♦ [FL2] Aux sources du flow, les créatifs

Être attentif, concentré au maximum et cela pendant des heures parfois, sans être distrait par quoique ce soit : ça s’apparente à une utopie, tant notre époque est propice à être déconcentré par les notifications, l’envie de scroller le fil d’actu d’un réseau social ou nous amenant à nous retrouver dans le zapping obsessionnel de vidéos drôle d’animaux, sans qu’on sache pourquoi, alors qu’on ferait mieux de réviser pour ses partiels.Pourtant cela existe, la concentration parfaite de plus de 25 minutes d’affilée, et ça s’appelle le flow.

Ce dossier est disponible en ebook : en PDF et en Epub

Cet article est la suite de :

La photo d’entête a été réalisé au Burning Man 2018 par Trey Ratcliff


I. Qu’est-ce que le flow


Ia. Aux origines du flow

L’architecte, le découvreur, celui qui a conceptualisé le flow, Mihaly Csikszentmihalyi, a un parcours singulier, non étranger à ses découvertes toutes aussi marginales. Ainsi, il nous semblait important de parler de sa vie, qui explique comment une telle notion a pu être découverte et si suivie.

Le Premier défi que nous pose ce chercheur singulier, est de prononcer son nom 😀 N’ayez pas peur c’est plus facile que cela n’y paraît :

Cependant pour l’anecdote, je n’ai réussi à orthographier son nom de famille sans copier/coller ni modèle qu’après sans doute des centaines de fois à tenter de l’écrire convenablement 😀

Après avoir vogué en Europe dans son enfance à cause de la Seconde Guerre mondiale, il se retrouve à ses 15 ans apatride à Rome : son père avait démissionné de son poste d’ambassadeur par désaccord moral. La famille est plongée dans la pauvreté, mais conserve des liens avec une classe riche, notamment des amis qui aident Mihaly, non sans que celui-ci en souffre dans un paradoxe entre gratitude et culpabilité.

Deux de ses frères sont morts, l’un dans un goulag, l’autre au combat. Mihaly se questionne sur la guerre : pourquoi est-elle advenue, comment empêcher qu’elle se reproduise, et récuse vivement cette attitude alors contemporaine qui est de « cacher les chagrins sous un tapis ». Il explore tout ce qu’il peut, de la philosophie à la littérature, en passant par la spiritualité, la religion, pensant que la Seconde Guerre mondiale est un avertissement qui nécessite un remède radical. Il faut trouver ce remède.

Mais les explications qu’ils trouvaient lui paraissaient soit trop simplistes, soit trop mystiques et nécessitaient un saut de foi qu’il se sentait incapable d’accomplir.

De hasard en hasard, il se met à lire un livre de Jung, un psychanalyste qui s’est progressivement écarté de Freud et qui a beaucoup étudié les symboles, les archétypes, les rêves. Mihaly est en épiphanie devant cette discipline qu’il n’a pas connu auparavant, mais il en a honte : il a déjà quitté l’école pour travailler, à quoi bon étudier ?

Six ans plus tard, après avoir travaillé notamment en tant qu’illustrateur et également grâce à ses compétences linguistiques, il part aux États-Unis étudier la psychologie. C’est une première dans sa famille, qui compte surtout des artistes, des artisans, mais dont les membres semblent tous avoir des parcours assez peu conventionnels : sa mère par exemple, même si elle n’a pas pu continuer ses études, a traduit Goethe ; elle avait commencé également à écrire l’Histoire du point de vue chrétien, sous l’angle de la bonté. Elle voulait offrir par cet ouvrage une Histoire positive, accès sur la bonté. Malgré un certain acharnement à continuer, elle a fini par abandonner, par dégoût pour l’humain lors des guerres mondiales.

À l’université, il rencontre le behaviorisme (considérant l’humain comme une machine, l’expérimentant et le décrivant comme tel ; c’est par exemple l’expérience du chien de Pavlov) et la psychanalyse. Il n’y voit aucune clef pour l’avenir, il considère ces points de vue comme des reliques historiques néanmoins intéressantes.

Une présentation des savoirs issus du behaviorisme, sous-titré en français (à noter que contrairement à ce qu’elle laisse à penser la vidéo, le conditionnement classique et opérant sont depuis largement dépassés par d’autres savoirs beaucoup plus vastes en psychologie, surtout sur la question de l’apprentissage) :

la vidéo d’expérience du chien de Pavlov :

Le béhaviorisme est maintenant extrêmement critiqué, il y a eu aussi des dérives importantes dans ce courant de recherches, comme Watson qui a créé des phobies chez un enfant par exemple.

Il travaille ensuite dans des universités peu connues, et même si ses collègues y voient une perdition pour sa « carrière », lui s’en satisfait énormément : il y est à l’abri des pressions, libre de faire les recherches qu’il souhaite.

Ainsi, il passera plus de 15 ans à travailler sur la créativité sous bon nombre de facettes, créativité qu’il considère comme un système comprenant la personne créative, son domaine, et la société. C’est un point de vue relativement atypique pour ce domaine de recherche qui d’habitude se centre uniquement sur l’individu et ses potentiels créatifs. Ici il considère que la créativité n’est pas individuelle et dépend des interactions avec les domaines et la société.

 Un système symbolique est transmis à la personne, cette personne l’apprend, la maîtrise, puis l’exerce avec créativité, c’est-à-dire qu’elle créée une variation comparée à ce qu’on lui a appris (par exemple, en sciences il reproduit une expérience, mais avec une nouvelle variable ; en musique, il peut composer de façon classique, mais cela est joué via des bruits ou sons électroniques, etc.) ; le champ va l’évaluer (confrère scientifique, autres artistes, critiques…) et si l’évaluation est positive, reconnue comme créative et digne d’intérêt, va l’incorporer au domaine (ce sera appris à de nouvelles personnes par exemple). Tout cela peut être rendu très difficile ou facilité selon des déterminants forts que sont la culture du moment, le système social, le « pool » (la vie de la personne). Une société blanche à la culture raciste, avec un régime autoritaire ou démocratique, rendra la vie difficile à quelqu’un de non-blanc, ce qui l’empêchera d’accéder au domaine pour apprendre, avoir les ressources financières et l’énergie mentale pour créer, et ses créations seront refusées par le champ à cause de sa couleur de peau. Dans ce modèle, il devient assez clair que la lutte contre les discriminations est une lutte qui, assez aboutie, peut servir à la reconnaissance ou l’émergence de génies de tout domaine et donc à ouvrir plus grand la porte aux découvertes, aux évolutions, à l’enrichissement scientifique et culturel de toute une société.

L’une de ses premières recherches consistait à observer le processus créatif « in vivo ». Il suit un échantillon d’étudiants des beaux arts peintres, car la peinture est facilement observable : on peut voir directement l’évolution de l’œuvre, les hésitations de l’artiste, ses changements ou sa confiance, et comment il fait face aux différents problèmes rencontrés .

Certains peintres traversent un état psychologique particulier : Mihaly voit qu’à certains moments, les artistes œuvrent avec acharnement, concentrés au point d’oublier de manger ou de se reposer, immergés extrêmement profondément dans leur action. Mais une fois l’œuvre terminée, ils s’en détournent rapidement, comme si celle-ci avait été une incidence de ce qui s’était passé et non la finalité.

Ce phénomène n’est pas étranger à Mihaly, lui-même a été plongé dans un milieu artistique par sa famille, et il a été illustrateur. Ainsi, d’avoir expérimenté cette immersion artistique et de le voir aussi chez autrui, va le pousser à investiguer. Est-ce que cet état se retrouve dans d’autres activités, ou chez des personnes qui ne sont pas artistes ?

De 1975 à 2000, une de ses recherches consistera à interroger des personnes qui, comme ces peintres, étaient immergées dans des activités hautement engageantes, avec des forts défis : ainsi il interrogea à l’aide d’interviews semi-structurées des joueurs d’échecs, des danseurs, des passionnés d’escalade, mais aussi des professionnels, comme des chirurgiens. Plus tard, il effectua des études sur les génies (un échantillon de personnes ayant été soit nobélisées, soit ayant été reconnues par leur domaine pour leurs très hautes créativités et leurs apports) qui apporteront aussi des témoignages de cet état d’expérience optimale, et que ces interviewés de tout bord appelaient « flow ».

À présent, la recherche sur le flow se poursuit avec également d’autres chercheurs et bien d’autres outils, comme l’ESM (permettant de suivre l’expérience subjective des personnes), des questionnaires spécifiques au flow, l’aide de la biologie et plus récemment des neurosciences et des expériences en réalité virtuelle.

Ib. caractéristiques du flow

En français, le flow a été parfois traduit littéralement comme « flux » ; Mihaly Csikszentmihalyi et les chercheurs du flow emploient à titre synonyme les termes d’expérience optimale, expérience de motivation intrinsèque, expérience autotélique (du grec « αὐτός /autós » : « soi-même » et « τέλος /télos » : « but », c’est-à-dire qu’une activité autotélique est faite pour elle-même, idem pour une activité faite par motivation intrinsèque, motivée par elle-même ; on peut aussi le traduire par : « se donner soi-même sa propre finalité ».

Les sportifs parlent d’entrer dans « la zone », les poètes d’être visités par les muses, et les anciens pensaient à une intervention des dieux.

Le terme flow provient des personnes interrogées par Mihaly : c’était un terme qui revenait sans cesse pour parler de ces expériences optimales dans lesquelles les sujets exprimaient à la fois la limpidité et le mouvement aisé dans cet état particulier.

L’expérience optimale ne se produit pas selon une activité précise, elle a été reportée il est vrai davantage lors de « loisirs structurés » (c’est-à-dire les hobbies, les passions, le sport, toute activité ludique, mais organisée et active), mais également lors d’activités « productives » comme le travail, que ce soit à l’usine ou au bloc opératoire, ainsi que parfois lors des études. Le seul point commun de ces activités est qu’elles sont structurées avec des buts, des défis, qu’elles demandent des compétences et que l’individu qui éprouvera du flow avec celles-ci y est actif, au contrôle de l’activité qu’il réalise. Ainsi une des grandes variables, c’est-à-dire un des indicateurs majeurs pour détecter une situation « à flow » dans les études, sera la balance entre défi et compétence dans l’activité : il faut un haut défi et de hautes compétences selon les critères de l’individu (pas un défi difficile objectivement, mais un défi important subjectivement selon l’individu et ses compétences). Dès lors que les défis sont trop difficiles selon les compétences de l’individu ou encore trop basses selon ses compétences, il n’y a plus de possibilité de flow selon les théories de l’expérience optimale. Rappelons que c’est un indicateur et que dans les faits, les choses sont plus complexes.

De l’extérieur, celui qui observe l’individu vivant une expérience optimale voit une personne totalement concentrée sur son activité, la performant de façon optimale, contrôlant parfaitement l’activité, qu’importent les difficultés qui adviennent durant ce moment ; cette personne est si concentrée qu’elle n’entend pas ou peu l’extérieur, qu’elle paraît « obnubilée » par l’activité, elle ne se préoccupe pas de son apparence, de l’image qu’elle renvoie ; elle perd cet ego qui lui ferait contrôler sa chevelure, sa tenue physique, son attitude, les normes sociales d’apparence et de comportement non liées à l’activité elle-même. Elle semble perdre conscience d’elle-même au point d’oublier son corps et ses besoins : elle oublie de manger, ne se repose pas, etc. On voit qu’elle est face à de grands défis dans son activité, mais on voit qu’elle parvient à réussir ces défis et s’accroche avec endurance et ténacité.

Le sujet en flow rapporte toujours les mêmes grandes caractéristiques même si l’activité, on l’a vu, peut être radicalement différente, que ce soit un travail de chirurgie ou l’activité d’escalader une montagne, d’écrire ou de courir :

⇒Une concentration intense, ciblée, en « focus »

tout ce qui ne concerne pas l’activité est hors champ, inaccessible à la conscience ou peu. L’attention de la personne est totalement sur l’activité. C’est la caractéristique majeure du flow.

⇒ Une immersion totale, où action et conscience fusionnent

À l’inverse de cette caractéristique, ce serait de penser à son repas et à son week-end tout en prenant en notes des cours : la conscience est clairement ailleurs, l’action est déconnectée de celle-ci. En flow, l’acte de prendre des notes serait de se représenter totalement ce qu’on écrit au point d’en oublier le stylo et la feuille, la scène représentée avançant au fur et à mesure du cours, de sa prise de note. Cette immersion totale est une connexion totalement engagée entre la conscience de la personne, son action et l’extérieur.

« [Extrait d’entretien d’un joueur de piano] C’est vraiment génial. Je ne remarque plus ni mes doigts, ni la partition, ni les touches, ni la pièce ; seules mes émotions existent, et elles sortent de mes doigts. Vous ne faites qu’un avec la musique, parce que la musique est exactement telle que vous la ressentez. Je ne regarde pas mes doigts, sauf quand le passage est techniquement très difficile. Je ne regarde rien. Peut-être que je regarde en moi-même. »

Beyond boredom and anxiety, Mihaly Csikszentmihalyi

Avec cet extrait, je n’ai pu m’empêcher de penser et d’imaginer ces propos sur cet extrait d’un clip et d’une musique très belle de Clark, où le protagoniste pianiste, sa musique, le décor, tout fusionne en une harmonie, certes terriblement triste, mais d’une justesse émotionnelle qui esthétiquement me touche :

 

⇒ La notion du temps n’est plus la même

Ralentie, accélérée… l’individu ne se repère plus selon les critères habituels. Ainsi, il peut passer plusieurs heures sur l’activité sans avoir l’impression qu’une seule minute soit passée, tout comme avoir l’impression de « ralentis » lorsqu’il se concentre sur un détail à travailler, que ce soit un mouvement de jeu d’échecs, une scène de roman écrit ou lue, un obstacle à surmonter…

« [extrait d’entretien d’une danseuse] Deux choses adviennent. D’un côté le temps a semblé passer très vite “déjà minuit, il y a peu il était 20 heures”. Mais de l’autre côté, pendant que je danse, c’est comme si c’était plus long qu’en réalité »

Beyond boredom and anxiety, Mihaly Csikszentmihalyi

⇒Perte d’ego

on parle aussi de perte de conscience de soi, mais c’est l’aspect égocentrique et non « informationnel » qui est perdu. La personne s’oublie, ne pense pas à l’image qu’elle renvoie, ne pense pas aux normes sociales qu’elle doit suivre hors de l’activité (par exemple, être perçue comme une « bonne » personne » ou être populaire) pour être incluse ou récompensée par l’environnement social.

 [extrait d’entretien d’un compositeur] Vous êtes dans un état si extatique que vous avez l’impression de ne plus exister. J’ai expérimenté cela encore et encore. Ma main semble indépendante de moi et je n’ai rien à voir avec ce qui se passe je suis juste assis là, à regarder dans un état de fascination épique et d’émerveillement. Et [la musique] s’écoule toute seule. »

Beyond boredom and anxiety, Mihaly Csikszentmihalyi

⇒ Sentiment de contrôle de ses actions

La personne ne se sent pas dominée par l’environnement, mais y sent l’exercice de son contrôle. Elle maîtrise la situation, ce qui lui procure un sens de sécurité et de pouvoir : elle peut affronter ce qu’il advient et le modeler.

Et la création, où tout projet demandant une endurance dans le temps passe par des moments de doute et de remise en question ; bien que cela n’en ait pas l’air, douter est signe qu’on a du contrôle sur nos actions. On ne doute pas lorsqu’on se contente d’obéir à autrui ou qu’on se fiche de ce qu’il se passe dans un travail. Il n’y a que lorsqu’on à cœur un projet, qu’on se sent responsable vis-à-vis de lui, qu’on veut lui donner le meilleur, que l’on doute. En cela, le doute peut être un excellent signe si on ne se culpabilise pas de lui, qu’on reste à l’écoute de ses besoins personnels et de ceux du projet. La développeuse du dimanche, qui travaille en indépendance sur la création d’un jeu (on peut suivre tout son projet sur sa chaîne, c’est vraiment extrêmement intéressant même lorsqu’on ne connaît rien du game design), exprime extrêmement bien cette période incontournable de doutes (qu’elle a dépassé ensuite dans les épisodes suivants) et comment elle compte y remédier :

L’objectif final n’a pas grande importance

L’expérience est motivée intrinsèquement, c’est-à-dire faite pour elle-même. Ainsi la finalité est souvent une excuse pour accomplir l’action, vivre le processus. La personne ne fait pas cela par motivation extrinsèque c’est-à-dire pour les récompenses, l’argent, la gloire, les statuts, faire plaisir à autrui, paraître « bien » ou conforme, etc.

⇒ Sentiment fort d’exister, sérénité existentielle

Mihaly Csikszentmihalyi décrit fort bien ce qui semble être l’effet le plus puissant des expériences optimales :

« Mais pourquoi la concentration optimale de l’attention est-elle aussi agréable ? Si l’attention est le moyen par lequel une personne échange des informations avec l’environnement, et lorsque ce processus est volontaire, c’est-à-dire sous le contrôle de la personne, la concentration volontaire de l’attention est un état d’interaction optimal. Dans un tel état, une personne se sent pleinement en vie et au contrôle de celle-ci, parce qu’elle peut diriger le flot d’informations réciproques qui unissent la personne et l’environnement dans un système interactif. Je sais que je suis vivant, que je suis quelqu’un, que je compte, quand je peux choisir d’interagir avec un système de stimuli que je peux modifier et par lequel je peux avoir un feed-back significatif, qu’importe que le système soit composé d’autres personnes, de notes de musique, d’idées ou d’outils. La capacité de concentrer son attention est le moyen ultime pour réduire l’anxiété ontologique, la peur de l’impuissance, la peur de la non-existence. C’est peut-être la raison principale pour laquelle l’exercice de concentration, quand il est subjectivement interprété comme libre, est une expérience si agréable »

Flow and Foundations of Positive Psychology,Mihaly Csikszentmihalyi

En cela, et selon la récurrence des moments d’expériences optimales et l’acharnement de la personne à quêter ce flow, il y a un lien qui s’établit entre la façon dont on se définit, son “moi”, son identité profonde et les activités conduisant au flow (vocation) ou la façon d’appréhender les événements de la vie (transformer toutes les situations rencontrées en expériences optimales, le flow devient un but en soi).

La suite directe : l’étude du flow

Les autres chapitres du dossier :

Viciss Hackso Écrit par :

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7 Comments

  1. Paradoxe
    10 septembre 2018
    Reply

    Mais du coup, celui qui se drogue, il ressentirait pas une sorte de flow artificiel ?
    Ou alors je suis à côté de la plaque 😅 ?

    • Viciss Hackso
      10 septembre 2018
      Reply

      C’est une bonne question:D
      Déjà clairement on peut éliminer toutes les drogues psychotropes qui font délirer ou qui modifie l’activité mentale de façon plus ou moins intense type champignon hallucinogénes, LSD, etc. Parce la perception étant modifiée, les capacités à agir le sont aussi. On le voit bien sur le test des soldats :

      Il y a quand même une forte déconcentration:D
      Les psychotropes ce sont aussi les médicaments anti depresseurs, hypnotiques, anxiolytiques, neuroleptique qui modifie l’activité mentale. Ils me semblent provoquer des expériences qui ont peu de choses en commun avec le flow. Idem pour l’alcool ou le cannabis, ça modifie l’état mental, mais ça ne «l’améliore » pas.
      Tout ce qui calmant, du genre codéine, morphine, héroïne, opium est aussi hors de propos : la personne n’est pas active, elle est plongée en elle ou dans ses rêves (ou dans le sommeil), donc ça n’a rien à voir avec le flow.
      Par contre pour tout les psychostimulants, la question se pose en effet : que ce soit la caféine qui agit sur la vigilance l’état d’éveil et la concentration, on peut dire qu’elle facilite le flow sans trop de coûts en plus (elle a été classé drogue la plus saine du monde en ce sens que ces bénéfices sont beaucoup plus nombreux que ses couts).
      Mais il y a aussi les amphétamine, l’ecstasy (= mdma, parfois mélange mdma et amphétamines), la cocaïne, qui effectivement produise des expériences de haute concentration, haute vigilance, fort intérêt dans l’action, sentiment d’énergie très fort (dans les cas récréatifs, si c’est prescrit contre des troubles, ce n’est pas le même effet)… Sauf que comme tu le dis, c’est artificiel : la personne peut avoir une expérience formidable, sauf que dans les faits ce n’est ça. Contrairement au flow, où il s’est passé quelque chose de réellement formidable, vérifiable dans les faits ou les traces de l’œuvre, du travail. Je me rappelle le témoignage d’un écrivain dont j’ai oublié le nom qui écrivait sous cocaïne, sentant qu’il faisait quelque chose d’extraordinaire, alors qu’une fois l’effet de la drogue passé, il se rendait compte que son travail était médiocre, n’avait rien à voir avec ce que l’expérience lui disait. Les coûts de ses drogues est très important à tous les titres (contrairement au flow qui est tout bénéfice) : quelques heures d’impression très forte qui se payent en double d’heures de mal être avec dépression, angoisse, problèmes physiques (digestif, nasal, bref partout ou les substances passent) troubles paranoïaques et addiction plus ou moins rapide. L’addiction la personne ne peut plus être normale sans se droguer, donc on pourrait dire que ces fonctions de concentration sont dépendantes de la drogue, autrement dit son travail normal (et je parle même pas du flow) sont dépendants de la prise.

  2. nlhm
    10 septembre 2018
    Reply

    Pourquoi ?

  3. Neph
    10 septembre 2018
    Reply

    Dans la même veine que la question sur les drogues, quelle(s) différence(s) avec par exemple ce que pourrait ressentir un bipolaire en phase d’hypomanie ?

    Parce-que je trouve que ça y ressemble beaucoup.

    • Viciss Hackso
      10 septembre 2018
      Reply

      Pareil que pour la réponse précédente, je n’ai pas vu de rapprochement sur les phases d’hypomanie et le flow dans les recherches. Je ne connais que peu les problématiques que rencontrent les bipolaires.
      Le flow est vraiment lié à la fois à l’activité à haut défi, l’interaction réussie de la personne, la situation qui permet à l’individu de se plonger dans l’activité sans la menacer, et l’individu. Disons que c’est ce mélange qui fait advenir le flow, et pas le flow qui nait d’abord de l’individu ou de caractéristiques physiologiques particulières (que ce soit la drogue, un trouble ou une excitation ponctuelle).
      Donc cela ne me semble pas approprié de rapprocher l’état d’hypomanie du flow, sachant que c’est souvent source de souffrances (peut être pas dans la phase haute, mais après oui, le bipolaire peut regretter ce qu’il a fait par exemple) ; Le flow né d’une volonté à faire l’activité, pas à chercher un état particulier (là je pense plus à la prise de drogues), l’état est juste une conséquence, et cet état de Flow soulage d’anxiété existentielle grâce à l’importance pour l’individu de l’activité. Il y a toujours un objet d’attention important dans les notions de flow et l’individu controle la situation, son activité, c’est très très maitrisé par lui. On ne trouve pas de variations intenses d’émotions comme dans la phase de manie, le projet en cours est maitrisé, mené à terme, il n’y a pas de signes d’agitation physique, ni de symptômes d’hyperexitation. Au contraire, l’individu dans une activité à flow n’a pas de cortisol (hormone du stress) même s’il fait une activité assez stressante, ce qui montre vraiment un très fort contrôle de son action (sinon quand y a une difficulté de contrôle, l’organisme stresse) durant celle ci (par contre avant le stress peut être très intense comme le trac d’un acteur avant de monter sur scène).
      Il a un comportement raccord à la situation chez l’individu vivant le flow, alors qu’en phase maniaque y souvent des comportements désinhibés qui posent problème à la personne ou son entourage, parfois la mette en danger.
      A partir du moment où un état fait souffrir, qu’on est à sa merci et qu’on ne peut pas choisir son objet d’attention c’est problématique. Par contre, je pense à toute sorte de diagnostics concernant diverses pathologies ou problèmes, on peut apprendre à vivre avec des particularités (souvent un traitement et un accompagnement psychothérapeutique est nécessaire), ainsi évidemment la personne bipolaire peut vivre du flow tout comme la personne ayant des troubles de l’attention peut arriver à se concentrer très fortement.

  4. Antoine
    12 janvier 2019
    Reply

    C’est vrai que je retrouve dans le flow quelque chose que je n’avais jamais réussi à décrire, à nommer. J’ai pris pendant longtemps des cours de clarinette et ma prof me reprenait toujours sur les fausses notes en me répétant : « non si b, non mi #, qu’est ce qu’un mi # ? Quel doigté ? » Et j’ai toujours été en grande difficulté à comprendre ces propos car quand je joue je ne visualise ni la note sur la partition, ni son doigté sur l’instrument, peut-être le son ou l’émotion me vient elle directement. Et le flow est alors un phénomène que je connais bien !

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