♦ [TMT11] En quoi la théorie de la gestion de la terreur peut aider au hacking social ?

Aujourd’hui, nous proposons nos propres critiques des études précédentes et nous inspectons ensemble, qu’est-ce que la pleine conscience, la nouvelle façon de formuler l’estime de soi et le fait de penser à la mort, et qu’est-ce que tout cela apporte en potentiel de hack social.

Cet article est la suite de :

Conseil : si vous avez la flemme de lire tout le dossier, mais que vous voulez comprendre cette étude, l’article 2 peut suffire (ici : https://www.hacking-social.com/2018/01/29/tmt2-la-theorie-de-la-gestion-de-la-terreur-quest-ce-que-cest/ ) ; si vous ne comprenez pas le principe des corrélations, nous expliquons cela dans un paragraphe de l’article TMT3 (ici : https://www.hacking-social.com/2018/02/05/tmt3-quand-penser-a-la-mort-nous-fait-perdre-lesprit-critique/ ).

L’auteur.e de l’image d’en-tête (dont le nom est « time is the key for everything« ) : https://kara-a.deviantart.com/art/Time-is-the-Key-to-everything-302697655

Ce dossier est disponible en PDF : https://www.hacking-social.com/wp-content/uploads/2018/07/la-pleine-conscience-de-la-mort-2.pdf


Critiques des études


Les chercheurs de l’étude ont eux-mêmes soulevé à peu près tous les points que nous pouvions interroger :

  • On peut difficilement généraliser les conclusions à la population entière, car les chercheurs n’ont testé que des populations étudiantes et occidentales.

Même les personnes non blanches des échantillons étaient citoyennes des États-Unis ou d’Angleterre, elles ne peuvent donc pas représenter pleinement d’autres cultures, or on sait qu’il y a souvent des différences majeures dans les biais entre culture occidentale (assez individualiste) et culture non occidentale (assez collectiviste). On se demande par exemple ce que donneraient les saillances de la mort dans des cultures où la mort a une place importante dans la société, où l’on vit littéralement avec la mort sans que ce soit pour autant glauque : le Mexique, notamment avec sa fête des Morts ; ou encore dans des populations où les cérémonies funéraires sont célébrées avec beaucoup de joie pour accompagner positivement le défunt (au Ghana) ; ou celles où l’on pense aux morts très régulièrement (Est-Asie) via les autels des ancêtres dans toutes les maisons ou presque.

  • Il serait intéressant de coupler les recherches sur le syndrome du grand méchant monde et de la TMT :

Nous avons parlé du syndrome du grand méchant monde dans cet article et dans cette vidéo :

Est-ce que les télévores, surtout ceux qui s’exposent beaucoup à des informations rapides au sujet de la mort (JT par exemple) et beaucoup de temps de distraction (les JT alternent rapidement avec des sujets « joyeux » ou neutres, sont suivis de pubs ou divertissement) sont plus biaisés auprès des saillance de la mort ? Soit on pourrait postuler qu’ils ont déjà beaucoup réfléchi à la mort étant exposée très souvent à celle-ci (mais c’est aller à rebours des conclusions des études sur le syndrome du grand méchant monde), soit on pourrait dire qu’ils sont encore plus entraînés à dénier la mort et leurs résultats seraient encore plus biaisés que des non-télévores.

  • Dans les études de la TMT, le terme ethnocentrisme n’est pas évoqué bien que la définition en soit donnée pour décrire les biais.

Nous avons parlé d’ethnocentrisme dans cet article et dans ces vidéos :

La définition d’ethnocentrisme :

Peut-être qu’il serait intéressant de soumettre les sujets à des échelles d’ethnocentrisme voire l’échelle F (ici), évidemment reconstruite pour être plus raccord avec le monde actuel, afin de voir si la saillance de la mort amène à être plus autoritaire. L’idéal serait de faire une étude longitudinale (sur le long terme) pour voir si les biais liés à la saillance de la mort persistent dans le temps ou ne sont que réaction temporaire. Au vu des résultats sur le nationalisme, cela semble néanmoins renforcer les jugements racistes des personnes.

  • La pleine conscience des sujets a été testée d’une façon qui ne permet pas de comprendre ce qui diffère chez ces sujets :

On sait seulement, via le questionnaire MAAS, que leur attention est « musclée », c’est-à-dire qu’ils arrivent à être concentrés sur leur vie quotidienne, au présent, ce qui correspond aux conséquences d’une pratique méditative de pleine conscience, mais peut-être que cette attention a été travaillée ou obtenue d’une autre manière. Et ces autres manières seraient très intéressantes à découvrir !

  • Il me semble qu’il serait aussi intéressant de tester des populations à « flow » (vivant des expériences optimales), car c’est un aspect contraire, mais pas opposé à la pleine conscience :

Nous avons parlé de flow dans cet article (« le bonheur n’est pas celui qu’on nous vend ») ; voici un résumé des caractéristiques du flow :

 

Lors de flow, l’attention est réduite, c’est un focus extrême sur quelques stimulus, mais c’est également un exercice particulier de l’attention, qui apporte par ailleurs un regard différent sur le monde. Les personnes en flow peuvent être d’apparence complètement déconnectée de leur quotidien, d’apparence inattentive, mais cela pourrait s’expliquer parce qu’elles sont concentrées sur un travail psychique qui va au-delà du moment de l’action. Je me demande vivement si cette forme de concentration (flow) pourrait parasiter la conscience (les personnes en flow tomberaient alors dans les biais comme les autres) ou si au contraire, le focus sur un travail qui dure même au-delà de l’activité permettrait d’observer le quotidien d’un œil particulier (par exemple pour un peintre qui sera sûrement plus attentif aux couleurs, à la géométrie des choses du paysage de sa vie quotidienne), donc de développer une pleine conscience, mais en quelque sorte « spécialisée » via une compétence. Idem, il me semble que des personnes passionnées pourraient saisir des sujets comme la mort, la souffrance, les choses négatives sans trop de tabous, parce qu’elles sont en quelque sorte arrimées avec sécurité à leur passion, et que ces sujets profonds sont des moyens d’explorer encore plus leur domaine de compétence, de le rendre encore plus signifiant pour eux et autrui.

  • Faire la saillance de la mort en subliminal :

Très clairement, ce serait le test ultime à réaliser ; par exemple sur l’étude 1, parce que la saillance de la mort serait alors uniquement traitée par l’inconscient cognitif. En toute logique, même les pleinement conscients seraient biaisés, parce que les études sur le subliminal, et même d’autres où l’on étudie via l’IRMf (un dispositif qui permet de voir ce qui se passe dans le cerveau) montrent que, globalement, ce n’est pas la conscience qui « décide », mais l’inconscient cognitif. Autrement dit, beaucoup de chercheurs pensent que la conscience n’est qu’un résultat, parfois un bruit, en conséquence du travail magistral et intense de l’inconscient cognitif qui est finalement le seul décideur. Stanislas Dehaene rapporte par exemple une expérience toute simple où les personnes doivent décider d’appuyer sur un bouton ou un autre : l’IRMf montre très clairement que la décision d’appuyer sur tel ou tel bouton est prise bien avant que la personne en soit consciente et le rapporte. L’inconscient cognitif, ce qui est n’est pas accessible à notre consciente, décide.

Voici le deuxième cours  de Stanislas Dehaene sur  » L’inconscient cognitif et la profondeur des opérations subliminales » ; tout les cours sont disponibles à cette adresse : https://www.college-de-france.fr/site/stanislas-dehaene/p1346267505964_content.htm

En cela, comment parler de libre arbitre ? Les études de la TMT/pleine conscience montrent que lorsque les gens font un travail conscient de traitement de l’information « mort », ils arrivent à inhiber des mécanismes de biais. La clef est le temps qu’ils passent à travailler l’information « mort ». Qu’en serait-il si l’information « mort » n’arrivait pas à leur conscience ? Et la grande question : qu’en serait-il si leur exercice d’entraînement à la pleine conscience avait changé leur inconscient cognitif pour lui faire opérer d’autres mécanismes, d’autres automatismes (par exemple des automatismes tournés vers l’altruisme ou la compassion) ? D’autres études citées dans l’article 1 montrent que les structures du cerveau changent, et cela dès 3 semaines d’exercice à la pleine conscience ; est-ce que cela a une incidence sur l’inconscient cognitif ? Des expériences avec la saillance de la mort pourraient infirmer ou confirmer ceci, préciser quel niveau d’entraînement est requis ou confirmer que tout l’entraînement du monde serait inutile. Une telle expérience pourrait confirmer ou infirmer l’existence du libre arbitre (mais un libre arbitre qui impliquerait un très haut coup en terme d’effort pour l’obtenir) en tant que processus conscient, décidé par nous-même, agissant sur nous même à un niveau ou notre conscience est normalement « aveugle » sur les phénomènes que nous subissons.


Et quel rapport avec le hacking social ?


Vous pourriez très légitimement vous demander en quoi connaître ces expériences peut aider à comprendre, bidouiller, détourner ou construire les structures sociales de façon positive voire amusante (la définition raccourcie du hacking social). Voici ce que nous pensons que cela peut apporter :

  • Le temps qu’on retient à un sujet, un phénomène, une information, c’est de la conscience

Le temps passé sur un sujet permet de répondre en retour à la vie de façon moins biaisée, moins automatique, plus réfléchie, plus consciente, plus appropriée ce qui fait obstacle à toute sorte d’influences et de déterminations: clairement cette connaissance permet de se prémunir à mon sens de plein de choses, de faire le tri. Si je ne veux pas être manipulé, réfléchir au mieux possible, alors je dois prendre mon temps sur un sujet, une situation, un phénomène.

Et on le voit aussi dans d’autres expériences : les résistants dans l’expérience de Milgram ont été ceux qui ont interagi le plus tôt et donc de façon la plus répétée, ce temps consacré est le reflet de leur conscience qui voulait traiter la situation. Alors on peut clairement s’entraîner au mécanisme inverse et se dire « attention, prenons plus de temps pour faire cette action/en apprendre plus sur ce sujet/poser des questions sur ce point/traiter cette affaire avant d’en passer à une autre etc. »

Les manipulateurs le savent très bien également, pour manipuler, il faut contrôler le temps, et faire adhérer la personne rapidement sur des points pour l’influencer ; parfois cela tient en quelques mots qui seront acceptés automatiquement par la personne, sans conscience, et ainsi elle adhérera à la suite de la manipulation. Les mentalistes utilisent parfois une technique nommée « yes set », il s’agit d’amener rapidement la personne à dire plusieurs fois oui rapidement sur un sujet, cela la rend plus influençable pour d’autres facteurs ensuite. On peut également citer la technique de manipulation de la « Porte Dans Le Nez » : les chercheurs ont découvert que le temps entre deux requêtes était déterminant ; plus le temps entre la première et la deuxième requête est longue, moins l’acceptation de la requête finale fonctionne.

  • Prendre du temps, c’est gagner en temps de traitement conscient, donc en liberté de dire non, de s’opposer, d’accepter, mais en ayant réfléchi clairement à ce qu’on veut et à ce qu’on ne veut pas. Prendre du temps, c’est se donner les moyens de décider vraiment en toute conscience.

Prendre du temps de traitement conscient, c’est privilégier le concept du slow média (médias lents) ou prendre du temps de recherche sur un sujet pour le maîtriser, et clairement, notre temps étant limité, c’est forcément corrélé au sens de notre vie, à la construction de soi : on choisira alors ce à quoi on veut se dédier, ce qu’on veut réfléchir, ce qu’on veut maîtriser, ce qu’on veut investiguer et cela nous construira en retour. Voilà pourquoi je conseille toujours de s’accrocher à des sujets, de passer du temps à des activités qu’on pourra exercer ensuite à des niveaux différents, concrets, sans quoi la frustration va être terrible, l’émotion va être insupportable, ou servir des buts extrinsèques : certes il est intéressant de tout connaître d’un drame lointain, mais à quoi bon si on ne peut pas être acteur pour aider à résoudre ce problème lointain ? Cela ne servira qu’à l’ego, à se poser en spécialiste moralisateur, en expert intello’, dans le sens le plus terrible du terme, qui ne fait rien qu’à se rehausser par sa connaissance et à écraser autrui. La connaissance qu’on choisit d’avoir doit avoir à mon sens un but qui va au-delà de nous, tout en étant profondément en nous : on peut par exemple passer un temps considérable à tout connaître du Japon, de sa culture, de ses drames, de son histoire sans forcément y vivre, mais parce qu’on en tire des connaissances qui nous permettent de repenser notre monde occidental, qui ouvre des horizons de pensées et nous apporte un grand plaisir à partager cette ouverture avec autrui qui y gagnera également en réflexion. Le temps passé sur quelque chose, c’est de la conscience, la conscience est une dépense d’énergie intense qui, à mon sens, doit servir, enrichir notre moi profond pour rayonner ensuite sur autrui, le tout en un cercle vertueux, qui nous développe tout autant qu’il aide les autres.

  • La conscience est aussi un regard franc sur nos émotions, sentiments, états internes

Prendre du temps de conscience, c’est aussi accepter, comprendre, prendre en compte son expérience sensible, ses émotions. Les émotions sont des signaux, des informations internes valables : ceci me fait peur, ceci me met en colère, ceci me rend triste. L’inconscient livre souvent une information sur l’état interne très complexe, mêlé d’informations assez inaccessibles, parfois symboliques, c’est le sentiment : il est important de le prendre en compte -par exemple cette « intuition que cette situation n’est pas terrible, je ne le sens pas vraiment… »- afin d’être vraiment rationnel. Dénier son émotion de « colère » ou encore dénier le sentiment que telle relation sociale est un peu malsaine, c’est insulter tout le travail de son inconscient cognitif, pourtant beaucoup plus puissant que celui accessible à l’unique conscience, et c’est le meilleur moyen d’être à la merci de ses émotions : si on refuse l’idée que telle relation nous met en colère, ça n’effacera pas la colère pour autant, elle explosera plus tard sur n’importe quoi qui ne l’a pas mérité, de façon complètement irrationnelle. Pour être rationnel, on doit prendre en compte ses émotions et sentiments qui sont des informations précieuses sur nous-mêmes, à chaque instant, et sur notre interaction avec le monde. Cela ne veut pas dire être à leur merci, c’est au contraire les maîtriser. La pleine conscience n’est pas qu’un regard le plus clair et fourni en informations les plus objectives possible sur l’extérieur, mais également un regard le plus clair et le plus fourni en informations sur notre intérieur, sur comment les choses de l’extérieur résonnent en nous et ce qu’on sait, ce qu’on est, ce qu’on veut être. Clairement je pense que c’est une connaissance extrêmement importante que nous délivrent ces études, car une grande partie de nos biais, dans notre « pays cartésien », reposent sur cette idée debunkée par la neuro que l’émotion serait mauvaise et distincte de la « raison ». La raison, la réflexion, c’est regarder clairement l’extérieur et l’intérieur avec objectivité, sans quoi l’individu est complètement aveugle sur lui-même, et une simple mauvaise digestion peut le dominer et le faire être infernal avec les autres, parce qu’il n’accepte pas ce qu’il ressent, n’en est pas conscient, ne prend pas en compte l’information « douleur » et ses conséquences sur le mental.

  • Hacker l’émergence de l’ethnocentrisme en pensant à la mort

Cela donne des pistes pour hacker l’émergence de l’ethnocentrisme ou d’autres biais, via plus d’empowerment, plus de puissance (au sens philosophique,cela n’a rien à voir avec le pouvoir en tant que domination d’autrui) : prendre le temps de réfléchir consciemment à des grandes questions comme la mort, comment on l’envisage, peut nous permettre de travailler plus clairement sur le sens de sa vie. Cette réflexion est d’or, et une fois traversé le nuage de fumée « olala c’est glauque », je pense qu’au contraire, cela éclaire la vie d’un appétit démesuré, parce qu’on veut une belle mort, au « bon moment » comme disait Nietzsche, c’est-à-dire après avoir vécu intensément, puissamment, de tout son corps.

  • Une nouvelle vision de l’estime de soi, non allégeante

« [la norme d’allégeance] pourrait être définie comme la valorisation sociale des individus qui, que ce soit de manière interne ou externe, excluent, dans leurs explications de ce qui leur arrive ou de ce qu’ils font, toute responsabilité critique de l’environnement social (Gangloff, 1998). »

http://psychologie-travail-rh.over-blog.com/page-4460750.html

À notre époque, dans les livres de coaching, de management, de développement personnel, l’estime de soi est vendue comme remède magique pour travailler plus efficacement, être heureux, et tous les moyens – surtout les plus ridicules – sont bons pour atteindre ce qu’ils définissent comme une confiance en soi, un auto-empowerment qui sert à l’allégeance, c’est-à-dire à se centrer sur soi pour être plus productif. La question « à qui, à quoi sert cette productivité » n’est pas posée, car très souvent ces manuels sont allégeants à l’idéologie néolibérale qui centre l’individu sur lui-même (il est la faute de tout, il est la solution à tout) et ignore très largement l’environnement, le contexte social.

Ici, dans la TMT (mais aussi la SDT, la théorie de l’autodétermination) l’estime de soi est vue comme un besoin « à déficit » c’est-à-dire que lorsqu’on n’a pas besoin d’estime de soi, cette préoccupation n’existe pas, l’individu ne s’interroge pas sur lui-même, n’est pas centré sur lui, il peut vivre sans « miroir ». L’estime de soi est considérée comme un problème de l’ego blessé qui cherche à se donner une image plus honorable qu’actuellement. Pour regagner son estime de lui-même, il va adhérer aux normes sociales, s’y soumettre avec plus de rigueur. Autrement dit, dans la TMT et la théorie de l’autodétermination, l’estime de soi est un combat pour être « à la hauteur » des autres, comme les autres, remplir honorablement les normes sociales de ses environnements sociaux. C’est une faille de l’ego qui pousse au conformisme victorieux, alors qu’un non-besoin d’estime de soi n’a que faire d’être conforme à l’environnement social.

Nous avons parlé de la théorie de l’autodétermination dans cet article « comment se motiver et motiver autrui » ; voici un résumé des processus internes et externes à l’individu qui mène à l’autodétermination (en jaune) ou au contraire à la détermination par l’environnement social (être comme un pion, en mauve dans le schéma) :

Cette perception de l’estime de soi me semble extrêmement importante à retenir lorsqu’on se fait critique de l’environnement social, parce que l’élan de la société nous pousse à nous sentir coupables de pas être assez winner, sur-confiant en soi, à base d’exercice de sourires forcés, de rires forcés, d’autocongratulations en groupe déconnecté de sens, bref tout un tas d’exercice qui accuse l’individu qui ne ferait pas assez d’effort. Mais à quoi bon ce cinéma si on ne s’attaque pas aux sources du mal-être qu’est le mépris de l’environnement social pour l’humain, les dévalorisations, les humiliations, l’absence de reconnaissance ou du minimum d’attention ? C’est cela qui détruit l’estime de soi. Et c’est ce qui fait qu’un individu, face à une saillance de la mort, tombe en basse estime de soi : parce que, très certainement, il était déjà en déficit, n’a pas pu avoir l’espace mental pour penser. À ce titre, je pense que justement, le fait qu’il soit bas en pleine conscience, montre qu’il est surmené mentalement, s’il ne peut pas être attentif à quoi que ce soit dans son quotidien. Ainsi, le problème de l’estime de soi n’est pas un défaut individuel, et la TMT ou la SDT (théorie de l’autodétermination) nous invite à le penser de façon systémique et complexe, dans un large tissu social, où il n’y a pas un fautif, mais une multitude de causes.

La prochaine fois nous parlerons du tabou de la mort et des façons possibles de le percer !

La suite :  [TMT12] Hack social du tabou de la mort : vers une vision « positive » de la mort ??

Viciss Hackso Écrit par :

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2 Comments

  1. Lucas
    5 septembre 2018
    Reply

    Merci pour cette super série. Très intéressant de voir ce qu’on a déjà réussi à vérifier de manière empirique sur le sujet.

    Pour avoir trainé un moment dans les milieux « New Age », et expérimenté par moi-même pas mal la méditation, je dois dire que je suis pas hyper surpris des résultats et que je pense que ce qui est montré là vis-à-vis de cette peur fondamentale qu’est la peur de la mort doit être montrable vis à vis d’à peu près toutes les émotions. En tout cas, de mon point de vue subjectif, je pense que ce passage de ma vie m’a apporté les bénéfices expliqués ici et beaucoup d’autre encore.

    Je me permet de partager ici quelques éléments théoriques que j’ai trouvé pertinents sur la méditation:

    A mes yeux, ça ne consiste pas à « muscler » sa conscience ou accroitre sa capacité de « résistance ». Il s’agit plutôt d’arrêter de lutter contre. Un formateur m’avait une fois donné cette image qui m’a beaucoup aidée : « la conscience, c’est comme un étang boueux qu’on arrête pas de remuer et dont l’eau est trouble. La méditation consiste simplement à arrêter de remuer suffisamment longtemps pour que la boue retombe et qu’on puisse voire à travers ».

    Bref, sinon, à part les quelques mots que je trouvais mal adaptés, je plussoie la plupart de ce que vous dites : prendre conscience de ses émotions plutôt que les combattre/retenir aide vraiment à leur donner moins de pouvoir sur nous-même en même temps que cela permet aux émotions positives d’être plus nourrissantes.

    • Viciss Hackso
      10 septembre 2018
      Reply

      Merci beaucoup pour ton témoignage très intéressant <3

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