⬛ [F5] Anti-faible, agressif, intolérant et soumis : la personnalité autoritaire, potentiellement fasciste

Nous allons voir aujourd’hui la dernière échelle de ces études sur la personnalité autoritaire : l’échelle « F » pour Fascisme, c’est la dernière étape de psychologie sociale avant que nous voyions les entretiens et l’investigation clinique.

***

Avec les échelles précédentes, il s’agissait d’enquêter sur l’antisémitisme, l’ethnocentrisme et le conservatisme, voir leurs caractéristiques, l’ampleur du champ auquel les personnes adhéraient ou les rejetaient avec vigueur, les corrélations entre les échelles et les thèmes qui les déterminaient.

On a vu que la mécanique du préjugé, que ce soit contre les noirs, les juifs, les japonais était toujours la même et qu’un préjugé était rarement seul, qu’il y avait une mécanique généralisée de celui-ci : si un sujet avait des préjugés contre les juifs par exemple, on pouvait prédire avec justesse qu’il aurait des préjugés contre tout groupe pour lequel il ne sentirait pas d’appartenance. On a appris que ce préjugé était aussi déterminé par une vision allégeante et soumise à l’endogroupe, c’est-à-dire que le haut score valorisait son groupe sans pouvoir imaginer une critique à son égard (notamment via le pseudopatriotisme). Malgré tout, le haut score rejette des idées ouvertement fascistes et a un discours pseudodémocrate, c’est-à-dire qu’il invoque des idées démocratiques, par exemple le refus de l’attaque physique de l’exogroupe, mais vante des idées propres au fascisme en appelant à la ségrégation, à l’infériorisation de l’exogroupe, au rejet d’une partie de la population. Ce haut score a tendance à être conservateur, voire pseudoconservateur, c’est-à-dire qu’il a adopté des valeurs conservatrices rigides qu’il n’a pas examinées consciemment avec critique. Il a une vision binaire du monde, forts/faibles, dominants/soumis, bons/mauvais et il établit une hiérarchie des personnes, son groupe devant être dominant et fort, les autres devant être inférieurs, avec moins de droits et surtout rester à leur place (toute demande de droit pacifique est vécue comme un affront, une déclaration de guerre).

L’échelle F a été construite en fonction de toutes ces découvertes : elle a repris toutes ces tendances sous-jacentes liées à la mécanique du préjugé, à l’ethnocentrisme, à la rigidité des idées et les a exprimées via des items en quelque sorte « déconnectés » de la surface, déconnectés des minorités et d’un exogroupe particulier, déconnectés des opinions politiques, pour n’en garder que la mécanique.

Par exemple, les chercheurs ont découvert avec l’échelle d’antisémitisme et d’ethnocentrisme que le haut score s’oppose au juif parce que selon lui il « viole » les valeurs morales conventionnelles. Les chercheurs en ont donc déduit que les valeurs conventionnelles étaient chez lui « rigides », car un bas score pouvait également avoir des valeurs conventionnelles sans pour autant s’en faire une forteresse qu’il sentirait assiégée s’il venait à se présenter une valeur différente. Le bas score, lui accueillait la personne avec une valeur différente avec une curiosité bienveillante, voire enthousiaste, sans pour autant avoir peur pour ses valeurs qu’il ne sentait pas du tout menacées. Chez le haut score les valeurs sont figées, considérées comme les seules et uniques légitimes, les seules naturelles, les seules bonnes. Les autres sont inférieures, dangereuses, menaçantes.

Donc, un déterminant – parmi d’autres – du préjugé était une adhésion rigide aux valeurs conventionnelles et ce déterminant sera testé dans l’échelle F sans le relier à un groupe en particulier.

Déconnecter les items de groupes, de l’actualité, du contexte polico-économique permettait non seulement de tester la nature « généralisée » du préjugé, mais également que les sujets ne repèrent pas immédiatement que c’était une étude sur la discrimination (ce qu’ont tendance à rejeter immédiatement les personnes qui ont des préjugés, justement).

Cette généralisation déconnectée du contexte tant que possible permet d’entrer dans la structure psychique de l’individu et d’y voir des tendances psychologiques érigées en mode de fonctionnement qui génèrent presque à l’infini des préjugés, de l’agressivité, de la peur et qui, sont extrêmement perméables à l’idéologie et à la propagande fasciste ; c’est-à-dire une propagande basée sur les émotions, les pulsions, qui parle à l’inconscient, qui soulève la haine, la colère, etc. et qui écarte par là même toute réflexion posée, rationnelle, en subtilité… À notre époque, tous les partis sans exception, gauche, droite, extrême droite, extrême gauche, ont fait un jour usage de ce mode de propagande, encouragé/suscité notamment par les médias dans un but d’audimat.

Les objectifs de l’échelle F, dernière échelle de l’étude, la plus aboutie, la plus subtile et on le verra la plus fiable, sont donc :

  • Elle servait à mesurer les préjugés dans la population sans avoir l’air d’avoir ce but. L’échelle est nommée « enquête d’opinion » et les items ne sont pas centrés sur des groupes ou de la politique. C’était un point très important, car il y avait énormément de défiance de la part des personnes à préjugés quant à ce qu’on leur proposait (on verra qu’ils étaient en général souvent défiants vis-à-vis des sciences humaines, surtout la psychologie), ils n’avaient aucunement envie « d’aider » ces sciences (contrairement aux bas scores qui étaient généralement enthousiastes et curieux d’en voir plus) et étaient globalement méfiant de tout le protocole. Les chercheurs ont donc tout fait pour être le plus respectueux de leurs opinions et paroles pour les mettre en confort et leur faire accepter de répondre.
  • Elle servait à avoir une estimation valide du potentiel fascisme au cœur de la structure psychique du sujet. Les échelles précédentes montraient déjà que ces préjugés n’étaient pas qu’une somme d’opinions adoptées consciemment comme on adhère à un parti (la difficulté de corréler leurs préjugés à du conservatisme ou du libéralisme est d’ailleurs assez explicite à ce sujet), qu’il y avait derrière des systèmes de pensées, des mécaniques profondes. Ces mécaniques du haut-score s’étaient diffusées chez eux au jugement et à l’appréhension de toute chose ou personne qu’ils rencontraient dans leur vie, les poussant automatiquement dans des travers ethnocentriques. Certes, il était possible que des propagandes ne soient pas étrangères à ce « formatage », mais il est apparu que les hauts scores avaient besoin, psychologiquement parlant, de ces systèmes de pensées. Ils avaient besoin de ces idéologies pour appréhender le monde, pour gérer leurs peurs, pour « gérer » leurs désirs, etc.
  • Elle servait à poursuivre l’étude approfondie des hauts scores et bas scores de manière clinique. Si le deuxième objectif était atteint, que l’échelle F mesurait effectivement ce que les chercheurs voulaient qu’elle mesure, alors elle pourrait permettre de sélectionner des individus pour une étude encore plus profonde, avec des entretiens comme on en fait en psychologie clinique et des tests projectifs, qui permettrait de comprendre vraiment comment un haut score ou un bas score en était arrivé à penser ainsi sa vie et celles des autres.

Mais avant cela, l’échelle F, accompagnée souvent des autres échelles, a été soumise à 2099 sujets.


Attention !


Ceci est un message d’avertissement concernant cette échelle F et tout ce qui va suivre, parce que tout ceci peut être dérangeant et parce qu’à présent il va être de l’ordre du réflexe de rejeter les caractéristiques des hauts scores à soi, et de rejeter massivement le haut score, le considérer comme un malade, un détraqué, un « problème ».

Or, ceci est une attitude ethnocentrique.

Ceci est une mécanique du haut score.

Et clairement, on n’arrivera jamais à rien si cet ethnocentrisme prend le dessus dans notre mental, quand bien même il serait « justifié » par la lutte contre le fascisme/l’ethnocentrisme.
Le haut score n’est pas un monstre, n’est pas un débile, n’est pas un détraqué, il n’est pas intrinsèquement mal foutu. C’est l’environnement qui a fondé ses dispositions, il n’est pas né ainsi. Nous pouvons être ce haut score, personne n’est au-dessus de ça, et être militant pour des droits, pour l’égalité, la liberté, la fraternité, contre les discriminations, ne pas être d’extrême droite ne protège en rien d’être ethnocentrique, en rien d’avoir des caractéristiques de la personnalité autoritaire.

Et c’est là le défaut majeur de l’étude que nous voyons, elle se concentre sur le potentiel fascisme, donc la rigidité mentale et la violence qu’elle étudie est imbibées d’idées d’extrême droite ; or cette rigidité et cette violence, on la trouve sous d’autres formes dans tous les partis, dans toutes les idéologies, dans toutes les mentalités, et c’est sans doute une chose parmi d’autres qui concourt -entre autres- à maintenir comme légitime l’ethnocentrisme.

Il est donc important d’appréhender cette étude comme d’abord un miroir avant d’attribuer à son prochain un haut score potentiel : est-ce que je suis moi aussi rigide sur telle idée ? Est-ce que moi aussi j’ai une agressivité non consciente qui s’échappe hors de mon contrôle ? Est-ce que ces tendances, j’en ai conscience ? Quels sont mes préjugés ? D’où me viennent-ils ? À quoi ça me sert de haïr telle personne ? Quel plaisir je retire de me mettre en rogne contre tel groupe ? Est-ce que j’arrive à critiquer la pensée de mon groupe d’appartenance ? Est ce que j’arrive à être autonome de mon groupe de référence ?

Il ne s’agit pas de se fouetter mentalement, mais d’être au clair avec soi-même, d’être capable d’introspection, parce que sans cela on va voir le haut score comme un exogroupe à combattre et on va ainsi renforcer son système ethnocentrique parce qu’on va ainsi livrer des preuves, que oui, il a raison de penser ainsi, le monde étant une lutte.

Bref, s’il vous plaît, ne faites pas des études d’Adorno et ses collaborateurs une arme pour humilier, stigmatiser, rejeter, attaquer des hauts scores : il s’agit là de comprendre le haut score et, en toute fin, changer l’environnement (c’est-à-dire les contextes, les circonstances, les situations et les acteurs de ces espaces-temps, dont nous) en fonction de ce qui a été appris pour construire un monde moins inconscient et donc moins manipulable, un monde où l’on pourrait remettre à jour les capacités innées de collaboration, d’entraide et d’altruisme de l’humain et où l’intelligence pourra reprendre le contrôle contre la pulsion.

Attention, je ne dis pas que les minorités ou les cibles de discrimination n’ont pas le droit d’être en colère ou indignées de l’infériorisation ou la violence qu’elles subissent : oui, il est normal d’être à bout, oui il est nécessaire d’exprimer ses émotions, oui il est bon de ne pas refouler tout ça. Oui c’est parfaitement compréhensible qu’il y ait des pétages de plomb de toutes parts. Oui, évidemment qu’on est en droit d’avoir peur, d’être énervé, etc. Tout comme le haut score a le droit également d’exprimer ses émotions, d’ailleurs, quand bien même on ne les comprendrait pas.

Par contre, lorsqu’on a un but « activiste » ou « militant », un but de construction d’une société sans ethnocentrisme, il est important de ne pas être ethnocentrique dans ses actions activistes : parce que sinon, c’est non seulement incohérent, mais c’est valider la légitimité, la « vérité » du mode de pensée ethnocentrique.

Autrement dit, il me semble que le plus efficace ne soit pas d’être un guerrier luttant contre le groupe adverse, mais d’être un hacker, une personne qui comprend, puis bidouille et enfin détourne l’environnement ; les techniques de ruse, du « white hat trolling », les stratégies intelligentes positives plus globales, qui servent tout le monde, qui amusent tous, sont peut-être à favoriser. Bref, il faut penser non à modifier l’individu à haut score, mais à comment modifier l’environnement pour que l’expression ethnocentrique soit annulée pour tous, qu’elle devienne hors-sujet, qu’elle devienne aberrante, voire inexistante.

On reviendra sur le sujet à la toute fin, mais à notre époque, il me semble qu’il y a des environnements qui nous incitent à nous faire « guerriers » quand bien même nous étions avant non-ethnocentriques, des environnements qui de par leur limitation et leur fonctionnement nous « formatent » à être agressifs. Je vous laisse deviner ces environnements, car pour l’instant, l’heure n’est pas aux « que faire », il est temps de continuer l’étude.


L’échelle


Précédemment, je n’ai pas présenté les autres échelles « nues » parce qu’il me semblait qu’elles n’étaient pas testables sur des personnes francophones de 2017 : elles étaient trop liées au contexte américain des années 40/50, il n’y aurait pas eu de distinction haut-score/bas score, étant donné que les préjugés ne sont pas exprimables de la même manière aujourd’hui et n’ont pas les mêmes objets.

L’échelle F est moins contextualisée, donc je peux la livrer « nue » des résultats si vous souhaitez vous tester ; si l’anglais ne vous pose pas de problème la voici en ligne ici : http://www.anesi.com/fscale.htm

Sinon je l’ai mise sur ce fichier texte .odt :  Questionnaire ; il vous faudra absolument libreoffice ( https://fr.libreoffice.org/ ) pour que les formules mathématiques fonctionnent. Le fichier peut être lu par Word, mais ça n’a pas d’intérêt car les calculs ne peuvent pas y être faits.

Toutes les instructions sont au début du fichier, ce sont les mêmes qu’ont eu les sujets de la recherche.

Méthodologie

L’échelle a été passée à 2099 sujets de groupes divers que vous pourrez voir dans les tableaux de résultats, chacun testant des versions différentes (75, 60 et 40/45 celle d’au-dessus, la plus fiable). Il était également demandé au sujet :

  • de donner des informations formelles : leur date de naissance, leur religion, leur parti politique ;
  • de remplir une échelle d’antisémitisme + une échelle d’ethnocentrisme + une échelle CPE ; ou bien l’échelle d’ethnocentrisme incluant l’antisémitisme (Ea) + une échelle CPE
  • de remplir l’échelle F
  • de répondre à des questions projectives

Cela n’a pas été facile de soumettre ces questionnaires à tous les groupes. Les chercheurs s’adressaient d’abord au chef de groupe en expliquant qu’il s’agissait d’une enquête d’opinion publique. Pour les groupes libéraux (selon la définition donnée précédemment) pas de problème, il pouvait même expliquer sincèrement l’étude. Mais si les groupes conservateurs apprenaient que cela avait un lien avec l’étude des discriminations, ils laissaient tomber l’étude, ne répondaient pas aux courriers, etc. D’autres chefs de groupe encore s’inquiétaient de « réveiller l’eau qui dort » : selon eux la meilleure stratégie concernant ce problème « racial » consistait à ne pas provoquer de secousses, donc de ne pas en parler ou laisser s’exprimer les opinions potentiellement fascistes (la stratégie « don’t feed the troll » ne date pas d’hier).

Dans les groupes d’étudiants, c’était leurs professeurs qui se chargeaient de gérer les passations des échelles. Cela n’a pas été difficile de les convaincre, déjà à l’époque il était normal pour les étudiants – notamment de psycho – d’être sujet d’étude (c’est encore le cas aujourd’hui et cela a une grande valeur pédagogique d’être sujet avant d’être soi-même expérimentateur).

L’anonymat, la discrétion étaient promis à tous, à chaque étape de l’étude, les chercheurs ont pris toutes les précautions nécessaires pour le garantir et rassurer les sujets à ce propos.

Ensuite, les 25 % des scores les plus hauts et les 25 % des scores les plus bas ont été sélectionnés (les chercheurs les repéraient via leur date de naissance) et discrètement convié à poursuivre l’étude via des entretiens et tests.


Résultats


Voici ci-dessous toutes les moyennes de groupe. À coté de l’indication des formes de l’échelle F, j’ai indiqué la fiabilité interne de l’échelle testée ainsi que le DP (qui correspond je le rappelle à la moyenne des hauts scores moins la moyenne des bas scores). Le DP donne une bonne indication de la division des personnes sur un item et ce chiffre mesure également la bonne conception des items. Si le DP tombe sous 1, et bien cela veut dire qu’il y a consensus, donc que l’item n’est pas assez représentatif ni du haut score ni du bas score. J’ai également laissé la mesure de l’écart type qui est la racine carré de la variance, elle donne une indication sur la dispersion des données autour de la moyenne (plus elle est élevée, plus les scores varient dans le groupe) et c’est un chiffre important pour faire des calculs et tests statistiques supplémentaires si jamais c’est votre marotte 🙂

Groupe

Effectif

Moyenne

Écart type

Module 78 : (janvier à mai 1945) fiabilité .74 DP = 1,80

Étudiantes d’un cours d’art oratoire à l’université de Californie

140

3,94

0,71

Étudiants d’un cours d’art à l’université de Californie

52

3,72

0,57

Cours externe de psychologie à l’université de Californie (femmes adultes)

40

3,75

0,70

Femmes exerçant une profession libérale (enseignantes à l’école publique, travailleuses sociales, infirmières à l’hôpital public) de la zone de San Francisco

63

3,43

0,86

Total :

295

3,71

0,71

Module 60 (été 1945) fiabilité .87 DP = 2,15

Étudiantes de l’Université de l’Oregon

47

3,32

0,86

Étudiantes de l’Université de l’Oregon et de l’université de Californie

54

3,39

0,96

Étudiants de l’Université de l’Oregon et de l’université de Californie

57

3,82

0,93

Employés des cercles d’assistance de L’Oregon (Kiwanis, Lions, Rotary clubs)

68

3,74

0,81

Employés des cercles d’assistance de L’Oregon

60

3,25

0,71

Total :

286

3,50

0,85

Module 40 et 45 (de novembre 1945 à juin 1946) fiabilité .90 DP = 2,85

Cours de tests psychologiques de la section externe de l’université de Californie (femmes adultes)

59

3,62

0,99

Patients d’une clinique psychiatrique (femmes) ; clinique de l’université de Californie.

71

3,69

1,30

Patients d’une clinique psychiatrique (hommes) ; clinique de l’université de Californie.

50

3,82

1,01

Détenus de la prison d’État de Saint Quentin (hommes)

110

4,73

1,30

Alameda School pour officiers de la marine marchande (hommes)

343

4,06

0,77

Agence pour l’emploi des anciens combattants (hommes)

106

3,74

1,04

Femmes de la classe ouvrière ; california Labor school, United electrical workers union, Longshoremen and warehousemen’s Union (nouveaux membres)

53

3,86

1,67

Hommes de la classe ouvrière ; United electrical workers union, california Labor school, Longshoremen and warehousemen’s Union, United Seamen’s service

61

4,19

1,18

Femmes de la classe moyenne ; association parents/enseignants, california Labor school, membres d’une Église de banlieue, membre d’une église unitaire, Ligue des femmes électrices

154

3,62

1,26

Hommes de la classe moyenne : association parents/enseignants, membres d’une Église de banlieue, california Labor school

69

3,69

1,22

Employés des cercles d’assistances de la Californie : kiwanis club et rotary club

63

4,08

1,03

Étudiantes de l’université de Georges Washington

132

3,51

0,90

Hommes de Los Angeles (cours de l’université de Californie, organisations étudiantes, cours du soir pour adultes, parents d’étudiants, groupes d’auteurs de radio)

117

3,68

1,17

Femmes de Los Angeles (même groupe que précédemment)

130

3,49

1,13

Total :

1518

Total de tous les modules :

2099

On voit donc que, comme d’habitude, les personnes tournent autour d’un score assez moyen, score qui n’est pas très bavard en soi, donc il nous faudra regarder les moyennes par items pour avoir plus d’informations.

Cependant il y a néanmoins des groupes qui se démarquent par leur étonnant haut score (les détenus de St Quentin surtout, et quelques autres groupes d’hommes comme les ouvriers ou les élèves de la Maritime school) et des bas scores certes peu impressionnants, mais qui dans le détail regroupent plus de bas scores que la moyenne (les étudiantes de l’Oregon, les employés des cercles d’assistance et les femmes exerçant une profession libérale).


Les items


Regardons plus attentivement à présent les moyennes des scores par items. Ces chiffres sont très intéressants parce qu’ils nous donnent une photographie mentale de ce qui importait aux Américains en 1950 et ce qu’ils refusaient majoritairement. Voici les scores pour l’échelle 40/45 (qui est l’échelle la plus fiable et la plus testée), selon les hommes et les femmes (car ils n’ont pas les mêmes choix, pas les mêmes scores) :

Moyenne et DP par propositions module 40/45 :

items

Moy. Hom.

DP hom.

Moy fem.

DP fem.

1.ab L’obéissance et le respect de l’autorité sont les vertus les plus importantes que les enfants devraient apprendre.

5,41

2,70

4,67

3,91

2.f Aucune faiblesse ou difficulté ne peut nous retenir si nous avons suffisamment de force et de volonté.

5,16

2,48

4,94

2,67

4.be la science a sa place, mais il y a beaucoup de choses importantes qui ne pourront jamais être comprises par l’esprit humain.

4,20

2,55

4,32

2,89

6.g La nature humaine étant ce qu’elle est, il y aura toujours des guerres et des conflits.

4,69

2,32

4,26

2,98

8.be Chaque personne devrait avoir une foi absolue en quelque puissance surnaturelle et obéir à ses décisions sans les remettre en question.

3,47

3,19

3,43

3,92

9.d Quand une personne a un problème ou une préoccupation, il vaut mieux pour elle ne pas y penser, mais s’occuper à des choses plus agréables.

3,80

2,52

3,71

3,14

12.ac Une personne qui a des manières, des habitudes et une éducation mauvaise peut difficilement s’attendre à être appréciée et acceptée par les personnes décentes.

5,22

1,77

4,80

2,60

13.cf La jeunesse a surtout besoin d’une discipline stricte, d’une détermination inflexible et d’une volonté de travailler et de se battre pour la famille et la patrie.

4,59

3,60

4,03

4,03

16.e Certaines personnes naissent avec l’impulsion de se jeter dans le vide depuis des endroits élevés.

3,75

2,54

3,25

2,47

18. h De nos jours, avec tellement de gens différents qui se déplacent et se mélangent librement, il faut faire particulièrement attention à se protéger contre les infections et les maladies.

4,53

2,82

4,13

3,52

19.cf Une insulte à notre honneur devrait toujours être punie.

3,50

2,74

3,11

3,12

21.b Les jeunes ont parfois des idées rebelles, mais en devenant adultes ils devraient s’en libérer et se poser.

4,71

3,04

4,14

3,72

22.Il vaut mieux faire appel à une autorité de la période d’avant-guerre en Allemagne afin de maintenir l’ordre et de prévenir le chaos.

4,26

1,98

3,74

2,40

23.bf Ce dont ce pays à besoin, plus que de lois et de programmes politiques, c’est de quelques meneurs courageux, actifs et dévoués en lesquels les personnes peuvent placer leur confiance.

5,18

2,32

4,84

2,87

25.ci Les crimes sexuels, comme le viol et les agressions des enfants, méritent plus que le simple emprisonnement ; de tels criminels devraient être fouettés publiquement.

4,54

3,68

4,29

4,32

26.ef On peut diviser les gens entre deux catégories : les faibles et les forts.

3,05

2,94

2,48

3,39

27.c Il n’y a rien de plus bas qu’une personne qui ne ressent pas une grande affection, un grand respect et de la gratitude envers ses parents.

4,09

3,76

3,21

3,66

27.e Un jour ou l’autre, on verra que l’astrologie peut expliquer bien des choses.

3,31

2,79

3,16

3,33

28. cg L’Amérique s’éloigne tellement du véritable mode de vie américain qu’il faudra peut être faire appel à la force pour le rétablir.

2,92

2,54

2,47

2,73

31.dh De nos jours, il y a de plus en plus de gens qui se mêlent de sujets qui devraient rester personnels et privés.

4,34

2,98

3,66

3,02

33.eh Il est possible que les guerres et les troubles sociaux s’achèvent une fois pour toutes par un tremblement de terre ou un déluge qui détruira le monde entier.

2,58

1,76

2,59

2,19

34.c La plupart de nos problèmes sociaux seraient résolus si nous pouvions d’une quelconque manière nous débarrasser des personnes immorales, malhonnêtes et faibles d’esprit.

3,38

2,90

3,16

2,85

35.hi La vie sexuelle déchaînée des anciens Grecs et Romain n’est rien comparée à certaines choses se déroulant dans notre pays, même dans des milieux ou l’on s’y attend le moins.

4,04

2,48

3,60

2,93

37.acdsi les gens parlaient moins et travaillaient plus, tout le monde irait mieux.

4,88

2,84

4,59

3,10

38.fh La plupart des gens ne se rendent pas compte à quel point nos vies sont contrôlées par les complots ourdis en des endroits secrets.

4,32

1,97

3,99

2,54

39.ci Les homosexuels ne valent pas mieux que les criminels et devraient être sévèrement punis.

3,10

3,25

2,67

3,36

41.ad L’homme d’affaires et l’industriel sont bien plus importants pour la société que l’artiste et le professeur.

2,36

1,58

1,88

1,88

42.b Aucune personne saine, normale, décente ne pourrait jamais penser à faire du mal à un proche ami ou à un parent.

4,42

3,13

3,85

3,18

43.g La familiarité engendre le mépris.

3,56

2,20

3,20

2,90

44.b Personne n’a jamais rien appris de réellement important sans souffrir.

2,54

1,70

2,47

2,29

4

2,64

3,63

3,08

Les scores sont globalement plus haut chez les hommes, mais les items qui séduisent les hauts scores sont généralement les mêmes chez les femmes ; l’inverse est également assez vrai. Les DP sont globalement très importants chez les femmes, ce qui laisse à penser, si on considère en plus les moyennes, qu’il y a en leur sein des bas scores plus « extrêmes » qui tirent les scores vers le bas et augmentent au passage le DP. Cependant il y a quand même un DP important chez les hommes, donc il y a aussi une division notable entre bas score et haut score. Le DP nous indique globalement que les items sont bien conçus, il n’y a pas ce « flou » qu’on pouvait trouver dans l’échelle CPE, les personnes se positionnent nettement, semblent avoir des opinions fermes, que ce soit vers le haut ou le bas.


Corrélations


Si l’échelle F ne mesurait rien de commun avec l’ethnocentrisme ou l’antisémitisme, pourrait-on encore dire qu’elle mesure bien la personnalité autoritaire, le potentiel fasciste ?

Les corrélations avec les autres échelles sont ici clairement déterminantes : imaginons une personne qui a un très bas score en ethnocentrisme et un très bas score en antisémitisme, donc qu’elle est anti-préjugés : si elle avait par contre un haut score en F, se serait particulièrement étonnant. Et si c’était le cas de tous les sujets, même avec des profils inverses (haut score en AS, haut score en E, mais pas en F), on aurait toute légitimité pour dire que l’échelle ne mesure pas du tout une personne potentiellement fasciste, mais carrément autre chose, totalement hors sujet de l’étude.

Les échelles d’antisémitisme et d’ethnocentrisme vont ici révéler toute leur utilité en validant ou non l’hypothèse des chercheurs sur la personnalité autoritaire, d’où l’importance fondamentale de ces corrélations.

Je vous épargne un tableau de plus et on va résumer rapidement : l’échelle AS n’a été testée que pour les groupes soumis au module 78 (donc 295) ; les corrélations avec l’échelle F vont de .49 à .57, ce qui n’est pas énorme, mais les groupes testés ont globalement aussi des scores en F assez bas comparé à la moyenne.

L’échelle Ea, qui mesurait l’ethnocentrisme et qui avait inclu l’antisémitisme dans ses items corrèle de 0,56 à 0,87 et globalement, on a une moyenne de corrélation entre F et Ea de .73 pour le module 40/45, il y a donc corrélation, on peut prédire qu’un individu ethnocentrique aura aussi un haut score sur l’échelle F.

L’échelle CPE, comme on avait dit la dernière fois, peine encore une fois ; les corrélations vont entre .22 et .72, mais la moyenne de corrélation pour le module 40/45 est de .52 ce qui certes, reste une corrélation, mais dont les prédictions sont beaucoup plus hasardeuses. Il est possible qu’un conservateur tende à avoir un haut score en échelle F, mais ce n’est pas sûr.

Ces corrélations suffisent à valider le lien entre préjugés et l’échelle F, notamment la très bonne corrélation avec l’échelle d’ethnocentrisme : on mesure bien un potentiel fasciste, les variables en F s’acoquinent bien avec les préjugés et le patriotisme des ethnocentriques.


Mais ces variables, quelles sont-elles ?


Vous pouvez reprendre votre feuille de score on va maintenant analyser les modalités de la personnalité autoritaire. Dans les totaux, il y a des scores pour chaque lettre (a, b, c etc.), ces lettres correspondent aux catégories (=les variables mesurées) qu’on va expliquer à présent.

Chaque item mesurait donc une variable, c’est-à-dire un aspect de la structure mentale de la personnalité autoritaire, potentiellement fasciste. Il y a en avait neuf, et ensemble elles forment une sorte de « bingo » de la personnalité autoritaire. Une variable élevée ne signifie pas qu’on est potentiellement fasciste, il faut que la moyenne totale soit élevée, et des scores élevés dans certaines catégories sont plus signifiants que d’autres (dans les échelles où il y a le plus d’items).

Voici les différentes catégories :

A. Conventionnalisme (quatre items) : c’est l’adhésion rigide à des valeurs conventionnelles de la classe moyenne. Par exemple « l’obéissance et le respect de l’autorité sont les vertus les plus importantes que les enfants devraient apprendre ».

B. Soumission à l’autorité (sept items) : c’est une attitude de soumission acritique envers les autorités morales idéalisées de l’endogroupe. Autrement dit, la personne adhère aux autorités de son groupe sans jamais les remettre en question, en douter, ou les questionner. On pourrait parler d’allégeance comme nous l’avons étudié ici. C’est par exemple : « ce dont ce pays à besoin, plus que de lois et de programmes politiques, c’est de quelques meneurs courageux, actifs et dévoués en lesquels les personnes peuvent placer leur confiance. »

C. Agressivité autoritaire (neuf items) : tendance à surveiller, condamner, refuser et punir ceux qui violent les valeurs conventionnelles. C’est par exemple « une insulte à notre honneur devrait être toujours punie ».

D. Anti-intraception (quatre items) : c’est une opposition à l’égard des personnes imaginatives, sensibles, tendres, portées sur l’introspection ou la discussion sur les émotions, sentiments, etc. par exemple. La personne s’oppose même à l’introspection et le regard interne « quand une personne a un problème ou une préoccupation, il vaut mieux pour elle ne pas y penser, mais s’occuper à des choses plus agréables ». Par extension, cela peut apparaître comme un rejet des sciences humaines parce qu’elle porte un regard sur « l’intérieur » des individus d’une façon ou d’une autre.

E. Superstition et stéréotypie (six items). La superstition c’est la croyance en des déterminants mystiques du destin de l’individu ; la stéréotypie – en psychologie sociale (la définition diffère en psychiatrie) – c’est la disposition de l’individu à penser en catégorie, à d’abord en référer aux stéréotypes pour penser le monde.

F. Pouvoir et dureté (sept items). C’est se préoccuper énormément de la dimension domination/soumission, fort/faible, meneur/suiveur. La personne s’identifie aux figures de pouvoir, affirme exagérément la question de la force et de la dureté. La personne donne une importance excessive aux attributs de son « moi ». Par exemple « 13.cf la jeunesse a surtout besoin d’une discipline stricte, d’une détermination inflexible et d’une volonté de travailler et de se battre pour la famille et la patrie. »

G. destructivité et cynisme (quatre items) : C’est une hostilité générale qui vilipende le genre humain ; en quelque sorte une misanthropie. Par exemple « 6.g la nature humaine étant ce qu’elle est, il y aura toujours des guerres et des conflits. »

H. Projectivité (cinq items) : C’est la disposition à croire que des événements violents et dangereux se produisent dans le monde ; cela indique une projection externe d’impulsions émotionnelles inconscientes. Pour le dire autrement, c’est une forme de syndrome de grand méchant monde, mais ici conséquence d’un conflit mental interne, où la personne ne s’attribue pas ou n’assume pas consciemment ses pulsions agressives, ses pulsions sexuelles ou sa peur (notamment à cause du rejet de l’introspection), et donc les projettent sur le monde. Par exemple : « 35.hi la vie sexuelle déchaînée des anciens Grecs et Romain n’est rien comparée à certaines choses se déroulant dans notre pays, même dans des milieux ou l’on s’y attend le moins. » La personne projette son bouillonnement sexuel non assumé sur le monde qu’elle imagine dépravé.

I. Sexe (trois items) : il s’agit de préoccupation exagérée concernant les contacts sexuels. Par exemple : « 39.ci les homosexuels ne valent pas mieux que les criminels et devraient être sévèrement punis. »

 

Pour bien comprendre ces catégories, on va se baser sur les résultats de nos chers Mack et Larry. C’est l’échelle 78, une version antérieure à celle 40/45 ; vous pourrez voir les items qui ont été supprimés faute d’efficacité d’ailleurs. Par souci d’allégement du tableau, je n’ai mis qu’une fois les items, quand ils sont répétés dans d’autres catégories j’ai juste mis quelques mots en parenthèse pour se rappeler de leur contenu ; entre chaque catégorie j’ai ajouté quelques explications et interprétations complémentaires basées sur les propos d’Adorno pour comprendre comment ces catégories s’entremêlent et forment ensemble la personnalité autoritaire.

Items : A. Conventionnalisme

Mack

Larry

Moy gr.

DP gr.

12. L’église moderne, avec ses nombreuses règles et hypocrisies, n’a aucun pouvoir d’attraction sur les personnes profondément religieuses ; elle attire surtout les personnes infantiles, dépourvues d’assurance et de sens critique.

5

7

4,67

0,19

19. On devrait éviter d’accomplir en public des actes qui semblent incorrects aux autres, même si nous savons qu’il n’y a rien de mal.

2

1

3,63

0,76

38. Dans les universités, on donne trop d’importance aux arguments intellectuels et théoriques, et pas assez d’importance aux questions pratiques et aux simples vertus de la vie.

5

2

3,91

1,20

55. Même si le repos est une chose appréciable, c’est le dur labeur qui rend la vie intéressante et digne d’être vécue.

7

6

5,20

2,11

58. Ce que fait un homme n’est pas tellement important, du moment qu’il le fait bien.

6

1

3,48

1,70

60. Lesquelles, parmi les qualités suivantes, sont les plus importantes pour une personne ? Citez les trois plus importantes : — artistique et sensuel ; — populaire, bon caractère ; — énergie, détermination, force de volonté ; — comportement social ouvert et humanitaire ; — élégance et bonnes manières ; — sensibilité et compréhension ; — efficacité, sens pratique, parcimonie ; — intellectuel et sérieux ; — expressivité émotive, chaleur humaine, intimité ; — gentillesse et charité

5

5

4,17

1,60

Moyennes en conventionnalisme :

5

3,66

4,18

1,26

À noter que le seul conventionnalisme n’est pas nécessairement connecté à la personnalité autoritaire : certes, l’étude (notamment dans les entretiens) rapporte que les personnes non conventionnelles ne font pas preuve de préjugés, mais le conventionnalisme ne prédit pas chez un individu forcément des préjugés. La différence, c’est que certains adoptent des conventions selon une réflexion individuelle, personnelle, et sont tolérants avec ceux qui ont des conventions autres ; ceux-là n’ont pas de préjugés. Mais certains sont conventionnalistes à cause d’une pression sociale extérieure non questionnée, et obéissent à cet agent extérieur (que ce soit le groupe, les parents, etc.) même si celui-ci le fait passer d’un modèle à un autre parfaitement différent. Les chercheurs ont donc construit ces items pour que la dimension « soumission à l’autorité » s’y accole et lors des résultats ils étaient attentifs à la façon dont les catégories étaient corrélées : par exemple s’il y avait conventionnalisme + pouvoir et dureté, on pouvait s’attendre à ce que le sujet ait une forte inclination à punir de façon rigide et intransigeante ceux qu’ils estimaient violer les valeurs conventionnelles.

Items : B.Soumission à l’autorité

Mack

Larry

Moy gr

DP

20. L’une des valeurs principales de l’éducation progressive tient à ce qu’elle donne à l’enfant une grande liberté d’exprimer ses impulsions et ses désirs naturels si souvent désapprouvés par la société conventionnelle de la classe moyenne.

3

1

3,28

1,07

32. Pour apprendre ou travailler de façon efficace, il est essentiel que nos enseignants ou nos chefs expliquent en détail et exactement ce qu’il faut faire et comment le faire.

7

6

3,61

1,67

23. Il est fort méprisable, l’individu qui n’éprouve pas un amour, une gratitude et un respect éternels pour ses parents.

6

7

3,62

2,61

39. Chaque individu devrait avoir une foi profonde en une force supranaturelle supérieure à lui, à laquelle il voue une obéissance totale et dont il ne remet pas en cause les décisions.

1

1

3,97

2,54

43. Les sciences comme la chimie, la physique et la médecine ont beaucoup fait progresser l’humanité, mais il demeure des choses très importantes qui ne pourront jamais être comprises par l’esprit humain.

1

2

4,35

2,79

50. L’obéissance et le respect de l’autorité sont les vertus les plus importantes que les enfants devraient apprendre.

6

2

3,72

3,09

74. Ce pays a besoin de moins de lois et d’organismes, et il lui faut davantage de meneurs courageux, actifs et dévoués en lesquels les gens peuvent placer leur confiance.

2

1

5

1,66

77. Aucune personne sainte, normale et décente ne pourrait jamais penser à faire du mal à un proche ami ou à un parent.

6

5

4,12

2,12

Moyennes en soumission à l’autorité :

4

3,13

3,96

2,19

Précédemment un internaute avait soulevé l’apparent paradoxe à être autoritaire et soumis à la fois ; peut être que pour éclairer ceci il faut préciser c’est qu’évidemment les hauts scores n’expriment pas leur soumission, mais elle est une valeur telle « un enfant doit obéir » ou encore « on ne doit pas critiquer ses parents ». Être autoritaire c’est accepter et vanter un système autoritaire avec sa hiérarchie, ses dominants et ses dominés. La soumission à l’autorité est un prérequis à ce système et elle est également directement liée à l’ethnocentrisme :

être ethnocentrique, c’est être allégeant à l’endogroupe, ne pas voir ses défauts, ses fautes, ses implications dans les problèmes, ne pas le remettre en question, etc. Autrement dit, il s’agit là de se soumettre à l’endogroupe en fermant toute critique à son égard, en se posant des œillères pour ne voir que les qualités et la perfection.

C’est pourquoi – et c’est là juste une hypothèse de ma part – qu’il y a aussi peu de division dans les groupes fascistes, c’est parce que leur ethnocentrisme les rend acritique et qu’ils se soumettent à l’autorité : ce n’est en rien de la solidarité authentique, c’est signe d’allégeance et de soumission.

Items : C. Agressivité autoritaire

Mack

Larry

Moy gr

DP

6. il est naturel et juste que les femmes soient si restreintes à l’intérieur de certaines limites par rapport auxquelles les hommes ont davantage de liberté.

2

1

2

1,75

23. (amour éternel)

6

7

3,62

2,61

31. L’homosexualité est une forme particulièrement dépravée de délinquance et devrait être sévèrement punie.

6

6

3,22

2,16

47. aucune insulte à notre honneur ne devrait jamais demeurer impunie.

5

2

3

2,09

75. les crimes sexuels, tels que le viol et les agressions contre les enfants, méritent plus que la prison ; de tels criminels devraient être publiquement fouettés.

6

1

3,26

2,81

Moyennes d’agressivité autoritaire :

5,00

3,40

3,21

2,28

Que l’agressivité soit liée à l’autorité est assez logique, mais il est intéressant de se demander pourquoi. La soumission à l’endogroupe – prenons par exemple les parents – est coûteuse : cela génère des frustrations, cela fait « ravaler sa colère » mais pour autant elle ne disparaît pas. Il a besoin de se « défouler », alors tous ces sentiments négatifs ravalés vont sur l’exogroupe.

De même pour les conventions : les suivre avec rigidité ne peut qu’être source de frustrations, surtout à cette époque.

On pourrait penser à un phénomène du « bouc émissaire » qui est :

« Selon cette conception [du bouc émissaire], l’agressivité d’un individu est suscitée par la frustration, généralement de ses besoins économiques ; puis, étant incapable du fait d’une confusion intellectuelle de distinguer les causes réelles de ses difficultés, il déchaîne sa fureur contre le premier objet venu, qui n’a pas trop de chance de lui rendre les coups »

La personnalité autoritaire, Adorno, 1950

La différence est donc que :

« L’individu autoritaire doit, en raison d’une nécessité interne, retourner son agressivité contre les groupes externes. Il doit le faire parce qu’il est psychologiquement incapable de s’attaquer aux autorités du groupe interne, plutôt qu’en raison de la confusion intellectuelle qui concerne l’origine de sa frustration. »

La personnalité autoritaire, Adorno, 1950

Cette théorie se vérifie lorsqu’il y a une corrélation entre soumission et agressivité. C’est le cas par Mack, mais il n’y a pas que ça, sa moyenne d’agressivité étant particulièrement très haute.

Une dernière hypothèse est qu’il s’agit peut être là d’un moyen de contenir des tendances, envies, désirs, en les accusant chez autrui : par exemple l’agressivité contre les homosexuels dans l’item 31, c’est une façon de réprimer toute idée homosexuelle chez soi. Pour bien représenter ce que cela représente dans le psychisme, cette projection cela ferait comme « Je considère que l’homosexualité est une forme particulièrement dépravée de délinquance et devrait être sévèrement punie, car j’ai besoin de censurer en moi toute idée d’homosexualité, car le désir est tellement fort qu’un jour j’aurais du mal à le contenir, donc il faut que l’état intervienne pour punir cette sexualité ».

Cette question de la tendance à avoir des mécanismes de projection sera vue plus bas.

Items : D. Anti-intraception

Mack

Larry

Moy gr

DP

28. Les romans ou les nouvelles qui décrivent ce que les gens pensent et ressentent sont plus intéressants que ceux qui contiennent surtout de l’action, des histoires d’amour et des aventures.

5

1

3,02

1,29

38. (université, pas assez pratique)

5

2

3,91

1,20

53. certains sujets sont si intimes ou personnels qu’on ne peut même pas en parler avec ses amis les plus proches.

3

5

4,82

1,99

55. (c’est le dur labeur qui fait la vie digne)

7

6

5,20

2,11

58. (pas important ce que fait l’homme.. )

6

1

3,48

1,70

66. Les livres et les films ne devraient pas tant décrire les aspects les plus sordides et bas de la vie ; ils devraient se concentrer sur des thèmes divertissants ou plus nobles.

6

2

4,10

2,48

Moyennes d’anti-intraception :

5,33

2,83

4,09

1,80

C’est un point lié à la faiblesse du moi (= son identité, son « je ») assez marquante chez la personnalité autoritaire (son identité est est très construite par l’extérieur, c’est a les conventions, les normes, les stéréotypes, ce qui laisse peu de place à une subjectivité à soi) qu’on verra plus clairement dans la partie entretien clinique. En cela il rejette tout ce qui est lié à la subjectivité : l’art, les discussions sur les sentiments personnels, les sciences humaines, l’introspection, bref tout ce qui est à trait à « l’interne ».

« L’individu extrêmement anti-intraceptif a peur de penser au phénomène humain parce qu’il pourrait, pour ainsi dire, avoir de mauvaises pensées ; il a peur des sentiments authentiques parce que ses émotions pourraient échapper à son contrôle. Privé de contact avec de larges zones de sa propre vie intérieure, il a peur de ce qui pourrait être révélé à lui, ou les autres, le scrutaient de plus prés. Par conséquent il est contre “l’indiscrétion”, contre le fait de s’intéresser à ce que les gens pensent et ressentent, contre les “bavardages” inutiles ; à la place, il est toujours occupé, il se consacre à des occupations pratiques, et au lieu d’examiner un conflit intérieur, il tourne ses pensées vers un sujet divertissant »

La personnalité autoritaire, Adorno, 1950

Items : E. Superstition

Mack

Larry

Moy gr

DP

2. même si beaucoup de gens en rient, il se peut bien qu’un jour l’astrologie explique beaucoup de choses.

5

6

2,60

1,74

10. le tremblement de terre qui a eu lieu au Japon le jour de Pearl Harbor, le 7 décembre 1944, est plus qu’une remarquable coïncidence.

1

1

2,22

2,20

39. Chaque individu devrait avoir une foi profonde en une force supranaturelle supérieure à lui, à laquelle il voue une obéissance totale et dont il ne remet pas en cause les décisions.

1

1

3,97

2,54

43. (sciences n’expliqueront pas tout)

1

2

4,35

2,79

65. il est tout à fait possible que cette série de guerres et de conflits ne s’achève une fois pour toutes que par un tremblement de terre, un déluge ou toute autre catastrophe qui détruira le monde.

1

1

2,58

1,55

Moyennes en superstitions :

1,80

2,20

3,78

1,70

La catégorie superstition est liée dans l’échelle 78 à la stéréotypie également. Adorno y voit une commune tendance à simplifier les événements à une explication globale simpliste. Ces items seraient aussi liés à la faiblesse du moi :

« La superstition indique une tendance à déplacer la responsabilité de l’intérieur de l’individu sur des forces extérieures échappant à son contrôle ; elle indique que le moi s’est peut-être déjà “rendu”, autrement dit a renoncé à l’idée qu’il peut déterminer le destin de l’individu en surmontant les forces extérieures »

La personnalité autoritaire, Adorno, 1950

Adorno ajoute qu’effectivement l’individu dans la société moderne a perdu en capacité de déterminer ce qui lui arrive (à cause de la complexité croissante, de l’organisation du travail…), c’est pour cela qu’ils ont associé les items qu’on pourrait dire « d’externalité » à des événements fantastiques et irréalistes.

Items : F. pouvoir et dureté

Mack

Larry

Moy gr

DP

9. trop de gens de nos jours vivent de manière contraire à la nature et avec mollesse ; nous devrions retourner aux fondamentaux, à un mode de vie plus énergique et actif.

1

2

3,99

2,04

35. certaines activités sont si évidemment anti-américaines que, lorsque les responsables officiels ne prennent pas les mesures adaptées, le citoyen vigilant devrait prendre lui même l’initiative de la loi.

1

1

2,22

2,20

70. nos vies sont gouvernées plus que les gens ne s’en rendent compte par des complots tramés en secret par les hommes politiques.

7

2

3,27

1,65

74 (meneurs courageux)

2

1

5,00

1,66

Moyennes en pouvoir et dureté :

3,20

1,60

3,55

1,77

Là encore, cette catégorie est en lien avec la faiblesse du mot : quelqu’un qui se sent en sécurité mentale, dont l’identité a pu se développer, avec une estime de soi équilibrée et une connaissance de soi suffisante, qui peut être conscient, ne quête pas la dureté. Le pouvoir, dans sa représentation dureté, c’est être en quête d’une armure, car on se sent faible face à l’adversité, que le soi ne suffit pas à affronter le monde.

Adorno parle d’un complexe du pouvoir :

« La plus évidente parmi ses manifestations [au complexe du pouvoir] est l’importance excessive attribuée au motif du pouvoir dans les relations humaines en termes de catégorie faible/fort, dominant-soumis, meneur-suiveur, “marteau-enclume”. Et il est difficile de dire avec lequel de ces rôles le sujet s’identifie le plus pleinement. Il semble qu’il veuille acquérir du pouvoir, et ne pas le perdre, et qu’en même temps il ait peur de s’en emparer et de le conserver. Il semble qu’il admire également le pouvoir chez les autres, qu’il ait tendance à s’y soumettre – et qu’en même temps il ait peur de la faiblesse que ce comportement dénote. »

La personnalité autoritaire, Adorno, 1950

Il rajoute que certains espèrent qu’en se soumettant au pouvoir, il pourra y participer.

C’est également très fortement en lien avec l’ethnocentrisme :

« Un individu qui pense à la majeure partie des relations humaines en des termes tels que forts contre faibles à des chances d’appliquer ces catégories aux rapports entre endogroupe et exogroupe, concevant par exemple des “races inférieures” et des “races supérieures”. Et l’un des expédients psychologiques les moins coûteux pour avoir un sentiment de supériorité consiste à se proclamer sur la base de l’appartenance à une “race” particulière. »

La personnalité autoritaire, Adorno, 1950

Items : G.Destructivité et cynisme

Mack

Larry

Moy gr

DP

3. l’Amérique s’éloigne tellement du véritable mode de vie américain qu’il faudra peut-être faire appel à la force pour la rétablir

3

5

3,04

1,98

9. (mode de vie énergique)

1

2

3,99

2,04

14. après que nous aurons liquidé les Allemands et les Japonais, nous devrions nous concentrer sur les autres ennemis de la race humaine tels que les rats, les serpents et les germes.

6

5

4,44

1,60

17. la familiarité engendre le mépris.

3

1

3,33

1,86

24. De nos jours tout est instable ; nous devrions nous préparer à une période de mutations, conflits et agitation permanents.

5

5

5,01

0,79

30. les comptes rendus des atrocités en Europe ont été très exagérés à des fins de propagande.

6

5

4,20

0,43

35. (prendre soi-même l’initiative de la loi)

1

1

2,50

1,42

42. quels que soient leurs comportements superficiels, les hommes s’intéressent aux femmes pour une seule raison.

1

1

2,06

1,05

56. après la guerre, on peut s’attendre à une vague de crimes ; le contrôle des gangsters et des voyous deviendra un problème social crucial.

5

5

4,60

1,16

59. la nature humaine étant ce qu’elle est, il y aura toujours des guerres et des conflits.

7

1

4,26

2,59

67. à bien y regarder, cela fait partie de la nature humaine de ne jamais rien entreprendre sans considérer son propre profit.

7

3

3,71

2,21

Moyenne en destructivité et cynisme :

4,09

3,09

3,74

1,56

Ici c’est une autre forme d’agressivité que celle testée précédemment : ici tout est rationalisé, mais c’est le même mécanisme que décrit dans la catégorie agressivité : les pulsions sont lâchées, excepté qu’ici ce n’est pas lié aux conventions, mais la nature humaine qui est accusée.

Il semble – et ce n’est vraiment qu’une supposition de ma part – que cette catégorie puisse être assez présente chez de très bas scores sans préjugés à notre époque.

Items : F. Projectivité

Mack

Larry

Moy gr

DP

46. Les orgies sexuelles des anciens Grecs et Romains sont des divertissements enfantins comparés à certaines choses qui se déroulent de nos jours dans nos pays, y compris dans des cercles où l’on s’y attendrait le moins.

5

2

3,64

2,11

56. (vague de crime)

5

5

4,60

1,16

65. il est tout à fait possible que cette série de guerres et de conflits ne s’achève une fois pour toutes que par un tremblement de terre, un déluge ou toute autre catastrophe qui détruira le monde.

1

1

2,58

1,55

70 (complots)

7

2

3,27

1,65

73. de nos jours, avec des gens si différents qui se déplacent tellement et se mélangent si librement, il faut être particulièrement attentif à se protéger contre les infections et les maladies.

2

1

4,79

4,79

Moyennes de projectivité :

4,60

2,20

3,78

3,78

Le mécanisme de projection est très présent chez les hauts scores, on le voyait déjà dans la première échelle : il accusait les juifs d’intentions ou de comportements qu’il réprouve chez lui, ou qu’il ne veut pas inspecter avec sa conscience (certaines pulsions sexuelles par exemples)

« il nous a semblé que plus est grande la préoccupation d’un sujet à l’égard des “forces du mal” dans le monde, telle qu’elle se révèle à travers sa disposition à penser et à croire à l’existence de phénomènes comme les excès érotiques, les complots et les conspirations, et le danger découlant des catastrophes naturelles, plus seront grands ses propres désirs inconscients à la fois de sexualité et de destructivité »

La personnalité autoritaire, Adorno, 1950

Items : I. Sexe

Mack

Larry

Moy gr

DP

31. L’homosexualité est une forme particulièrement dépravée de délinquance et devrait être sévèrement punie.

6

6

3,22

2,16

42. Quels que soient leurs comportements superficiels, les hommes s’intéressent aux femmes pour une seule raison.

1

1

2,06

1,05

46. (orgies sexuelles grecques)

5

2

3,64

2,11

75. les crimes sexuels, tels que le viol et les agressions contre les enfants, méritent plus que la prison ; de tels criminels devraient être publiquement fouettés.

6

1

3,26

2,81

Moyennes en sexe :

4,50

2,50

3,05

2,03

Cette catégorie est en lien avec la projection et l’agressivité ; cette préoccupation exagérée autour de la punition de certains comportements sexuels et la hauteur de la punition peut être lié à la soumission à l’autorité de l’endogroupe mais pas que :

« elle suggère [cette tendance] également que les propres désirs sexuels du sujet sont réprimés et risquent d’échapper à son contrôle. Une disposition à croire aux “orgies sexuelles” peut indiquer une tendance générale à déformer la réalité à travers la projection, mais le contenu sexuel serait difficilement projeté si le sujet n’avait pas des impulsions du même genre qui sont inconscientes et fortement actives »

La personnalité autoritaire, Adorno, 1950

Mack

Larry

Moy Gr

DP Gr

Moyennes générales

4,31

2,95

3,70

1,80

Comme d’habitude Mack est un haut score et Larry un bas score, cependant ils sont loin d’être extrêmes : Larry a des items étonnamment hauts et Mack assez ouvert sur certains points (le travail des femmes par exemple, comme on l’avait dit c’est sûrement dû à la condition de sa conjointe professeure). Ils sont tous deux peu superstitieux.

Le point le plus saillant de Mack en comparaison des moyennes de groupe est son agressivité autoritaire, puis on trouve son anti-intraception, sa soumission à l’autorité et son conventionnalisme : il remplit totalement ce profil F, il y a sans l’ombre d’un doute une personnalité autoritaire donc un potentiel à l’adhésion au fascisme, sachant qu’il avait également un haut score d’ethnocentrisme, d’antisémitisme et de conservatisme.

Mais Larry semble également en conflit mental avec certaines questions : son rejet si violent de l’homosexualité est parfaitement incohérente avec le reste de sa pensée, qui n’est pas agressive ; sans doute refoule-t-il des pulsions à ce sujet, selon les dires des chercheurs ; il est aussi globalement attaché aux valeurs conventionnelles, mais elles ne sont pas « rigides », il est ouvert à des idées modernes, ce qui indique sans doute qu’il a pensé les valeurs conventionnelles avant de les adopter. Son contexte familial explique peut-être aussi cette adhésion au conventionnalisme : il a eu un père autoritaire, mais une mère qui pour ainsi dire « rattrapé le coup » par son amour, contrairement à Mack qui est resté seul dès ses six ans avec un père froid, rigide et autoritaire. Donc Larry serait tiraillé entre les valeurs conventionnelles rigides (donc le rejet de l’homosexualité) sans doute acquises via son père et l’ouverture d’esprit de sa mère.


Résumons ce long voyage vers la caractérisation de la personnalité autoritaire


Qui est-elle, cette personnalité autoritaire ? Voici un petit listing de toutes les caractéristiques de la personnalité autoritaire trouvées dans toutes les échelles, que ce soit AS, CPE, E ou F. N’oublions pas qu’un haut score ou un bas score ne sont pas deux groupes complètement opposés qui chacun aurait leurs sommes de caractéristiques identiques. Tous les hauts scores ne sont pas pareils, on trouve des personnalités autoritaires qui ne sont pas très ethnocentriques, un ethnocentrique peu autoritaire, des personnes à très forts préjugés qui ne sont pas conservatrices, etc. Autrement, ce listing n’est pas un « bingo » (mais s’il est rempli, c’est un profil très inquiétant), mais juste un résumé de ce qui a été trouvé par ces études. Peut-être serait-il différent si on modernisait l’échelle et qu’on l’appliquait à nos situations des années 2017. Par exemple, la superstition me semble peu en lien avec la personnalité autoritaire, il serait sûrement plus approprié de chercher si la crédulité corrèle avec la stéréotypie (si l’individu ne remet pas en cause la pensée par stéréotype, on peut émettre l’hypothèse qu’il soit peu critique et croit à des informations stéréotypées).

Pour que ce listing ne soit pas mal compris et qu’il ne soit pas saisi hors de son contexte ou encore qu’il serve « d’arme » à un ethnocentrique, je n’ai pas mis d’explication qui ont déjà été disséminées dans les articles précédents. J’emploierai également l’expression « haut score » encore plus systématiquement qu’avant pour décrire la personnalité autoritaire potentiellement fasciste, parce que un, c’est moins stigmatisant, une telle étude nécessite à celui qui la découvre, la lit ou l’étudie d’être non agressif, parce que deux, cela rappelle que cette personnalité est en lien avec cette étude faite dans les années 50, trois, parce que je n’ai pas envie que les propos d’Adorno et ses collaborateurs soient détournés de leur contexte ou utilisés à des fins malveillantes.

Voici le listing :

  • soumission à l’autorité
  • agressivité autoritaire
  • conventionnalisme rigide
  • anti-intraception
  • préoccupation liée au pouvoir, au fait d’être dur et non faible
  • stéréotypie
  • tendance à la superstition et la crédulité
  • tendance à la projection
  • ethnocentrisme
  • conservateur
  • tendance à prendre sa religion ou ses croyances de façon dogmatique
  • peur de la contamination de l’autre
  • patriotisme rigide
  • tendance à la destructivité et au cynisme
  • pseudodemocratisme
  • discours parfois irrationnel ou contradictoire
  • préjugés

Si l’ensemble des échelles mises bout à bout sont relativement bavardes concernant les personnes, leurs conflits mentaux, leurs dispositions, et leurs ouvertures, elles ne sont pas suffisantes pour valider les interprétations qu’on pourrait en donner ; la rigidité est clairement une caractéristique de la personnalité autoritaire potentiellement fasciste, mais à quoi est-elle due ? Il y a soumission aux valeurs du groupe, et le haut score oscille entre une allégeance aveugle à son groupe et une volonté de dominer ou écraser l’exogroupe, révélant ainsi qu’il se sent en insécurité mentale face à toute différence et qu’il est en quelque sorte bloqué à un stade enfantin où les parents ont gardé leur toute-puissance sur ses idées. Mais est-ce que cette interprétation tient la route ?

Pour cela il va falloir connaître la vie des personnes pour mieux comprendre comment l’on devient agressif autoritaire, anti-intraception ou au contraire qu’on s’oppose à l’ethnocentrisme, ouvert d’esprit et qu’on est strictement pacifique. C’est ce qu’on verra plus tard, aprés un article sur les critiques qu’on peut adresser à l’échelle F qui répondront également à la question “l’échelle F mesure telle bien le potentiel fascisme dans d’autres pays, d’autres époques ? Est elle un outil valide ?”

La suite : [F6] Le facho est-il celui qui traite de facho ? Critiques de l’échelle F

Viciss Hackso Écrit par :

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20 Comments

  1. Jordan
    14 février 2017
    Reply

    Merci pour ce nouveau chapitre :).
    Petite remarque concernant le premier paragraphe des résultats : l’écart-type n’est pas le carré de la variance mais sa racine carrée.
    Aussi, j’ai remarqué qu’il y avait plus de coquilles que dans les chapitres précédents (surtout dans la syntaxe), ce qui rend certaines phrases difficiles à comprendre. Ayant moi aussi écrit plusieurs rapports et articles, je sais que c’est inévitable, notamment pour l’auteur qui sait ce qu’il veut dire ! Si tu veux, je pourrais relire le(s) prochain(s) texte(s) avant publication…j’ai du temps libre :).

    J’attends avec impatience le prochain chapitre !

    • Viciss0Hackso
      14 février 2017
      Reply

      Merci ! Pour les coquilles faut pas hésiter à me les signaler ici ou par mail (admin@hackin-social.com), surtout que oui j’ai ajouté plusieurs gros passages au dernier moment, sans le passage par mes correcteurs, donc j’ai du laissé plein d’oublis ou de choses bizarres. Merci pour ta proposition, je retiens !

  2. Marc P.
    14 février 2017
    Reply

    Question bête:
    La haine de classe (concrètement contre la bourgeoisie) est elle une forme ethnocentrisme mais basé sur sa classe sociale plutôt qu’ethnique?

    • Viciss0Hackso
      14 février 2017
      Reply

      L’ethnocentrisme c’est aussi être allégeant vis à vis de son groupe ; donc il faut regarder si cette haine est accompagnée d’esprit critique vis à vis de son groupe et de subtilité dans le jugement. Par exemple si on ne fait que des reproches aux « bourgeois », que jamais on ne les considèrent comme des humains singuliers différents les uns des autres et qu’on vante son groupe opposé aux bourgeois comme lui étant en toutes facettes supérieur, oui on peut parler d’ethnocentrisme. Ce n’est pas pour autant que toutes les luttes qui parlent de classes sont ethnocentriques : certains vont s’attarder sur les mécanismes sous-jacents à la bourgeoisie qui aliène culturellement les individus en faisant parti et là, l’étude des mécanismes n’est pas ethnocentrique. Personnellement, je ne raisonne pas en terme de classe, je préfère porter mon raisonnement sur les situations (le statut et ce qu’elle ouvre en champ de possibilité peut en être une), le rapport des individus aux situations, et les mécanismes sous-jacents aux situations, car cibler les gens sous prétexte d’une catégorie me semble être leur ôter toute possibilité de hacking social, de sabotage, de rébellion (par exemple être un haut-statut qui obtiendrait une information choquante et qui déciderait de la livrer au public ; si on lui répète qu’il est un traitre du peuple à cause de son haut statut, y a peu de chance pour qu’il ressente cet élan de partage).

  3. Marc P.
    14 février 2017
    Reply

    Bon je raisonne principalement en terme de classe, mais c’est vrai qu’il faut pas mettre tout le monde dans le même panier. J’imagine qu’effectivement qu’il faudrait plutôt tenter de retourner l’hégémonie culturelle dans l’autre sens plutôt que de briser ceux qui soutiennent celle des puissants.
    Merci pour votre réponse en tout cas.

  4. Algo
    14 février 2017
    Reply

    Bonjour.
    Concernant les études en psychologie sociale en général, les conservateurs sont-ils, encore aujourd’hui, peu enclins à répondre aux études ?
    Ensuite, j’ai l’impression qu’il y a quelques erreurs pour les couleurs de fond de certaines cases, à partir de l’item 35, du tableau des résultats par item de l’échelle 40/45.
    Et pour l’échelle CPE, qui continue à poser problème, je propose d’utiliser celle-ci à la place : https://www.monde-diplomatique.fr/2016/12/A/56925
    Plus sérieusement, on y retrouve, symbolisé de manière très grossière par un magazine pour enfants, ce qui était dénoncé dans l’article précédent : des médias qui ne montrent plus de débats d’idées, mais des personnalités politiciennes. Par ailleurs, pourrait-on qualifier Trump de personnalité fasciste ? Parce qu’alors, ce dossier offrirait un éclairage intéressant sur la situation.
    Merci pour cet article !

    • Viciss0Hackso
      15 février 2017
      Reply

      « Concernant les études en psychologie sociale en général, les conservateurs sont-ils, encore aujourd’hui, peu enclins à répondre aux études ? »
      Alors dans cette étude, les sujets ont été contactés via leur groupe, donc les chercheurs savaient que certains groupes étaient plus conservateurs et d’autres plus libéraux, ils pouvaient donc voir les refus en fonction de cette donnée ; or la plupart des études en psycho va maintenant solliciter des sujets souvent parmi les étudiants (donc on ne sait pas leurs partis avant de demander, même si globalement ils sont plus libéraux, surtout en psycho), ou alors par rapport à des groupes mais qui ne sont pas forcément politisés ( par exemple un statut professionnel). Donc c’est difficile à dire, faudrait aller fouiner du côté de la psychologie politique. En tout cas, les études sur l’extrême droite que j’ai pu voir sont faites en infiltration

      « Par ailleurs, pourrait-on qualifier Trump de personnalité fasciste ? »
      en tout cas, il ne fait pas trop de doutes qu’il est ethnocentrique. À vu de nez, il remplit le « bingo » de l’échelle F également : il y a stéréotypie, superstition (sa tendance à voir des conspirations partout, croire à des infaux), il y a de l’agressivité autoritaire (sous-tendue par une impulsivité assez préoccupante), une fixation sur le fait d’être fort – pour le reste des caractéristiques, je ne le connais pas assez pour le dire. Mais le plus pathologique chez lui semble être le narcissisme, les psychiatres américains disent qu’il est atteint de « narcissisme malfaisant », c’est à dire une sorte de psychopathe mais guidé par principalement par le narcissisme, autant dire l’enfer. Beaucoup de politiciens ont des profils de psychopathe, mais en soit c’est pas « si » inquiétant, car un psychopathe peut faire des choix très rationnels, écouter des conseillers, avoir certaines limites morales même sans jamais ressentir d’empathie ou très peu. Mais s’il y a un fort narcissisme associé, il y a une mégalomanie assez ingérable pour l’entourage et qui rend l’individu incontrôlable, prêt à n’importe quoi pour satisfaire ses caprices sadiques. Bref, il y a vraiment tout intérêt à ce que les psychiatres américains le suspectant de narcissisme malfaisant se trompent.

  5. Physarium
    15 février 2017
    Reply

    C’est la deuxième fois que je vois Viciss écrire « infaux » (dans la réponse du dessus et dans le chapitre précédent). Je pensais au début à une coquille, mais ça semble plus systématique et plus critique que ça. Je me trompe ? 🙂
    Sinon j’ai l’impression d’après les premiers paragraphes de l’article que je ne suis pas la seule à trouver l’idéologie fasciste incompréhensible – comme une culture étrangère. Par là je n’entends pas de jugement de valeur, simplement l’altérité. J’attends donc avec BEAUCOUP d’impatience la partie sur l’étude clinique 😀

  6. Melzef
    19 février 2017
    Reply

    Bonjour/bonsoir et félicitations pour cette série d’articles qui permet de caractériser le potentiel fasciste sans émettre de jugements préconçus. Je dois dire que j’apprécie énormément le travail de vulgarisation que vous effectuez sur ce blog et sur la chaîne youtube associée.
    Je vis dans un environnement familial où cette pensée autoritaire est très populaire, sinon dogmatique (où le bingo fasciste est très largement rempli 😉 ) et il m’est parfois difficile de conserver mon calme tant la confrontation idéologique est importante. Je me heurte fréquemment à quelques injures et stéréotypes raciaux ainsi qu’à des appels aux pogroms dissimulés dans une présentation « pseudodémocratique ».
    Pensant personnellement que le racisme et la ségrégation constituent des systèmes d’exclusion moralement douteux et totalement improductifs (étant insatisfait de l’univers politique actuel au même titre que les membres de ma famille, je trouve nécessaire une alliance entre les populations défavorisées pour faire front commun contre les systèmes oppressifs), je tente désespérément de convaincre en avançant des arguments (que j’espère logiques) en faveur de la coopération, en vain. On me rétorque fréquemment, par exemple, que « les citoyens issus de l’immigration constituent un danger pour nos valeurs démocratiques » (le monde à l’envers) et qu’il est nécessaire « d’instaurer une religion d’état pour lutter contre l’islam qui menace notre pays » (adeptes de la théorie du « grand remplacement ») ou encore que « les populations pauvres sont coupables de leur condition », etc… Par conviction, il m’est donc difficile de tolérer de telles affirmations que je pense être des inepties.
    Je pense donc que ma technique d’approche est mauvaise où peut-être est-ce mon hostilité pour le fascisme qui transparaît trop visiblement dans mes discours (ce que je m’évertue à éviter)…
    Ne plus rien objecter serait peut-être la seule initiative profitable ?

    • Viciss0Hackso
      21 février 2017
      Reply

      Merci !
      Alors je comprend tout à fait à quel point cela peut être énervant d’avoir un ou des « hauts scores » dans sa famille : j’ai pu voir aussi des débats familial durant des heures pour tenter démonter les arguments irrationnel du haut score de la famille. J’ai vu toutes les techniques d’argumentation possibles à l’œuvre, en plus le haut score en question était seul dans sa position, les autres étant clairement anti-fascistes (mais pacifistes avec lui) et pourtant strictement rien ne changeait, il ne mesurer même pas ses avis. J’ai compris plus tard que ces croyances était une sorte de rempart nécessaire entre lui et ses pulsions, que si ignobles soient-elles (il vantait des solutions finales par exemple), ses idées lui permettait de gérer ses problèmes psychologiques, dont des pulsions assez horribles surement issue de traumatismes dans l’enfance. Il était impossible de le faire changer d’avis, et je me demande si cela n’aurait pas été dangereux pour autrui de lui enlever ça tant les problèmes psy étaient dans ce cas, graves.
      Je dirais que l’argumentation, le débat paisible, l’échange d’idée ne fonctionnent que chez les personnes ayant juste un « ressentiment de surface », c’est à dire des personnes qui se sont fait légèrement influencé par la propagande d’extrême droite, mais qui au fond ne pensent pas vraiment en stéréotypes, elles sont peu être juste un peu confuses pour expliquer certaines phénomènes de société ou frustrées économiquement. Celles-là peuvent être même contentes d’entendre d’autres idées si on les propose sans les accuser directement.
      Mais concernant les hauts scores formatés au fascisme il faut abandonner tout espoir de les « convaincre ». Tenter de les convaincre sera perçu comme une déclaration de guerre, ils vont se faire une joie de sortir les armes, d’être agressif et au passage vont renforcer leur opinion. J’en parle aussi dans cette article sur la réactance : http://www.hacking-social.com/2014/11/18/quand-les-rebelles-se-font-exploiter/
      Plus le temps passe, plus je lis de recherches en psycho, plus je me dis que « convaincre quelqu’un », « débattre d’idée (façon débat tv) », tout cela est parfaitement inutile : c’est juste pour l’un et l’autre se renforcer dans ses opinions, ou alors « gagner » la conversation. Disons que j’ai obtenu plus de « résultats » (c’est à dire une ambiance de paix, sans mépris, et un contexte plus plaisant que celui où la haine sortait par salves) en me comportant en amie, en oreille attentive avec des hauts scores potentiels. Pas en écoutant leurs discours racistes ou leur propagande, mais en écoutant ce que leur faisait peur, ce qu’il craignait dans leur vie personnelle et globalement en acceptant leurs sentiments. En faisant la psy, en quelque sorte.
      Mais en famille, c’est vraiment un défi d’une autre nature. Est ce que hors contexte de discussion politique, le contact se passe bien ? Arrivent ils à parler de leur quotidien sans le mêler à ce système de propagande ? En gros il faut que tu étudies le « hors champ », c’est peut être dans ce hors champ que le changement est possible.

      C’est une question très large, parce les hauts scores même s’ils partagent beaucoup d’idées et comportements, ils sont quand même bien différents. On y reviendra à la toute fin du dossier, c’est une question qui me préoccupe beaucoup.

      • Thomas Cmoi
        23 février 2017
        Reply

        On sera 2 à essayer tout cela alors. Merci Viciss =) tes conseilles nous sont toujours très précieux.

  7. ryuhadoken
    28 février 2017
    Reply

    Essayer de convaincre quelqu’un c’est être persuadé d’avoir raison, donc de discourir. Et malgré toute la précision et analyse des échelles mises en place, tout est beaucoup plus ou tantôt moins aléatoirement nuancé.
    La racine de tout cela c’est l’humain avec tout(e) le génie / la nullité que cela comporte.
    Pour dialoguer, idéalement (et personne ne procède de la sorte bien entendu), les individus devraient dans un premier temps accepter le point de vue de l’autre en essayant de s’aider mutuellement dans leur propre argumentation.
    C’est à dire de pousser d’abord au maximum (et sincèrement) l’exploration du point de vue de l’autre comme si c’était le sien et vice versa.
    Je n’ai jamais vu ca, dans aucun débat, aucun article, sans doute parce que cela semble contre nature.

    • Viciss0Hackso
      28 février 2017
      Reply

      Je suis tout à fait d’accord ! Même si je l’exprimerais autrement, c’est à dire qu’il faut écouter authentiquement le point de vue de l’autre, le comprendre en intégralité, exhaustivement. Et avec l’écoute on fait des miracles, par exemple la personne peut prendre conscience par elle-même de ses incohérences et soi-même se reajuster. Ryuhadoken, cette forme de « débat » (le mot n’est plus approprié du coup, on pourrait parler d’écoute), elle existe et depuis assez longtemps, c’est une des méthodes d’entretien des psychologues, c’est ainsi qu’on prend soin des gens quels qu’ils soient, en les écoutant pour qu’eux aussi s’écoutent en leur for intérieur ; Carl Rogers par exemple est un psychologue génial qui un authentique respect des personnes dans toute la variété de leur être et leurs idées et dont la méthode est assez similaire à ce que tu décris. Et oui, c’est une des voies « solution » que d’écouter l’autre vraiment, cela peut lui permettre de trouver de la sécurité mentale et de la force pour s’aider lui même. Cependant cela ne veut pas dire accepter tous les discours haineux sur la place publique, ça se n’est pas écouter. L’ecoute se fait dans l’interaction avec autrui.

  8. ryuhadoken
    28 février 2017
    Reply

    Ce n’est pas encore tout à fait ça. Ce serait en fait (si c’était possible) se mettre carrément dans la peau de l’autre jusqu’à en ressentir exactement les mêmes sensations pour comprendre l’autre au plus juste.
    Dans le cas d’un psychologue, nous sommes déjà directement en position de « force » car le psychologue analyse et, est censé avoir le « savoir »/ l’expérience pour donner un résultat/une conclusion.
    Donc ce n’est pas de l’écoute « égale ».
    A l’extrême si cette « méthode » était appliquée il n’y aurait pas besoin d’indiquer de prendre soin de l’autre, car chacun prendrait soin l’un de l’autre à tour de rôle.
    En fait il faudrait même dire, pour prendre le contre-pied à ce qui est dit et appréhendé ici, c’est que l’écoute ne place surtout pas « au dessus » l’individu qui l’effectue.
    Il ne faut pas considérer l’individu qui écoute comme celui qui va aider l’autre à se trouver (ou à trouver je sais pas quoi), comme dans le cas d’un rapport « psychologue-patient ».
    C’est une entraide, mutuelle, authentique, sincère, objective etc … qui permet de s’aider l’un, l’autre, mais en fait de s’aider soi même surtout.

    « pro-fasciste » ou « anti-fasciste » en fait, ce serait comme deux bébés, un qui pleure aigue et l’autre qui pleure grave.
    Dans la configuration actuelle du monde, on dit que celui qui pleure grave c’est mieux.
    Pourquoi pas. Mais dans l’absolu c’est exactement pareil.
    Je ne sais pas comment on pourrait appeler ce raisonnement, mais il semble être nécessaire pour appréhender n’importe quel cas, n’importe quelle chose, n’importe quel avis, n’importe quoi, dans une optique juste.

    Je vais me renseigner sur monsieur ROGERS.

    • Viciss0Hackso
      28 février 2017
      Reply

      « Dans le cas d’un psychologue, nous sommes déjà directement en position de « force » car le psychologue analyse et, est censé avoir le « savoir »/ l’expérience pour donner un résultat/une conclusion. » Là tu décris ce qui est à mon sens un très mauvais psy et exactement l’inverse des thérapies types carl rogers 😀 tiens voilà un extrait de sa thérapie « Le thérapeute doit éprouver un regard positif inconditionnel vis-à-vis de son client.
      Il doit expérimenter une compréhension empathique du monde intérieur du client et de son cadre de référence, et il doit s’efforcer de communiquer cette compréhension au client.
      Il est enfin nécessaire que le client perçoive, même de manière infime, l’empathie et le regard positif du thérapeute. » https://fr.wikipedia.org/wiki/Approche_centr%C3%A9e_sur_la_personne

      « « pro-fasciste » ou « anti-fasciste » en fait, ce serait comme deux bébés, un qui pleure aigue et l’autre qui pleure grave. »
      En fait, ce n’est pas du tout les conclusions des recherches d’Adorno. Il a été fait une meta analyse de l’échelle F (c’est à dire qu’ils ont passé au crible toutes les études sur l’autoritarisme de 40 années, et non le facho est un cas à part, cette echelle F c’est que pour lui. J’ai donné tous les détails ici dans la suite de ce présent article : http://www.hacking-social.com/2017/02/27/f6-le-facho-est-il-celui-qui-traite-de-facho-critiques-de-lechelle-f/
      Cependant oui, peut il y avoir des postures agressives, dogmatiques ou rigides chez certains anti-fascistes, mais l’échelle F ne décrit absolument pas les anti-fascistes, uniquement les autoritaires potentiellement fascistes.

      Et oui, je conseille à tous Carl Rogers, c’est un psychologue absolument merveilleux ; il a filmé plusieurs de ces psychothérapies on trouve facilement sur le net, c’est vraiment très interessant à voir et épatant de voir un tel brio dans l’écoute authentique dont il fait preuve.

  9. ryuhadoken
    28 février 2017
    Reply

     » Là tu décris ce qui est à mon sens un très mauvais psy  » Il est curieux que je doive expliquer aussi cela, alors que la citation d’après, il y a « CLIENT » d’entrée de jeu.
    Ce qui démontre bien qu’il ne peut y avoir d’égalité et que malgré tout le tact, le professionnalisme ou l’excellence du thérapeute, il demeure quand même celui qui va aider et pas celui que l’on aide.
    D’où l’emploi du terme « thérapeute », c’est à dire quelqu’un qui soigne à l’aide d’une thérapie. Il y a donc quelqu’un qui vient pour être soigné, difficile de partir sur le même pied d’égalité (même s’il y a peut être des cas, idéals, ou cela TEND vers l’égalité).
    Dans ce que je décrivais plus haut, c’est un dialogue d’égal à égal.

    Pour ce qui a suivi :
    « « pro-fasciste » ou « anti-fasciste » en fait, ce serait comme deux bébés, un qui pleure aigue et l’autre qui pleure grave.  »
    Il n’a pas été dit que l’échelle F arrivait à ces conclusions.
    Pour adapter mon langage à l’orientation conventionnelle, « pro-fasciste » ou « anti-fasciste », il semblerait ici que chacun soit convaincu (si si) de qui doit être soigné alors « que rien n’est moins sur que l’incertain ».
    De ce fait en sous-marin, la polémique perdure sans jamais trouver de compromis entretenant l’échec mutuel.

    ps: je suis sur « l’écoute bienveillante » de M.Rogers.

    • Viciss0Hackso
      1 mars 2017
      Reply

      Vu que tu es en train de lire Carl Rogers, tu verras plus tard que l’emploi du terme client est un façon (maladroite à mon sens, j’aime pas non plus le terme) de rendre le patient responsable de sa thérapie et non sous la soumission passive de son thérapeute. Les autres psys parlent plus souvent de patient.
      « il semblerait ici que chacun soit convaincu (si si) de qui doit être soigné «  justement pas du tout. Adorno dit dans son étude que les hauts scores sont les plus adaptés à la société, il ne parle jamais de soigner les hauts scores. Et c’est aussi notre constat : pour réussir dans le monde de l’entreprise, les caractéristiques haut score eh bien, elle sont plus un atout que ce bisounours (selon notre définition ici : http://www.hacking-social.com/2014/01/15/qui-veut-la-peau-des-bisounours/ ) de bas score, qui voit tout humain en égal tout en respectant sa différence, qui coopère et collabore plus qu’il ne part en compétition, qui a tendance à ne pas être conforme (volontairement ou involontairement). Le problème c’est que la société favorise la compétition, la soumission à l’autorité, l’agressivité, la soif de pouvoir. C’est un problème parce les hauts scores, à cause de leurs caractéristiques sont les pions ou soldats de leur idéologie, des pions de leur emploi, des pions de la société ; ils peuvent être exploités de tout bord, sont manipulables à souhait et on le verra plus tard leur rapport à autrui sont souvent catastrophiques parce que d’office, ils se méfient des gens donc ça n’aide pas à la bonne ambiance dans un groupe. Cela n’empêche pas qu’il y est aussi des individus anti fascistes désagréables, rigides ou dogmatiques qui aient aussi besoin d’autonomie vis à vis des idéologies qu’ils défendent, mais ce n’est pas l’envers du miroir, c’est autre chose. Je dirais que tout le monde à besoin d’être ou de se soigner d’un travers ou d’un trait qui nuit à soi ou autrui. Mais pour des questions de société et de protection du plus grand nombre – y compris le haut score lui-même – réfléchir à comment contrer la soumission à l’autorité, la stéréotypie, la crédulité, la projectivité, le dogmatisme, me semble plus urgent que de se focaliser sur une poignée d’antifa violent (parce que j’imagine que c’est à eux que tu penses, parce les profils anti-fascistes dans l’étude sont vraiment très différents, parfois engagé parfois totalement désengagé, bref y a de tout). Bref ce sont ces mécanismes qui nous font soldats allégéants contre lesquels il faut s’attaquer, il n’est pas question d’envoyer en thérapie les gens (bon pour certains cas de psychoses qu’on verra plus tard, cela pourrait quand même beaucoup les aider à être plus heureux), il s’agit changer les déterminants dans la société qui amène à ses caractéristiques nuisibles.

  10. Kaeso
    9 mai 2017
    Reply

    Mmmm à la lecture de l’article j’ai l’impression qu’une tendance à avoir un haut score, même si ça n’est pas considéré comme une maladie est pathologique car c’est un refoulement.
    Est-il totalement exclu que quelqu’un fasse des hauts scores sans pour autant que ça soit considéré comme un refoulement?
    Est-ce qu’il serait possible à l’inverse de refouler quelque chose qui se manifesterait par un bas score? C’est très perturbant de s’imaginer avoir une passion secrète pour la domination et que cela se manifesterait par une tolérance exacerbée.

    • Viciss0Hackso
      9 mai 2017
      Reply

      Alors le refoulement n’est pas pathologique en soi, c’est un mécanisme de défense du psychisme, comme la projection dont on parle dans l’article. Mais effectivement tu as raison, le refoulement et de nombreux mécanismes de défense ont une emprise sur la psyché des hauts scores (tu verras plus tard, dans l’étude clinique à partir de F7, on voit pourquoi ils sont tant dans la défense, parce que certains n’ont pas pu develloper leur moi, leur autonomie mentale, d’autres ont été traumatisé etc.).
      Le refoulement, qu’importe les scores que l’on fait à l’échelle, étant un mécanisme psychique, n’importe qui peut en faire, cela n’a rien de pathologique en soi : parfois c’est une étape essentielle justement pour ne pas devenir fou (par exemple l’esprit va censurer un événement traumatique de l’enfance absolument horrible). Mais là je prends une définition moins 100 % Freud, plus comme les cliniciens que j’ai pu avoir comme profs, gardant moins de 50 % de Freud (ce qui était plutôt une très bonne chose).
      Alors ce que tu décris « avoir une passion secrète pour la domination et que cela se manifesterait par une tolérance exacerbée » je pense au contraire que c’est une sublimation : la personne a un peu conscience (du moins c’est pas loin de la conscience) de désirer dominer autrui donc elle met en place des stratégie positives pour contrer ce désir, en étant tolérante avec autrui, en se « cadrant ». Là encore, ça me semble pas pathologique du tout, c’est même assez courant, très habituel. Après cela dépend de la forme que ça prend au quotidien, si c’est une vrai sublimation (ici par exemple, une vraie tolérance, un vrai respect d’autrui, un authentique effort) ou si ce n’est qu’une façade complétement hypocrite où la personne exerce néanmoins des qu’elle le peut une domination sur autrui (en l’humiliant auprès d’autres personnes par exemple, sans que la cible soit au courant).

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