♦PP2 : Le questionnaire de votre personnalité

Dans ce dossier, on va se concentrer sur le questionnaire du modèle à 5 facteurs (ou FFM five factor model), ce qu’il mesure et comment l’interpréter sommairement. Il est également appelé « big five / big5 » ou « OCEAN » (c’est l’acronyme des cinq traits qu’il mesure : Ouverture ; Conscienciosité ; Extraversion ; Agréabilité ; Névrosisme).

La totalité du dossier est accessible en epub : https://www.hacking-social.com/wp-content/uploads/2023/06/La-personnalite-cette-performa-Viciss-hackso.epub

Articles du dossier : 

Pour les experts, je précise que j’ai concentré mes recherches et mes bidouilleries sur les questionnaires NEO-PI-R, Neo PI — III de McCrae et Costa et l’IPIP NEO libre de droits parce que c’est sur eux que j’ai trouvé le plus de littérature, de données, d’outils statistiques pour calculer les résultats.

C’est celui aussi qui gagne les faveurs de la recherche entre autres pour ces raisons ci dessous, citées par Rolland (2004) :

! J’insiste ci dessous sur les mots « lien », « lié », « corrélation » qui ne veulent pas dire « causes », dans un sens ou dans un autre. C’est important, car à ce sujet les chercheurs ont des interprétations différentes, donc le plus juste est d’en rester à ce qui est véritable trouvé, à savoir un lien.

  • Les 5 traits sont assez universels, fonctionnant dans de nombreux contextes culturels1 tant pour les adultes que les ados 2.
  • Une stabilité3 relative4 des traits est trouvée dans le temps, ce qui laisse à penser que le changement est possible.
  • Les 5 traits ont été découverts comme liés à une certaine héritabilité5, des bases polygénétiques6 et des bases neuroanatomique7.
  • Il y a des liens qui ont été découvert entre les traits et l’efficience professionnelle8
  • Il y a des liens qui ont été découvert entre les traits et la réussite dans les études9
  • Il y a des liens qui ont été découvert entre les traits et les troubles de personnalité décrit dans le DSM10, différentes psychopathologies11, le vieillissement12, les problèmes de santé, la mortalité 13 ou encore le burn-out14.
  • Il y a des liens avec le bien-être subjectif15 et leur rôle comme facteur de résilience16

À noter que cette partie est volontairement acritique et athéorique, il s’agit de voir l’outil lui-même, dans son usage classique : lui même a été d’abord construit de façon athéorique en premier lieu. Ensuite, nous verrons comment il est perçu selon les perspectives, théories et critiques.


Où se tester ?


L’IPIP neo à 120 questions est testable ici : http://www.psychomedia.qc.ca/psychologie-de-la-personnalite/test-ipip-neo-120 mais attention, la traduction en français ne me semble pas optimale (l’item « libéral » veut dire ici de gauche, « conservateur » est ici à entendre comme synonyme de droite) et les scores sont comparés à ceux des étasuniens. N’allez pas crier au complot pro-etasunien/anti-français, malgré des heures à fouiner, je n’ai jamais réussi à trouver les données qui m’auraient permis de reproduire un comparatif français (je comparais les résultats obtenus avec la population espagnole au départ), parce que celle-ci sont sous copyright avec le Neo Pi-R. Il est donc logique que ces tests sur le net soient conçus avec ce qui leur est le plus accessible, à savoir l’ipip neo et ses données étasuniennes.

Cependant, personnellement je retrouve à peu près de mêmes scores qu’avec le neo pi r à 250 questions, en brut, non comparé avec une population. À noter qu’on verra plus tard dans le dossier des façons de le passer et de l’interpréter qui peuvent changer radicalement les résultats et l’interprétation de ces résultats.

Vous pouvez aussi le trouver en anglais ci-dessous ; c’est le site d’un chercheur, cependant par prudence, ne connectez pas vos réseaux sociaux en même temps :

et la version à 300 items en anglais :

Vous trouverez des questions telles que « Je ne fais jamais de folies. », « Je n’aime pas la musique forte ». « J’évite les lectures difficiles ». « Je reporte les décisions ». « Je suis calme, même dans les situations tendues. » « Je fais rarement des plaisanteries », auxquelles il faut répondre si cela nous décrit ou pas  : tout à fait d’accord, d’accord, neutre (ou « Ni l’un ni l’autre », ça dépend du test), désaccord, tout à fait en désaccord.

Pour le NEO PI, la différence est dans la formulation plus large des questions, voire plus précise : par exemple, « Je trouve facile de sourire et d’être agréable avec les inconnus » ; « Je ne suis pas aussi rapide et dynamique que les autres » ; «  Parfois, je suis complètement absorbé par la musique que j’écoute ». Clairement, il surpasse de loin en qualité l’IPIP NEO mais étant donné son copyright, je ne peux pas le fournir.

Ne partagez pas vos résultats publiquement sur le net, et encore moins avec une identité que vous utilisez beaucoup. Et ça vaut pour tous les tests. Quant bien même vous en seriez « fier » ou que cela serait pour dire que c’est n’importe quoi, que vous ne croyez pas au test, ça reste des informations personnelles qui peuvent potentiellement être utilisés contre vos intérêts.


Les 5 traits


Les questionnaires du FFM mesurent 5 traits de personnalité sur un continuum, c’est-à-dire qu’on peut avoir un score de très haut, haut, moyen, bas à très bas sur le trait Ouverture, Conscienciosité, Extraversion, Agréabilité, Névrosisme : par exemple, on pourrait être très bas ouvert, très haut consciencieux, haut en extraversion, bas en agréabilité, moyen en névrosisme.

Ici le profil imaginaire de Jean Bernard Aléatoire que j’ai rempli avec des jets de d10. Il est moyen-bas en N, moyen haut en extraversion, moyen bas en A, moyen en ouverture et haut en conscienciosité. Avec ces informations, on ne peut pas vraiment savoir qui il est. On peut simplement le suspecter d’être un grand travailleur ou être très ordonné.

Je vous donne la description habituelle de ces traits (issus du Neo pi R) pour vous donner une idée de ce qu’ils représentent. Mais sachez que d’une part c’est très incomplet et que, d’autre part, on peut l’interpréter de façon très différente selon les théories (on reviendra sur elles plus tard encore).

Les textes dans les images sont répétés en dessous pour des raisons d’accessibilité.

Nevrosisme

Plus c’est haut, plus cela représente une tendance générale à éprouver des affects négatifs tels que la peur, la tristesse, la gêne, la colère, l’hostilité envers les autres, la culpabilité et le dégoût. Il y a tendance à porter attention aux aspects menaçants, problématiques, pénibles de la réalité. Un haut score peut également représenter une difficulté à contrôler ses pulsions ou à se sentir submergé par le stress.

Si c’est moyen, selon les situations, les affects négatifs et la perception négative de la réalité peut parfois être prégnante, comme pas du tout.

Plus c’est bas, moins il y a d’affects négatifs. Il y a une humeur égale, une stabilité des émotions, y compris dans des situations stressantes.

Attention ! un névrosisme haut n’est pas synonyme de trouble de la personnalité et le bas névrosisme n’est pas non plus signe de bonne santé mentale.

Extraversion

Un haut score représente une tendance à être souvent sociable, s’exprimer et agir dans les groupes, prendre le leadership. Cela renvoie au fait de préférer les situations à haute stimulation (sensations fortes, événement peuplé), être dans l’action et le fait de vivre souvent des émotions positives. Dit « extraverti ».

Un score moyen décrit une tendance à être parfois dans un comportement extraverti comme parfois un comportement introverti. Dit ambivert.

Un bas score représente une tendance à être réservé, une préférence pour la solitude, les environnements calmes plutôt que stimulants au niveau sensoriel et/ou social. Ce n’est pas à confondre avec de l’anxiété sociale ou de la timidité (bien que cela puisse s’y superposer). Le bas score en introversion peut ne pas être accompagné de craintes ou d’angoisses particulières face à la sociabilité et tout simplement préférer être seul ou en groupe très restreint. Ce n’est pas le signe d’être malheureux, il s’agit d’une moindre exubérance dans leurs émotions positives. Dit introverti.

Ouverture

Les hauts scores en ouverture sont caractérisés par une forte curiosité et ouverture à la nouveauté. Cela peut porter sur l’imaginaire, des sensibilités esthétiques, une attention à leurs propres sentiments, une préférence pour la variété d’activité, une curiosité intellectuelle. C’est une tendance à être curieux de tout ce qui se produit en eux-mêmes comme à l’extérieur, leur vie est riche en expériences variées. Ils peuvent s’intéresser à des idées nouvelles, adopter des valeurs non conventionnelles. Ils vivent plus intensément les émotions positives et négatives.

Les scores moyens en ouverture montrent que la personne peut opter parfois pour une forte curiosité sur certains domaines (intellectuel, esthétique, culturel, etc.), tout comme préférer parfois suivre les chemins conventionnels, traditionnels, familiers.

Ceux qui ont des scores bas en ouverture ont tendance à être conservateurs et conventionnels dans leurs idées et dans leur comportement. Ils préfèrent les situations qui leur sont familières plutôt que la nouveauté, ont des centres d’intérêt plus restreints, moins de curiosité à découvrir, réfléchir et expérimenter les domaines esthétiques, intellectuels et culturels. Leur amplitude émotionnelle est moins intense.

Agréabilité

Les hauts scores ont tendance à être altruistes, à éprouver de la compassion : ils éprouvent de la sympathie et de la confiance pour les autres et veulent les aider car ils sont sensibles à leurs problèmes. Ils évitent les conflits et font des concessions quitte à parfois se soumettre aux autres au détriment de leur bien-être.

Les scores moyens peuvent être parfois dans le profil haut et montrer des caractéristiques de sensibilité, d’altruisme tout comme être bas selon les situations.

Les individus qui ont un score bas sont perçus comme désagréables, cherchant le conflit. Ils pensent d’abord à leur intérêt, sont égocentriques, ne montrent pas d’empathie pour les autres qui sont vus avec méfiance. Un score bas en agréabilité, associé également à d’autres traits, peut être lié au narcissisme, au profil antisocial, voire paranoïaque.

Conscienciosité

Les hauts scores sont scrupuleux, méticuleux et fiables dans leurs devoirs. Ils consacrent du temps à planifier, réfléchir avant de décider, ranger, ordonner, organiser et gérer les tâches. Ils peuvent ne pas aimer improviser, être spontané ou non-perfectionnistes.

Les scores moyens peuvent parfois être dans une mode de conscienciosité prononcée comme dans un mode plus spontané.

Un score bas représente moins d’exigence vis-à-vis de l’application de règles, être plus laxiste dans la poursuite d’objectif et le fait de ne pas suivre des plans définis. Cela peut représenter une préférence pour l’improvisation, la spontanéité, la vie au jour le jour.


Les facettes


Ces traits sont comme des familles composées de facettes, et chaque facette a aussi un score pouvant être de très bas, bas, moyen, haut, très haut.

Toujours Jean Bernard Aléatoire, N= nevrosisme E= extraversion O= ouverture C = compétence A = Agréabilité.

Ce qui fait qu’au total, lorsqu’on multiplie les facettes, il y a 118 000 combinaisons différentes possibles17, chaque combinaison de traits et facette est singulière, se différencie d’une autre combinaison de traits.

Voici une description sommaire des facettes :

(N1) Anxiété

Les hauts scores en anxiété peuvent être craintifs, tendus et facilement inquiets. Cette échelle ne mesure pas des peurs et phobies précises, mais ceux qui sont hauts scores auront tendance à éprouver des peurs et souffrir d’anxiété.

Les bas scores sont détendus, ne s’attardent pas sur les choses qui pourraient mal se passer.

(N2) Colère / Hostilité

C’est la tendance à ressentir de la colère ainsi que de la frustration et de l’amertume, de l’hostilité envers les autres. L’expression de cette colère dépend du niveau d’agréabilité. Les individus bas en agréabilité ont souvent des scores élevés à cette échelle.

Les personnes qui obtiennent des scores faibles sont faciles à vivre et se mettent rarement en colère.

(N3) Dépression

C’est la tendance à éprouver de la dépression. Les hauts scores à cette échelle sont sujets à la culpabilité, à la tristesse, à l’impuissance et à la solitude.

Attention, un haut score ne signifie pas que l’individu est en dépression, bien qu’évidemment des personnes diagnostiquées dépressives puissent rapporter un haut score. Le diagnostic ne se fait pas selon cette échelle.

Celles dont les scores sont bas éprouvent rarement de telles émotions, mais elles ne sont pas nécessairement joyeuses pour autant.

(N4) Conscience de soi

[appelée également selon les questionnaires « anxiété sociale » ou « timidité sociale »]

C’est la tendance à éprouver de la honte et de l’embarras. Les hauts scores à cette échelle peuvent craindre la présence des autres, être sensible au fait d’être ridiculisé et ils ont tendance à se sentir inférieurs. Cette timidité sociale se rapproche de l’anxiété sociale.

Les bas scores n’ont pas forcément une aisance particulière lors de moments sociaux, elles sont simplement moins perturbées par les situations sociales difficiles.

(N5) Impulsivité

 

L’impulsivité se réfère à la difficulté de contrôler les envies et pulsions. Les désirs sont perçus de façon très forte, l’individu n’arrive pas à résister même s’il peut regretter après. Ces désirs incontrôlés, impulsifs, peuvent porter sur la nourriture, la cigarette, la possession de biens matériels, etc.

Pour les personnes à bas score, il est plus facile de résister aux tentations, la frustration est mieux tolérée.

 

(N6) Vulnérabilité

Les hauts scores à cette échelle se trouvent incapables de faire face au stress. Ils peuvent devenir dépendants des autres, désespérés ou en panique quand ils se retrouvent dans des situations problématiques.

Les sujets ayant des scores bas se sentent, eux, capables de se maîtriser dans les situations difficiles.

(E1) Chaleur

Les hauts scores à cette facette sont affectueux et amicaux. Ils aiment les gens et forment facilement des liens avec les autres. Cela se rapproche du trait agréable, mais ici il y a plus de cordialité et d’empressement au contact.

Les bas scores ne sont pas pour autant hostiles ni manquants de compassion, mais ils sont plus formalistes, plus réservés et plus distants.

(E2) Grégarisme

C’est la préférence pour la compagnie des autres, être dans la foule. Les hauts scores à cette facette considèrent que « plus on est de fous, plus on rit ».

Les personnes ayant des scores bas à cette échelle sont plutôt solitaires et ne recherchent pas voire évitent activement les stimulations sociales.

(E3) Assertivité

C’est la tendance à se montrer dominant et ambitieux. Les individus hauts scores parlent haut et fort, s’affirment et prennent le leadership dans un groupe.

Les personnes ayant des scores bas préfèrent se tenir à l’écart et laisser les autres parler/prendre les décisions.

(E4) Activité

C’est la tendance à être très actif, très énergique avec un rythme de vie rapide très rempli et le besoin de s’occuper tout le temps.

Les bas scores ont un rythme plus lent et plus calme, mais ne sont pas pour autant paresseux ou léthargiques.

(E5) Recherche de sensations

Les hauts scores éprouvent un besoin pressant d’excitation et de stimulation. Elles apprécient les couleurs vives, les milieux bruyants ou les sensations fortes.

Les bas scores n’éprouvent pas beaucoup ce besoin de stimulation et mènent une vie que les hauts scores trouveraient ennuyeuse.

(E6) Émotions positives

C’est la tendance à éprouver des émotions positives comme la joie, le bonheur, l’amour et l’exaltation. Les hauts scores à cette facette rient facilement et souvent, sont joyeux et optimistes.

Les bas scores ne sont pas nécessairement malheureux, ils sont moins exubérants, moins vifs.

(O1) Imagination

C’est la tendance à avoir une imagination vivace et active. Ce n’est pas fuir la réalité mais se créer un monde intérieur plus intéressant. Les hauts scores pensent que l’imagination procure une vie riche et créative.

Les personnes ayant des scores bas sont plus terre à terre et préfèrent s’en tenir à ce qu’elles font.

(O2) Ouverture à l’esthétique

C’est la tendance à apprécier profondément l’art et la beauté. Les hauts scores peuvent être touchés par la poésie, émus par la musique, etc. Cela ne signifie pas avoir un talent artistique, ni avoir un « bon goût », mais cette tendance tend à accroître leurs connaissances et leurs goûts de façon plus importante que la moyenne.

Les bas scores sont insensibles à l’art et à la beauté ou s’y intéressent peu.

(O3) Ouverture aux sentiments

C’est la tendance à être réceptif à ses propres sentiments et émotions. Les hauts scores à cette facette considèrent l’évaluation des émotions comme importante dans la vie. Ils peuvent déceler et vivre une gamme d’états émotionnels différents, plus intenses, qu’ils peuvent vivre plus profondément, que ce soit du bonheur ou de la tristesse.

Ceux avec des scores faibles n’accordent pas d’importance aux états émotionnels et leurs impressions semblent émoussées.

(O4) Ouverture aux actions

Il s’agit de la volonté d’essayer des activités différentes, de visiter de nouveaux endroits ou de goûter des mets exotiques. Les hauts scores préfèrent la nouveauté et la variété à ce qui est familier ou à la routine.

Les bas scores trouvent le changement difficile et préfèrent s’en tenir à ce qu’elles connaissent et apprécient déjà.

(O5) Ouverture aux idées

Cela correspond à la curiosité intellectuelle, qui peut se manifester dans la poursuite d’intérêts intellectuels, mais aussi via une ouverture d’esprit aux idées nouvelles et parfois non conformistes. Les hauts scores apprécient les discussions philosophiques et les questions controversées. Cela ne signifie pas nécessairement une intelligence élevée, mais cela peut contribuer au développement du potentiel intellectuel.

(O6) Ouverture aux valeurs

L’ouverture aux valeurs signifie la disposition à remettre en question les valeurs sociales, politiques et religieuses. On peut considérer l’ouverture aux valeurs comme l’opposé du dogmatisme (Rokeach 1960).

Les bas scores à cette facette ont tendance à accepter l’autorité et à respecter les traditions ; en conséquence, ils sont souvent conservateurs, quelle que soit l’appartenance politique dont ils se réclament.

(A1) Confiance

Les hauts scores à cette échelle ont tendance à partir du principe initial que les autres sont honnêtes et bien intentionnés, ils leur accordent leur confiance.

Les bas scores ont tendance à se montrer cyniques et sceptiques, à partir du principe que les autres peuvent être malhonnêtes et dangereux.

(A2) Franchise

Les hauts scores à cette échelle sont francs et sincères, tiennent à dire la vérité et à ne pas manipuler autrui. Les bas scores sont plus disposés à manipuler les autres par la flatterie, la ruse ou la tromperie. Ils considèrent ces tactiques nécessaires en société et pensent que les personnes franches sont naïves.

Une personne ayant un score faible aura tendance à prendre des libertés avec la vérité ou à se garder d’exprimer ses véritables sentiments, mais ce n’est pas forcément un individu malhonnête ou manipulateur.

A3) Altruisme

 

C’est la tendance à se préoccuper activement du bien-être des autres, comme le prouve la considération que les hauts scores leur portent et leur générosité.

Les bas scores sont plus centrés sur eux-mêmes et peu enclins à se préoccuper des problèmes d’autrui.

(A4) Soumission amicale

Cette facette concerne les réactions relatives aux conflits interpersonnels. Les hauts scores ont tendance à se soumettre aux autres, à inhiber leur agressivité, à pardonner et à oublier.

Ceux qui ont des scores bas sont davantage agressifs, préfèrent la compétition à la collaboration et n’hésitent pas à exprimer leur colère lorsque cela est nécessaire.

(A5) Modestie

Les hauts scores sont humbles et effacés, même s’ils ne manquent pas pour autant de confiance en eux ou d’estime de soi.

Ceux qui ont des scores faibles ont une image très positive d’eux-mêmes et peuvent être perçus comme arrogants et prétentieux.

(A6) Sensibilité

Il s’agit des attitudes de sympathie et de préoccupation pour les autres. Les hauts scores sont touchés par les besoins des autres et mettent l’accent sur l’aspect humain de la politique sociale.

Les bas scores sont plus durs et moins émus par les appels à la clémence ou par les demandes d’empathie. Ils se considèrent comme des personnes réalistes qui prennent des décisions raisonnables fondées sur une logique froide.

(C1) Compétence

Attention, il ne s’agit pas d’une mesure objective de la compétence dans un domaine, mais davantage d’une mesure d’estime de soi. Cette facette est la tendance à se sentir compétent, capable, avisé et efficace. Les hauts scores se sentent bien préparés à affronter la vie, ont une bonne estime de soi.

Les bas scores ont une opinion négative de leurs capacités et se sentent incapables et peu préparés, ils ont une estime de soi basse.

(C2) Ordre

Les hauts scores se sentent bien organisés, ordonnés et soignés. Ils rangent les choses à leur place.

Les bas scores se sentent incapables de s’organiser, de mettre de l’ordre et se décrivent comme manquant de méthode.

(C3) Sens du devoir

Les hauts scores adhèrent strictement à leurs principes éthiques et remplissent scrupuleusement leurs devoirs moraux.

Les bas scores sont plus désinvoltes et peuvent se montrer peu fiables dans les devoirs à accomplir ou instables.

(C4) Recherche de réussite

Les hauts scores ont de hautes aspirations et travaillent dur pour atteindre leurs buts. Ceux qui ont des scores très élevés peuvent trop s’investir dans leur carrière et devenir des bourreaux de travail.

Les bas scores sont nonchalants et ne sentent pas motivés à réussir et peuvent s’en satisfaire.

(C5) Autodiscipline

C’est la capacité à entreprendre et à terminer des tâches malgré l’ennui ou une autre source de distraction. Les hauts scores ont une facilité à se motiver pour mener à bien ce qu’elles ont à faire.

Les bas scores ont tendance à remettre les corvées à plus tard, se montrent facilement découragés, souhaitant tout laisser tomber.

(C6) Réflexion

Les hauts scores sont prudents et préfèrent réfléchir avant d’agir.

Les bas scores se précipitent, parlent et agissent souvent sans envisager les conséquences. Dans le meilleur des cas, elles sont spontanées et capables de prendre des décisions lorsque c’est nécessaire.

 


L’importance du contexte de passation sur les résultats


Les résultats peuvent en quelque sorte se teinter du contexte de passation. Parfois, ce questionnaire est utilisé dans un contexte de recrutement, alors l’individu peut orienter ses réponses selon les préjugés qu’il a sur un métier : par exemple, il peut tenter de se rendre plus désagréable qu’il ne l’est s’il croit que le métier demande à être dur envers les autres ; globalement, il peut se dire plus consciencieux qu’il ne l’est, car ce trait est très « professionnel ». C’est le même genre de stratégie d’autopromotion que de dire en entretien que notre défaut serait d’être « trop perfectionniste ».

Si les résultats du test sont vus par un psy, un conseiller d’orientation, un recruteur, ou même des amis, les biais de désirabilité peuvent advenir : la personne va essayer de se montrer sous un meilleur jour pour ne pas déplaire, voire plaire.

Cependant, pour les questionnaires à 250 items (ou plus) j’ai pu constater que la quantité de questions tend à « fatiguer », on en vient souvent à répondre à ce qui nous vient en premier parce qu’au bout d’un moment on en a marre. Faire semblant demanderait de se questionner à chaque fois sur ce qui peut plaire à l’autre et ça ralentit le processus, contrairement au fait de répondre au plus directement. Ceci étant dit, certains individus aiment beaucoup mentir et cela pourrait leur venir assez facilement de se donner une bonne image, et non leurs vraies pensées ou comportements. Peut-être que même 300 questions ne les rebuteraient pas et qu’il verrait ça comme une espèce de défi.

Le questionnaire peut parfois être passé dans un cadre judiciaire : par exemple, durant une évaluation psychologique, un criminel peut vouloir présenter un profil plus pathologique qu’en réalité dans le but d’éviter certaines peines18, ce qui fausse les réponses. Cette volonté de montrer un profil problématique était courante quand le service militaire était obligatoire : je me rappelle d’un ami qui a tous les tests a pris bien soin de se faire passer pour beaucoup lent d’esprit qu’il ne l’était et faire en sorte de présenter des caractéristiques les moins enviables possibles, afin d’être dispensé du service.

Et enfin, un manque d’informations au sujet du questionnaire peut faire croire à certains individus qu’il s’agit de trouver des « bonnes » réponses. Ils vont avoir des réticences à répondre et peuvent par exemple répondre « moyen »/« neutre »/« ni l’un ni l’autre » à une grande majorité de questions par exemple.

La lassitude durant ce long questionnaire peut aussi amener à répondre tout le temps la même chose même si ce n’est pas vrai, simplement pour en finir au plus vite. À noter que sur certains questionnaires en ligne, si on fait ça, le test s’adapte et pose des questions de vérifications qui permettent de contrôler l’attention au test. Je pense que si les réponses aux questions de vérification d’attention sont fausses, le test est compté comme nul par la recherche. Hors ligne, on peut aussi le vérifier en observant le nombre d’items aux réponses moyennes.

Évidemment, si la personne est en difficulté de lecture, si le test n’est pas dans sa langue natale ou qu’il est mal traduit (ça peut être le cas en ligne sur certains sites non liés à la recherche) les résultats peuvent être caducs. Par exemple, quand j’ai testé l’ipip neo à 300 questions, j’avais beau déjà très bien connaître les items en général pour avoir testé je ne sais combien de versions, avoir un niveau correct d’anglais et avoir vérifié certaines traductions, certains de mes scores étaient beaucoup plus « moyen » car j’avais des doutes sur la teneur de la question. Les bonnes traductions ne sont pas juste littérales, elles s’adaptent aussi à la culture et à ses expressions singulières.

La prochaine fois, on donnera des façons d’interpréter les résultats.

La suite : ♦PP3: COMMENT INTERPRÉTER LE QUESTIONNAIRE DE PERSONNALITÉ?

 


Note de bas de page


La totalité de la bibliographie de ce dossier est présente ici : https://www.hacking-social.com/2023/04/03/%e2%99%a6ppx-sources/ 

1 Alli Eealo Mccrae 2013, McCrae terracciano 2005 ; Rolland 2001 ; Rolland 2002

2De fruyt, Merveilde, Hoekstra, Rolland 2000 ; De fruyt de bolle, Mccrae, Terraciano, Costa 2009

3Ibanez, Viruela, Mezquita, Moya, Villa, Camacho, Ortet 2016 ; Milojev, Sibley 2017 ; Mottus Kandler,Bleidorn, Riemann Mccrae 2017 ;

4Bleidorn, Hopwood, Lucas 2018 ; De fruyt, Van leeuwen, Bagby, Rolland, Rouillon 2006 ; Hudson, Roberts 2016 ; Ludtke, Trautwein, Husemann 2009 ; Ludtke, Roberts, Trautwein 2011 ; Prinzie, Dekovic 2008 ; Roberts, Walton Viechtbauer 2006 ; Roberts, Luo, Briley, Chow, Su, Hill 2017 ; Schwaba, Bleidorn 2017 ; Schwaba, Bleidorn 2018 ; Vaida Gray, Haig, Watson 2002

5Mottus, Kandler, Bleidorn, Riemann, McCrae 2017 ; borkenau, riemann angleitner, spinath 2001 ; briley tucker-drob 2014 ; jang, mccrae angleitner, riemann livesley 1998 ; kandler papendick 2017 ; mccrae jang livesley riemann angleitner 2001 ; sanchez-roige gray, mackillop, chen, abraham, palmer 2017 ; vukasovic, bratko 2015

6Abdellaoui, nivard, hottenga, fedko, verweij, baselmans, ehli, davies, bartels, boomsma, cacioppo 2018 ; lo 2017 ; weiss 2016

7Ricelli, toschi nigro terraciano passamonti 2017

8Barrick, Mount 1991 ; hogan holland 2003 ; judge rodell klinger simon crawford 2013 ; li, barrick, zimmerman, chiaburu 2014 ; gridjalva newman 2015 [narcissime contreprod] ; salgado 1997 ; salgado 2002 ; salgado anderson tauriz 2015 ; salgado 2017 ;

9Porotat 2014 ; porotat 2009 ; spengler ludtke martin brunnee 2013 ; stajovic bandura locke lee sergent 2018 ;

10DSM-5 2015; bagby widiger 2018 ; costa widiger 2002 ; de fruyt, rolland, de clerq 2018 ; guelfi 2016 ; miller, lynam, rolland, de fruyt, reynolds, pham-scottez, baker, bagby 2008 ; rolland, de fruyt 2017 ; samuel widiger 2008 ; widiger trull clarkin sanderson costa 2002

11Gainey-naragon 2011 ; hakulinen, elovaino pulkki-raback, virtanen, kivimaki, jokela 2015 ; jeronimus, kotov riese ormel 2016 ; naragon-gainey simms 2017 ; kotov gamez schmidt watson 2010 ; lo 2017 ; quilty, de fruyt, rolland, kennedy, rouillon bagby 2008 ; terraciano, sutin 2019 ;

12Schoormans, verhoeven, denollet, van ded pollfranse, penninx 2017 ; gale mottus deary cooper sayer 2017 ; stephan sutin canada terraciano 2017 ;

13Murray booth 2015 ; graham ruthsohn 2017 ; jokela batty nyberg virtanen nabi singh-manoux, mika kivimaki 2013 ; chapman huang horner 2018 ; borghans duckworth hackman ter weel 2008

14alarcon eschleman, bowling 2009 ; you, huang, wang bao 2015 ;

15Deneve cooper 1998 ; rolland de fruyt 2003 ; steel schmidt shulz 2008 ; strickhouser zell krizan 2017

16Oshio taku hirano saeed 2018 ; grossman 2014

17Selon Ashton 2014

18Exemple donné par Rolland (2004)

Viciss Hackso Écrit par :

Attention, atteinte de logorrhée écrite et sous perfusion de beurre salé. Si vous souhaitez nous soutenir c'est par ici : paypal ♥ ou tipeee ; pour communiquer ou avoir des news du site/de la chaîne, c'est par là : twitterX

16 Comments

  1. […] La dernière fois on a vu ce que signifiaient les traits et les facettes, à présent nous allons voir des pistes d’interprétation selon les théories dispositionnelles de la personnalité. Rappelez-vous qu’il s’agit d’une perspective et qu’il en existe d’autres qui pourraient produire un autre résultat. […]

  2. Thomas
    5 mai 2023
    Reply

    Merci pour ton travail viciss, ça faisait longtemps que je n’étais pas venu sur votre site et je vois aujourd’hui que j’ai plein de chose à rattraper, je ne vais pas en louper une miette car c’est toujours aussi qualitatif. hâte que le dossier soit terminé =)
    Force à vous.

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