociaux ou sadiques, etc.
2Mentir à un assassin sur la localisation de la cible permet d’éviter un meurtre, voler en mode « robin des bois » peut permettre de redistribuer des ressources à ceux qui en ont un besoin vital, être infidèle peut aider une personne à trouver la confiance nécessaire pour quitter un conjoint violent ou trouver un environnement social plus sain. La drogue peut être une médicamentation tout comme les médicaments peuvent être des drogues : c’est la façon de les utiliser ou les conditions de production de celle-ci ainsi que les contextes politico-culturels qui peuvent les relier à des problèmes.
3Nous en avons parlé ici également : https://www.hacking-social.com/2022/07/19/cest-moi-ou-cest-de-la-discrimination-lambiguite-attributionnelle/
4Leidner, Li et Kardos, 2015
5Froming, 2015
6L’homicide volontaire est puni d’au moins 30 ans de prison, l’homicide involontaire est puni de 5 à 7 ans d’emprisonnement selon la présence de circonstances aggravantes https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F35148 ; https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006417561
7Certaines institutions religieuses et les villages de « réconciliation » proposaient de fournir des logements gratuits aux tutsis qui acceptait de vivre avec des hutus, y compris ceux qui avaient massacré leur famille, et ce afin de faire advenir un pardon. On peut voir un exemple ici (attention images de cadavres au début) : https://www.youtube.com/watch?v=K8kxOvfUtP0 où la survivante semble aller bien. Mais Il y a quelques années j’étais tombée sur d’autres reportages, j’avais vu des tutsis qui me semblaient aller très mal de cette situation. Dans certains témoignages (Hatzfeld, 2007), même sans être dans ces villages de réconciliation de nombreux survivants devaient affronter des syndromes post traumatiques extrêmement intenses, et toute vue de machette ou de groupes d’hommes les mettaient dans un état d’épouvantable stress. Parfois des psychologues pouvaient les aider, parfois ils n’avaient personne. Tant ce qu’ils avaient vécus été horrible, ils ne pouvaient pas se soulager un peu en parlant car qui serait capable d’entendre de telles atrocités sans être à son tour traumatisé ?
8Le pays aurait sans doute connu d’épouvantables famines ou faillites sans le retour de cette main d’œuvre, ceci étant dit cela ne veut pas dire que je cautionne cette politique, mon avis est que l’international, les pays membres de l’ONU ont eu une indifférence épouvantable à l’égard de ce génocide, en n’injectant aucun moyen pour l’en empêcher, puis durant le génocide en se retirant des opérations d’aides ce qui a participé à aider aux massacres. La France est épouvantablement coupable à ce sujet, d’une part en ayant soutenu matériellement en amont les génocidaires par des armes et des formations à tuer, puis en les aidant à s’échapper voire à couvrir leurs crimes de guerre, a savoir les laisser violer et massacrer les tutsis à la frontière.
9Je me base sur une histoire vraie, traitée par la justice restauratrice ici : https://www.hacking-social.com/2021/01/10/jr3quand-la-police-fait-de-la-justice-restauratrice/ et initialement dans Proceed with caution, an evaluation of the Thames Valley Police initiative in restorative cautioning, Carolyn Hoyle, Richard Young, Roderick Hill, 2002
J’ai parcouru quelques articles de la bibliographie, et notamment ici « Bringing together Bringing together humanistic and intergroup perspectives to build a model of internalisation of normative social harmdoing ». Si des articles sur des sujets précis ne me posent pas vraiment de problème, je trouve qu’au niveau d’abstraction et de généralité que veulent atteindre Amiot et al. on ne peut plus faire l’impasse sur ce qui *est* un comportement préjudiciable, et comment on vient à le déterminer.
Quand les questions de recherche sont plus spécifiques il n’est pas étonnant que l’arrière-plan éthique ne soit pas trop questionné, et qu’il s’agisse simplement de ce qui est consensuel dans l’environnement des chercheur·euses. Mais au niveau de généralité que visent Amiot et al. je trouve que ça devient une question vraiment centrale. On sortirait plus clairement du domaine de la psychologie, mais ça aurait intéressant d’avoir justement des croisements interdisciplinaires.
Par exemple, en philosophie morale il y a le concept de « concept épais » (thick concept). Une fois qu’on sait ce que c’est, il n’est pas dur d’en voir partout dans les articles de la bibliographie. L’article d’Amiot et al. de 2019 est totalement bâti sur de pareils concepts épais, ce qui pose quand même question. Si on veut utiliser cette théorie, quelle éthique implicite se mettrait-on à porter ? Elle pourrait bien avoir des biais, notamment à cause du choix des exemples qui servent à vérifier que la théorie peut expliquer des choses pertinentes.
Les exemples tendent à être des choses réprouvées par le droit des société post-industrielles, ou des cas très évidents, comme le génocide. Mais quid des choses plus subtiles ou pas encore reconnues dans le milieu académique, comme l’oppression des mineurs, ou le validisme intégré dans nos technologies, dans les procédures administratives, ou encore dans les normes que la psychologie considère comme faisant partie des « compétences sociales » ? J’ai la très forte impression que la théorie nécessite d’avoir déjà un arrière-plan éthique et d’avoir une idée de ce qui doit être « normal », de considérer qu’autrui devrait faire de même, mais qu’il ne le fait pas.
Il faut remarquer qu’Amiot et al. évacuent justement la question du relativisme en critiquant dans l’article de 2019 la théorie de l’identité sociale pour son relativisme. À mon avis traiter de cette question mènerait à s’interroger sur comment on construit socialement ce qui est éthique ou non. Cela permettrait d’intégrer le point de vue de l’observateur (càd ici les auteur·es de l’article) dans le modèle lui-même, et donc de le rendre réflexif. On pourrait alors théoriser sur des phénomènes plus complexes comme les besoins de cohérence ou de simplicité qui produisent de façon distale de l’oppression.
Par exemple quand une association conçoit une procédure pour que le public auquel elle s’addresse reçoive son aide, elle a des chances de créer une procédure excluante. Je prendrais comme cas une que je connais qui communique les dates de ses permanences uniquement par des images sur instagram : donc, ne soyez pas malvoyants si vous voulez vous y rendre. Je doute fortement que cette association voulait viser les personnes malvoyantes. Est-ce purement de l’ignorance, et donc hors sujet ? Je pense pourtant que l’auto-détermination est pertinente ici, car comme dans de nombreuses associations il y a des burn outs et du turn over dans celle-ci, et cela doit être plus simple de faire comme ça car machin n’a pas accès à la publication d’articles sur le site, il y a des choses plus urgentes, c’est compliqué de tout prendre en compte, etc. Ne pas s’inquiéter de l’accessibilité des dates de la permanence est bien en moyen de répondre à des besoins fondamentaux. Cependant, le but n’est pas de viser les personnes malvoyantes, d’en retirer du plaisir sadique, ou de se sentir plus liés car on les envoit bouler.
Bref, dans mon exemple, la chaîne de causalité sort du domaine purement psychologique, et porte sur comment on construit notre monde social et technique : qui en fait partie, quelles sont les capacités de la personne moyenne, est-ce qu’on utilise ou non une représentation d’une personne moyenne (à mon avis il faut tout simplement abandonner cette catégorie, elle est nécessairement validiste), le système technique est-il neutre en valeur ou non… Au degré de généralité que semblent visent Amiot et al, je pense qu’on arrive à ce type de questionnement qui touche aux fondements de comment on construit notre monde vécu, ce qui inclut les concepts utilisés dans l’article.
Alors je sais pas si ça peut apporter quelque chose, mais je viens de me rendre compte que j’avais oublié d’intégrer le lien avec les sources complètes, notamment à la fin. L’intégralité des sources est donc ici Vous pouvez retrouver l’intégralité des sources ici : https://www.hacking-social.com/2023/12/04/amx-bibliographie-du-dossier-sur-lautodetermination-a-faire-du-mal/
Un début de réponse, sans valeur scientifique, car basé uniquement sur mon expérience et mon ressentit :
J’ai toujours été sidéré de la capacité des gens à se convaincre à posteriori qu’ils avaient raison d’agir comme ils l’ont fait.
D’ailleurs même les exemples que tu donnes : « C’est parce que l’homme est mauvais », « C’est parce que l’Homme est égoïste et idiot ; la vie c’est la loi de la jungle », « C’est parce qu’il faut se venger, arrêter le mal, œil pour œil, dent pour dent », sont typiquement des exemples d’arguments prêts à l’emploi pour tenter justifier ses propres comportements.
Et j’ai l’impression, que la plupart du temps, ça marche. Ils n’arrivent pas à me convaincre moi. Mais se convaincre eux-même oui. Même avec des arguments complètement nuls ils arrivent à résoudre n’importe quelle dissonance cognitive.
Et ça, ça m’épate toujours autant.